A. -

MONN.

1.

"Pièce de monnaie (de cuivre) valant un demi-denier (monnaie de faible valeur)" : ...la somme de nuef livres et maille tournois de rente par an (Cartul. Hôtel-Dieu Cout. L., 1337, 162). Derrechief, Guillaume Chailliau, pour demi arpent de terre a la chaucié de Penfo, tenant, d'une part, a Jehan de Sarnay et, d'autre part, au chemin par ou l'en va a Machiau, quatre deniers et maille (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 138). Et les autres ci aprés desclarciz montoient en somme quatorze solz et troix deniers et maille, et estoient paiez, sicomme il disoient, aussi chascun an, l'endemain de la Saint Nycolas d'iver (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1345, 138). ...quarante et un solz et troiz maailles de cenz ou de rente annuel et perpetuel (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1351, 171). ...lesquelles deux pièces de préz devant nomméz sont quergéz chacun d'une maille de cens annuel et perpetuel au seigneur de Romery (Trés. Reth. S.L., t.2, 1384, 305). Encores par ceste reigle le chevetaine doit souverainement garder que au recevoir les gens d'armes par escript aux moustres et remoustres, les gens d'armes et de pie ne soient ranconnez par les mareschaulx des mareschaux, par tresoriers, notayres, clercs, d'une toute seule maille (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 514). ...et dit que en alant à yceulx deux jacobins, ledit Pierre demanda à il qui parle et à son compoignon se ilz avoient point d'argent, et ilz lui respondirent que ilz n'avoient que trois mailles. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 458). ...quictes de pasnage pour un denier et maille de recours de leurs pors nourris ou achetéz au devant de la saint Jehan, et se ilz sont depuis achetéz, ilz paient pasnage comme estrangers. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 10). ...et les pors qui y sont mis à la saint Andrieu doivent chacun porc II d. pour arriere pasnage, et ceux qui y sont aprés la Candeleur paient chacun maaille au sergent de la garde (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 59). ...la somme de IIIJxx X escus d'or, IIJ nobles, IJ demy nobles, IJ mantelez, V frans, un mouton, un pietre et une maille d'or (BAYE, II, 1411-1417, 205). De Matheus Le Telre, bailli de Furnes, vint livres quinze solz dix deniers maille parisiz forte monnoie de Flandres venant du dixieme denier de la vente de l'eschequier de Furnes, pour convertir es ouvrages des maisons et forteresses de monseigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 469). ...ledit evesque avoit receu desdiz religieux deux mil VIIJc pieces de monnoie d'or, pesans XLV mars dix esterlins et maille (FAUQ., II, 1421-1430, 276). LE JUIF. Comment dea, n'ont il [les chrétiens] rien payé Au terme ? MATHATIEL. Une seulle maille. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 105).

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N'avoir vaillant cent mailles : LA FEMME [au juif]. Ay, n'en parlez plus. Cent escus ? Effacez ces motz Et pensez parler a propos. Oncques n'eusmes vaillant cent mailles. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 109).

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Maille ne denier. V. denier : ...Que desormais chascuns iroit Franchement et quittes seroit, Mais qu'il heüst lettres de lui N'il n'en vuet excepter nelui, Einsois vuet que chascuns y aille Sans paier ne denier ne maille. (MACH., P. Alex., p.1369, 174). Et estoient leur cheval mort de froit et effondu de povreté et de fain ; et, quant il les voloient vendre, il ne savoient à qui ne qui leur en donnast maille ne denier, ne de leur harnas ossi. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 276). Et pour ce, dame royne, le commun de nostre gerarchie m'a esleu par maniere d'advocat et devant parler, sans moy baillier ne maille ne denier, pour recognoistre nostre grant tribulacion et les contraires a voz precieux besans qui nous ont amene a pauvrete et a grant confusion. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 454). ...et que quant ilz trouvoyent les poulailliers fermez, qu'il les rompoient, et esdiz poulliers prenoyent tout ce qu'il leur sambloit bon, sans en païer denier ne maile aucune (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 148). ...à lui qui parle elle n'eust baillié denier ne maille, parce que elle n'avoit aucune congnoissance à lui qui parle, sinon par le moyen dudit Robinet. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 490). Requis quelles parolles ou response ledit evesque lui fist et que il lui donna, dit que il ne parla point audit mons. l'evesque et ne lui donna oncques denier ne maille, ne autre chose. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 519). ...et lui faisoit chascun marc six frans, ne que oncques il ne fu requis de prester denier ne maille sur icelle vaissele (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 133). Et si n'ont maille, ne denier, Pain, ne vin, ne blé en guernier (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 99). LA FEMME [au juif]. En vostre parler rien n'entent. Bien sçay qu'il [le chrétien] n'a denier ne maille Ne marchandise qui le vaille. Tel nous voyez, tel nous prenez. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 109). LE .II. SERGENT. Sans y gaigner denier ne maille, Nous sommes cy bien longuement. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 131).

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De maille à maille. "Pour chaque maille (ici : pour chaque maille reçue, pour chaque nouveau boucher qui arrive dans le métier)" : Item, le prevost de Paris a dudit aboivrement un sextier de vin et quatre gasteaux de maille a maille, lequel vin et les gasteaux il envoie querre, et en paie son message deux deniers au jugleur du mestier de la salle, quant il emporte ledit sextier de vin et les gasteaux. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1381, 270).

