C.N.R.S.
 
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     ACCOINTE1          ACCOINTE2     
FEW XXIV accognitus
ACCOINTE, subst. et adj.
[T-L : acointe ; GD : acointe ; AND : acuinte1 ; DÉCT : acointe1 ; FEW XXIV, 77a : accognitus ; TLF : I, 376b : accointe]

A. -

Qqn est accointe de qqn ou de qqc.

 

1.

Accointe de qqn

 

a)

"Ami, familier, intime" : Une dame, demenant grant dueil et soy complaingnant a moy de fortune qui, dure et parverse, luy avoit procuré, ce disoit, importable annuy (...), feable de moy comme de son acointe de long tempz, moy requerant de seoir emprés elle, luy plut a moy mettre en devises touchant son cas (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 3).

 

-

Estre accointe de qqn : Car dou bon seignour de Couci Qui est nobles, gentilz et cointes, Estes vous privés et acointes (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 188). ...des trois Moult acointes ja un tamps fui, (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 57). Quant tu as tant de bonne gent A chalans, tu doiz estre riche. (...) Je n'en sui pas de tant acointe. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 233).

 

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En partic. Estre accointe de Dieu/de Jesus : Tous amis de Dieu, sains et saintes, Humblement vous pri a mains jointez Que vous faciez Tant que noz pechiez effaciez Et que de Dieu soyons acointes, Tant que d'enfer n'ayons les pointes Maiz herbergez Avec vous soyons et logiez Ou ciel ou n'a nulles complaintez. (COUDRETTE, Mélus. R., c.1401-1402, 345). SAINTE GENEVIEVE [à Jésus-Christ]. (...) Halas ! grans manoirs ont et cointes Ceulx qui pas ne sont vos acointes, Et lez corps sains de vos amis Sont ou dit lieu, long temps a, mis, Petitement logiez. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 124).

 

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"Rencontrer qqn" : CRISPINIEN. Il nous faura trouver quelque ung Qui nous puist ce noble art apprendre, Car nous ne sariesmes ou prendre Le cuir, les cousteaux ne les pointes Qu'il nous faudra. CRISPIN. Soions accointes D'homme qui s'en sache entremettre. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 117).

 

-

Faire qqn accointe de qqn. "Faire faire connaissance avec qqn" : Mon compagnon nous fist acointe De celles dont j'oi le coer cointe. (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 156).

 

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Se faire accointe de qqn. "Faire la connaissance de qqn" : ...il apertient que la sage princepce se face accointe des gens de tous les estas de ses subgiéz (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 80). Sy toucha à tous eux, et après devises particulières prises à chacun, se fit accointe de tous et mist leurs noms et leurs personnes en sa mémoire comme si dès onques les eust hantés et congnus (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 198).

 

b)

"Amant, amoureux" : Amis, par Dieu, c'est chose voire Qu'il ha plus d'un asne a la foire, Car vo dame ha pluiseurs acointes, Juenes, jolis, appers et cointes, Qui la vont visiter souvent (MACH., Voir, 1364, 7359). Dont ou livre de Jheremie le prophete, il rappelle moult doulcement l'ame pecherresse a soy et dit : Tu as, dist il, fait fornication avecques moult de tes acointes et toutevoyes retourne a moi et je te recevray. (FRÈRE ROBERT, Chastel perill. B., c.1368, 306). Dame Ysengrine estoit eagie de .LXV. ans ou environ ; belle femme avoit esté en son temps, mais elle estoit devenue fort ridee. Les yeulx avoit enfonssez et la bouche grande et large ; cinq maris avoit eu sans les acointes de coste [l. de costé]. Elle se mesloit en sa viellesse de recevoir les enffans nouvellemen nez, mais en sa jonesse, elle recevoit les grans enfans ; moult experte fut en pluiseurs ars. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 82).

 

-

Estre accointe de qqn : Leandus, li biaus et li cointes, D'une pucelle estoit acointes Qui belle Hero fu nommée (MACH., J. R. Nav., 1349, 248). ...il est de la mére acointe Et de la fille. (Mir. femme, 1368, 184).

 

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[P. méton. du suj.] : Son cuer estoit du mien acointe (CHART., L. Dames, 1416, 224).

 

-

"Amante, maîtresse" : ...elle ala devant par devers ledit chamberier, lui dire lesdittes nouvelles, pour ce que elle est acointe dudit chamberier. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 82). ...Hainsselin, qui avoit plusieurs fois alé et venu en son hostel en la compaignie de Marion l'Estalée, qui estoit son amie et acointe paravant ce qu'il l'espousast (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 329). Dame Sebile des Mares dist sur ce pas que les filles ne doivent point mengier a cachelouch leur potage avec leurs amoureux, car par coustume il avient souvent que leurs maris ont acointe apart et non pas les femmes. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 86).

