C.N.R.S.
 
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     MOT     
FEW VI-3 muttum
MOT, subst. masc.
[T-L : mot ; GD : mot1 ; GDC : mot ; AND : mot1 ; DÉCT : mot ; FEW VI-3, 303,304 : muttum ; TLF : XI, 1108a : mot]

I. -

"Émission sonore (par la voix ou par un instrument) pourvue d'une signification dans un système très restreint et dans un contexte donné (ici la chasse)"

A. -

"Cris poussés par les chasseurs pour communiquer entre eux, ou avec les chiens (selon un code qui utilise la longueur des sons émis)" : Quant l'en a trouvé le cerf du limier, celui qui l'a trouvé, quant il hue pour avoir les chiens, il doit huer un lonc mot bien lonc. Et quant il hue et les chiens chassent, il doit huer a longue alaine trois fois, bien pres a pres ensuiant. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 49). Premierement, corner quant on veult que les compaignons treent hors de leurs questes pour venir a l'asemblee et celui qui cornera aura encontré de grant cerf ou sangler, et il aura doubte que ses autres compaignons li fascent ennuy a sa queste, lors doit il huer deux loncs moz ou corner en graillant deux lons moz. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 144). Et celui qui laissera courre doit huer trois lons moz ou corner trois lons moz, le quel qui plus li plaira, ou du tout. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 144). Et, s'il a bien feru sa beste entre les quatre membres et il voit que ce soit grant cerf ou grant dain, il doit huer un long mot ou siffler, qui vaut mieulx, pour avoir le chien ou les chienz pour le sang, qui doivent estre les uns a l'un bout des archiers et les autres a l'autre, des quieulx chascun archier doit avoir un ou plus. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 271).

B. -

"Son plus ou moins prolongé dans une sonnerie de cor" : Et pour tous nobles introduire Et en ceste science duyre Aysiément, sans nulle paine, Et pour savoir la voie plaine, Par quelz mos et quant mos se font, Toutes les cornures qui sont, Et comment chascun mot de soy A non, ainsi comme a. b. c. Est aux petis enfans apris, Vous seront cy briefment compris Six mos et à chascun son non (FONTAINE-GUÉRIN, Trés. vén. M., 1394, 10).

C. -

Corner tel mot/corner qqc. par tel mot : Quant tu aras trouvé le cerf du limier, tu dois corner pour chiens et dois corner un lonc mot bien lonc. Et [se] les chiens sont bien(s) loings de toy et que tu aies haste de les avoir, tu dois corner un lonc mot et pues un court ensuiant. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 48-49). Puis li vueill aprendre a corner retraite, ce est quant on se retrait et s'en revient a l'ostel, et doit corner un lonc mot premierement, et puis en doit corner deux, l'un aprés l'autre, et puis en cornera trois, l'un aprés l'autre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 145). Et aisi que le forestier Juppe, quant il en est mestier, Deux fois hou hou, court d'une alainne, Et d'une autre un hou que long mainne ; Ainsy se doit sens nul rapel, Corner au boys de gens l'apel, Par .II. mos sengles, d'une traite ; Et l'autre alenée estre faite Doit d'un long mot et rien plus outre (FONTAINE-GUÉRIN, Trés. vén. M., 1394, 41).

 

-

Sonner tel mot : ...Car qui scet chiens bien apeller, Bien scet apel des chiens corner ; Deux mos sengles et .III. lons plus, D'une alenée et au sourplus Trois plus lons mos apres [l. aprés] sonnés (FONTAINE-GUÉRIN, Trés. vén. M., 1394, 38).

 

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Sans sonner nul mot. "Sans corner ni crier" : ...se tu sces et cognois par le cri du chien que ce ne soit mie un de tes saches chiens, tu ne dois mie trop fort huer dessus ne efforcier tes autres chiens a traire sur celui, mes les dois lessier faire sanz sonner nul mot. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 42).

 

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Sans sonner mot. "Sans faire aucun bruit" : Et se tu vois qu'il [l'écureuil] s'esmeve, foullarde de ton foullart ["branche garnie de feuilles"] contre terre sans mot sonner, et il deschendra radement pour aler es autres arbres (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 168).

 

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Ne sonner mot. "Ne faire aucun bruit" : [Quand le lièvre approche]...ne te muef ne ne sonne mot, quer lievres sont de telles condicions que, Quant il oent les gens parler, il retournent ou prannent le travers et n'osent aler le chemin que il avoient pris. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 163).

 

Rem. Cf. G. Tilander, Romania 64, 1938, 347-394.

II. -

[Dans le langage courant]

A. -

[Simple élément de négation, dans des locutions courantes]

 

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Ne dire (un) mot. "Ne rien dire" : Nient plus q'un asne mort feru Il ne dit mot. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 49). ...pour ce que lesdiz [gens] des Comptes ne disoient mot (BAYE, I, 1400-1410, 27). ...le nouveau maryé n'eust pas dit ung mot pour cent francs (C.N.N., c.1456-1467, 198). ...le bon cordelier ne disoit mot (C.N.N., c.1456-1467, 203).

 

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Prov. Tel ne dit mot qui fait grandes oreilles : Tel ne dit mot qui fait grandes orelles, Qui toultez foys n'en pense de rien mains. (Astr. P., 1498, 202).

 

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Ne respondre mot : Et cilz qui ne l'oit ne entent, ne lui respond mot. (ARRAS, c.1392-1393, 24). Et quant le roy des Bretons appercoit que nulz ne respond mot a celle querelle, si a dit tout hault : Jossellin, Jossellin, estes vous sours ? (ARRAS, c.1392-1393, 59). Il ne respondit mot, mais s'endormit comme ung pourceau. (C.N.N., c.1456-1467, 174). ...son mary ne respondoit mot a chose qu'elle proposast (C.N.N., c.1456-1467, 490).

 

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Ne sonner mot (de qqc.) : Je ne vous mentiray de rien : Vous estes mes amis privez ; Mais gardez que mot n'en sonnez. (Mir. ev. N.D., c.1348, 81). Et quant elle voit que Jouhanne ne sonne mot, elle dit: " Ha a, je suy trahie !" (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 47). Ne sonne mot et n'en fay semblant du monde et garde bien que tu faces ce que je te diroy. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 84). ...la chandelle est estaincte et madame mot ne sonne (C.N.N., c.1456-1467, 76). ...quelque chose que les autres dissent, il ne sonnoit pas ung mot (C.N.N., c.1456-1467, 199). ...n'estoit mot sonné ne huché (C.N.N., c.1456-1467, 510).

 

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Prov. Assez accorde qui mot ne sonne. "Qui ne dit mot consent" : Je ne vueil pas mettre la guerre entre vous et le Mareschal : car je scay bien que l'amour y est grant. Je me doubte, mon filz, que vous lui en avez laissé faire à sa guise. Et, ad ce mot, le Regent ne dit riens ; et assez accorde qui mot ne sonne. (BUEIL, II, 1461-1466, 221).

