C.N.R.S.
 
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     CLORE     
FEW II-1 claudere
CLORE, verbe
[T-L : clore ; GD : clos1 ; GDC : clore ; AND : clore ; DÉCT : clore ; FEW II-1, 747a : claudere ; TLF : V, 937b : clore]

I. -

Clore qqc. "Fermer qqc."

A. -

Au propre

 

1.

[Une chose qui met en communication l'intérieur et l'extérieur, porte (en partic. d'une ville), fenêtre, accès, issue...] : ...Alez sans targier Et cloez l'uis de ce vergier. (MACH., C. ami, 1357, 6). Li sergens qui l'uis nous ouvri De .II. mantellés nous couvri Et la fenestre cloÿ toute Et puis l'uis, si qu'on n'i vit goute. Et la ma dame s'endormi, Tousdis l'un de ses bras sur mi. (MACH., Voir, 1364, 338). Il ot grant meslée à la porte, Qui estoit grant et large et forte, Que li Sarrazin la voloient Clorre et fermer ; mais ne pooient, Car il y avoit tant de mors, Qu'il ne marchoient que sus corps, Qui gisoient gueule baée, L'un jus, l'autre droit à l'entrée. (MACH., P. Alex., p.1369, 77). Si cloirent les bonnes gens lors portes, et monterent as desfenses. (FROISS., Chron. D., p.1400, 346). Si cloirent lors barrieres, et se tinrent entre la porte et la barriere. (FROISS., Chron. D., p.1400, 584). ...et à occasion de ce incontinent furent closes toutes les portes de Paris et tenues closes sans issir ne entrer, si non par congié. (BAYE, II, 1411-1417, 110). ...et fu le Parlement finé et les Chambres closes. (FAUQ., III, 1431-1435, 110). ...et nous ferons clorre et bien garder les portes. (LA SALE, J.S., 1456, 92). ...avoit attendu aussi tard qu'il estoit possible avant la porte clorre de la ville (C.N.N., c.1456-1467, 508). "...je vous supply que cloiez les fenestres, affin que nous soyons plus secretement." Il l'accorda bien envys, et, tantdiz qu'il les cloyoit, la pucelle sacqa ung petit cousteau (C.N.N., c.1456-1467, 553). CERBERUS. J'ay grant joye de leur en donner Tant qu'en vouldras, si leur en porte, Ouvrir te vueil toutes mes portes Sans en demourer une close. (Cene dieux, c.1492, 127).

 

-

Clore qqc. à qqn / à qqc. : ...il seroit en peril que l'en lui clouyst a son retour les portes de Londres (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 368).

 

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[Ds un contexte métaph.] : Mes saluz tantost me rapportes, Ou du ciel te clorray les portes. (Mir. nonne, 1345, 343). Tantost comme est dedens entré, il fait ouvrir les portes de ce temple a tous vices et clore a toutes vertus. (GERS., Purif., 1396-1397, 65). ...et sera la voye aux bons ouverte de mieulx faire et aux mauvais close de mal faire (JUV. URS., Verba, 1452, 287). Helas, qui pouroit cloire l'uys Et le trelhis A traÿson et a malice ? Je croit que nul, tant soit soubtis. (Pass. Auv., 1477, 111).

 

-

Loc. fig. Clore fenestre. "Fermer boutique" : Et vous, la gente Saulcissiere, Qui de dancer estes adestre, Guillemete la Tappiciere, Ne mesprenez vers vostre maistre : Tost vous fauldra clore fenestre ; Quant deviendrez vielle, fleterye, Plus ne servirez q'un viel prestre Ne que monnoye c'on descrye. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 58).

 

-

Empl. intrans. ou pronom. (Se) clore. "Se fermer" : Cestui prebstre a par pluiseurs foiz dit et adcertené, sans varier, qu'il a esté dedens ceste cave jusques aux portes de mettail, qui jour et nuit sans cesser battent, cloant et ouvrant (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 83).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Fermé, verrouillé"

 

.

Trouver porte close. V. porte

 

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À huis clos. V. huis "La porte fermée, sans témoin, sans public" : ...et furent pronunciez yceux arrestz à huis cloz par messire Phelippe de Morvillier, premier president (FAUQ., II, 1421-1430, 325).

