C.N.R.S.
 
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     ASSENTIR1          ASSENTIR2     
FEW XXV assentire
ASSENTIR, verbe
[T-L : assentir1 ; GD : assentir1 ; GDC : asentir1 ; AND : assentir ; FEW XXV, 521a-522b : assentire ; TLF : III, 679a : assentir1]

I. -

Empl. trans.

A. -

Empl. trans. dir.

 

1.

Assentir qqc.

 

a)

"Approuver qqc." : Ma dame reverent et chiere, Digne de loange et d'onnour, Excellent en toute valour Que cuers porroit ymaginer, Yeus vëoir, oreille escouter, (...) Desirs, voloirs, cuers asentir (MACH., R. Fort., c.1341, 83).

 

b)

Assentir + inf./prop. sub.

 

-

[Inf.] "Permettre que" : Si tu assens l'appetit preceder, Si que Raison ne puisse succeder, Riens ne feras qui doye proceder A fin de grace. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 80).

 

-

[Prop. sub.] Assentir que/estre assentant que. "Consentir que" : ...biax trés dous filz, mes cuers est asantans Que je praingne congié de vous jusques au tans Que vo premiére amour sera presque faillans, Car trés bien amerés, et par les faus semblans Qu'elle vous mousterra vous sera decevans. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 96). ...se Pitié n'assent Et consent Que j'aye briefment confort, Mon doulx frere, je n'actent (...) Plus nulle rien que ma mort ! (GARENC., Poésies N., 1389-1415, 85).

 

-

Au passif empl. impers. Il est assenti que + sub. "Il est convenu que" : Comme pour le bien qui en pourra avenir, ait esté assentu par entre nostre très chier et très amé pière de France et nous, que à certain jour et lieu nous assemblerons pour entreveoir et parler, à certain nombre de gentz... (Ch. VI, D., t.1, 1397, 136).

 

c)

Empl. abs. "Consentir" : S'on leur presche de pardonner, Ilz sont prestz de mercy donner ; Et, s'on leur parle de partir Aux povres, prestz sont d'assentir ; S'on leur conseille faire jeune, Jamais leur vouloir n'y repugne (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 135).

 

2.

Assentir qqn/son coeur à qqc. "Faire que qqn/son coeur donne son accord à qqc., l'accepte" : A bon droit Ce dist Congnisance la sage : Amours vous devoit le passage [à vous l'amoureux] Parmi son resgne ; or vous y voy Sentans le plus de son envoy Car bien scay que vous les sentez Et vostre cueur y asentez. (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 23).

 

-

Estre assenti que. "Accepter de, être d'accord pour" : "Signour anffan, moult estez malbaillis ; Or vous prie que chescun de vous soit assantis Que vous cornez ceu cor d'olliffan qu'est massis ; Qui plux hault cornerait et plus loing soit oys De Bourge est l'annez et prince et marchis..." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 182).

B. -

Empl. trans. indir.

 

1.

Estre assentant à qqn. "Être d'accord avec qqn" : ...vous plese assavoir que eir nous viendrent lettres de Londres d'un de noz bienvoillantz, faisantz mencioun q'il est overtement dit (...) que nous deussons estre consentantz et assentantz a celles seignurs rebelx, qi sont ore trespassés (Lettres agn. L., 1400, 113).

 

2.

Assentir à qqc. "Consentir à qqc. (qui demande un effort), l'entreprendre" : [Un père s'adresse à son fils qui veut devenir chevalier] Tu ez niches et negligens, Sy vaut mieux en escuerie Faire niceté ou folie Qu'en chevalerie, c'est cler, Car on le poeut trop mieux celer. Bien say que tu as corps assez ; Mais sens et boine volentez Fait moult a telle oeuvre assentir (Dit prunier B., c.1330-1350, 70).

 

-

"Accorder du crédit à qqc." : De che dist aussi Aristote ou .VIIIe. livre de Thopiques : "Qui fait question en tenchant, dispute mauvaissement, et aussi fait chilz qui ne veult assentir en respondant a che qu'on voit estre vray clerement..." (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 145).

II. -

Empl. pronom.

A. -

S'assentir à qqn

 

1.