 

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Ne mentir de mot : Certes, creez, mon seigneur doulx, Que ja de mot n'en mentiray, Mais verité pure diray. (Mir. enf. ress., 1353, 46). Je n'en mentiray ja de mot, Ma damme, ainçois vous diray voir (Mir. abbeesse, 1340, 64).

 

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Ne pas oser/ne pas savoir/ne pas pouvoir dire/sonner (un seul) mot : Car sa douceur faisoit tel guerre Par sa force et par sa rigour A moy, que n'os scens ne vigour Que la sceüsse arraisonner, Ne que peüsse un mot sonner, Eins estoie tous estahis Et aussi com tous esbahis (MACH., D. Lyon, 1342, 186). Là n'oseray Mot sonner. (MACH., Ch. bal., 1377, 625). Et dit, sur ce requise, que quant elle vit icellui Jehannin, prisonnier, descendre de sa chambre, elle n'osa mot dire, pour doubte qu'elle ot qu'il ne la ferist d'une dague qu'il avoit pendue à sa poitrine (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 498). Et lors [Geoffroy] yst de la chambre tout courrouciez, et ses gens aprez qui n'osoient mot sonner. (ARRAS, c.1392-1393, 297). Si s'esbahist tant que mot dire Ne sçot, mais durement souspire De cuer parfont et trop s'esmaye. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 294). ...et seront montéz contre elle en tel orgueil que mot n'osera sonner (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 119). Et quant il oy parler de dame par amours, comme cellui qui onques ne l'avoit pensé, les yeulx larmoiant, le cuer fremist et le viz palist, si qu'il ne sceust un seul mot parler. (LA SALE, J.S., 1456, 7). ...si tresfort rioyent, et de si grand cueur, qu'elles ne sceurent mot dire grand piece après. (C.N.N., c.1456-1467, 188). ...la pouvre martire n'osoit pas dire ung mot (C.N.N., c.1456-1467, 265).

 

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Ne pas savoir mot de qqc. "Ne rien savoir de qqc., n'avoir rien remarqué à propos de qqc." : Ly bachelerz, qui n'avoit cure Fors de lui perdre et estrangier, S'embla en ung gaste sentier Que ses escuierz n'en seult mot. Ly escuierz au mieux qu'il pot L'ala partout querre et trachier, Huer, appeller et huchier. (Dit prunier B., c.1330-1350, 79).

 

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Ne faire mot ni son. "Rester coi, sans faire aucun bruit"

 

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[Avec sans] : Et constat, par ceste lecçon, Pour conserver vim et robur, Prestat ne faire mot ne son, Souffrir et escouter murmur (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 48).

 

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Sans dire mot : Ho ! Perrotin, ci nous tenons Sanz dire mot chascun tout coy. (Mir. nonne, 1345, 324). A l'aproucher sans mot dire m'envelopa soudainement entre ses bras et me couvry visage et corps de ce maleureux mantel (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 3). ...vous serez derriere moy sans dire mot (C.N.N., c.1456-1467, 107). ...elle le laissa faire sans dire ung seul mot, ne demy. (C.N.N., c.1456-1467, 250). L'espousé vint assez tost après, et se mect a l'autre bort du lit, sans l'approucher ne mot dire. (C.N.N., c.1456-1467, 299). ...[il] prend, sans plus mot dire, ses verges de garnison (C.N.N., c.1456-1467, 300). Tantost aprés, sans dire mot ne son, Ainsi qu'entr'eux naigoyent ranc a ranc, Du fons de l'eau sortit ung gros poisson Qui va cest homme mordre jusques au sang. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 177).

 

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Sans dire mot ni son. "Rester coi, sans faire aucun bruit" : Tantost aprés, sans dire mot ne son, Ainsi qu'entr'eux naigoyent ranc a ranc, Du fons de l'eau sortit ung gros poisson Qui va cest homme mordre jusques au sang. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 177).

 

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Sans mot parler : Le petit Saintré qui encores, comme dit est, n'avoit senti ne gousté des amoreux desirs nullement, dont par ce avoit perdue toute contenance, fors de entorteillier le pendant de sa ceinture entour ces doiz, sans mot parler fut longuement. (LA SALE, J.S., 1456, 8).

 

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Sans mentir de mot : ...[ils] dirent tous ensemble, sans en mentir de mot... (C.N.N., c.1456-1467, 205).

 

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Sans sonner mot : ...la pacience qu'elle eut de tout escouter, sans mot sonner ne rien luy contredire, estoit assez suffisante (C.N.N., c.1456-1467, 69). Je m'en voys prés de luy deduyre Sans mot sonner, tout bellement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 563).

 

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Ne savoir mot de lettre/ne savoir lire mot de lettre. "Ne pas savoir lire" : S'il ne savoit ja mot de lettre Si savroit il asséz briefment [le Credo, le Pater Noster, les principaux articles de la foi], Par us et par continuement ["Par l'habitude (d'écouter ce qui se dit pendant la messe)"] (Liber Fort. G., 1346, 163). Après laquelle response ainsi faite et donnée par ledit Girart, prisonnier, pour ce qu'il ne savoit lire mot de lettre, lui fu dit et donné temps et terme prefix, nonobstant qu'il eust sur lui le signe de tonsure, de moustrer et exiber le tiltre d'icelle tonsure (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 245).

 

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Chascun mot. "À chaque instant" (Éd.) : LE MARY. Dya, Monsieur, il y a bien pis. Il me fault tirer l'eaue au puys, S'on veult mettre le pot au feu. Chascun mot el desavoue Dieu Qu'el ne fera ne lict ne couche (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 99).

 

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Mot ! "Silence !" : OZIAS. Sans doubte. Contenté serez, somme toute, Ainsi que l'avons promis. LE MARECHAL. Mais mot ! (Myst. Judith Holofernés R., c.1490-1500, 181). Mot ! voecy l'aultre qui revyent. Vous orés de moy le maintient, Mais ne sonnés mot quoy qui soyt. (Gent. moun. T., c.1500, 349).

 

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Mot de qqc. "Silence sur qqc." : Lupalois sont tel qu'il on fait Bien sçay quoy, mais mot de leur fait (Pastor. B., c.1422-1425, 167).