 

-

Part. prés. en empl. adj. "Qui ferme, que l'on peut fermer" : ...Les fenestres (...) Bien cloentes (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 182). ...plusieurs fenestres cloans et ouvrans. (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 96).

 

2.

[Un espace, un lieu, un local, une voie...] "Fermer l'accès de" : Les dieux Alixandre ont oÿ : Toute la vallée ont cloÿ (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 140). Mais y t'a mis en prison claude. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 250). Item, quant li justiche vat visenteir, en celiers des borgois, les malvais vins, ly advoweit ou son lieutenant y puet alleir, s'ilh ly plaist. Et, s'ilh y at vynier qui cloie son celier et nel vuelhe overir, et ly maire, sour che requis, n'y mette remeide, ly advoweit ou son lieutenant le puet brisier, sens meffaire. Et doit avoir ly advoweis tous les toneals de vins qui sieront defonseis et jugies malvais (HEMRICOURT, Patron Temp. B., c.1360-1399, 114). Quand les vignes gettent, on doit crier que chaquun cloue sa vigne et que nuls n'y mette beste, et que nuls n'y aille cuillir herbes et auxi que chasquun cloue son courtil (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1370, 243). ...pour copper les bois et clorre les chemins quant il l'ordonneroit. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 219). ...et ot la souveraine auctorité de clorre et ovrir paradis par la vertu et par les clefs du saint sacrement de penitence qui enclost confession. (GERS., P. Paul, a.1394, 486). Si le conforta par l'aseurance de la divine clemence, qui jamaiz ne clot son giron a ceulx qui vers elle retournent. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 27). Et Vieillesse emprisonner L'a voulu, en chambre close (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 519). Et, après que ledit de Bourgongne ot esté porté audit lieu de Nancy et ilec lavé, emondé et netyé, il fut mis en une chambre bien close, où il n'y avoit point de clarté, laquelle fut tendue de veloux noir (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 42). L'ostel est seur, mais qu'on le cloue. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 87). Muez le cours de cest orbe mouvant, Faictes tout neuf comme en estes scavant, Le ciel faictes souvent ouvrir et clorre. (Cene dieux, c.1492, 118). Tous les seigneurs principaulx de l'armee Et du conseil [y] furent hebergez En belles chambres bien closes et fermees (LA VIGNE, V.N., p.1495, 183).

 

-

Clore un lieu (l'accès à un lieu) à qqn / à l'encontre de qqn : ...les François (...) avoient grande entente de euls clore la voie dou pont (FROISS., Chron. D., p.1400, 441). Qant il fu venus, il li demanda pourquoi il clooit les fortereces de Bretagne a l'encontre de li, qant bien il savoit que il en estoit dus et sires, et que les chités et bonnes villes de Bretagne l'avoient recheu a signeur. (FROISS., Chron. D., p.1400, 468). ...se il vous clooient les pas en Flandres et les entrees, vous en seriés plus foibles (FROISS., Chron. D., p.1400, 641). ...on lor avoit clos la mer (FROISS., Chron. D., p.1400, 880). Ceste responce [de la nuée] despleut moult a Saturne. Pour quoy, moult eschauffé courut aux armes et tantost cloÿ la voye a la nuee (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 91).

 

-

Clore l'estable quant le cheval est perdu. V. estable

 

-

[D'une chose qui empêche l'accès] : Pour congié prendre veulx baiser La pierre que clo le sepulcre. (Pass. Auv., 1477, 265). Nouvelleté a deffaire. Et ly sire Nemmerey Rengnillon, qui au jour estoit maistre eschevin de Mets, ait dit pour droit, par lui et par ces peires, que parmey l'enqueste et le rapport que Mertin Travalt l'amant, qui en fuit prin a pardessoure, en ait trouvés et rappourtés, et parmey ceu que loudit Gillequin le merchant ait bien monstrei que ycellui huxe cloyant, fait en maniere d'une grande huge que loudit Hannes le clowetour ait fait faire en l'ovreu de sadicte maison est nouvelleté et tout autrement que n'estoit par le temps passés l'estault de clowetour que y estoit, et que ycelle nouvelleté est grevant et dompmaigeable audit Gellequin et a sadicte maison, ait bien pour tant loudit Hannes la dessusdicte nouvelleté a deffaire (Jug. maître-échev. Metz S., t.3, a.1494, [1451], 129).

