C.N.R.S.
 
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     ACCOINTEMENT     
FEW XXIV accognitus
ACCOINTEMENT, subst. masc.
[T-L : acointement ; GD : acointement ; AND : acuintement ; FEW XXIV, 77b : accognitus ; TLF : I, 377a : accointement]

(Synon. de accointance)

I. -

"Relation, rencontre entre des personnes"

A. -

"Relation"

 

1.

"Compagnie, fréquentation, commerce" : Du proudomme parfettement Pourchasse son acointement Et son grant bien et sa privance. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 205). Eslonge toy de mesdisans, N'escoute point leur parlement, Car a tous mes faiz sont nuisans, Et je les hé trop mortelment ; Et saches que l'acointement De tel gent vient a la parclose A plus grant mal que dire n'ose. (Cent ball. R., c.1388-1396, 12).

 

-

Par accointement. "Par relations" : Li Beaus Chevaliers molt pensa, Conment la voie trouvera, Qu'a sa dame puisse parler ; Car james du paÿs aler Ne s'en vorroit par nulle voie, Dusqu'a tant que sa dame voie. Tant a fait par acointement, Qu[e]en un lieu secretement A sa dame parler il pot. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 163).

 

-

Avoir accointement à qqn. " Être en relation avec lui" (ici, le compl. désigne une entité abstr. personnifiée) : Fortune est de cielx fondement Qui durra pardurablement Dessus toute joye florie, Sans fin et sans commencement. Qu'avra de lui acointement Il sera soubz l'arbre de vie. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 216).

 

-

"Rapport, lien" : "Mere, dit li bastart, vous parlez follement Que voullez que je faille mon perre teillement, Et pour ung traytour qui ait si faussement Ouvrés enver mon perre ! Je n'en ferait niant ! Vous frere ne maintient ensi ne aultrement, Car je ne vuelz avoir per nulz acointement Traytour ne lairon qui soient mez parrant !..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 740).

 

2.

"Relation sentimentale, amoureuse" : "Vraiement", dist Sathan, "se vous demourés en la garde et u gouvernement du roi Modus et de Ratio, vous perdrés l'amour du Monde que vechi et les biens que il vous a autre fois amenistrés, ce sont beles robes, biaus chevaux et bons vins et bonnes viandes, les deduis des chiens, des oisiaus, la compaignie et les dornoiements [var. acquointemens] des belles dames..." (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 124).

 

-

Avoir l'accointement de qqn : Et se vostre cuer a cela Se veult fermer entierement, En trestous lieux si fort vouldra Qu'aiez premier l'acointement Des dames, que par ce talent Mettrez vouloir, desir, pensée A acroistre vo renommée Pour avoir des biens a foison, Dont Amours donne a grant bandon A ceulx que joieux faire veult. (Cent ball. R., c.1388-1396, 181).

 

-

Avoir accointement vers/à qqn : "Sire", dist il, "voir vus dirai par m'ame, Un chevalier ai vëu longuement, Qui vers ma dame avoit acointement. Et tant sai bien par unne damoisele, Qu'a son anel pendu sur sa mamele." (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 138). Lors fermement vus jurreres Que tous les jours que vous vivres, Vous maintenres tres fermement Ce que m'aves en couvenant, Ne mot vus n'en trespasseres. Et encor u serement metres, Que ja samblant vous n'en feres, Qu'a moy ayes acointement Nient plus que vous avies devant. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 150).

 

-

Trouver accointement à qqn : Tristes, pensif, plain de merancolie Me truis, et vif trop ennuyeusement, Car ainsy va que toulu m'a m'amye Un compaignon qui est joly forment. Joué lui a, ce croy je fermement, D'aucun bon tour qui la m'a estrangee, Car plus n'y puis trouver acointement (Recueil galant. V.-B., c.1350-1400, 87).

 

-

"Relation sexuelle"

 

.

Avoir accointement à qqn : Damme, s'ai dit Lion, per le mien serrement, Behourder y vorait se je pués teillement ; Contre le mairier jousterait vraiement, Et s'ancontrer le pués a mon commandement Jamaix a sa moullier n'arait acointement Ne n'y porait juer de nul engenrement. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 604).

B. -

"Rencontre"

 

1.

"Accueil aimable ; prévenance, marque d'affection" : J'ay tant de plours arosée ma face Et de souspirs fait mes gemissemens Que cuers m'estraint et viaire m'efface, Et que de mort sont venus les tourmens, Quant loing me vy des doulx acointemens, De celle en qui toute vertu habonde, Jeune, gentil, belle et plaine de sens (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 285). Et vous dira doucement, Chierement : "Vous pry qu'encor atendez !" Et pour cel accointement Bel et gent A tousjours maiz l'amerez. (Cent ball. R., c.1388-1396, 84). Tous les matins alloit a son lit doulcement, Maint parler luy disoit trestout d'acointement Et se jouet a ly la dame bien souvant Pour ce que privés furent ensemble de longtemps (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 401). "...Ma Dame m'a fait chiere lie ; Ainsi m'ont raporté mes yeulx. - Cuidez vous savoir, sans doubter, Par un regart tant seulement," Se dis je, "du tout son penser, Ou par un doulx acointement ?..." (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 23). En telle maniere que vous avez ouy trouva Sebille le roy Alexandre, et le garda tant qu'il fut gary en grant feste et en grant revel. Et sachiez que par cest acointement le roy enamoura Sebile merveilleusement et Sebille luy, ainsi que vous porrez oyr cy aprés. (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 294).

 

-

"Accueil, réception"

 

.

P. métaph. : Et pour c'est la terre si cointe, Si belle, si gente et si jointe, Qu'elle a sa robe despouillie, De l'iver crotée et mouillie ; Et sans plus pour l'acointement Dou printemps est si cointement (MACH., R. Fort., c.1341, 80).

 

.

P. iron. : "Barons, ce dit le roy qui tant a hardement, Tant com cilz paiens sont venus si noblement Et qu'ilz s'entrefestient aux trefs joyeusement, Nous leur irons jouer d'ung aultre acointement Entre que sont aux trefz en leurs esbatemans." Et Guillelme respont : "Sire, a vostre talent !" Lors font armer leur gent en la ville briefment (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 404).

 

-

"Air avenant, abord agréable" : Nompourquant il ont des regars Et des biaus parlers bonnes pars, Dous ris et bel acointement (MACH., D. Lyon, 1342, 205).

 

2.

"Rencontre belliqueuse, affrontement, combat" : Huez, dist le roïne qui tant ot le cors gent, Je vous pry et requier et commande ensement C'aujourd'ui enquerquiez, à ce tournoiement, Dez fleurs de lis de Franche le blason qui resplent. Car se no anemy, dont nous avons granment, Voient lez fleur de lis porter hardiement, Vous en arez à yaulx plus doulz acointement ; Car les armez de France sont de tel essient Qui lez voit en bataille, grande paour l'en prent. (Hugues Capet L., c.1358, 140). La peüst on voir (...) Cez chevaliers verser, escuiers ensement. Oncques nulz homs ne vit plus fier acointement. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 32).

II. -

"Connaissance de qqc." : Et combien que je n'ay eu ou temps passé vostre congnoissance ny accointement de vostre noble estat, pour ce que j'ay entendu que vous amés les livres, j'ay escript une petite chosette que se tout vault petit, mais que soit au plaisir de Dieu et de vostre seignourie, mes cuers en sera plus appaisiez, car je desire de veoir aucunes choses que j'ay touchiées en cestuy petit escript. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 4).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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