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     DÉIFIER     
FEW Ø, lat. deificare
DEIFIER, verbe
[GD : deifié ; GDC : deifier ; FEW, Ø lat. deificare ; TLF : VI, 1003b : déifier]

A. -

"Élever au rang des dieux, mettre au nombre des dieux, diviniser" : Herculès einsi s'en vanja, Mais puis ne but ne ne menja, Eins fu mors et deïfiez Par les dieus et glorefiez. (MACH., C. ami, 1357, 97). ...Venus qui tant le prisa [Enée] Qu'elle le fist deÿfïer Par les dieus et glorifier (MACH., Voir, 1364, 628). Et est vraisamblable que le memoire ou la renommee de ceste merveilleuse nuit dura entre les paiens siques a tant que Hercules fu reputé un dieu ou deifié quant a eulz, et cuidierent ou figurerent que il avoit esté engendré celle nuit. (ORESME, C.M., c.1377, 376). Aussi fut Minerve essaulcee a Athenes comme deesse pour la recongnoissance des ars qu'elle trouva ; et semblablement Apolo deifié pour son excellence, et pour les merveilles qu'il fist sur corps d'omme par art de medicine. Trop estoit celle multitude de gent indiscripte et decevable de demander aide divin aux mors, et de querir divinité ou humanité estoit fallie et corrumpue. Pou devoient de leurs requestes s'efforcer ne fier, quant ilz supplioient humblement a ceulx a qui eulx seulx attribuoient la faculté de ottroier, et attendoient recepvoir les biens en vertu de ceulx qui sans eulx n'avoient aucune vertu. Et se les hommes lez avoient deifiez, superflue chose et inutile estoit que homme requerist par necessité celuy qu'il avoit fait dieu, et eust besoing du povoir dont lui mesmez donne la puissance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 114). Et en celle ysle les Myniens deffierent Pollus et Castor et aourairent pour leurs dieux. (LA SALE, Sale D., 1451, 130).

 

Rem. Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss.

 

-

En partic. [Relig. romaine] : Aussi comme se il vousist dire : "Ton pere et ton ayol sont estoilles, car il sont deifié ; et par la lumiere ou la grant resplendisseur d'euls ont esté adjousté a nostre maniere des diex servir pluseurs sacrefices ou pluseurs manieres de aourer" (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, prol. de Val.-Max., glose, f° 3c). En autre maniere aussi puet estre entendu que il eussent les autres pris diex, c'est a dire trouvés tous deifiez, aussi comme nous disons canoniziés, par oïr dire et par oppinion sans plus (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, prol. de Val.-Max., glose, f° 3d). A Actilius estoit aprestee la couronne de Phebus, ja lui estoit apprestee robe d'or de Jupiter, les chevaulx blans et chariot triumphal doré, les supplicactions estoient ja presques ordonnees aux dieux, c'est a dire que prieres estoient ja faittes aux deux [sic] pour deiffier Actilius (PREMIERFAIT, Cas nobles hommes, 1400, V.3, f° 77).

B. -

"Rendre semblable à Dieu" : Humanité glorifiée Est en luy et déifiée, Dieu homme né de vierge mere Siet a la dextre de son pere (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 285).

C. -

Deifié. "Divin" : Vella les dieux qu'il fault que tu salue : Premier Mahon a la barbe velue, Dont la puissance est trop deïffïee (LA VIGNE, S.M., 1496, 144).

 

Rem. J. DE COURCY, Hist. de Grèce, 1416-1422 (ms. du XVe s.), ds GD II, 478b (= La Bouquechardière, titre de l'ensemble, dont la Grèce est la première partie, ms. Ars. 3689).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin


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