 

-

Empl. intrans. ou pronom. [D'une ville, de ses habitants] Se clore. "Fermer les accès" : Si s'en vinrent devant le bonne ville de Jugon, qui se cloy contre lui et se tint trois jours. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 175). Quant chil d'Ausay (...) en veirent le manière, si se doubtèrent de ces males gens, que il ne leur feissent à souffrir, et se cloïrent (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 217).

 

-

Inf. subst. L'ouvrir et clore (des clefs du royaume des cieux). V. clef "L'absolution et la damnation" : ...au Debonnayre, Clement VIIe appelle, dignement appartient l'ouvrir et cloyre des clefz de l'eglise de vostre Pere (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 369).

 

3.

[Tout objet, naturel ou fabriqué, qui possède un intérieur (vêtement, livre, lettre...)]

 

a)

Empl. trans. : ...se le puis appert clous ["si dans le rêve le puits apparaît fermé"]... (Expos. songes B., 1396, 151).

 

-

[Un vêtement] : ...à la premiere foiz le virent yssir, son mantel vestu et rebracié, et en après le virent yssir, son mantel clos et ayant une grant bosse soubz son braz, en semblant qu'il portast aucune chose soubz sondit mantel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 465).

 

-

[Un livre] : ...les drois se taisient, soient cloz les livres, voisent soy respondre les loiz (BAYE, II, 1411-1417, 261).

 

.

Part. passé en empl. adj. : ...un sien breviaire qui bien valoit XX frans et plus, et estoit cloz à bons gros fermaux d'argent esmaillez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 214).

 

-

[Une lettre, un écrit...] "Fermer, cacheter" : LA MÉRE. Avant : ploiez la [ceste lettre] sanz prolongne Et la cloez. LE SECRETAIRE. Voulentiers, quant le me loez. Vez la ci close. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 54). Li princes (...) cloy les lettres en ses mains... (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 196). Ce jour, par l'ordonnance de la Court, fu cloz et seellé du contreseel de la Chancelerie le roole ouquel (...) estoient escrips les noms des officiers et serviteurs du roy Charles VIe, nagaires trespassé (FAUQ., II, 1421-1430, 82).

 

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Part. passé en empl. adj. Lettre close. "Lettre scellée ou cachetée" : Il avint a une journée, Male pour celui adjournée, Qu'a lui s'en vint uns messagiers De Prouvence, preus et legiers, Qui li aportoit lettres closes, En un petit coffret encloses. (MACH., J. R. Nav., 1349, 215). ...Et en sa main li vi tenir Une lettre close et fermee De cyre vert bien seellee (MACH., Voir, 1364, 68). ...lui furent baillées deux lettres closes de par le roy, pour porter à mons. le duc de Berry, que l'en disoit estre à Poitiers, et à mons. l'evesque de Poitiers, son chancelier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 520). ...et lui baillerent unes lettres closes seellées du seel secret du roy nostredit seigneur, et signées de son saing manuel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 20). ...une lettre close lui alerent baillier (Cip. Vignevaux W., p.1400, 96). Environ IX heures, cessa la Court des Plaidoiries et se mist en Conseil sur certeinnes lettres closes envoiées par monseigneur le duc d'Orleans (BAYE, I, 1400-1410, 182). ...nous ont envoyé certaines lettres closes de par le roy presentées à aucuns de nostreditte ville par ung officier d'armes (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 257).

 

Rem. PHIL. VI VALOIS, Lettres closes C., 1335, 57 ; FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 289 ; CHART., D. Fort., 1412-1413, 167 ; Lettres Louis XI, C., t.1, 1443, 10 ; JUV. URS., Nescio, 1445, 519...

 

-

P. métaph. : Et avoit le cueur ouvert à tous vices et clos à toutes vertus, et disoient aucuns que c'estoit pain beneist de l'avoir effacé de la terre des vivans (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 212).

 

b)

Empl. intrans. ou pronom. (Se) clore

 

-

[D'un coquillage] : Coquille est vng poisson de mer comme dit Ysodores qui est enclos en vne escalle ronde mais elle se oeuure et clot quant elle veult en son manoir au fons de la mer qui de la rousee du ciel conchoit et enfante pierres nommees marguerites (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 494).