B. -

"Unité de signification pourvue d'une catégorie grammaticale dans un système linguistique articulé (à l'oral ou à l'écrit), mot" : En secré vueil savoir de toy Qu'il a escript en ceste lettre, Sanz trespasser ne sanz y mettre Mot ne demy. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 44). Et est cest mot [monde] prins ailleurs en pluseurs autres significations qui ne sont pas propres a cest propos. (ORESME, C.M., c.1377, 38). ...XV mos de lettres tailliées, qui dient Espérance : C'est assavoir, les IX lettres, la moitié blanches et dorées, et les autres lettres bleues, pour faire et atacher ensemble par manière de broderie en une ceinture qui est assise sur une houppellande courte de chamois (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 187). Et sont diz voyeulx, pour ce que sanz yceulx ou aucun d'eulx ne se peut former voix ne sillabe de lettre ne mot que l'en peust prononcer ne proferer a nul vray entendement. (DESCH., Art dictier R., 1392, 273). La dicion c'est mot, me semble, Qui n'a aucune foiz que une Sillabe et autre foiz aüne Plusieurs ensemble, et oroison C'est assemblee ou foison De plusieurs dictions, m'est vis, Si com, par apprendre, je vis (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 126). ...non obstant que le graphier eust feu en vaissel delez son siege pour garder l'ancre de son cornet de geler, neantmoins l'ancre se geloit en sa plume de IJ ou de IIJ mos en IIJ mos (BAYE, I, 1400-1410, 212). ...et raconte saint Augustin que le roy les fist mettre chascun à part en une celle pour estudier, et fut la translacion faitte en .LX. et .XII. jours, et comme ilz n'eussent point de colacion ensemble, tant comme la translacion mirent à faire, on trouva que l'un avoit fait comme l'autre, sanz difference en mot ne en sillabe, laquelle chose estre ne pot sanz miracle de Dieu. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 46). Si veult rommans et nouveaux dis avoir, Et met son sens, sa paine et son devoir A les pouoir entendre et concevoir. Lit et relit, Et ce qui fait a son propos eslit ; Un mot lui nuit, l'autre lui abelit. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 167). Comme il se pourroit faire que une femme fut roy de France, car elle ne peut estre homme, et toutevoie ce mot roy si est masculin ? (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 160). Et en ung tableau devant l'eschaffault où ladicte Jehanne estoit, estoient escrips ces mos (FAUQ., III, 1431-1435, 13). Le pouvre seigneur de Saintré (...) ne savoit un seul mot dire. (LA SALE, J.S., 1456, 283).

 

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[Dans des traductions terme à terme] : Et est a savoir que cest mot seculum ou siecle est prins en .IIII. manieres : une est pour le monde. (ORESME, C.M., c.1377, 266). ...car homo signifie homme et femme et nul mot de françois ne signifie equipeillenment. (ORESME, E.A., c.1370, 100). Et est a savoir que en grec cest mot nommisma, c'est monnoie (ORESME, E.A.C., c.1370, 295). Le premier mot, «mané», c'est a dire «nombre», et estoit a entendre que Dieu avoit nombré les jours de sa vie et que venue en estoit la fin. (CHR. PIZ., Avision R.D., 1405, 47).

 

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"Mot convenu, qu'un combattant prononce pour faire savoir qu'il se reconnaît vaincu"

 

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Dire le mot : Et quant il sera mort ou aura dit le mot, le vaincqueur se doit presenter en genoulz a nous et demander se il a bien fait son devoir. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 222). Puis furent ordonnez quatre gentilzhommes d'armes armez de tous harnoix, chascun sa hache au poing, pour escouter quant l'ung ou l'autre diroit le mot et pour faire raison à chascun. (BUEIL, II, 1461-1466, 109). Et puis le lendemain matin, messire Jehan envoya ses chappitres a messire Henry, qui (...) estoient que chescun devroit faire ung get de lance et puis venir a haches et combattre d'icelles tant et si longuement que l'un diroit le mot ; dont se il cheoit ou perdoit son baston, se pourroit relever et recouvrer son baston par tant de fois et si longuement que l'un se rendist (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 139). [G. Roussineau, Z. rom. Philol. 110, 1994, 248]

 

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[D'une armée, d'une ville assiégée...] "Se rendre" : Or, combien qu'ilz fussent retraiz et bien enfermez, néantmoins, par la puissance du roy, et le bon gouvernement de police qu'il avoit mis en son ost, qui estoit de mille lances et les archiers, il convint ausdits Anglois dire le mot. Et pour ce se rendirent, le mois d'octobre ensuivant, tous prisonniers du roy (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 14). Six moix après, Rennes dira le mot par famine. (COMM., Lettres B., c.1476-1511, 150).

 

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Dire mot de travers : S'il y a prestre ne convers Qui mot en die de travers Ou qui a groucer vueille prendre, Qu'en celle heure (...) Soit mis a mort. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 6).

 

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Mot à mot/mot après l'autre/de mot à mot. "Mot pour mot, sans passer un mot, textuellement" : ...la copie est avec les lettres de ce present compte de Messire J. Climence, et la teneur en sera copiée ci après de mot à mot (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 442). Auquel fu leue, mot après autre, ycelle confession. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 474). ...fu attainte et fait venir la dessus nommée Alips La Pichoise, prisonniere, à laquelle fu leue de mot à mot sa confession cy-dessus escripte (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 479). Laquele Marion, jurée aus sains Evangiles de Dieu de dire verité, comme autrefoiz avoit fait, continua et persevera ès confessions cy-dessus escriptes, par elle autrefoiz faites, qui li furent leues mot après autre, disant et affermant par serement icelles contenir verité, comme dit est et escript cy-dessus, et les avoir faites par l'advis et conseil d'icelle Margot, et non d'autre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 344). ...et ce que ledit Fournet lui dist, mot à mot il mist en escript (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 541). Atant esvous venir Melusigne qui lui fist le bien venant, et le traist a part, et lui recorda mot a mot toutes les paroles qui avoient esté entre le conte de Poictiers et son frere de Forests et lui. (ARRAS, c.1392-1393, 45). De laquelle justification dudit duc de Bourgongne, la teneur s'ensuit cy-après, laquelle sera déclairée mot après autre. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 177). Mais quant ilz virrent Numitor qui leur dist de mot a mot : "Seigneurs, qui estes mes bons amys..." (LA SALE, Sale D., 1451, 173). ...si m'a présenté l'original de la compaignie d'entre ledit Cuer et Jehan de Village, auquel original j'ay collacionné la coppie de mot à mot (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 213). Compter le vois de mot a mot, Sy luy feray bien vostre saulse. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 365).

 

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Translater de mot à mot. "Traduire sans omettre un mot, traduire fidèlement" : Le Proesme dudit Livre, que ledit Roy fist compiler, translaté de mot à mot, à la lètre ou bien près. (LA HAYE, P. peste, 1426, 15).

 

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Raconter qqc. (de) mot à mot. "Raconter qqc. point par point, en détail" : Et Maugis toute l'oesvre mot a mot leur conta : Comment il fu gardez et comment il ouvra, (...) Et comment Guesnelon la barbe debrula. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 371). Il leur recorda tout ce qu'il avoit trouvé et esploittié, de mot à mot, et les doubtes que le roy et son conseil y mettoient, et comment on vouloit bien que la taille fust faicte et levée et l'argent assamblé et mis en certain lieu, tant que on venroit la vraye fin de ces pillars qui tenoient fors, chastiaulx et garnisons du royaulme. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 138). Le roi le bienviengna, et lui demanda des nouvelles, et le chevalier lui dit tout de mot en mot, comment Uriiens avoit rescoux la proye, et l'adventure du pont (ARRAS, c.1392-1393, 103). Et lors de mot a mot l'istoire compte, et premiers comment l'amant les trouva au gibier, comment l'abbé manda a Madame se on le retiendroit au soupper, la responce qu'elle en fist, comment l'amant, pour veoir la farce, ne se fist gueres prier, comment l'abbé et Madame blasonnoient les chevaliers et escuiers qui par le monde aloient faire armes... (LA SALE, J.S., 1456, 304).

