C.N.R.S.
 
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     ACCOSTER     
FEW II-2 costa
ACCOSTER, verbe
[T-L : acoster ; GD : acoster ; GDC : acoster ; AND : acoster ; DÉCT : acoster ; FEW II-2, 1247b-1248a : costa ; TLF : I, 423 : accoster]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

Accoster qqn (de qqn ou de qqc.)

 

1.

Accoster qqn. "Être à côté de, se placer à côté de"

 

a)

[...d'un être animé]

 

-

Estre accosté de qqn. "Avoir à ses côtés" : Le lit de justice y fu fait Pour la solempnité du fait, Maiz chascun fu de son costé De ses amis bien acosté. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 279). Ja fu uns tamps qu'on l'assali Pour guerriier a tous costés, Mais il se trouva acostés Au besoing de ses bons amis, A cui donné, non pas proumis Il avoit et fet les biaus dons. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 39). Et je qui estoie acostés De mes hommes a tous costés, De Loyauté qui ne se part De moi, et d'Onneur d'autre part, M'en vieng mes ennemis requerre. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 127). L'evesque de Lengres, (...) commença à parler et à faire son procès, bellement et saigement, acostez de ses deux compaignons (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 13). ...bien estoit [le roi] pourveus de grande baronnie et de vaillans honmes, dont il estoit acostés et acompagniés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 830). ...les chevaliers d'Engleterre les menerent deviers le roi, et le trouverent acosté et adestré, (...) de moult vaillans honmes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 830). ...puis, l'escu au col, la lance ou poing, acosté de deux mores et ung nain quy portoit son cor, il entra es lices, salua le chevalier blancq (Jehan d'Avennes F., c.1465-1468, 60). Sire, a tous costés, S'il plait a mon dieu Orpheon, De nous deux serés acostés. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 70).

 

.

Mal accosté. "Mal entouré" : Son conestable fu tramis A ce message et tant a mis A parfournir ceste besongne Qu'il me semble, sanz plus d'alongne, Que cil duc, a toute sa gent, N'iront plus Rommains dommagent ; Tournez se sont de leur costé, Si est leur roy mal acosté. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 11).

 

-

Estre accosté à qqn

 

.

"Se trouver à côté de" : En Hermenie ot ung seigneur, Qui fu de monlt haultiesme honneur. (...) Parmenon, ainsi fu nommé, Ung jour fu a Phlipe acosté ; Si lui dist : "Phlipe, beaux amis, Je voy qu'Alixandre s'est mis Du tout en ton gouvernement..." (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 130).

 

.

Au fig. "Avoir pour compagnon" : Puisqu'a Meseur sont acostez, Ne leur fera que mescheoir, Ne bien ne leur pourra cheoir ; Si leur touldra leur renommee (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 84).

 

-

"Se tenir aux côtés de qqn [pour l'assister]" : "...Il [Désir] est bien de tele nature, S'il le savoit, que tout le cours Il nous venroit faire secours ; Point ne le sara, che me samble. Or nous recoellons tout ensamble," Di je a Honneur qui m'acostoit. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 130).

 

b)

[...d'une chose] Estre accosté de qqc. "Se trouver à proximité de" : Et estoient chil de la bataille dou roi acosté par derriere de une grose haie, et ne pooit on venir ne entrer sus euls fors que par devant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 735).

 

2.

Accoster qqn de qqc. "Mettre qqc. à côté de qqn"

 

-

Au fig. "Exhorter qqn à" : Belle fille, je vous acoste De loyauté et le vous carge : Ce n'est mie trop pesant carge A coer de bonne affection Et de loiielle intention. (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 125).

B. -

Accoster qqc. (de qqc.)

 

1.

Estre accosté de/delés qqc. "Être à côté de" : Tout ainsi que Bruians chevauchoit ou chemin, Par dedens sa litiére, et que doy fort romcin Le portoient en air, sans noisse et sans hutin, Il s'est fait metre jus droit par desous .J. pin Qui estoit a un lés acostés d'un sapin, Et a l'autre costé avoit .J. aubespin. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 92). Puis fut devoltement li fietre aourneis, Et fut en une nave benignement hourdeis ; Et de la sainte crois ù Jhesus fut peneis Y avoit une pieche de grande digniteit, Aournee en vassel d'argent qui fut doreis ; Deleis le fietre fut chis joweauz acosteis (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 664).

 

-

Accosté de. "Pourvu, de chaque côté, de" : Et en chascun des grans florons, c'est assavoir : ou maistre floron, endroit le chappel, a ung très grant ballay carré, acosté de deux grans saphir (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 13).

 

2.

Accoster qqc. de qqc. "Entourer qqc. de qqc." : Ung pere de famille fu Qui jadis sa vigne planta Et d'une haye l'acousta Et fouÿ et fit ens asseoir Une tour et ung beau pressoir (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 225).

 

Rem. Réf. à Matth. XXI, 33. Le passage corresp. ds Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 602 donne : d'une haye l'environna.

II. -

Empl. pronom.

A. -

Empl. pronom. réfl.

 

1.

[D'un être animé] S'accoster de/sur/jouste qqn/un animal. "Se placer à côté de, s'approcher de"

 

a)

[Pour établir une relation] : Quant Alixandres a veü Que le cheval l'a congneü, Dedens la cave s'est boutés, Et du cheval s'est acottés. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 108). A lui s'en vint un pelerin, (...) jouste lui s'acoute ; Travaillié estoit, ne se doute. O lui se sist et si lui conte Mont de chosez don ne tint conte. (Vie st Evroul S., c.1350, 136). Le conte, que bien perche[u] son nepveu estre desirans savoir l'estre du jone chevalier, s'acosta auprés de luy pour ce qu'il vey Loÿs soy deviser avec les chevaliers nouvellement venus. (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 34).