 

-

[D'une blessure] : Donc premierement mettés ventouse sur la morsure avec scarification et sansues y sont bonnes et ne laissez point clore la morsure ne sauder (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 16).

 

-

Empl. pronom. à sens passif "Se fermer, que l'on peut fermer" : ...une autre escousse d'argent, carrée, qui se clost et euvre, et sont les armes monseigneur le Daulphin en l'esmail (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 239).

 

c)

Part. prés. en empl. adj. "Qui ferme, que l'on peut fermer" : Bergier qui a pennetiere Bien clouant, ferme et entiere, C'est ung petit roy. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 66).

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Ce qui ferme, fermoir, agrafe" : Bergier qui ha pennetiere A bons clouans par derriere, Fermant par bonne maniere, Que lui faut il, quoy ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 66). La bourse doit pour estre parfaicte Avoir clouans [var. fermant, fermens] pour seurement garder Ce que dame veult tenir ou donner. (LA MARCHE, Triumphe dames K.-B., p.1488, 36).

 

4.

[En partic. un organe ouvrant sur l'extérieur, bouche, oreilles...] "Fermer, boucher"

 

a)

[La bouche, les lèvres] : Oiseuse est la fole qui enseigne toutes follez abhominations et telles que on ne les ose dire, de quoy avient que confession s'en empesche, et trebuche la personne, a bouche close, a dampnation. (GERS., Annonc., a.1400, 236).

 

-

Clore la bouche de qqn. "Empêcher qqn de parler, de crier" : ...la pucelle tenoit, Et pour ce qu'elle crie, la bouche lui cloioit. (Tristan Nant. S., c.1350, 207).

 

-

Part. prés. en empl. adj. : ...les levretes frïans, Rouges, cloans, en mi grossetes, Faisans au rire .ij. fossetes (ACART, Prise am. H., 1332, 30).

 

b)

[Les oreilles]

 

-

Clore les oreilles. "Se boucher les oreilles ; ne pas écouter" : ...ilz baissent la teste et cloent les oreilles (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 172). Le tres prudent baceller, pour obvier a leurs deceptions sophisticques [des sirènes], clooit ses oreilles (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 92).

 

-

Clore les oreilles à qqn. "Boucher les oreilles à qqn, l'empêcher d'écouter" : J'ay long temps muet sourt esté Par l'ennemy qui me lyoit La langue et qui me clouoit Les oreilles (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 455).

 

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Clore les oreilles à qqc. : Ayes merci, Dieus, de moy et de mon grief corps. Sire, je te cri merci, ne vueilles pas clorre tes oreilles a mes prieres. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 34). Et, comme dit Tulle : "qui clot ses oreilles a verité, par especial de ses amis, il est a delaissier comme celuy auquel on ne attent salut ne amendement". (GERS., Noël, p.1404, 310).

 

-

Prov. À beau parler closes oreilles : A beau parler closes oreilles. (CHART., B. Dame, 1424, 342).

 

c)

[Les yeux, les paupières] : Plinius dit que c'est une petite beste comme une lesarde et que elle vit de l'air non pas pur et senz mangier, et tout son sanc est ou cuer et es yex qui sont gros et ne les clost onques. (ORESME, E.A.C., c.1370, 133). Je ne vous puis plus tenir compaignie. Je vous commande au vray Roy de gloire qui vous octroit paix ensemble et bonne vie et longue par admendement, et vous octroit bonne vertu et puissante victoire contre les ennemis de Dieu. Et a ce mot clouy les yeulx et s'en ala si doulcement qu'il leur sembla qu'il feust endormis. Mais quant ils se apperceurent qu'il fu mort, lors commenca grant la douleur. (ARRAS, c.1392-1393, 123). ...[les lièvres] ont fieble veue et ne cloent point les yeulx et oent tres cler (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 472). Et quant la chacie clot fort les paupieres... (GORDON, Prat., c.1450-1500, III, 2). ...sy ne daigna cloïre ses yeux (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 92). ...pour esprouver sa femme (...) clouit les yeulx, retint son esperit, tellement qu'il sembloit estre mort (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 189).