 

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Mot avant mot arriere. "Un mot de plus un mot de moins, le moindre changement (par rapport à un texte servant de modèle)" : ...[le prêtre] racompta toute la maniere du baptisement, et le fist bien certain que [ne] mot avant mot arriere n'eut en son baptisement [que] de celuy a son filleul. [Un homme veut s'assurer que son baptême a bien été célébré dans les règles] (C.N.N., c.1456-1467, 427).

C. -

"Ensemble de mots constituant un énoncé"

 

1.

Au sing.

 

a)

"Quelques mots, phrase, énoncé" : Biaux seigneurs, or ne vous mouvez Tant que j'aye un tout seul mot dit. Il nous convient sanz nul respit, Et pour garder de nostre eglise Les droitures et la franchise, Evesque eslire. (Mir. ev. arced., c.1341, 122). Un mot vueil encore dire oultre. Bele niéce, par amour fine Vous doing ceste couronne, en signe Que dame d'Espaigne serez (Mir. Oton, c.1370, 337). Ha ! tresdoulx pére Jhesu Crist, Vezci lettre ou a trop dur mot. Venez avant, venez, prevost : Tenez, lisez. (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 55). Or, alez hardiement, et ne ressoingniez rien, car Dieu vous aidera en tous voz affaires. A ce mot respondy Remondin : Ma dame, je feray mon povoir d'acomplir vostre commandement. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Pour Remond ne pour homme de par lui, ne feroient ilz rien, et qu'il n'y retournast plus, car il feroit que folz. Par foy, dist le message, je vous promet que je m'en garderay bien, si non que je vous amaine le medicin qui vous destrempera un tel electuaire que vous en serez tous penduz par la gorge. De ce mot furent les freres moult courrouciez. (ARRAS, c.1392-1393, 198). Et, vrayement, je croy que non, Tant ayent proece ou hault nom, Car de Julius Cesar leu Est, qui tant fu preux et esleu,Qu'a toute gent fu si commun Qu'a homme ou noble ou de commun, Oncques, en sa vie, ne dit Mot orgueilleux, ne l'alaidit, Se ce n'estoit en fait de guerre. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 35). ...que elle soit maistresse de sa bouche, car se aucun mot disoit d'eulx en derriere contraire a ses semblans qui fust raporté [ce seroit peril]. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 64). Je vous diray toutesfoiz ung mot qui viendra de la profondesse de mon cueur (C.N.N., c.1456-1467, 565). ...pour ce qu'il y avoit audit seellé ung mot qui disoit nomméement contre nous, nostre dit cousin de Calabre commanda au chappellain messire Pierre, qui escryvoit, que ce mot fust osté (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 47).

 

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"Parole" : A cause de la premiere excellence, le Filz est apellé le mot ou la parole du Pere, car parfaitement il parle et prononce la bonté et la souveraine largesse et liberalité du Pere (Somme abr., c.1477-1481, 113).

 

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Bon mot. "Parole révélatrice" : Or vecy une aultre sentence Qui ne fait mie a oublier Que tu ne voldras pas nier, Quant l'homme eut pechiet contre ty Ne dis tu pas ce bon mot cy : Me penitet fecisse hominem ? Tu dis qu'il te pesoit de fait De ce que l'homme avoies fait. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 7).

 

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Un mot pour tous. "En peu de mots et pour en finir" : Ung mot pour tous, Bas qu'on ne l'oye : Le voulez [vous] Que vostre soye ? (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 246). "...Cesse ton prescher, dit monseigneur, si va dire ce que je te commende. - Pardonnez moy, monseigneur, dit le mignon, un mot pour tous..." (C.N.N., c.1456-1467, 81). Se tu me donnoys tous les biens Du monde, sans retenir riens, Si ne les voudroys je mye prendre Pour envers Jesu-Crist mesprendre. Je te le dy, ung mot pour tous. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 260).

 

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Mot de risee. "Propos ironique" : Et d'adventure, le lendemain après ceste veüe, comme il estoit en son retraict, que nous n'etions que trois ou quattre, il lui eschappa quelque mot de risée touchant ces vins et ces presens qu'il avoit envoyéz à l'ost des Angloys. (COMM., II, 1489-1491, 71).

 

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Mauvais mot. "Propos malveillant" : Il confesse que bien est vray Que mon maistre, Deduit de Chiens, Donne aux grans, petis et moiens Les troiz biens que j'ay recité Et en tres grande quantité, Maiz aprés dit un mauvaiz mot Que c'est le chier besier Marot ["Plaisir qui coûte cher"] (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 465).

 

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Mot de messe. "Parole d'évangile" : Je sçay bien que trop parles, mais ce Que tu dictz n'est pas mot de messe. (ALECIS, ABC P.P., 1451, 39).

 

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Parler mot. "Parler" : Et lors cria un heraut, de par le roy, que nulz ne feust si hardiz qu'il parlast mot, ne ne fist signe nul que nulz des champions peust entendre ne appercevoir, sur peine de la hart. (ARRAS, c.1392-1393, 62).

 

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Demi-mot. "Énoncé, expression qui atténue ce qu'on veut faire comrendre" : DEMANDE. Comment diroit on a son ami ung demi mot que bien il entendist ? RESPONSE. Ung souspir vault bien ung demi mot. (Devin. R., c.1470, 117).

 

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Parler un mot à qqn : Pourray j'a vous un mot parler Icy, sanz plus avant aler ? (Mir. st Alexis, 1382, 317).

 

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Parler un mot ou deux de qqc. : De ceste Chose publicque en general En avons cy parlay ung mot ou deux, Mais nonobstant, tout par especial, Nous le prenons pour le lieux precieux, C'est a scavoir le lieu solacieux La ou on tient a tous venans bouticle. (Sots mal., c.1480, 91).

 

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Prov. Quand mot est de bouche issu, envis le peut on rebouter. "Quand quelque chose a été dit il est difficile de le rattraper" : Premierement pour leur salut D'ame, d'avoir, de corps garder, Car quant mot est de bouche yssu, Envix le puet on rebouter ; Fouls est qui ne scet se celer Ou taire en soy le mauvais vent Qui grans parleurs destruit souvent (DESCH., Oeuvres R., t.8, c.1370-1407, 166).

