C.N.R.S.
 
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     TRANSIR     
FEW XIII-2 206b transire
TRANSIR, verbe
[T-L : transir ; GD : transir ; GDC : transir ; FEW XIII-2, 206b : transire ; TLF : XVI, 516b : transir]

A. -

"Aller au-delà"

 

1.

Transir de. "Aller au-delà de, disparaître de" : Et en la glose sus saint Marc, el premier chapitre du deluge ou en en parle. Mes saint Gregoire dit el Dyalogue que, tout aussitost conme les sains transissent de cest monde il entrent el ciel. (VIGNAY, Oisiv. emp. Gerner, t.2, a.1330, 11v°b). Ainsi transist, c'est chose voire, Du monde la joye et la gloire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 186).

 

-

"S'en aller, disparaître" : ...et ainsi transist la gloire du monde (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 140).

 

2.

"Mourir" : ...il n'avoit en lui sens ne contenance, ains estoit si esperdu qu'il estoit sur le point de transir (Bérinus, I, c.1350-1370, 113). Ainsy qu'il estoient a tel desconfort, uns homs maigres et descharnez entra coiement en leur nef sanz mot dire, et estoit moult richement vestus et atournez comme se ce fust le corps d'un roy, mais il avoit si grant fain qu'a pou qu'il ne transissoit (Bérinus, I, c.1350-1370, 217). Mais, non obstant, toutes ses peines Sont a ton salut necessaires Que m'ont baillé mes adversaires, Contendent a ce point venir, Pour moy de ta force bannir Comme oublié et mort transsy (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 759).

 

-

P. exagér. : Messeigneurs et mes bons amis, Voicy ung moult piteux dommaige ; Qu'i me semble que je transis D'avoir veu fait ce vasselaige. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 341).

 

-

"Faire mourir (?), tuer (?)" : Le leu est vne beste rauissante et de cruelle apperceuance et a le plus de sa vertu es piez en la maniere du leon et quelque chose qu'il empraingne de son pié, il ne le laisse aller et par rage de rapacide quelque beste qu'il treuue il la deuoure et transsit [ou calque du lat. transcidere "transpercer" ?] (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 471).

 

-

Transi. "Rendu rigide par la mort ; mort" : Excusez nous, puisque sommes transis, Envers le filz de la Vierge Marie, Que sa grace ne soit pour nous tarie, Nous preservant de l'infernale fouldre (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 66). Mors et transis par grief encombre... (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 175). ...et aprés la grant messe alla voir le corps madame saincte Rose, qui repose au dit Viterbe en chair et en os et n'est que transie. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 271).

B. -

P. anal. "Rendre comme mort, glacer" : Il n'est homme ne femme née Que s'il estoit aux champs assis, Qui de froit ne fust touz transis. (Mir. mère pape, c.1355, 396).

 

-

"Rendre comme mort, figer, paralyser" : Einsi fui transis longuement Sans avoir joie ne tourment, Fors tant qu'une joie me vint D'une vision qui m'avint Si trés plaisant, a grant merveille, Qu'onques mais ne vi sa pareille (MACH., D. verg., a.1340, 18). Haro, haro, haa ! Qu'esse cy ? Le feu me brusle, le feu m'art, J'ay le corps de chaleur transsi, Le cuyr me fend, la peau me part, D'icy me fault faire depart. (LA VIGNE, S.M., 1496, 507).

C. -

Au fig.

 

1.

"Glacer, saisir, pénétrer" : LE JUIF. Je suis en mon cueur tout transis De ce chrestien mauldit parjure. Que feray je s'i se parjure ? Mes cent escus seront perdus. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 117). Helas, que n'a il actendu Que nous trois eussions espendu Dessus son corps nostre unction ? J'en ay si grant compassion Que j'en sens mon cueur tout transy. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 838).

 

-

Transi de/en (peur/douleur/deuil...). "Glacé, saisi, pénétré de" : Car tant fui en mon mal pensis Que je fui en doleur transis, Si que je ne sos ou j'estoie, Ne bien ne mal je ne sentoie (MACH., D. verg., a.1340, 18). ...et si tenrement pleure Que qui n'en aroit tenrour, Trop dur aroit le cuer, car en mon plour De rechief sui par dolour si transis Que je ne sçay se je sui mors ou vis (MACH., L. dames, 1377, 149). Je suis totallement transsis, Transsy de dueil et d'esplaisance [l. desplaisance] (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 37). Et lors ledit Bouchart commença à crier au murtre et s'en fouir, et tous ses compaignons, excepté ledit Paler, qui estoit transi de paour, combien qu'il n'eust esté aucunement frappé. (Doc. Poitou G., t.9, 1451, 256). ARCEDIACRE. J'ay le cueur de dueil tout transsi ; Plus n'auray joye ne soulas. (LA VIGNE, S.M., 1496, 558).

 

2.

"Transporter" : Mais quant mes maus retraire li cuidoie, Si paoureus, Si veins, si mas, si las, si engoisseus, Si desconfis, si tramblans, si honteus Estoit mes cuers et dou mal amoureus Si fort espris, Qu'en li n'avoit scens, maniere, n'avis, Einsois estoit com transis et ravis, Quant bien vëoir pooie vis a vis Sa biauté pure (MACH., J. R. Beh., c.1340, 75).

 

-

Transi de/en joie. "Transporté de joie" : Sainct des saincts assis, Comme bien rassis, Sur la povre asnesse, A toy les mercis En joye transis Pour ta grant humblesse ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 571). OFFICIAL. J'ay apperceu de mes deux yeulx, Ainsi qu'avez peu voir aussi, Le miracle tresglorïeux Que Dieu a fait en ce lieu cy. ARCEDIACRE. J'ay le cueur de joye transsi D'avoir ung tel miracle veu. (LA VIGNE, S.M., 1496, 553). De joye est mon cueur transy Qu'en ce pays estes venu. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 164).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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