A. -

"Soir, tombée de la nuit" : Et lors mectez vostre esprevier en ung pré ou champ, et s'il ne porte au couvert sur ung pré ou arbre, et le reclamez d'illec et paissiez, et puis le perchez, et vous reposez, et laissez passer le chault et aprez volez au serain (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 159). [La femme aimée m'a fait entendre Tousjours d'un que ce feust ung autre :] Du ciel une paille d'arrain, Des nues une peau de veau, Du main que c'estoit le serain (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 68). Quant en quelque chambre voulez adouber lit ou couche a dormir, mettez le dossal vers midi affin que, se quelque pacient y couchoit, qu'il ait tousjours la clarté du jour sans grant veue de soleil, et au serain et au matin, le air de levant et ponent qui sentent ayr de montaignes et de fontaines. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 140).

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Sur le serein : Lesquelz sur le serain et requoy de la nuit s'estoient tapis et mucez emprès une porte. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 262-263). ...comme le prieur des Augustins nagueres se pourmenast disant ses heures, sur le serain, assés près de la chapelle (...) il fut rencontré d'un grand lourd Hollandois (C.N.N., c.1456-1467, 60). Il fit tuer au soir sur le serain Le duc Loÿs d'Orlëans (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 222).

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 227/212.

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Matin et serein. "Tout le temps, constamment" : LADRE. (...) Pour quoy, doulx Jhesus souverain, Puissance trop incomparable, En tous temps, matin et serain, Sera mon cueur inseparable De vous, puisque tant charitable En ce lieu cy m'avez esté (LA VIGNE, S.M., 1496, 465).

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Empl. adj. "Du soir" : Tous ahans, temprieux ["matinaux"] et serains... (THOMAS MAILLET, Prov. Alain H., c.1375-1400, 84).

B. -

"Vapeur qui se forme en été après le coucher du soleil" : L'air et le serain de celle nuit estoit cler et net, par quoy leur espere paroit mieulx. (Bérinus, I, c.1350-1370, 414). Aprés, il ira querre l'air et le serein du vespre pour le grant chaut qu'il a eu (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 56).

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Au serein de l'air : Et les pasteurs qui s'endormoyent aux chants Des doulx oyseaux, et menoient aux champs En grant seurté, au serain de l'air, beste Pour estre a point repeue de l'erbete, Ainsi que gens matz, desconfis et las Diront entre eulx souventes fois : "Helas ! Or est il mort et pieça trespassé Celuy qui a les cieulx oultre passé..." (LA VIGNE, V.N., p.1495, 316).

Rem. Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 209/150. FEW XI, 509a, s.v. serenus donne : «centr. mener au serein "faire faire des promenades et repas nocturnes aux brebis (de la mi-juillet à la fin d'août)"».
 

A. -

[De l'air, du temps qu'il fait, des éléments...] "Qui est calme, clair" : Le ciel qui moult est bel et grant Quant est serain et bien luisant, Au miex que puist estre pare Et d'estoilles enlumine, A nulle mansion de la de la maison royale de Dieu Comparacion digne n'a (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 294). Et cela font il quant il fet cler temps et serein ou quant ilz sont jeunes lous qui n'ont encore passé leur an ou quant l'en les apelle en ullant pour les encharner. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 98). ...Est assez bon et tolérable, Travaillier gracieusement En ce temps, nom pas asprement, Quant l'air est cler, pur et serain (LA HAYE, P. peste, 1426, 85). Serain, c'est-à-dire clerc et net. (LA HAYE, P. peste, 1426, 227). D'autre part la mer estoit coye et seraine et ne bruyoit en façon nulle ne que fist ung estang (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 108). REBECCA. L'estat de bergerie me plaist, Car il est noble et magnificque. GARNIER. Je tiens et croy, de vray, qu'il n'est Estat plus seur ne pacificque. RACHEL. Il n'est vie plus auctentique. GOMBAULT. Il n'est passe temps plus serein (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 265). Fut aussi veu de nuyt, environ ce temps, en temps serain, sur Paris, quasi à l'endroit du colege du Cardinal Moine, feu en l'air, lequel feu ala de porte en porte, circumferand la cité. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°).

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Empl. subst. "Temps calme, doux" : Et sez pechiés torque et efface Aussi com le serain la glace. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 58).

B. -

"Calme, paisible" : Ainsi li ange (...) le firmament me monstroit Qui tourn(i)ant une armonie Faisoit en grant sonnerie Si melodieuse et plainne De douceur et si serainne Que tous terriens instrumens (...) Dont Musique fait ses deduis, Seroient reputes et dis Mains quë une mouscherie [var. moquerie] Qui la chose aroit oïe (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 288). ...sur les queles prieres il te plaise a regarder de voult plaisant et serein (JEAN GOLEIN, Rational B.D., c.1370-1372, 542). ...ton attrempance tres amesuree et serene (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 268). Je vouldray ja mectre estudie A moderer dictiéz serains Pour resjouÿr les souverains De lÿesse haulte et nouvelle, Car journee si solempnelle Requiert bien de mener solas. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 830). O bonté puraine, O richesse plaine, O ferme sçavoir, Quel joye seraine En la vie humaine Pouons plus avoir ? (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1062).

Rem. Ex. d'a.fr., cf. TLF.

C. -

[Du prince] "Sérénissime" : Ainsi plaist au tres redoubté susdit que le petit entendement de mon engin s'applique à ramener à memoire les vertus et fais du tres sereins prince, le sage roy Charles, ameur de sapience et toute vertu (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 9).
 

À la sereine. "Sur le soir" : Ma foy, ce fut a la serayne, La ou il serchoit de l'avoine Pour donner a son bidouart. (Gaud. sot, c.1450, 10).
 

"Rendre serein"

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Part. prés. en empl. adj. "Apaisant" : Maiz en yver temps, sans mentir, Vault moult odorer et sentir Choses chauldes et odorans, Et au cuer de soy sereinans, Et, quant à ce, sont fort loez Ambre simple et boiz d'aloès (LA HAYE, P. peste, 1426, 139).
 

[Épith. honorifique] : Et, s'il plaisoit a vostre serenissime genre ["gendre"] qu'il les leust... (Doc. 1336-1337. In : Ch. de la Roncière et L. Dorez, Bibl. Éc. Chartes 56, 1895, 44).
 

A. -

"Temps, état serein" : Et certains signes qui par avant viennent, parlant par leur maniere, disent les tempestes a venir ou la douceur et serenité qui doit estre, afin que homme, qui est né a labour, puisse par ces choses actremper ses labours et travalx. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 135). ...jamais cela ne se porroit faire [grande abondance de pluie] a cause de la serenité du tamps et l'aspere et dure gelee qui alors estoit (Lég. st Dominique T., c.1500, 257).

Rem. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XV^e s., en ce temps de grant serenité), ds GDC X, 665b.

B. -

["Titre d'honneur donné à un roi, un prince..."] : Pour quoy, humblement requeroyent [les chefs de guerre, capitaines accusés de n'avoir pas accompli le service promis] à sa haulte serenité [le roi Edouard] qu'ilz se voulsist contenter d'eulz et les tenir pour excuséz. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 108).