 

-

Empl. intrans. ou pronom. (Se) clore. "Se fermer" : Aussi tost conme oeil euvre et clot (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 297).

 

-

[Ds un contexte métaph.] : Et premierement Mescreance clost et bande les yeulz de l'ame, affin que jamais ne voye ou congnoisce misericorde pour l'appeller. (GERS., Purif., 1396-1397, 66).

 

-

"Ignorer volontairement" : ...ycelui duc, en cloant les yeux, laissa passer et souffrir ceste chose ensy estre faite. (WAUQUELIN, Chron. ducs Brabant, R., t.3, c.1447, 568).

 

-

"Mourir" : Si trestos que ses frères (...) sceut que il avoit clos les iex... (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 288).

 

d)

[Les sens] : La povre ame, qui est lors en grande neccessité et angoisseuse douleur, veult querir selond sa coustume aucune consolacion mondaine par les V portes de son corps ; elle veult user des yeux pour regarder aucune vanité, mais elle lez treuve clos et obscurs ; elle quiert prandre aucun confort par se complaindre et parler de la bouche, ou par gouster aucune doulce viande : elle treuve les dens serrez et la langue amortie. Ainsin veult amener aucune consolacion par les oreilles, aussy par les narines, aussy par l'atouchement vil et ort ; mais rien n'i vault : tout est clos et serré. (GERS., Pent., p.1389, 85).

 

e)

[Un orifice naturel] : Quant l'orifice de la marris est cloz, c'est signe que la fame est grosse. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 86).

 

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Empl. intrans. ou pronom. (Se) clore. "Se fermer" : ...la marris se constraint et estraint, et par consequent la bouche [l'orifice] se clot (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 134).

B. -

En partic. "Fermer, refermer (en repliant)" : Puis sans ouvrir ou closre le compas, soit mys le pyé immobile sus .c. et du pyé mobile faiz .f.a.g. ou l'intersection de.f.g. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 385).

 

-

[La main, le poing] : Avarice mauditte, Qui le poing clot... (CHART., B. Nobles, c.1424, 406). Benuicq cloÿ sa main atout la verge (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1057). Quant une femme couchie avec son mari, veult avoir plus tost un filz que une fille, elle doit tenir ses mains closes tandis que son mari fait l' euvre de nature, et pour vray elle aura un filz. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 110).

 

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Part. prés. en empl. adj. "Qui ferme en se repliant"

 

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[D'un tableau] "Qui comporte un volet qui se replie" : Ungs grans tableaulx de troys pièces, couvers d'argent dehors et dedens, cloans, esquelz sont dedens plusieurs reliques, et sont garniz de pierres de voirre, à quatre piez de griffon de cuivre ; non pesez. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 226). ...ung très petit tablier cloant, en ung estuy de boys (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 229).

II. -

Clore qqc. ou qqn. (synon. enclore)

A. -

Clore qqc. (un espace, un lieu, une ville...) "Entourer, fermer en entourant (d'une enceinte, de murs, de haies, d'un fossé...)" : ...et ont leur taille à fere la cloture à clore leurz gardins (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., c.1398-14, 197). Si le fist redrecier et faire Et le hault dongon tout parfaire Et clorre de forte muraille. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 12).

 

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Part. passé en empl. adj. "Entouré (d'une enceinte, de murs, de haies, d'un fossé...)" : Quant seule fu, sans plus attendre, Ynellement, les saus menus, En sont a Susanne venus Et dirent : "Li vergiers est clos, N'il n'a creature en cest clos Qui nous puist vëoir n'encuser, Si ne dois mie refuser A faire tout nostre plaisir, Car lieu, temps en as et loisir..." (MACH., C. ami, 1357, 6). En ceste partie dit l'ystoire que, quant Remondin vint au dessus de Lusignen, et il apperceut le bourc, qui estoit cloz de haulx murs et de grosses tours et drues, et les fossez parfons et tous fais de pierre de taille, et voit la tour haulte et grosse entre le bourc et le fort, qui les surmonte de haulteur de plus du hault d'une lance (ARRAS, c.1392-1393, 77). ......la forte maison dudit Warmeriville, close et fermée de fossés (Trés. Reth. S.L., t.2, 1408, 575). ...en l'amoureux encloz, De hayes d'espines tout cloz (CHART., L. Dames, 1416, 272). ...pour ce feroit ladicte suppliant, affin de y garder et sauver soy et ses biens et ceulx de ses hommes, subgetz et pays d'environ, volentiers clourre et fortiffier lesdiz hostel et place de Bourneau (Doc. Poitou G., t.11, 1465, 2). ...ung gerdin cloz de mur (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1333], 103-104). ...et fut environ l'an et le temps que ledit roy Philippe fist paver la ville de Paris et clorre de mur le bois de Vicennes, l'an mil cent IIIIxx et ung. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 119 r°).