"Se rallier à qqn" : A l'issue de cest an alèrent à Romme devers nostre saint père le pape, les ambassadeurs du roy Charles (...). Lesquelz ambassadeurs firent de par ledit roy toute obéyssance audit pape Martin (...). Car par avant, ledit roy Charles s'estoit assenti à Benedict (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 231).

 

2.

"Être d'accord avec qqn (à propos d'une idée)" : Et ne convient pas soy assentir a ceulz qui disoient que homme doit seulement sentir et savoir choses humaines, ne homme mortel ne doit savoir fors seulement choses morteles. (ORESME, E.A., c.1370, 523).

 

3.

"S'entendre avec qqn" : Je saip bien qu'il est tempz paisséz certennement Que deusse estre allér querre en certain maintenant Cely qui fist jaidis de moy l'angenrement, Et ma tres doulce mere que oncque ne vy noiant. Jou ait trop demouréz, ains m'est trop longuement ; A ceu duc me volrait asantir vistement, Pués yrait le voiaige commancier bonnement (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 415).

 

4.

[D'une femme] "Se donner à [un homme]" : Lors le base [sic] et acole, là devient si joïeus Que delès un busson qui estoit nentilleus, Abati la roïne ; onques n'en fu honteus. Et la dame en souffri moult liëment les jeus ; Au roy c'est assentie, tant fu ches cors piteus. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 380).

B. -

S'assentir à qqc.

 

1.

"Consentir, acquiescer à qqc., approuver qqc." : A ce tuit s'assentoient (MACH., D. verg., a.1340, 41). Et par Assent entre cele male Glotonie quant jeo me assente a toute ceo qe le malveise desir desire, et puis le face en fait, q'est le principale de cele male compaignie. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 49-50). Persuasion est raison vraysemblable non pas evidente, et induit a soy assentir a la conclusion (ORESME, E.A.C., c.1370, 107). ...grandement liés me sentoie Et a tous deduis m'assentoie De quoi Venus m'amonnestoit. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 87). A ce qu'elle voelt je m'assens (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 93). Or appert donques comment par philosophie l'en peut estre enduit a soy assentir a aucune chose que nous tenons de la foy. (ORESME, C.M., c.1377, 404). ...le roy d'Ausay l'a demandee a femme, mais elle ne s'i est pas voulu assentir, pour ce que autrefoiz avoit esté mariez. (ARRAS, c.1392-1393, 150). Les vielz se assentirent a ambition pour surmonter l'un l'autre par arrogance, et les jeunes aprindrent a corrumpre leurs meurs ensemble par faulte de doctrine et par dissolue compaignie. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 66).

 

-

Estre assenti à qqc. "Être d'accord avec qqc." : Et quant la menue gent virent que li grant baron estoient assenti a la voulenté du roy, sy virent bien que leur deffense n'y vauldroit riens, si firent aler leur femmes avec les autres. (Bérinus, I, c.1350-1370, 117). "...Pietre vous renderons ains qu'i soit le tiers dy, S'a mon conseil voulez estre touz assenty." (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 328).

 

-

[La chose à laquelle on consent, précédemment exprimée, est reprise par le pron. y] Y assentir : "...Sique par grant amour vous pry Que ce don donner me voeulliez Qu'en ce voiage point n'allez, Car tart seriez au repentir." Cil ne s'i vault point assentir ; Alez y est, n'est revenu. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 93). Ce ne vueil je mie debatre, Dame des cieulx, ains m'i assens. (Mir. prev., 1352, 260). Et se nostre dit neveu ou ses dites gens ne se y voloient asentir, faites en toutes manières qu'il soient délivrez au dit lieu de Poitiers (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, Pièces diverses, 1368, 404). ...ce ne fu pas par vertu de l'obligacion reelle, car il n'en y avoit point, com li sires du fief ne s'i feust assentiz ; mais estoit par vertu de l'action personele, par laquelle ledit Bernart estoit tenuz, par laquelle l'en meist à execucion la dite action es biens dudit Bernard, combien qu'ilz ne feussent obligiéz (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 131). D'uy en quinze jours sanz faillir Femme a marïage prendray. Saichiez que plus n'y attendray Puis que le mien cuer s'i assent (Gris., 1395, 19).

 

2.

"Se fier à qqc." : A paroles jamais nul ne s'assente : On ne tient pas toudis ce qu'on convente. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 25).