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Ce n'est pas un jeu de trois mailles. "Ce n'est pas un jeu de rien, un jeu où l'on ne risque que trois mailles" : [Leçon de Villon aux enfants perdus :] Ce n'est pas [l'action de voler] ung jeu de troys mailles, Ou va corps, et peult estre l'ame. Qui pert, riens n'y font repentailles C'on n'en meurre a honte et diffame, Et qui gaigne n'a pas a femme Dido, la royne de Cartaige. L'omme est donc bien fol et infame Qui pour si peu couche tel gaige. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 129).

Rem. R.H., Comment. Test., 235.

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[Valeur minimale] : Se Dieu me doint bonne aventure, Ja par moy n'apeticeront Les biens qui dessoubz ces clefs sont Qui vaille maille ["de chose qui ait quelque valeur, en quoi que ce soit"]. (Mir. st J. Cris., c.1344, 261). Se ne descuevres Et mes a clarté ceste injure, Ton edit et ton estature Ne seront prisié une maille. (MACH., C. ami, 1357, 20). Vostre pouoir ne prise maille, Nom pas la fueille d'une ronce (Mir. Oton, c.1370, 322). Et si n'aconte je sanz faille A toute ma perte pas maille, Fors que de ma fille la belle (Mir. Oton, c.1370, 367). ...mais le duc leur manda de fort en fort, que se ilz estoient si hardy de prendre rien sur lui ne sur ses gens, qu'il en feroit tele justice que les autres s'en chastieroient. En ce party passa toute la Leffe que mal soit cellui qui y feust si hardiz de mesprendre sur l'ost qui vaulzist une maille. (ARRAS, c.1392-1393, 174). Ce durera jusqu'a matin, Se je te vouloye escouter. Devant, suz, sans plus caqueter ! Ceste parole ne vault maille. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 82). Je ne donneroye une maille De leur sens ne de leur pouoir (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 62). ...pour une heure qu'il a esté marié il a ja perdu la force de sa langue ! S'il l'est jamais longuement, je ne donneroye pas maille du surplus. (C.N.N., c.1456-1467, 199). Vostre fait ne vault pas maille. (Sots triumph., c.1475, 45). Vous ne devez point differer A y aller, vaille qui vaille ; Il ne vous peut que refuser Et puis vous n'y perdez pas maille. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 359). Je ne prises pas une maille Voz harnois ne voz grans armeures ; Puisqu'il fault en fin que tout faille, Se ne sont pas choses trop seures De telz mondaynes turellures (LA VIGNE, S.M., 1496, 290).

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Ne pas valoir une maille. "Ne servir à rien" : Ilz ne l'aront pas sans bataille, L'atente n'i vault une maille. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 70).

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Prov. : Monseigneur, j'ay souvent ouy dire qu'il fait bon despendre la maille pour saulver le denier : pour Vc escus que me porriés fere donner par l'advisement que je vous porroye fere, porroit estre cause de vous en sauver Vcm. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1448, 275).

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Bonne est la maille qui sauve le denier/le peril. "Il faut consentir de petits sacrifices pour obtenir de grands résultats" : Messeigneurs, ce n'est que du mains, Je vous pry, de ce ne vous chaille, Quant, pour parvenir a voz fins, Vous rompez ung peu de muraille. On dit souvent : bon est la maille Qui sauve le denier ; et mieulx, Victoire aurez de la bataille, N'en soyez melancolieux. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 149). On dit souvent : bonne est la maille Qui souvent sauve le pery. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 359).

2.

Maille d'or : Item, le prevost de Paris ou le receveur du Roy qui est en Chastellet a, ou nom du Roy et pour le Roy, de chascun bouchier qui est fait nouvel bouchier, de l'aboivrement que l'en a accoustumé a faire au commencement quant il est reçeu, une maille d'or. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1381, 270).

Rem. DU CANGE cite également un ex. où la maille, au lieu d'être une monnaie de petite valeur, est une monnaie d'or. Cf. aussi : Aussi est-il bien permis ausdis orfevres d'acheter ducas, mailles de Florence, jannins et florins de Chambre, et telles monnoies estranges pour dorer (FAUQ., II, 1421-1430, 233).

3.

Maille au chat. "Maille tournoise portant un léopard à la tête vue de face (maille de Henri VI d'Angleterre) (?)" : Mais au regart encores de l'or, on n'en fait point en escus mais ont leurs mailles de Rin de diverses espesses, mailles au chat, et les monnoye d'or et d'argent de Flandres, Bretaigne, Savoye et aultres estranges, lesquelles les changeurs et autres qui en auroient les devroient porter a la monnoye (JUV. URS., D. Tours, 1468, 444). Tant aymons vente comme ach[at]. De ducas ne mailles au chat, Nous n'en faisons banque ne loge. (Gaut. Mart. A., c.1480-1500, 171).

Rem. Engel et Serrure, Traité de numismatique du Moyen Âge, Paris, 1905, III, 979 ; Blanchet et Dieudonné, Manuel de numismatique française, Paris, 1916, II, 286.

B. -

P. ext. [Dans la nég., comme élément "forclusif"] Ne ... (pas) maille. "Ne ... pas du tout" : ...Fi ! je ne le crains pas maille. (Doc. Poitou G., t.6, 1397, 277). Posé soit ores que je tremble, Sang bieu, je ne vous crains pas maille. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 30).