I. -

Adj.

A. -

"Qui est évidé à l'intérieur, creux" : ...une croise plataine de plonc (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 118). ...il [un buisson] estoit tous croes parmi, Biaus et foillus, ombrus et vers. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 150). Mais de telz corps sont .II. manieres : un est creous ou concave et contient en soy autres corps, si comme est le ciel qui contient les .IIII. elemens en sa superfice concave (ORESME, C.M., c.1377, 490). ...dont, pour lui faire sacreffice, il porta l'or qu'il voulloit donner au dieu encloz dedens ung baston creux et cave (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 24). LE CRESTIEN. Je mettray En ung creux baston tout son or [du juif]. LA FEMME. Voulez vous perdre ce tresor ? Croyez moi, vous n'en ferés rien. LE CRESTIEN. Ne te chaille, je jourray bien : : En ce creux baston le mettray Et tres proprement l'enclorray. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 125). Fleustes coquardes despiteusement creuses Pour mettre avant griayches ambassades (LA VIGNE, V.N., p.1495, 133). ...et fismes descendre des varletz et amasser des lances par le champ, dont il y en avoit assez, par especial de bourdonnasses, qui ne valloient guères et estoient creuses et ligières, qui ne pesoient point une javeline, mais bien painctes et fusmes myeulx fourniz de lances que le matin. (COMM., III, 1495-1498, 189).

B. -

"Encaissé, profond"

-

Chemin creux : Mais touteffoiz on doit penser, quant on chevauche une grande compaignie, qu'il en demeure tousjours derrière ; et doit l'en tousjours descouvrir tout le païz couvert avant que on passe passaige, ne gué, ne boys, ne chemin creux, ne riens là où gens se puissent musser. (BUEIL, I, 1461-1466, 214). ...et y avoit bien mauvaise saillie au partir du logis, comme chemins creux et boys. (COMM., III, 1495-1498, 203).

-

Riviere creuse : ...ung jour nous trouvasmes une petite riviere bien creuse et roide. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 83).

-

Creux d'eau. "Profond en eau, plein d'eau profonde" : ...le gué de Pinelle, qui estoit fort creux d'eaue (Galien Rethoré K.K., 1500, 27).

Rem. Cf. Maria Colombo, Fr. préclass. 21, 2018.

C. -

Au fig. "Vide" : TESTE CREUSE. Le [mau] feu arde tes conduys, Je n'ay plus escus de poix. (Sots, c.1480-1500, 265).

-

Viande creuse. "Mets peu substantiel" ( (FEW II-2, 1362b)) : ...je dis pour certain que de la cusine du commun furent enlevez plus de cent cinquante brochées de viandes cuittes, tant cignes, pans, faisans que aultres espèces de viandes creuses dont les moindres estoient lapins et poussins (LA VIGNE, Sacre Anne Bret. S., 1505, 298).

II. -

Subst.

A. -

"Propriété de ce qui est creux" : Il fist, au dehors de le porte de Honnecourt, faire et carpenter en grant haste unes bailles, et mettre et assir au travers de le rue ; et y avoit, entre l'un bauch et l'autre, environ demi piet de crues et d'ouvreture. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 167).

B. -

"Cavité, espace évidé, creux" : Toutesfois ceulx de dedens rebouchoient les creux et trous du mur avec des bottes de bois et de terre, et se deffendoient le mieux qu'ils povoient. (Doc. 1453. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 28). Puis trouva .I. gran creux a guise d'un carnier. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 539). ...et povoient venir par ung grant creux d'ung rocher assez près de la maison de ces deux princes, avant que on les apperceüst, moyennant qu'ilz ne feïssent point de bruyt. (COMM., I, 1489-1491, 155).

-

Ou creux de. "Dans le creux de" : Si surcil [de Polyphème] sont de tel façon Com de la pel d'un heriçon. Ou crues de son nés se j'estoie Tous armés, bien y muceroie. (MACH., Voir, 1364, 620).

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"Creux (d'un arbre)" : ...trouver me fais cy Un grant arbre dont le creux font Jusques en terre bien parfont. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 118). Mettre en mon creux me vois arriéres (Mir. st J. Paulu, c.1372, 121). Amours refourme Ses servans par semblable fourme De la mousche qui le miel fourme En un creux d'un chesne ou d'un ourme. (CHART., L. Dames, 1416, 255). Et lors se lieve, alant, face baissee, tant qu'il trouva le creus d'un arbre, ouquel il dist qu'il fera demeure de lamentations. Ou il fu depuis .VII. ans, vivant de rachines et cremant de veoir personne (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 180). ...c'est assavoir ung grant nombre quasi inumerable de couleuvres ensemble devorans les uns les autres, desquelles l'une partie se retira pour la doubte de l'autre ou creux d'un gros arbre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°).