C.N.R.S.
 
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     ADIRER     
FEW III dicere
ADIRER, verbe
[T-L : adirer ; GD : adirer ; AND : adirer ; FEW III, 69a : dicere ; TLF : I, 670a : adirer]

I. -

Empl. trans.

A. -

Adirer qqc. "Ne plus avoir qqc. en sa possession, égarer, perdre qqc." : Quant m'ot ce dit, sans nul delai Du cors trousse me retrouvai ; Toute la vigueur qu'avoie, (Et) le bien dont m'esjoissoye En un moment o adire [l. oi adiré], Tout fu mucié, tout absconsé Dessouz la nue obnubilant Souz qui n'est nul bien cler voyant. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 196). ...esjouissiés vous Ausi com moi toutes et touz ! Quar ma dragme j'ai trouvee Qu'avant avoie adiree. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 214). Lesqueles robes avoient esté recommendées comme perdues et adirées aus frepiers demourans ès hales dessus dites. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 132). ...icelle Lucete pria et requist elle qui parle, de laquelle voix et commune renommée est au pays d'environ que elle s'entremet de deviner, et advertir, et adviser les gens des choses qu'ilz ont perdues et adirées, et d'aucunes autres choses eulx enseigner quant elle en est requise (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 303). ...les tournelles de ceans, esquelles a procès sans nombre, qui seroient en aventure d'estre embroillez, fouillez et adirez et perdus (BAYE, I, 1400-1410, 335). ...le darrenier de septembre MCCCC et XIIII ont esté faictes autres lettres et en semblable sustance qui, par petite garde, ont esté perdues et adirees es mains dudit messire Jehan ou de ses gens sanz avoir sortir effet, lesquelles, se par avanture estoient trouvees, mondit seigneur veult estre et demorer de nulle valeur (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 126).

 

-

[Le compl. d'obj. désigne une faculté] : ...Quant vesve a son cueur adiré Et mis son mary en oubly... (MARTIN LE FRANC, Champion dames II, D., 1440-1442, 244). Je sens en moy si grant douleur Que ma force et mon sens adire. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 230).

 

-

Adirer un animal : Maistre Jehan, le fol du Roy, lequel avoit adiré un cheval qui fu retrouvé à Crespy, pour argent baillé à lui par le commandement dudit seigneur pour les despens dudit cheval et d'un vallet qui ala le quérir (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1380-1381, 31). ...deux ans a ou environ, lui estant prevost, il vint à sa congnoissance que Lorens Huart, de Marcoucis, avoit adiré deux pourceaux gras, et que l'en disoit que Berthaut Lestalon les avoit ostez de nuit en l'ostel dudit Lorens (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 505). Item, confessa que, un an a ou environ, il trouva de nuyt une vache qui estoit esgarée ou adirée, si comme il disoit (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 351). ...ledit Lorin le Marage vit, sceut et apperceut sesdiz chevaulx ainsi ostez, perduz et adirez (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1428, 102).

B. -

Adirer qqn

 

1.

"Perdre de vue qqn, ne plus voir qqn" : En la merlee va venir Le Chevalier du Pin iré Pour che qu'il avoit adiré Le Beau Chevalier au Lyon. (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 354). Et li roy Corbarans, qui tant fu adirés, A Olifierne en a ses prisonniers menés. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 100). Mais ne puis mettre en obliance Berthe, que j'ay par mescheance Adirée si longuement (Mir. Berthe, c.1373, 241). Ç'a esté bien homme adiré, C'on ne scet qu'il pot devenir. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 288). Qui que mon fait empiré Eust, par desloyal langaige, Et que m'eussiez adiré, Or vous tiens je, belle et sage. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 96). ...ce fut parce que ladite compaignie fut ainssi perdue et adirée l'un l'autre comme dit est, par le temps qui estoit aussi noir, obscur et trouble. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 115). ...Errard (...) devers messire Miles s'en ala et le trouva trés courroucié, pour sa fille qu'il cuidoit avoir perdue. Il luy enquist comment il le faisoit et pour quoy si merry estoit ; lors messire Miles luy dist que c'estoit pour sa fille, qui estoit adiree. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 73). Las, moy dolant chevalier maleureux, fait il, que m'est il au jour d'ui advenu, qui ay celle adiree ! Que dy je adiree, non mie adiree, certes, mais perdue et vilment habandonnee au dangier des bestes sauvages et des larrons (Garin Mongl. K., c.1460-1465, 232).

 

-

Estre adiré du monde. "Être isolé du monde" : ...tu l'as ainsi converti (...) Qu'il veult du monde estre adiré Pour toy trouver. (Mir. st Guill., c.1347, 36).

 

2.

Au fig. "Perdre, ruiner" : Il n'est homme, tant fust constant, Qui ne perdist cy pacïence : En corps, en cueur, en conscïence, Il nous a adiré tout oultre, On le voit. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 222).

II. -

Empl. intrans. ou pronom. "S'égarer, se perdre"

A. -

[D'une pers.] : Eulx trois cheminerent a part La ou Dieu les voulut conduire. Estrangier de legier s'adire. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 204). De mon fait, las ! ne sçay que dire : Par tout ou je voys, je m'adire, Et voy des yeux moins que du coute (Rond. poés. XVe s. R., c.1400-1500, 62). Et pource que, en temps que l'exécucion se devoit faire, n'estoit point de lune pour chevaucher par nuyt, prolonguèrent et misdrent ung autre jour audit Grand Pierre. Car bien leur sembloit qu'il n'estoit pas possible de mener si grosse compaignie par le pays où il falloit passer sans s'entreperdre ou adirer. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 114). De peur n'ay je point qu'il s'adire Car en sy bon lieu se prendra Qu'a tousjours mes mieulx en vaudra, Dont j'auroye tort de l'escondire. (Poés. lyr. court. XVe I., c.1454-1456, 120).

B. -

[D'une chose] : [Var.] Et ainsi ferons nous che faux sort adirer (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 480).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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