A. -

"Affluence ; foule" : Se d'icy aviez pris le cours Au Kairë, ou est le souldam, Ne verrez vous plus bel acours En ville des filles Adam (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 206). En oultre veirent de bestes meintes formes : Divers Centaures et des Scylles bifformes, Et cent foys double le monstre Briaree, (...) Et mais Gorgone et rapaces Harpies, Dont il y eut planctureuses copies, Et la forme de l'umbre ayant troys corps, Tous leans furent en turbulens accors. (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 314).

B. -

CHASSE "Les endroits découverts et d'un parcours facile, vers lesquels on dirige le gibier, afin qu'il puisse facilement y être atteint par les laisses de lévriers ou par les hardes de chiens qu'on y a préalablement disposées" (J. Lavallée, Technologie cynégétique, 9, cité par G. Tilander ds GAST. PHÉBUS, Livre chasse, 293) : Or est hors du bois le fuyant ["le cerf"] Et va par un accours fuyant, Si chaceront de forloigny Les chiens, car d'eux c'est aloigny. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 378). Car püent [les dames et damoiselles] aler aux accours Pour veoir des levriers le cours (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 457). Et doyvent estre mis les levriers au devant des grosses rivieres ou en autres lieux, es certains acours ou il a biau païs pour courre levriers. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 195). Et doit avoir [le veneur] pourveü par huit jours devant ou plus touz les pays des montaignes et les acours et fuytes et avoir fet des hayes et tendre roiz au devant des roches ou ilz se veulent garentir (...) quar c'est grant perill pour les chienz de saillir aval les roches (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 214).

-

A grand accours. "D'un parcours facile" (Éd.) : Celui qui s'en scet bien aidier Fait donner aux leux a mengier Lés un buisson a grant acours Pour avoir des levriers le cours. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 390).
 

"Assaut, attaque" : Des nobles, donc, tu y fus champion Et le rabbat de villaines essourses, Un vertueux aigre fier Scipion Rongeant l'orgueil de leur brayant lyon, Soy enfierant en ses ramages courses, Dont les assaulx et horribles accourses Luy ont rongié tant maint ongle et maint dent : Los en ait Dieu et toy de l'accident ! (CHASTELL., Ép. Phil. Bourg. K., 1456, 159).
 

I. -

Empl. trans.

A. -

"Faire courir" : Entre Troyes et Chaalons Me menerent les compaignons, Si vous puis bien faire savoir, Pour deduit de levriers avoir N'est ou monde plus belle place, Aux autres païs ne desplace, Ne gens qui mieux saichent garder Leurs levriers ne mieux acourser. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 401).

B. -

"Atteindre" (Éd.) ou "Poursuivre à la course" : S'on est beau, jeune, grant et fort, Let et malostru on devient Et de ce monde a grant effort On s'en reva ainsy qu'on vient. Riens n'y vault, enviellir convient, Et puis Mort vient qui tout acourse : Ratains de chiens est cerf a course. (TAILLEV., Passe temps D., c.1440, 157).

Rem. Quelques mss présentent la var. qui temps acourse (c'est-à-dire : voici venir la Mort, qui écourte le temps de vie des humains) : en ce cas, il s'agit du verbe accourcer. Au reste, l'interprétation par accourcer n'est pas à exclure, même avec tout.

C. -

Au passif

1.

"Être fréquenté, couru, recherché" : Et après ce que le dit exposant gracieusement lui eust respondu que le dit exposant estoit mieulx acoursez, c'est assavoir mieulx achalandez que n'estoit le dit Croissons, et que les gens plus volentiers aloient acheter ses potz, pour ce que ycellui exposant, en faisoit meilleur marchié (Doc. Poitou G., t.5, 1384, 214).

-

V. accourserie

2.

[D'une monnaie] "Avoir cours" : Les monnoies des pays voisins estoient acoursees ou pays de Haynnau a plus hault pris que li ordenance adont darrainement faite ne contenist (Arch. Nord, 1393, B 11500, f° 18, IGLF).

II. -

Empl. pronom. [D'une monnaie] "Avoir cours" : Les monnoies estraingnères (...) s'acourssoient a plus hault pris qu'elles ne valloient (Arch. Nord, 1422, B 10381, f° 21 v°, IGLF).

Rem. Cf. lat. médiév. accursare ds DU CANGE I, 51c : monetam (...) accursatam.
 

"Affluence ; clientèle" : Et depuis trois ans a ou environ ledit suppliant (...) audit lieu de Puy Beliart (...) y ala demourer et y a tousjours depuis continuelment residé et tenu fenestre à grant acourserie de notables gens (Doc. Poitou G., t.9, 1448, 95).

REM. Cf. DU CANGE I, 67b, s.v. acursus.