 

b)

En partic. "Engagement verbal, promesse orale (d'un marchand à propos d'un prix, de n'importe qui à propos d'une affaire)" : Je n'yray pas a l'encontre de mon mot, dist le bon marchand. Ja Dieu ne veille que en marché que je face on me trouve trompeur ne mensongier. (C.N.N., c.1456-1467, 291). ...il ne m'a pas vendu A mon mot, ce a esté au sien, Mais il sera payé au myen. (Path. D., c.1456-1469, 80).

 

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Derrain mot. "Dernier prix demandé ou offert pour une chose" : - Sir, vous me donerez tant pur ce - Non frai. Il ne vault atant. Dites a un mot coment l'aray. - Sir, vous me donerez tant. - Non fray, car il est trope. Dites que est le darrain mot de ce ? (Man. lang. K., 1396, 26).

 

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Mot de marchand. "Prix fixé par un vendeur, et sur lequel il n'y a pas à attendre de rabais" : JUDAS. (...) Vous en pairez XXX deniers Lesquelz j'aray tous sez comptans. OTHIARIUS. Vous avez dit mos de marchans, Puisqu'einsi est, nous marchandons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 121).

 

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Mot tranché. "Engagement ferme, décidé, sûr" : JUDAS. ...Si je debvoye estre haché, Estre pendu ou escorché Ou mourir de mort tres villaine, Je me suis a ce merc merché Qu'il sera prins, c'est mot trenché (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 271).

 

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Conclure une affaire à un mot. "Conclure une affaire sans marchander" : LE DRAPPIER. ...Voulez vous [acheter] à ung mot ? MAISTRE PIERRE. Ouy. LE DRAPPIER. Chascune aulne vous coustera XVIII solx. MAISTRE PIERRE. Non fera. XVIII solx ! Doubce Dame ! (Path. I, T., c.1456-1460, 209).

 

Rem. Cf. HUG. : «Marchand à un mot, en un mot. Marchand qui dit immédiatement le juste prix et ne fait pas de rabais».

 

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Vendre/payer au mot de qqn. "Vendre/payer au prix fixé par qqn" : Ha, dea ! il ne l'a pas vandu A mon mot : s'a esté au sien, Mais il sera poyé au mien. (Path. I, T., c.1456-1460, 220). Mon seigneur, se je ne vous paye A vostre mot, ne me croiez Jamais (Path. D., c.1456-1469, 152).

 

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À un bref mot. "Sans marchander" : LA LAITIERE. (...) Qu'en paierai ge ? LE SAVETIER. A ung brief mot Seize tournois. (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 31).

 

c)

Loc.

 

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Loc. adv.

 

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[Après les paroles qui viennent d'être dites] À ces mots... "En entendant ces paroles..." : "Signeur, signeur, tenés vous la, je irai tantos parler a vous." A ces mos il se tinrent tout quoi (FROISS., Chron. D., p.1400, 638). "Margerite, je croi bien que nostre conpagnie se desfera, car je n'ai pas chastiel pour moi tenir tant que je fuisse confortés." La damoiselle a ces mos conmença moult tendrement a plorer (FROISS., Chron. D., p.1400, 893).

 

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À leur mot. "Suivant leur demande" : ...et vous asseure, Sire, que je leur foys poyer les vivres que les [gens] du pays aportent à leur mot, pour entretenir le peuple en bone amour envers vous (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1487, 382).

 

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À un mot. "En bref" : A un mot, il ne nous plaist mie Qu'avec nous doiez plus ore estre. (Mir. chan., c.1361, 173). Sire, ne me chaut de ce point, Tout a un mot. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 72). L'ESPICIER. Le seurfaire riens ne vous vault. Tout a ung mot je vous diray : Les trois boittes vous ampliray Pour cent besans, sans riens laissier. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 378). Je suis si grant et saige sot Que j'entens bien tout a ung mot D'ung sermon tout le contenu. ["par un seul mot ; il y suffit d'un mot pour que je comprenne le tout"] (Roy sotz, c.1450-1500, 226).

 

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Au premier mot. "Immédiatement, sans qu'il soit besoin d'en dire davantage" : Nous entendons au premier mot Tout ce qu'i nous fault besongner. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 698).

 

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Loc. verb.

 

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Avoir le dernier mot : DEMANDE. Pour quoy ne aident les femmes a dire les messes basses comme les hommes ? RESPONSE. Pour tant qu'elles auroient tousjours le darrain mot, ou il appartient aux prestres seulement. (Devin. R., c.1470, 164). ...quant ilz [mari et femme] tensoyent de parolles, elle vouloit tousjours avoir le dernier mot et ce qu'elle disoit soustenoit irrévocablement. (TARDIF, Facéties Pogge M., c.1490, 123).

 

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Demander un mot. "Poser une question" : JHESUS. Je vous demans sanz plus ce mot : Respondez en selon vostre esme. Vint du ciel le Jehan batesme Ou bien des hommes ? (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 233).

 

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Clore un mot. "Conclure (un énoncé)" : "...Si volons, biau sire, que vous partés et tout li vostre, mès vous n'en porterés que vos armeures tant seulement." Il cloy ce mot(,) dist : "Et ensi soit !" (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 90).

 

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Dire à l'autre mot. "Dire en continuant son propos" : [Le personnage vient de parler de son amour pour la fille du roi qui lui paraît inaccessible] Pués dit a l'autre mot : "Il yrait aultrement ; Avanturer m'y vuelz et faire esprouvement, Car s'eur et et fortune et Dieu premierement Me volloient aidier a ceu tornoiement, Bien poroit advenir per fait de hardement Que j'aroie la belle pour cui mez cuer s'esprant." (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 39).

 

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Dire un mot de traverse. "Exprimer une opposition, une protestation" : [Une femme parle du compagnon qu'elle choisira]...A moy se laira maistrïer ; Ung mot ne dira de traverse Et me vendra mercy prïer Se je lui suis rude ou diverse. (MARTIN LE FRANC, Champion dames III, F., 1440-1442, 169).

 

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Prendre qqn au mot. "Faire ce que qqn a dit et lui demander d'assumer ce qu'il a dit" : "Demandés et je vous donray, Hurtés et je vous ovreray" : La parole m'esjoit mout. Pardon demande et feray : Et pour ce je te prens au mot. (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 52).

 

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Sonner mot (à qqn). "Dire qqc. (à qqn)" : Quant la princepce ou haulte dame sera en son lit au matin veilliee de somme et elle se verra couchiee en son lit entre souefs draps, avironnee de riches paremens et de toutes choses pour aise de corps, dames et damoiselles entour elle qui l'ueil n'ont a aultre chose fors a avisier que riens ne lui faille de tous delices, prestes de courir a elle se elle souspire tant soit petit ou se elle sonne mot, les genoulx flechis pour lui administrer tout service et obeir a tous ses commandemens, adonc souventes fois avendra que temptacion l'assauldra, qui lui chantera tel leçon : Beaulx Sire Dieux ! (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 12). LE SOT Oncques ne luy fut mot sonné Fors que : " Au dyable soit il donné Et mengé des porceaux et chiens ". (Gaud. sot, c.1450, 12). Dittes hardiement que j'afolle Se je dy huy aultre parolle A vous n'a quelque aultre personne, Pour quelque mot que l'en me sonne, Fors "bee" que vous m'avez aprins. (Path. D., c.1456-1469, 152).

