A. -

"Armement ; objets relatifs à l'armement" : A Pierre Dufou, coffrier, pour II paires de coffres pour porter armoierie, IIII soumes bien estoffées, II grans malles garnies de bahus, II paires de bouges de bonne vache (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 186).

-

"Endroit où est entreposé l'armement ; arsenal" : Ou chastel de l'Escluse ouquel l'en a fait un nouvel contor et armoyrie à mettre les harnoiz et arbalestes du capitaine (...) A lui, pour avoir achaté audit Jehan 500 d'aches employees es trailles de ladicte armoirie et ailleurs en pluseurs lieux, pour ce 5 solz parisiz (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 260). ...et, pour ce qu'ilz n'avoient point de harnas, le duc leur en fist baillier de son armoirie. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 11).

B. -

HÉRALD.

1.

"Ensemble des emblèmes et signes symboliques servant à distinguer une famille, un pays, une seigneurie, une ville" (synon. armes) : ...ilz et leurs gens se logierent en la ville (...) et portoient banieres et pennons tous de l'armoierie d'Angleterre toutes plaines, car le roy le vouloit que ilz fesissent ainsi pour mieulx monstrer que la besoingne estoit sienne. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 62). ...mesires Carles de Blois [qui a droit au titre de duc de Bretagne] entendoit a aucgmenter son estat, et avoit mis jus l'armoierie de Chastellon et pris et encargié celle de Bretagne. (FROISS., Chron. D., p.1400, 475). ...[le comte de Montfort, usurpateur du titre, voit avec déplaisir que] mesires Carles de Blois se nommoit et escripsoit dus de Bretagne, et en avoit avoecques le title encargiet l'armoierie, et l'avoit relevé en foi et en honmage dou roi de France (FROISS., Chron. D., p.1400, 477). Mesires Carles de Blois (...) s'escripsoit et nonmoit dus de Bretagne et en portoit en ses armoieries les plainnes armes (FROISS., Chron. D., p.1400, 590). ...[les morts, sur le champ de bataille de Crécy, après la défaite française] estoient recongneu le plus par lors armoieries (FROISS., Chron. D., p.1400, 739). Et ce suffise a dire de la sinificacion des poissons quant au fait d'armoirie. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 500).

2.

P. méton. "Objets qui portent ces emblèmes (écus, bannières, pennons...)" : Moult faisoit la deduisant estre Pour veoir de toutes manieres Ensengnes, pignons et banieres, Armoierie noble et rice Et maint chevalier cointe et frice. (FROISS., Pris. am. F., 1372-1373, 126). Aprés chascun se va armer, Monter et par ordre fermer Encontre ceulx de Barbarie. Chascun voeult son dieu reclamer, Du ciel ou de mahommerie, Chascun desploye son armoirie. Au devant marche l'advangarde, La bataille et l'arrieregarde Après : c'est toute seigneurie. (Vie st Eust. 2 P., c.1400-1450, 216).

-

"Ornementation réalisée à partir de ces emblèmes, p. ext. ornementation" : Voient haubers rouler et fourbir armoyrie (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 252). Autre tappisserie d'armoierie. Premièrement : Les unze tappiz vers, à lyons armoyez de France et de Behaigne, c'est assavoir six grans contenant cinq aulnes de long, et de lé troys, et les cinq petiz, de troys aulnes et demye de long et de deux et demye de lé. (...) douze tappiz blancs, bordez à vignettes vers et à estuains aux armes de France (...) cinq tappiz azurez, du fille d'Arras, bordez à ombres de fueilles, à escussons de France entour. (...) ung tappiz sur champ vermeil, ouvré à une tour à dains et à bisches, pour mectre sur le bateau du Roy. (...) cinq grans pièces d'escarlates, rubannées en manière de tappiz pour mectre et tendre à une chambre. Item, ung tappiz de drap entaillié à ymages de vert gaude et de tanné. Item, six tappiz petiz, vermeulx, aux armes de France ; à tendre devant huis. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 380). Et estoient ouvrier trop grandement ensonniiet parmi Paris de faire banieres, pennons, cambres, courdines et toutes coses qui apertiennent d'armoierie, en l'ordenance d'un signeur et de une dame (FROISS., Chron. D., p.1400, 476). Et en signe de grant noblece Fu de tapis avironnee Et tout autour encourtinee De draps a armoiries riches, Ou ot pourtrait cerfs, dains et biches. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 101). Ung riche palais ancien (...), enrichy d'entailleures, paintures, armoeries et autres menueries a l'ueil plaisans (CHART., Q. inv., 1422, 9). Et au regart des pompeux habillemens des chevaulx et des paiges, des paintures pour bannieres et estandarts, de harnois, de l'armoyrie aussi, ces choses se payent soubz certification par la main de l'argentier. (LA MARCHE, Mém., IV, Pièces annexées, 1474,,, 59).

3.

P. ext. "Signes, emblèmes en général" : Ycy ses quatre Juifz ensepvelissent Lazare et puis le portent en terre assés loing de Bethanie, se pendant que tous les autres Juifz se assemblent. Et y peult on porter torches, armayries et autres triumphes mortuaires. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 186). Musicque (...) Feit ordonner pour la ceremonie Torches, flambeaux, sumptueux luminaire, Manteaux, de dueil l'armoirie ordinaire... (GUILL. CRÉTIN, Déplor. Okergan, c.1495-1499. In : Chrestom. R., 283).

C. -

Au fig. "Figure" : C'est celle là [grace divine] qui des cieulx seraphicques Fist descendre soubz humaine armoyrie, Le filz de Dieu en la Vierge Marie. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 142).

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"Symbole" : Je suis vray roy ; nul ne me seigneurie ; Je domine sans quelque contredite ; Tout me obeist, nul ne me contrarie ; Des puissans roys suis la vraye armarie, Dit Pharaon, le premier roy d'Egipte. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 289).

Rem. Forme armerie : «env. 1445-16^e s., Z 101, 142 ; Lac ; Hu» (FEW). On relève par ailleurs armoiriere au sens de "ornementation" : : Adont vi un bregier normant Qui copa tantost la laniere D'un fardiel, et dist en riant : "Oïl, par Sainte Geneviere, Vé les ci d'armoiriere chiere Ouvrees sus bon camoukas..." (FROISS., Past. M., c.1362-1394, 168). "Devise me errant De l'armoiriere la maniere." "Comment les voes tu ? En baniere ?" Respont Ansiauls. "Tu les aras. Li camps est d'or, c'est uns biaus drap, Mais d'Arragon il se campie, Car il en descent de lignie, Si les puet et doit bien porter..." (FROISS., Past. M., c.1362-1394, 169).