 

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[Ds un contexte métaph.] : Cils vergiers dont je ci raconte, Par quoy je ne faille a mon compte, C'est Amours especiaument Qui cuers rapelle doucement A la haie dont il est clos Dont cils puet sieuir les esclos. (MACH., D. Aler., a.1349, 399).

 

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[À propos de la Vierge] Jardin clos : Fontaine avoit dont l'arbre prist croissance Ou jardin clos de sept tours par plaisance (Mir. Berthe, c.1373, 252).

 

-

CHASSE Clore le buisson. "Entourer le buisson de filets, de chiens..."

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 103 ; 107.

 

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Champ clos / lices closes. V. champ "Champ circonscrit par des barrières" : Et moy, qui suis homme d'armes et porte armes, je dois courrir sus à tous ceux qui portent armes, s'ilz sont mes ennemiz, soit en champ de bataille ou en lisse close. (BUEIL, II, 1461-1466, 81).

 

-

Ville close. "Ville entourée de fortifications" : ...et m'a l'on dit qu'il est logié en ung groz villaige aux champs et qu'il ne se daigneroit mettre en ville close. (BUEIL, II, 1461-1466, 241).

 

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[De ce qui entoure] "Entourer, enfermer" : Tant c'un cuir de cerf pourra clorre, Et de boys et de pays enclorre, Et il le vous accordera (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 131). ...ung grant fossé parfond qui clooit ledit villaige. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 255).

B. -

Clore qqn ou qqc. (qq. part). "Enfermer qqn ou qqc. (qq. part)"

 

1.

Clore qqn (ou un animal) (qq. part). "Enfermer qqn (ou un animal) (qq. part)" : Et c'est ce que disoit David : Dedenz le soulel a Dex mis La Virge, son tabernacle, La quel chose est com miracle ; Quar ausi com dedens il est, Ausi par dehors il la vest, Ens contenu, li contenant, En li enclos et li cloant (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 48). ...entra dedans la garderobe ou son mary encores estoit dedans le bahu clos [La femme avait fait enfermer son mari dans le bahut] (C.N.N., c.1456-1467, 187). ...la huppe s'en volla devers le roy, lequel tantost la cloÿ en gayolle et illecq l'enferma. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 176). Lors fut le dit jeune escuier clos et enfermé en la dicte maison et lui furent baillees gardes et gouverneurs pour empescher que de la dicte maison ne peust aucunement sortir. (TARDIF, Apologues R., c.1493-1498, 88).

 

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Part. passé en empl. adj.

 

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"Emprisonné" : De tout confort desassorté, Enfermé, clous, doubtant fureur, Estroit tenu... (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 3).

 

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Tenir qqn clos. "Empêcher qqn de sortir, le tenir prisonnier ou assiégé" : Chils et si compagnon travilloient durement ceuls de Cambrai, et les tint toute une saison si clos que tousjours estoient il en doubte (FROISS., Chron. D., p.1400, 349). Les sergens le tiennent bien clos. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 304).

 

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"Encerclé" : ...et en celle bataille advint que messire Jaques de Lalain, qui faisoit merveilles d'armes et de vaillances et qui soubstenoit ce que corps en povoit porter ne souffrir, si se trouva enserré de deux ou de trois costez, et estoit arresté et cloz et en dangier d'estre tué par la main des Gantois (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 239).

 

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Clos et barré (qq. part). "Barricadé, en sûreté (qq. part)" : ...et le lendemain il fut tellement cloz et barré qu'il n'eust plus besoing, fors d'escoutes aux champs et grotz guet en son logeiz (BUEIL, I, 1461-1466, 195).