 

-

"Rechercher la compagnie de" : Des riches clers, qui accoster De li par estrif se souloient Et devant li s'agenoilloient, N'estoit conforté ne veü. De touz fu tost mescogneü, Quant fortune li fu contraire. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 252).

 

-

Au fig. "Connaître, ressentir" (Éd.) : Maiz de Fausseté les desrois Lui oÿ je tant desprisier, En moustrant les meschiefs destrois Ou elle fait en fin plungier Amant qui la veult tenir chier, En la servant sans estre oiseux, Que de meschief si dolereux Pour mourir ne m'acosteroie, Car plus vault mort qu'avoir les duelz Qu'ont ceulx que Fausseté maistroie (Cent ball. R., c.1388-1396, 189).

 

b)

[Pour apporter son aide, son assistance] : Une femme de la compaigne Voult un son frere a force oster, Et y fist autres acoster Qui d'oster l'en moult s'entremistrent : Par .I. braz a tirer le pristrent, Et tant tirerent et sacherent Que hors du corps li esracherent [la femme sollicita l'aide de ses compagnons pour arracher son frère à la ronde maudite] (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 49). Et Aigres, qui estoit engrant de lui deffendre, sailly celle part et la prinst [la hache], et quant il la tint en sa main, si se acosta delez Orchas qui moult bien se deffendoit. (Bérinus, II, c.1350-1370, 92).

 

c)

[Dans une intention hostile] : Lors se sont tous deux deffïés, (...) Et monlt grans coups s'entredonnerent. Damclins fu tresbons chevaliers : Calsandran vuida les estriers ; Et Damclins sur lui s'acosta, Et le heamme lui osta. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 189). Il vaut autant que homs vaincus, Car ensi se lait maniier C'on voet, sans braire et sans criier. Gratiiens, qui de priès s'acoste, Son hÿaume en tirant li oste, Et li met dessus le visage L'espée (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 146). Avant que soit la fin du moys de may, Vous me verrez sur ces chiens acoucter ; Et pour ce faire je me veulx acoustrer Pour sur les champs les aller rencontrer De grant couraige et fureur cordïalle. (LA VIGNE, Ress. chrest. B., 1494, 117).

 

2.

MAR.

 

-

[D'un vaisseau] S'accoster de/à/sur la rive/la terre/un autre vaisseau. "Venir se placer le long et à côté de" : Et toutesfoiz le roy d'Anthioche se sauva ou vaissel de l'admiral, et fu tantost son vaissel pris et ce de bon qui estoit dedens, et puis effondré en la mer. Et le rampin s'acostoit des groz vaisseaulx et en perca jusques a quatre ; de quoy ceulx de dedens ne s'apperceurent oncques tant que ilz se treuvent tous plains d'eaue, et les esconvint perir en la mer. (ARRAS, c.1392-1393, 218). Et pource que le port d'Alexandrie naves ne galées ne peuvent mettre poppe en terre, pour tant qu'elle est spiagia ["plage"], je recorde que, jusques le lieu que naves et galées se peuvent acoster, a petite espace (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 179). Elles [les deux barques] se acostarent de la muraille (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 232). Une nef ou deux ou plus sont en ung val ou il a poy d'eaue et s'i accote l'une nef et est trop pres de l'autre (Coutumier d'Oléron, éd. H.-L. Zeller, c.1450-1500, 11).

 

-

[P. méton. du suj.] : Et nous acostant sur la rive du flume, là où estoyent lez villages, tout le peuple venoyent à nous avecques présens de chose de mangier à grant sufficience (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 207). Et tous coursaires qui voyent ceste enseigne s'enfuyent et ne s'acostent pour le peur qu'il ont de lui (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 207). ...quant ilz veyrent le seigneur de Corfo soy joindre avoec les Sarazins trop ne se porrent esmervellier. Car quant la fu arivés, moult vivement s'acosta a la barcouse et commencha a cryer (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 67).

B. -

Empl. pronom. réciproque

 

1.

"Se mettre l'un à côté de l'autre" : ...passez avant Touz trois or tost sanz detriance, Et faites ici contenance : L'un lez l'autre vous acostez, Et ces chapperons jus m'ostez (Mir. roy Thierry, c.1374, 306).

 

2.

"S'appuyer mutuellement [pour résister aux ennemis]" (d'apr. Éd.) : Et ot ces Françoys hault molt grant joye escrïer ; Adonc se mist le bers fort a resvigourer, Entre luy et Florent se vont la acouster. Qui leur veït paians occire et decopper De nobles chivaliers se peut bien remembrer (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 180).

III. -

Empl. trans. indir.

A. -

Accoster à qqc. "Toucher à, confiner à" (GD I, 81a ; ex. de 1350)

B. -

MAR. "Venir se placer le long et à côté de" : Et devant que sez gens acostassent à terre, il vint tant de multitudine de Turs que Misser Bossicart se retraist (Passage Terre Sainte Piloti D., 1441, 194). Quant ilz furent acostez à la terre, le vent leur fut contraire (BÉTHENCOURT, Canarien G., c.1490, 111).
 

DMF 2020 - Synthèse Jean-Loup Ringenbach

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