A. -

"Armement ; ensemble d'armes, défensives ou offensives ; pièce de cet ensemble" : ...quant yceulx deux hommes furent batus et navrez, il ne tenoit en sa main ou avoit sur lui hache, coustel, baton ou armeure quelconques. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 407). Le XIIme est qu'il doit bien adviser de quelle façon ses gens a cheval et a piet sont ; et, selon leurs condicions et armeure, les places convenables leur soient baillees en battailles (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 243). Quant ung homme se voeult armer, il ne doibt prendre de la main de sa femme espee ne autre piece d'armeure ou baston, car a son besoing n'y trouveroit point de deffense. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 130).

-

En l'armure : Et quant il estoit bien armez, Bien montez et bien acesmés, La lance eu pong, l'escut au col, Il n'i avoit sage ne fol Qui ne deïst à grant murmure : "Cils roys fu nez en l'armeüre" ; Tant estoit gens, joins, lons et drois, Hardis, puissans en tous endrois (MACH., P. Alex., p.1369, 27).

-

[Souvent au plur.] : ...noble homme monsieur Bremon, seigneur du chastel de la Voute, chevalier, aianz grant affection d'aler ou saint voiage d'oultremer, en la compaignie de très-haut et excellent prince monseigneur Loys duc de Bourbonnois, (...) chamberier de France promist, acorda, et enconvenança audit monsieur le duc present a aler oudit saint voiage et estre a ses propres couz et despens par l'espace de un an a armures souffisanz du jour de son partir jusques au jour de son retour (...) avec cinq hommes d'armes garnis et appareilliez bien et souffisamment (Titres Bourbon H.-B., t.1, 1335, 361). Au matin c'est levé et on lui aporta Trestoutes les armeures quë il [la] commanda (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 115). Et se peuent garder des coups et peuent bien ferir et se peuent bien contenir as armeüres et user en prestement et appertement. (ORESME, E.A., c.1370, 213). Clermont est une puissant ville et fort peuplée, et les gens bien pourveus d'armures. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 211). ...ce qui n'a pas esté maindre miracle mais trop plus grant, que se ung simple homme feble et nus, sans armeures et sans ayde, seurmontoit et vaincoit ung grant pays (GERS., P. Paul, a.1394, 494). ...il se departirent (...). Et les convint aler tout le pas, car le plus de lors chevaus estoient cargiés de lors armeures et de pourveances. (FROISS., Chron. D., p.1400, 75). Et la se rafresqirent de tout ce que il lor besongnoit, de chevaus, de sellerie, d'armeures et de toutes aultres coses qui apertiennent a gens d'armes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 113). ...et fu consellié que ce jour, on entenderoit à ses armeures remetre a point qui estoient soulliés (FROISS., Chron. D., p.1400, 139). ...[entre deux campagnes, des gens d'armes] fissent remetre a point lors selles et lors harnois et lors armeures. (FROISS., Chron. D., p.1400, 602). ...Hasdrubal avec aucuns de ses gens vint pour les veoir, et apperceust qu'il y avoit escus vieulx et roulliez et chevaulx maigres, les armeures plainnes de pouldre, de sueur et de sang. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 44). Et si fut aussi ordonné et enjoinct à ung chacun de ladicte ville qu'ilz se armassent et eussent provision d'armeures chacun selon son estat, pour la garde de ladicte ville et pour estre tous prestz quant mestier en seroit (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 50). ...bien est il qu'il prenostica à ceulx de Paris et de Rouen de leur mutinerie et aussi à ceulx d'Orleans la pluspart de la grieve pugnicion qu'ilz eurent, tant en corps que en biens, et aussi comme les chenes de fer qui estoient aux rues furent ostées et portées au Louvre et à Vincennes et toutes les armeures de Paris, ce qui fut moult veriffié. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 145 v°).

-

P. métaph. : Quant je vous voy crier : "à l'arme", Pris sui par mout douce armeüre (MACH., L. dames, 1377, 120).

B. -

En partic. "Ensemble des armes de défense qui protègent les combattants ; armure" : Faites moy unes armeüres, Bonnes et belles et seüres, Qui seront pour cest enfançon. (MACH., P. Alex., p.1369, 7). ...[les Anglais étaient] ordonné et apparilliet tant d'abis, d'armeures et de monteures que grant plaisance estoit au veoir (FROISS., Chron. D., p.1400, 623). ...ne en son hostel n'y avoit armeures, ne ars, ne saiettes (BAYE, I, 1400-1410, 107). Les ennemis ne sont de fer immortelz ou indiviables ne que vous, ilz n'ont glaives ne armeures que vous n'ayez les pareilles (CHART., Q. inv., 1422, 19). Et se tu defendre tu veuls, Ie te bailheraie sens plus Bone armëur à toy defendre, Dont tes anemis poras vaincre. (Pèler. vie hum. C., c.1480-1500, 290). ...et s'en alla tout a pied sans armures quelzconques, seullement a tout ung arc et sa trousse, jusques sur le pont ou il fut armé et acoustré. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 307).

-

P. métaph. : Et se tu te veuz bien deffendre de ches trois anemis, c'est assavoir [du] diable, du monde e de la char, soiez garni de trois choses, c'est de foi, d'esperance et d'amour, et soies armés de trois armeures : de confession, de repentance, de satifacion. Ainssi tes anemis ne te pourront nuire ne grever. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 311). ...vestez vous de l'armeure de Dieu, a ce que vous puissiez resister et ester contre les agaiz de l'anemi (Mir. st Val., c.1367, 123).

Rem. Sur les différents types d'armures (armure de mailles, armure de plates, armure pleine), cf. GAY I, 60a-65b ; M. Beaulieu, J. Baylé, Le Cost. en Bourg. de Ph. le Hardi à Ch. le Téméraire, 1956, 146-154 et Ph. Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moy. Âge, 1972, 16.

C. -

P. méton.

1.

"Homme d'armes" (cf. FEW XXV, 268a) : ...et obstant ce que pou d'armeures des ennemys appareissoient, ilz coururent despourveuement a la proye (MAMEROT, Romuleon, Gloss. D., 1466, 21). Il n'est armeure ne haubergé, N'oncques homs si hault ne parla, Qui en fin n'ait passé par la, Et tous y passerons aprés. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 492).

-

[Souvent dans un dénombrement] Armure de fer : ...messires Guillaumes Douglas (...) se tenoit sus le pays, ens ès bois, à tout cinq cens armeures de fier, tous bien montés (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 156). Messire Richard Burlé, messire Thomas de Persy (...) et bien eulx IIc. armeurez de fiers, chevaliers et escuiers qui avanchier se voloient (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Et assy, delle bonne vilhe de Huy, soy partirent bin XXX armures de fier (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 35). ...et avoiient bien IIIc et L armures de fier, vailhans chevaliers et escuwirs, et warnis de bon conselh, et, avoek eaz, planteit de pitons do rivage de Mouze et de leurs sorseans. (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 42).

2.

Armure legere. "Troupe portant un armement léger, infanterie légère" : Emprés tu trouveras trop de fois cesti mot armeure legiere, si comme on diroit que Scipion et Hanibal tremistrent avant eus leurs armeures legieres ; et ce n'est autre chose mes que leur chevaliers qui estoient legierement armés et que, combien que il fussent mains estables ou champ, pooient il courir et saillir, envaïr et fouir plus que les autres quant le cas s'i donnoit. (BERS., Gloss. D., c.1355, 137).