 

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Clos et couvert. "Bien à l'abri (en partic. de la pluie)" : Dont pour se garder de bruyne Il fault estre clos et couvert. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 11). Pitié se tient close et couverte Et ne veult force ne contraintes, Ne ja sa porte n'est ouverte Fors par souspirs et longues plaintes. (CHART., E. Dames, 1425, 368). Et a maistre Jacques Raguier Laisse l'Abeuvroir Popin, Paiches, poires - sucré, figuier -, Tous jours le choiz d'un bon loppin, Le trou de la Pomme de Pin, Cloz et couvert, au feu la plante, Enmaillotté en jacopin, Et qui vouldra planter si plante ! (VILLON, Lais R.H., c.1456-1457, 20).

 

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Se clore de. "S'enclore de" : Et là ot de très grans et grosses escarmouches, et se mirent iceulx Angloiz à pié et se clouirent et fortiffièrent de leur charoy (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 63).

 

2.

Clore qqc. (qq. part). "Enfermer qqc. (qq. part)" : Grosses vapeurs et grans fumées Par dedens la terre engendrées, Yssans dehors subitement, Par la force du mouvement Qu'elle seuffre souventes foiz Des vens en soy cloz et destroiz, Qui la font à force mouvoir Pour s'en yssir, à dire voir (LA HAYE, P. peste, 1426, 55). Dont pour ce faire fut mis le corps a l'entree de son logis (...), bien clos et fermé dedens ung beau cercueil (LA VIGNE, V.N., p.1495, 310).

 

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Tenir qqc. clos : Mais s'en son cuer tient secretement close De Morpheüs la parole et enclose, Et le matin, Au resveillier, l'en souveigne et la glose Et qu'elle dongne a chascun mot sa glose... (MACH., F. am., c.1361, 170). Mes cuers trop se merveille Et esbahist de ceste chose, Car je la tenoie si close Que penser ne puis ne savoir Que homs mortels la puist avoir. Dites m', amis, dont ce vous vient, Qu'au vrai savoir le me couvient. (MACH., F. am., c.1361, 197). Ma pensee sera desclose, Car se je la tenoye close, Desir me pourroit bien occire. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 375). ...que desclose Lui soit l'ardeur que je tiens close (CHART., L. Dames, 1416, 204).

 

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Siege clos. "Siège encerclant totalement la ville assiégée (?)" : Nous convient de l'autre cousté Aller former ung siege clos, Les tenir en captivité Et comme prisonniers a nous (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 231). Au nom Dieu, c'est ma voulenté De tenir icy siege clos. Et demain en ma liberté, Assaillir bouloart et tours, Que de moy n'auront nul repoux Tant que soyent leans en place ; Les auray et y morront tous Avant que james j'en desplace. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 458).

 

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[Le compl. désigne la Trinité] "Enfermer, circonscrire (dans des limites)" : La trinité n'a chose aucune qui le adevance par certaine determination, ne aucune chose qui le avironne tout autour par maniere d'un cercle, ne aucune chose qui soit determinee par mesure. Point n'est close en lieu (Somme abr., c.1477-1481, 131).

 

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[D'une chose] : Laquelle voyant, icellui [son fils qu'elle croyait morte] l'embracha entre ses bras, ou elle morut tantost de la grant joye qui lui cloÿ le ceur soudainement. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 178).

III. -

[P. anal. ou au fig.] Clore qqc.

A. -

P. anal. "Arrêter"

 

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Clore une lumiere : Pluiseurs fois m'ont fait clore [les mesdisants] le lumiere De tous solas (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 213).

B. -

Au fig.

 

1.

"Achever, conclure, terminer"

 

a)

[Une affaire, une action...] : Je voel atant ce pourpos clore (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 75). Il cloy ce mot ["ces paroles"] et dist : "Et ensi soit !" (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 90). ...et il manda estroitement, à quel meschief que ce fust, il fesist clore ces trettiés et presist triewes as Englès (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 210). ...auquel VIIJe jour, comparens les parties ou non, sera cloz, seellé et evangelisé le procès (BAYE, I, 1400-1410, 252). ...en la fin ilz [les songes et les faits qu'ils évoquent] se cloent tousjours en ung impossible. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 347). Et quand la bataille fut close, D'artillerie grosse et gresle, Vous eussez ouy pesle mesle : "Tip, tap, sip, sap ! A la barriere ! ..." (Fr. arch. B., c.1468-1480, 34).