 

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[Dans une menace] "Ouvrir la bouche" : L'un deux sailly tantost avant et le prist par la gueule et luy dist "Villain, tu y es mors se tu sonnes mot." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). Qant chil honme en abit de fenmes furent dedens, il se saisirent dou portier et traissent lons coutiaus que il portoient desous lors gonnes, et li dissent : "Se tu sonnes mot, tu seras mors." (FROISS., Chron. D., p.1400, 304).

 

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Sonner tel mot. "Tenir tel propos" : Dittes hardiement que j'afolle Se je dy huy aultre parolle A vous n'a quelque aultre personne, Pour quelque mot que l'en me sonne, Fors "bee" que vous m'avez aprins. (Path. D., c.1456-1469, 152).

 

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Tenir son mot. "Tenir sa parole" : Dieu y estoit [dans l'Arche], en l'oracle habitoit Et respondoit a Moÿse souvent : Tel respondant tient son mot et convent. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 353).

 

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Se tenir au mot : "Sire, pensez à vostre fait, car il nous semble, si ce n'est de singulière grâce de Dieu et contre pouvoir de nature, vous n'avez vie en vous que de deux heures." Et alors louant Dieu se tint au mot ; et fit venir devant luy son confesseur (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 330).

 

d)

En partic.

 

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"Locution, expression" : Si ont ycelles office d'acheter la viande et aler a la char, ou trop bien batent le cabaz - qui est un mot communement dit, qui est a entendre: faire acroire que la chose couste plus que elle ne fait, et retenir l'argent. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 209).

 

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"Devise" : ...pour auoir fait tailler et grauer les armes de MS et son mot sur ycelles veruelles. (Comptes Lille L., t.1, 1395-1396, 19). Aussi son port En fait assez tesmoignage et rapport Car il portë en son mot par deport, Comme cellui qu'Amours maine a bon port, "J'ay belle dame", Qui sans paine n'avint oncques a ame Et sans sentir le mal et l'ardant flame Qu'a la gaigner cuer amoureux enflame. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 194). Et semblablement j'ay escript mon mot et ma devise, mais a tresgrant payne, tant est le rochier dur. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 111). L'estandart doit estre paint des couleurs, devise ou mot du prince, afin d'estre recongneu (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, p.1468-1500, 60).

 

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(Beau/bon) mot. "Aphorisme, proverbe, sentence, dicton" : Et la royne dist ung mot qui deüst suffire : "Tous voirs,"se dist la dame, "ne sont pas bons a dire !" (Galien D.B., c.1400-1500, 15). Ne sçay comment le scevent tant, Car je ne voy nul impetrant, S'il a benefice obtenu, Qui n'ait bien ce mot retenu : Mieulx vault a court que fort latin. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 168). ...ad ce propos dit un vray mot Machault : Vieille cointise et jolie est matiere de moquerie (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 199). Mais tout ades me souvenoit Du bon mot qui vault en tel cas, Car quant j'estoie en un fort pas Ou a passer je fusse rude, Disant : Vaille moy long estude ! (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 60). ...souvent disoit, tout ainsi qu'il est escript que enseignoit le sage Chaton ses chevaliers, dont, entre les autres beaulz notables, leur dist un moult beau mot cellui Chaton : "Se par vostre valeur vous faites aucune bonne oeuvre, le labeur passe et le benefice vous demeure tant comme vous vivrés, et se par mauvaise voulenté vous faites aucune iniquité, le delit passe et l'iniquité demeure." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 197). À propos de quoy vint le commun mot, que on dit : "Gardez-vous des charetes." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 68). Et est ung mot commun filius ergo heres : il est filz, il s'ensuit doncques que heritier. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 56). On lit en vng liure dung [l. d'ung] docteur grec vng mot qui signifie autant a dire comme congnois toy mesmes. (CIB., p.1451, 196). Excusez moy aucunement Et saichiez qu'en grant povreté, Ce mot se dit communement, Ne gist pas grande loyaulté. (VILLON, Test. M., 1461-1462, 32). Et usoit ledict roy Loys d'ung mot, à mon gré bien saige, où il disoit que, quant orgueil chevauche devant, que honte et dommaige suyt de bien près. (COMM., I, 1489-1491, 121).

 

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"Quolibet" : PASIPHEE. Voire, mais vous donnés couleur De ruer maint mot a la gaulle. ["de faire tomber des mots comme des noix qu'on gaule"] (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 115).

 

2.

Au plur. "Paroles" : ...[elle] seignoit icellui chappel de sa main, en faisant croix par-dessus ou nom du Pere, ou nom du Fil et du Saint-Esperit ; [et dist] les mos qui ensuivent : Deux te ont fené, et trois te desfenent, ou nom du Pere, du Fil et du Saint-Esperit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 329). ...elle qui parle, comme de ce courroucée, lui dist ces mos : Je veuil bien que vous sachiez que puisque vous estes mal de moy, vous ne le serez pas pour neant et sanz cause. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 63). Le roy respondi que il n'y savoit que un tout seul bien, et comme ceulx qui l'oyrent eussent grant desir de savoir en quel sens avoit dit la parolle, et de ce instament l'en enquissent, leur respondi que c'estoit puisance de bien faire à autrui, et que tout le surplus n'estoit pas gloire, mais charge. O ! le hault mot, et tres noble à prince, digne d'estre mis en memoire et bien nocté. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 156). ...[il] se tire près d'elle, plorant, ses genoulz tout en bas sur la terre, et dist les beaulx motz qui s'ensuyvent (C.N.N., c.1456-1467, 29). Je sçay leurs responses et de quelz motz [les femmes] sçevent user, qui sont telz ou semblables... (C.N.N., c.1456-1467, 564).

 

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[À propos d'oiseaux] "Chants, mélodies" : Pour solachier Cardeneruels, merles et rossegnos Et tels oisiaus amoureux et mignos. Et tous les jours en oisse les mos. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 220).

 

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Beaux mots. "Paroles qui suscitent l'émotion" : Et souppa ce jour en l'ostel de son lieutenant general, messire Charles de Meleun. Et avecques lui y souperent aussi plusieurs seigneurs, damoiselles et bourgoises. Auquel lieu il recita toute son adventure ainsi advenue audit Montlehery, et, en ce faisant, dist et declaira de moult beaulx mots et piteux, de quoy tous et toutes pleurerent bien largement. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 69).

