"Attiédissement (au fig.) (?)" : Mesure est en cremeur cascuns le voit et sent, Et mesure i amaine .i. atievissement [éd. Caray : achievissement et var. atainisement, asoufisement, aatissement, assuvissement], Qui fait sivir hounor voire si lentement Qu'a paines i vient nus qui par leur lés emprent. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 119).

REM. Pour les formes en -v- issues de tepidus, cf. FEW. Ou faut-il lire atenvissement ?
 

Empl. trans. "Rendre tiède" : Tepefacio (...) : atiedir, faire tiede (Aalma R., c.1380, 411).

-

Part. passé en empl. adj. au fig. [D'une pers.] "Qui est devenu moins ardent, moins vif" : Finablement, examine soy meismes s'il [n'est (?)] pas trop indisposé a oroison et a devotion, et meismes sans sa propre coulpe, mais par estre grevé de chief, oppressé de sommeil ou trop attedié et tané. (Traité S. Sacr. B., c.1450-1500, 175).
 

Empl. pronom. au fig. "Perdre de son ardeur" : ...Quar souvent les desrains venuz Euvrent si vertueusement Que aulcuns venuz premierement Par bien labourer devanchissent, Quar au paraler s'entiedissent, De telx y a, par negligence. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 282).
 

"Soigner (un cheval) par fomentation, par application d'un médicament chaud" : Se li pié li estraignent par aucune adventure, si li paire l'en les piés tendrement, si que li sans en ysse partout ; puis si le cuise l'en entre le bloy et le caucain parfont, et puis teper tout entour le pié dessus la ralle avec .I. fer chaut. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 367). Se cheval a le farsin devant ou derriere, enfondrés les boces d'un fer chaut, et puis prendre la lymesche et la rue et metre l'en anteper [l. en teper ? ] devant, entre le cuir et la char (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 374).

REM. Ou rapprocher de taper1 ? V. MotsFantomes : anteceper.
 

"Fomentation, application d'un médicament chaud" : Se li chevaux est encloez dedens la vaine, serrés luy la vaine dedens la pasture ; et li fetes .III. tepeüres d'un fer chaut sus la ralle, la ou la boe ystra. (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 368).

REM. Ou rapprocher de taper1 ? V. MotsFantomes : anteceper.
 

"Tiède" : Aultres reçoyvent le sang chault et tepide Dedans patheres (SAINT-GELAIS, Enéide VI, B., c.1500, 311).

REM. Au fig. : ...ceulx qui sentent leurs consciences tepides, soueillees, et leur voulente trop encline a pechie especialement mortel, et en aucune infidelite et irreuerence, ilz se peuuent bien, et doiuent ung peu de temps retraire, et aguiser leur appetit par deuote oroison et espirituelle meditacion (CIB., Traité S. Sacr. M., c.1450, 368).
 

Au fig. [À propos d'une pers.] "Manque de ferveur" : ...le premier a non Tepidité, qui est de ceste condicion qui est lentement amer Diex et estre lent a tout bien. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 151). ...non obstant que pour sa viellece et noureture delicieuse et male coustume ja convertie en meurs, pour sa fragilité ausi, tepidité et negligence, il n'ait pas fait telle penitance come ses grans pechiés le requeroient (MÉZIÈRES, Test. G., 1392, 320).

Rem. GERS., éd. 1488 [attribution douteuse, cf. éd. Glorieux, t.7, p.XXI], ds GD VII, 157b, s.v. retraitif. Ex. XVe s. ds TLF.
 

A. -

"Qui est entre le chaud et le froid, tiède" : Or as tu, dist elle, eaue assez, Se tu veus, pour estre lavez. Entre dedens et (ens) te leve ; (Quar) a point je la t'ai fait teve (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 354). Et sicom eawe de baigne doit estre tieve, ne mye trop chaud ne trope froide, ensi estoit celle tresseinte eawe ne trop froide ne trop chaude, mes bien tieve (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 202). Et en ce qui en sera cheu soit miz le tiers d'ieule [huile] rosat, et de ce soit lessié coulier es oralles [oreilles] du chien plaine une cullier d'argent tiede [var. tebe] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 100). ...et soit destrempé d'eve tiede [var. tesbe] (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 205).