 

Rem. Lire clourront "achèveront" ds l'ex. suiv. (?) : Que ceulx qui se mesleront d'aguilleterie ferreront les esguillettes de bon leton et fort, les chourront et livreront bien et convenablement, ne vendront point les esguillettes de mouton pour chevrotin (Ordonn. rois Fr. P., t.20, 1491, 321).

 

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Clore une vente. V. vente

 

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Empl. intrans. ou pronom. [D'une affaire, d'une action...] (Se) clore : Et eut là, au jour que li compositions devoit clore, devant Becheriel plus de dis mil lanches, chevaliers et escuiers (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 192).

 

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Part. prés. en empl. adj. "Terminé, révolu"

 

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Pasques closes. "Le dimanche après Pâques, ou dimanche de Quasimodo, jour où se terminent les cérémonies de Pâques" : ...et fut prise la journée pour espouser à la pasque close prochain ensuivant. (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 85). ...le samedi de cluses Pasquez sur la relevée (Chron. Valois L., c.1377-1397, 138). ...le lundi après Pasques clusez (Trés. Reth. L., t.3, 1439, 186).

 

Rem. FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 7 ; R., X, 208...

 

b)

[En partic., un compte] : ...et aussi que ycellui Noident est sur le point de cloire sesdiz comptes et que nostredit filz est loingtaim pour y pourveoir si briefment que besoing fait audit Noident (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 136). ...et que il faloit premierement clorre les comptes dudit Macé et puis porter les restes où il appartendroit (FAUQ., II, 1421-1430, 301). ...de oyr ou faire oyr les comptes que Jehan de Village et autres patrons des galées qui appartenoient audit Cuer, sont tenuz de rendre, et iceulx comptes clorre et affiner, et mectre le reliqua ès mains de nosdiz receveurs (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 16). Et ausquelz gens de nosdits comptes à Angiers, présens et à venir, et leurs successeurs, nous avons donné et donnons par ces présentes faculté, puissance et auctorité d'oïr, clore et afiner les comptes de tous et chascuns les receveurs de nostre domaine dudit païs, maistres de noz eaulx et forests, segraiers, maistres des euvres et repparacions, receveurs des francs fiefz et nouveaulx acquestz, peiages, truages et autres entremises quelzconques (Roi René vie L., 1480, 385).

 

c)

[La séance] : LE GREFFIER. La journee si est toute close. Qui veult rien dire se s'avance ! (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 118).

 

2.

Clore qqc. (à qqn). "Interdire, refuser qqc. (à qqn)" : ...se tu d'absolucion Me clos la grace et la largesce Et je peri par ta rudesce... (Mir. st Guill., c.1347, 32).

 

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Part. passé en empl. adj. [D'une chose] Estre clos à qqn. "Être interdit à qqn, être enlevé à qqn" : ...la marcandise qui leur estoit close sus la rivière d'Escaut (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 201). Se tu ne viens secourir Mon las de cuer, il le convient perir, Car puis que voy que cloz m'est ton repaire, Quanque je vueil me vient tout au contraire. (MACH., App., 1377, 640). ...se de ta personne Il avenoit aucune chose Dont ta presence nous feust close Et tu t'en alaisses sanz hoir, Il ne convenist remanoir Tristes, pensis et en dolour (Gris., 1395, 13).

 

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"Cacher qqc. (à qqn)" : ...il descouvreroit et publicqueroit a la volée vostre secret. Rien n'est tenu couvert, clos ne celé par telz gens (C.N.N., c.1456-1467, 563).

 

3.

[Part. passé en empl. adv.] "Avec discrétion, de manière cachée" : ...se en aucuns lieux de mes oeuvres il est trouvé que je parle a l'aventure ou trop a l'ouvert ou trop clos ou trop taillamment touchant ce roy (...), je prie que ce ne me soit imputé a faveur, ne a hayne aussi (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 323).

REM. Une précédente version de cet article a été rédigée par Bernadette Suty.
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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