 

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Bons mots. "Paroles drôles, divertissantes" : Aucune fois aussi l'omme s'esjoïst quant il troeuve bonnes dictions ou bons mos (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 19). Mains propos dirent Et mains bons mos dont les dames se rirent, Et compterent comptes qui bien leur sirent. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 159). Et le roy print grant plaisir au fait des deux anciennes dames qu'il cuidoit plainement veoir devant lui, car elles avoient de trop bons mots. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 193). Item, et au Prince des Sotz Pour ung bon sot Michault du Four, Qui a la foyz dit de bons motz Et chante bien "Ma doulce amour", Je lui donne, avec le bon jour... (VILLON, Test. M., 1461-1462, 92). Estre joyeulx Et dire toute nouveaulté, De passer tousjours troys pour deux, De blason bons motz a planté. (Vig. Trib., c.1480, 225).

 

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Doux mots. "Paroles qui dénotent de la douceur, de la bienveillance" : Ne plus n'aray riens triste n'oscurci, Mais lié et gay me vorray demener Et faire que maint dur cuer adouci Soit par mos dous et plaisans aüner Des biens qui en vous sont compris, Qui me seront par vos enfans apris. (MACH., Prol., c.1377, 6). Se femme as, qui soit apparens, Juene ou autre, qui ait parens, Et tu la veulz de près tenir, Lors te fera elle venir Son oncle, son cousin, son frere, Son aieul, sa taye ou sa mere, Qui te diront par tresdoulz mos : "Comment ! Je croy vous soiez fols, Qui ainsis tenez nostre fille..." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 105). Espoir faut quant Desir court seure, Et se depart De moy qui de dueil ay tel part Qu'a bien pou que mon cuer ne part Dehors, et qu'en deux ne se part, Quant Souvenir Me fait en pensee tenir Comme il souloit vers moy venir, Et son gracïeux maintenir, Et les doulz mos Qu'il me disoit a tous propos (CHART., L. Dames, 1416, 219). Puis qu'il faut que point ne le voie, Au moins se lectres recevoie, Qui presentassent Reconfort et se guermentassent Des maulx que noz deux cuers entassent, Son doulz parler representassent, Humble et humain, Au moins congneusse je la main Qui tant m'a escript soir et main Doulz mos de demain en demain (CHART., L. Dames, 1416, 251).

 

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[Avec une nuance de galanterie] "Mots doux" : Pou veulent estre en une ville Champestre, pas n'est ce le stille : Elles desirent les citez, Les doulz mos a eulx recitez, Festes, marchiez et le theatre, Lieux de deliz pour eulx esbatre, Et qu'elles y voisent souvent, Si comme il est dit cy devant Ailleurs, en un autre chapitre. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 180).

 

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Gros mots

 

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"Paroles hautaines, orgueilleuses" : ...par ma foy, maistre chevalier, maintenant vous vauldra pou vostre hardiesse ne vos gros mos, ne de vostre maïstre l'orgueil (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 146).

 

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"Paroles grossières" : ...Ainsi fault il sans astralabe Parler par motz gros et hideux. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 119). Ordes caroignes, faictes vous les gallans ? Si mes gros motz ne sont brief entendus, Oncques tel dueil n'advint depuis mil ans. Pugnais, puans, vous faictes des vaillans, Mais a l'exploit rien ne se determyne, Car au besoing estes tous deffaillans. (LA VIGNE, S.M., 1496, 224).

 

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Mots couverts

 

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"Paroles allusives" : ...tant vindrent d'unes parolles en aultres par motz couvers, que leurs devises vindrent a toucher du train de derriere. (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

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"Mots obscurs, savants" : ...pour savoir la designacion de aulcuns vocables obscurs, appellez mos couvers, poetiques ou aultres dixtinctes, qui vaut autant a dire que specifiez en l'escripture, s'ensieut une table par ordenance (...), selonc les lettres de l'A b c. (...) Atercacion [altercacion], qui est chose debatue entre parties. (Règles sec. rhétor. L., c.1411-1432, 49).

 

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Par mots exprès. "D'une manière explicite ; expressément" : Si vous requier par moz esprès Et enjoing sur obedience Que nulz ne m'empesche audience A faire le divin office (Mir. parr., 1356, 22). Dangier, Refus et Escondit, Honte et Paour par mos exprés Me sont contraire et ennemit, En dis, en oevres et en fes. (FROISS., Ball. B., c.1362-1377, 24). ...force luy fut de dire au curé qu'il se deportast de hanter en sa maison ; et de fait, luy defendit par motz exprés et menasses que jamais ne s'i trouvast (C.N.N., c.1456-1467, 440). LE BOURGOIS. Ma femme, hau, je vous demande Ou peult estre allé Hannequin. LA BOURGOISE. A jouer convient qu'il entende (...). BOURGEOIS. Or il convient, par motz exprés, Qu'il soit trouvé, commant qu'il aille, Car, s'il n'avoit denyer ne maille, Il est pour faire ung mauvaix fait. (LA VIGNE, S.M., 1496, 387).

 

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Mots lourdauds : L'omme est bien fol qui se tient quoy Sans decliner sez motz lourdaulx. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 79).

 

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Mots de cabaret. "Mots sans importance, futiles" : Roys, se je l'ay bien retenu, En l'escripture a contenu Trois mos : "Mane, techel, pharès." Ne sont pas mos de cabarès, Car chascuns mos porte sa glose Grant et fiere, qui bien la glose. (MACH., C. ami, 1357, 32).

 

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Dire/parler deux mots à qqn : ...Et si li a dit : "Bruns, .II. mos a moy parlés. - Dame, " respondi Bruns, "tout a vos voulentés." (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 127). Mais avant deux moz vous diray : De tel mal qu'avez, c'est tout vray, Nulz a droit santé ne recuevre, Se Dieu de sa grace n'y euvre (Mir. emper. Romme, 1369, 304). Sire, aussi que sui bien paiez Vueil je qu'a moy vous apaiez, Et vous pri que par vostre gré Deux moz parle a li en secré Ici sanz vous. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 271). Chier sire, pourray je parler Deux moz a vous ? (Mir. fille roy, c.1379, 54). Mais deux motz fault que je vous dye Touchant le fait de ceste guerre, Comment les seigneurs ont envye Pour aller le pays conquerre. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 135).

 

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[Pour apostropher qqn] Deux mots ! : Sire Audry, deux moz : escoutez Un petit homme que je sui, Et pour Dyeu n'aiez a ennuy Mon parler, sire. (Mir. march. juif, c.1377, 186).

 

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En deux mots. "En peu de mots" : Les flateurs menteurs ont les loz Ou loyaulté n'est que fumiere, Et rongeurs mengeurs font grant chiere. Que peust on plus dire a deux motz ? Le monde n'est qu'un parc a folz. (ANTITUS, Poés. P., c.1500, 47).