 

3.

"Se résoudre à qqc." : Veu que mesmes au monde venons nudz Et que trop peu y sommes retenuz, Huy nous voyans presens, demain absens, Et sy n'en est guere de devenus Jusques au temps d'estre vieux et chenus, A cestuy cas bien je ne m'assens. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 3). Quant morte sera ta charongne Puante, quier qui ta char ongne D'aulcune odorante liqueur : Homme ne vouldra, car ly cueur Ne pourroit durer a sentir Tel odeur, ne s'y assentir. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 38).

C. -

S'assentir (à) + inf. "Consentir, se décider, se résoudre à..." : Trop voulentiers mon cuer s'assent Obeir au pape Inocent. (Mir. st Guill., c.1347, 18). "...Chiers sire, et s'il avient que la dame s'asente A garder nostre enfant, si li achetés rente, Bours, villes, ou chastiax, se vous en trouvés vente, Donnés li plus que n'ait li prince de Tarente." (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 68). Car Doulç Penser nuit et jour me presente Les biens de vous, c'est bien drois que m'assente A vous amer, obeïr et servir. (FROISS., Orl., 1368, 96). Et je, qui cuiday vraiement Que fust homme de bon affaire, M'assanti a son vouloir faire (Mir. st J. Paulu, c.1372, 133). Mais savoir devés vraiement Que jamais ne m'assentiroie, Par parler ne par nulle voie, A amer nul homme vivant, Se ne le cognissoie avant. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 342). Priez à Dieu qu'à moy garir s'assente. (MACH., L. dames, 1377, 206). ...tu es si prez de mon lignaige, posé que je me voulzisse assentir a toy avoir, que l'eglise ne s'i vouldroit pas accorder. (ARRAS, c.1392-1393, 305). Comment au marquis, nostre sire, Pourrïons deprïer et dire Qu'a soy marïer s'assentist, Qu'a vis nous est qu'en avenist Grant bien a lui et au commun. (Gris., 1395, 10). Du pecheür Dieu ne veult mie La mort, maiz aime mieulx la vie, A celle fin qu'il se repente Et qu'a tout bien faire s'assente. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 236). Et par mon lengage apperceurent Que pour le sens Et la doulceur qu'en elle sens, A estre tout sien me consens ; Maiz a lui dire ne m'assens, Et si avra Tost un an qu'Amours m'en navra. (CHART., L. Dames, 1416, 300).

 

-

[Dans une tournure factitive] : Assés legierement fit Tanaquil assentir Lucume a lesser son paÿs et a se departir de Tarquine, meesmement car ce n'estoit pas son paÿs se n'estoit devers mere, si que lui et sa fame ont pris leur biens et s'en alerent a Rome. (BERS., I, 1, c.1354-1359, 34.7, 59).

D. -

S'assentir que/à ce que + sub. "Permettre que, consentir à ce que" : Ne ne vous devez assentir Que vos cuers se doie envaïr A moy, pour vous amer, haïr. (MACH., D. Lyon, 1342, 192). ...tant me preecha et monstra de belles raisons que je m'asenti enssi que par demi volenté, que il fesist son plaisir (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 152). ...de ceste parolle estoient tout esmervilliet et s'asentoient assés à ce que on le cruist. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 176). Sy vueil mectre toute ma paine A vous servir joyeusement, (...) Esperant tel avancement, Et se vo voullenté s'assent Que tant de bien me soit donné, Je seray de bonne heure né (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 349).

 

-

"Se résoudre à" : En la fin il s'assenti pour le mieulx qu'il le diroit a l'empereur, si vint a lui et lui dist tout priveement que une partie de son tresor estoit emblé, et si ne savoit par ou ne comment. (Bérinus, I, c.1350-1370, 383).

E. -

Empl. abs. "Donner son accord, être d'accord" : Car la volenté de home par sa franche liberté peut suspendre son fait ou accion et actendre et deliberer et faire autrement, non obstant que l'entendement se assente et cuide les premisses. (ORESME, E.A.C., c.1370, 374). Or doncques, et puis qu'encore je ne m'assens droit cy et que de tous noms je fay novel regret, l'en me peut demander se le nom de bien servi ne lui seroit point de sorte [au roi Charles VII défunt] (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 317).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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