C.N.R.S.
 
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     DÉ1          DÉ2     
FEW III *datum
DÉ, subst. masc.
[T-L : dé1 ; GDC : dé1 ; AND : dé1 ; DÉCT : dé1 ; FEW III, 20a : *datum ; TLF : VI, 742a : dé1]

A. -

"Dé à jouer ; petit cube dont chaque face comporte un ou des points de 1 à 6" : Et pour ce, se l'en prenoit une grant multitude de telz [corps], si comme pour exemple un mieu de déz, l'en les pourroit adjouster et mettre en un vaiseau sanz ce que entre telz corps eust espace ne lieu vieu de telz corps. (ORESME, C.M., c.1377, 646). Que cuides tu qu'il sceust bien Deux dez asseoir et jetter (...) ? (Mir. st Alexis, 1382, 348). Item, cogneut avoir jeué audit jeu d'un par XX fois et plus, et gaigné à icellui environ VIIJ frans. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 169). SATHAN. (...) Vois tu ce cy qui est quarré, Tu ne sçais son nom, c'est ung , Mais il n'est mie pointiet, Nulz poins n'y a, dont suis courciet (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 191). ...Trois dez plombez de bonne quarre Et ung beau joly jeu de cartes. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 93). Je veulx jouer ! Dea, je n'ey pas le gecté. (Pass. Auv., 1477, 204).

 

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Jeu de dés : ...jusques ad ce que tout l'argent qu'il avoit fu despendu, tant au jeu de dez comme en la taverne, comme aus filletes de vie. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 61). C'est a dire, mon ami, que par vin, par jeu de dez, et compaignie de femmes foles, se les hantes, seras tousjours pouvres, meschans et mal eureux (LA SALE, J.S., 1456, 21).

 

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Jouer aux dés : Garde t', amis, qu'aus dez ne joues Et que pas ton temps n'i aloues, Car c'est chose trop deshonneste A prince qui quiert vie honneste (MACH., C. ami, 1357, 138). ...Si com joué eüsse aus dés (MACH., Voir, 1364, 222). Et celui qui joue as dez, le hasardëeur, ou qui acquiert par gieux semblables et celui qui est despoillëeur de mors et le larron qui despoille les vis, tous ceulz ici sont du nombre des illiberals (ORESME, E.A., c.1370, 240). ...quant il jeue tout aux dez (...) Puis rigne et gronce et veult tout batre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 92). ...et pluseurs gens meschans qu'ils trouvèrent dormant et qui estoient yvres, et qui aussi jouoient aux dez et semblables jeuz illicites et défendus. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., p.1436, 215).

 

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Jouer qqc. aux dés : Or est du tout fait en verité Que dist David en son dicté : Que mes os demembreroient Et ma robe aux dez joueroient. (Myst. Pass. Amb. R., c.1474-1500, 64).

 

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Jeter aux dés / jeter n dés. V. jeter

 

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(Jeu des) trois dés : J'ay perdu chevaulx et harnois A trois beaulx dez, par mons et vaulx. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 317). [Cf. note de l'éd. : ex. du XVIe et du XVIIe s.] Ung homme a getté troys dez, desquelz tu veulx sçavoir les poins d'ung chascun par soy et tous ensemble. Dys luy qu[e]... (NIC. CHUQUET, Triparty, 1484. In : Chrestom. R., 241).

 

Rem. Cf. aussi Prov. H., 90 [D17] (trois dés sur la table ; ex. c.1485-1490).

 

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[Avec valeur minimale ; mais peut-être est-ce dé2] : ...s'ilz [les escharboucles] dechéent Par moy la value d'un , A double vous yert amandé. (Mir. pape, 1346, 391). Et laira cristiens, ne les ayme .ij. dés ["pas plus que deux dés"] (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 148). Et si n'avés armeure qui vaille .IIII. dés. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 258). Quant le conte l'entent n'y a compté .IJ. dés. Tantost a ses enfans par devant lui mandés (Cip. Vignevaux W., p.1400, 164).

 

Rem. Autres ex. ds F. Möhren, Renforcement nég., 1980, 95.

B. -

P. méton. au plur. "Jeu de dés"

 

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Aux / en dés : ...Aux des, aux eskas et aux tables Et aux aultres jus delitables (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 175). ...près de la Sale aus Lombars où yceulz Lombars s'esbatent aus dez (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 459). En dez a divers noms c'est assavoir : ... (Procès Coquill. S., 1455, 97). J'ay perdu tout le myen aux dez, J'ay perdu aux cartes et quilles (LA VIGNE, S.M., 1496, 386).

 

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Pour tes dés et pour ta chandelle : LE BERGIER. Par mon serment, il peult bien estre Que j'en ay mangié plus de trente En trois ans. PATHELIN. Ce sont dix de rente Pour tes dez et pour ta chandelle ! Je croy que luy bailleray belle. (Path. D., c.1456-1469, 148).

C. -

Loc.

 

1.

[P. référ. au hasard du jeu de dés (ou à la fréquente tricherie)]

 

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Faux dé. "Dé pipé"

 

Rem. La dame leale en amour, c.1425-1430, Romania 30, 1901, 344 : Après ce, Desir ly met sus Que bien se congnoist en faulx dez.

 

-

Changer le dé à qqn

 

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"Faire touner la chance à qqn" : Li fors castal de Buef c'estoit en luy vanté Qu'il livreroit le roy et son riche barné Au riche roy anglois ; mais Bertran l'aduré Et ses gens li vorront briefment changier le . (CUVELIER, Chans. Guescl. F., c.1380-1385, 97). Le luy a esté tost changiés [Les choses ont bien vite changé pour lui ; maintenant que Gérard a bu la potion, c'est lui qui cherche à déclarer son amour à Aiglentine et non plus l'inverse] (Gérard de Nevers M., c.1451-1464, 213).

 

Rem. Hassell D 16.

 

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"Tromper qqn" : Se vostre ami, qui bien vous sert, En jouant vous changoit les dez, Aroit il pas chapeau de vert ? (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 114). Et quant Fortune m'ot fait nu et tremblant Par povreté qui ses gens desavance, Lors vint Mauffé à Dangier ressamblant ; Quant l'aperçu, je perdi contenance : Honte m'assaut, Paour me fist grevance. Lors m'aperçu c'om m'ot le changé. (MACH., App., 1377, 644).

 

-

Jeter le dé./Mettre qqc. en dés. "Se risquer à faire qqc." : Or giete tost le et sy ne te faing mie ; Sur toy sera hazart, courte sera ta vie. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 104). Plus ne perdray ung tel tresor com temps Ainsi que fait qui son eur met en dez (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 474).

 

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Jouer d'autres dés. "Changer de langage, de tactique" : Mon amy, joués d'autre dés ! Pas ne m'arés de ceste chance. Quel roige gueulx ! (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 180).

 

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(Faire) tourner le dé. "(Faire) touner la chance" : Fortune fait souvent tourner Les dez contre moy mallement (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 69). Ne jamais je n'eusse cuidé Que Fortune eust tourné le Si a coup comme elle a fait. (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 27).

 

2.

[P. référ. au joueur qui a le dé en main]

 

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Prest comme un dé. "Entièrement prêt" : Et fust pour aler a Poitiers (...) Si seray je prest comme ung dey ! (FLAMANG, Vie Pass. st Didier S., 1482, v.6706).

 

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Mener le dé. "Mener les choses" : Abus, Abus, trop as en France Le a ta poste ["à ton pouvoir, à ta guise"] mené. Trop as tu gouverné la chance. (MARTIN LE FRANC, Champion dames IV, D., 1440-1442, 40).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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