B. -

Au fig. "Sans ardeur, sans ferveur" : Ceste bataille et cest assault est assez legier a vaincre aux cuers viguereux et qui bien aiment, mais elle est longue et rioteuse aux pareceux qui sont tieve et froit au service Nostre Seigneur. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 321).

V. aussi tiede
 

(Synon. de teve) : ...l'eaue de l'une estoit chaude, et l'aultre estoit claire et tevène (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.1, c.1447, 453).
 

"Devenir tiède" : ...despuis che tamps en avant l'ardant amour conjugale et la première cordiale dilection se commencha adont, hélas ! très-fort à teuenir, et de jour en jour si à refroidier, que en la fin elle fu totalement estainte et oubliié (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant R., t.3, c.1447, 817).
 

A. -

"Qui est entre le chaud et le froid" : ...Ne l'eaue ne soit pas trop froide Ne si ne resoit pas trop teide (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 353). Encor y ot chose plus lede ; Qu'on aporta de l'iaue tede, Où il avoit oile d'olive, Pour faire boire la chetive, Si comme Gautiers le m'a dit ; Autrement ne di je en mon dit. (MACH., P. Alex., p.1369, 261). ...quar une chose n'a pas .II. contraires, mais un tant seullement quant est de parfaite contrarieté, si comme sont contraires tres chaut et tres froit, quar ce qui est tiede est contraire a touz ces .II. de contrarieté imparfaite. (ORESME, C.M., c.1377, 72). L'en ne doit pas entendre que aer ou eaue aient en soy .II. qualités motives, pesanteur et legiereté, absoluement aussi comme, selon aucuns, .II. contraires sont ou moien, si comme chaleur et fredeur en ce qui est tyede (ORESME, C.M., c.1377, 686). Tepefacio (...) : atiedir, faire tiede (Aalma R., c.1380, 411). ...si li getez dedanz trois goutes de uile rosat avec autres trois goutes de uile de camamille tiedez (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 119). Et, s'ilz ont eu male journee, espiciaument en yver, il leur doit donner a boire de l'eaue tiede et de bonne farine de fourment meslee dedanz (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 192). Ayez pissat, et le chauffez comme tiede, et mectez la tache tremper dedens par deux jours (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 132). Et incontinent luy convient mectre ses gectz et sonnectes, et le mectre et tenir sur le poing et remuer et garder qu'il ne dorme point, et luy offrir le vespre prouchain la char lavee en eaue tiede (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 164). [Nombreux ex. ds ce texte] ...en belle et necte eaue tede (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 161). ...en belle eaue tede (CHIQUART, Cuis. S., 1420, 165). ...et vault mieux que adonc en eaue froide ou ung petit de tiede ou que on les boute en son sain et loing du feu affin que on ne face transmutacion soudaine (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 30). Alors damp Abbés demanda l'eaue pour laver les mains, qui estoit toute aigue rose tiede (LA SALE, J.S., 1456, 248).

Rem. Cf. aussi Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 43 (tede).

B. -

Au fig. "Sans ardeur, sans ferveur" : A grant paine vaincons nous ung vice parfaictement, et ne nous enflammons point a nostre cotidien prouffit, et demourons tiedes et frois a Dieu. (Internele consol. P., 1447, 294).

V. aussi teve
 

"Tiédeur" : ...tepitas (...) tiedesse (LAGADEUC, Catholicon G., 1499, 38).
 

"Tiède" : ...Ne l'eaue ne soit pas trop froide Ne si ne resoit pas trop teide [Ne si ne soit mie trop tiede ; Ne se ne soit pas trop teidete] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 353).
 

"Tiédeur" : Tepiditas (...) : tiedetés (Aalma R., c.1380, 411). ...tiedetés ou peresse (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 496). Tiedeté : tepiditas (Gloss. gallico-lat. M.M., c.1425-1450, 265).

REM. Jardin de santé, c.1500, ds GD VII, 707c.
 

"Devenir tiède" : Tepeo (...) : tiedir (Aalma R., c.1380, 411).
 

"Avec mollesse, sans ardeur" : ...car mort estoit le roy qui dessus eulx avoit regné (...), qui tant nicement et tievement [ms. trievement, cf. p.1126] avoit regné que tous les gentilz hommes et le paÿs en valoient pis. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 84).

Rem. Ex. d'afr. ds GD VII, 705a.