 

2.

Accointe de qqc.

 

a)

[Le compl. désigne un lieu, un objet concr.]

 

-

Estre accointe d'un lieu. "Être familier (d'un lieu)" : Je dis qu'il n'est rois, duz ne contes A qui li lieus ne fust plaisant Et pour esbatre souffissans, Gens, gais, jolis, faitis et cointes. Et j'en estoie si acointes Que g'i estoie a grant loisir Toutes heures a mon plaisir, Car nuls ne le me debatoit (MACH., D. Aler., a.1349, 255). Lors a un queude me dressai Et songneusement escoutay Pour savoir que ce pooit estre [un gémissement], Car je n'estoie pas de l'estre Ne de la chambre moult acointes, Dont je ne fui mie plus cointes. (MACH., F. am., c.1361, 146).

 

-

Estre accointe de qqc. "Avoir connaissance de qqc., en avoir entendu parler" : ORILLART. Frappe tout ens. GRIFFON. Aussi feray je, Mais qu'on me laisse faire ung pou. Voicy le plus rebelle clou Dont oncques mais je feusse acointe. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 331).

 

b)

[Le compl. désigne une entité abstr., parfois personnifiée : qualité, sentiment, faculté...]

 

-

Estre accointe de qqc.

 

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"Être attaché à qqc., y tenir, avoir du goût pour qqc." : Il m'est avis qu'il soit acointes De trestoute jolieté Apartenant a honnesté. (MACH., J. R. Nav., 1349, 157). Et si n'est il mie moult cointes Ne de grant mignotise accointes. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 41).

 

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"Être coutumier de qqc." : Et quant si bon ne millour ne plus cointe N'est, ne si bel, ne d'onneur si acointe, A droit jugier, Mervillier Ne se doit Nulz, se ne vueil par l'amoureuse pointe Nouvellement d'autre amour estre pointe. (MACH., L. plour, 1349, 286). Amoureux ont parolles paintes Et langage frois et joly ; Plaisance dont ilz sont accointes Parle pour eulx ; en ce party J'ay esté, or n'est plus ainsi (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 119).

 

.

"Pouvoir compter sur qqc." : ...or est encloz Mon cuer en l'amoureux encloz, De hayes d'espines tout cloz, Par quoy le partir m'est forcloz. C'est pour la pointe De Desir dont je suy si pointe, Et s'a la demourer m'appointe, De nul confort ne suis acointe. (CHART., L. Dames, 1416, 272).

 

-

Devenir accointe de qqc. "S'attacher à qqc." : Si pris a devenir acointe De raison, dont je fus plus cointe (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 33).

 

-

Faire qqn accointe de qqc. "Inciter qqn à, engager qqn à, donner à qqn du goût pour qqc." : Mais il loist bien, que vous saichiés, Que li gieus fu lors commenchiés Pour l'amour d'une damoisele Sur toutes avenant et bele, Qui de nouvel, pour li esbatre, S'estoit layens venue embatre, Et pour li faire aussy acointe D'Amours et de Deduit le cointe (Echecs amour. K., c.1370-1380, 114).

 

-

Se faire accointe de qqc. "S'attacher à, s'adonner à qqc." : ...tu le doibz prendre devers toy [l'amour divin] et t'en faire acointe, toy promettant que comme tu en prendras devers toy grant portion, tant plus tu en devenras glorieuse vaincqueresse de ton annuy et plus obtiendras hault siege et couronne de retribution en ciel et en terre. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 185).

B. -

Qqc. est accointe de/à qqn / de/avec qqc.

 

1.

[D'une réalité matérielle, ici, dans un cont. métaph.] Estre accointe avec qqc. "Avoir de l'affinité avec qqc." : ...l'air qui est pur et net si hait la terre a mort et dist qu'elle est vielle et orde, et requiert a la chaleur avecques laquelle elle est acquointe qu'elle vueille guerroier la terre, et elle lui aidera a foursechier la moisteur qui lui est contraire (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 507).

 

2.

[D'une entité abstr. personnifiée] Estre accointe de/à qqn. "Être favorable à qqn" : Elle [Bonneürtez] est de tous les bons acointe. (MACH., J. R. Nav., 1349, 271). Argent scet maint divers langage, Il est a toutes gens acointes, Il aime les beaus et les cointes, Les nobles et les orfrisiés, Les amourous, les envoisiés, Les pelerins, les marchëans Qui sont de leurs fais bien chëans (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 176). Douls Samblans, qui fu gens et cointes, De tous et de toutes acointes, Eut en la feste grant poissance Avoec sa serour Congnissance. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 142). ...a peu de gent est [Eür] accointe (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 70).
 

DMF 2020 - Synthèse des lexiques Jean-Loup Ringenbach

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