 

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Mot de lettres/deux mots de lettre. "Message écrit, billet" : Elle le vit moult abauby [l'écuyer], Se le fist griefment rappeller Et lui dist que sans desjuner Nulz en yver partir ne doit. A ce respondy qu'il n'avoit Tallent de mengier ne de boire. Elle tint le responce a voire, Dont jamais plus ne l'en parlast, Ains lui dist qu'i ly saluast Son boin pere et qu'il lui deïst Que tost deverz lui revenist ; Et, pour mieux s'entencion mettre, Lui delivra deus mos de lettre. (Dit prunier B., c.1330-1350, 69). Tant fut demené le mariage dont j'ay parlé cy dessus dudict duc de Guyenne et de la fille du duc de Bourgongne, qu'il s'en feït quelque promesse de bouche, et encores quelque mot de lettres. (COMM., I, 1489-1491, 221).

 

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À peu de mots : Le chareton a peu de motz s'excusa (C.N.N., c.1456-1467, 67).

 

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Prov. En peu de mots fait on grosse depesche. "En peu de mots on peut dire beaucoup de choses" : En poeu de mos faict on grosse despeche. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 646).

 

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"Mots allusifs" : ...tant vindrent d'unes parolles en aultres par motz couvers, que leurs devises vindrent a toucher du train de derriere. (C.N.N., c.1456-1467, 358).

 

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Loc.

 

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Abaisser ses mots. "Se taire" : Plus ne porroye parler. Temps est d'abaisser mes motz ! Adieu, temps joyeux et doulx ! (...) C'est tristesse que m'en maine. (Pass. Auv., 1477, 278).

 

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Accorder ses faits aux mots : Voz faiz aux moz accordez. Se noblement voulez vivre, Vostre mestier recordez, Nobles hommes, en ce livre. (CHART., B. Nobles, c.1424, 409).

 

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Coucher des mots. "Dire, émettre des propos" : Je sçay bien que, entre vous hermites, Entre vous povres ydÿos, Ne prenés pas garde a vos motz Ne devant qui vous les couchés. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 43). Qui vouldra dire ses raisons, Couche bien par ordre ses motz (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 69).

 

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Couper/rompre les mots à qqn. "Couper la parole à qqn" : Mais ledit Coustain, non veuillant en tenir long propos, rompit les mots de Pierre (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 245). ...messire Tristan qui avoit subtilité, en oyant l'entrée de ceste matière, espouvantable à un bon coeur, luy coupa ses mots (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 246).

 

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Muer et retraire ses mots. "Changer et bannir certains mots de son vocabulaire" : ...[Jésus] a dit a haulte voix Que tu soyes mon filz, moy ta mere. Mes motz fault müer et retraire. [Réf. à Jean 19, 26-27] (Pass. Auv., 1477, 221). [Muer ses mots : La Vierge Marie doit appeler fils son neveu Jean l'Évangéliste. Retraire ses mots : Elle ne peut plus appeler fils son fils Jésus, mort sur la croix.]

 

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Ne pas savoir tous les mots de la messe. "Ne pas tout savoir, manquer d'expérience" : ...aucuneffoiz tel cuide gaigner qui pert. Et là où vous voullez aller, il y a plusieurs dangers et y fault proceder de sens rassiz et avoir grant conduite. Si ne sçavés vous pas encores tous les motz de la messe. (BUEIL, I, 1461-1466, 62).

 

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Reprendre ses mots. "Rétracter ses paroles" : Reprent tes motz, Jehan, mon nepveu ; Mon filz est soulz - d'estre en ce lieu. (Pass. Auv., 1477, 241).

 

3.

[À la fois au sing. et au plur.]

 

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À (un) bref mot/à brefs mots

 

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"Pour parler bref" : A briez moz, je n'en feray rien (Mir. st Guill., c.1347, 39). Car tuit estoient mal traitié, Descoulouré et deshaitié : Boces avoient et grans clos Dont on moroit, et a briés mos, Po osoient a l'air aler, Ne de près ensamble parler. (MACH., J. R. Nav., 1349, 148). Sire juges, a brief mot court, Cy ne vous amenderons rien. (Mir. prev., 1352, 239). Nostre mére du tout lairay, N'a son hostel, a brief mot court, N'iray, mais a la vostre court Touz jours m'arez. (Mir. ste Bauth., c.1376, 117). Vostre navire avez vous perdu et vostre trait. Crestiens nous ont rencontrez sur la mer et nous ont tous desconfiz, que mal soit de plus qui en soit eschappez que nous qui cy sommes ; et est tout perdu, a un brief mot. (ARRAS, c.1392-1393, 131).

 

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"En peu de mots" : Je le te diray a brief mot (Mir. ev. arced., c.1341, 135). Si li diras Par plus briés mos que tu porras Qu'il veingne ci apertement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 158). Si leur compta en briefs mos tout ce que l'empereur lui avoit mandé et comment il estoit venus sur lui a grant ost, moult efforceement. (Bérinus, II, c.1350-1370, 166). Lors les gens diront, comme voy, Es montaignhes : "Tumbés sur nous !" Et es valees en briefz motz : "Rescoudés ces gens maleureux" (Pass. Auv., 1477, 191). Se ne sont que toutes frivolles, Je le vous dis a ung brief mot (LA VIGNE, S.M., 1496, 434).

 

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À ce(s) mot(s)/à/sur ce(s) mot(s). "Sur ces mots, en disant ou en entendant ces mots" : Et quant Corroux vist Aigres escalengier devant lui, si lui dist moult baudement : "Vassal, se vous avez cuer, si venez luitier a moy". Et a ce mot, il le print par le pan de sa robe et le tira a lui (Bérinus, I, c.1350-1370, 369). La vi que la vierge lui dit : "Vaz me tost, va sanz contredit De Julien prendre venjance." Saint Mercure a ce mot s'avance, Droit a Julien s'adresça... (Mir. emp. Julien, 1351, 203). ...à ces mots regarda le roy sur ses oncles et se tut pour savoir et veoir que ses oncles diroient. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 30). A ce mot respondy Remondin : Ma dame, je feray mon povoir d'acomplir vostre commandement. (ARRAS, c.1392-1393, 51). Sur ces mots, tournant ses yeulx vers l'obscur anglet de mon lit, il entrevit les troys infernaulx messagiers qui devant me avoient sermonné (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 22). Sur ces mots, tournant ses yeulx vers l'obscur anglet de mon lit, il entrevit les troys infernaulx messagiers qui devant me avoient sermonné (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 22). ...a ces motz brandit son grand cousteau (C.N.N., c.1456-1467, 62). A ces motz, la pouvre gentil femme n'eut plus cueur (...) de soustenir son fardeau (C.N.N., c.1456-1467, 124).

 

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À un mot court/à courts mots. "En peu de mots" : Et sans plus despendre langage, A cours mots, plaise vous penser Que vous laisse mon cueur en gage Pour tousjours, sans jamais faulser. (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 141). Vaillant capitaine, il vous mande Que vous et toute vostre armee Soit tost et promptement paree, Et que vous veniez a sa court, Car je vous dy a ung mot court Que ceulx de Gaule ont prins journee A la my may, et adjournee Est ja trestoute la commune. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 143).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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