C.N.R.S.
 
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     ATTIRER1          ATTIRER2     
FEW XVII *têri
ATTIRER, verbe
[T-L : atirier ; GD : atirer ; DÉCT : atirier ; FEW XVII, 326b : *têri]

A. -

"Préparer, apprêter, parer"

 

1.

Attirer qqc. "Préparer qqc." : Je m'en revois au bourrel dire Qu'il appareille et qu'il atire Ce qui li fault. (Mir. enf. ress., 1353, 50). Aghamar feri de randon Le damoisiel Melyador, Sus sa targe au biel soleil d'or ; Mais de noient ne l'empira, Car li mestres qui l'atira Le fist si bonne et si certainne Qu'encontre ce cop fu estainne. (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 114). Vrayement je ne dois pas seulement souspirer, Ains dois toute ma char, avoec Job, deschirer, En la playe du costé bien mon nit atirer Et la mon esperit en doleur expirer. (Livre Rossignol. N., c.1400-1420, 71). [Ex. douteux : une variante donne mon vis.]

 

2.

S'attirer

 

-

S'attirer à qqc. "Se préparer, se disposer à qqc." : ABACUT. Sus donc, la pierre soit ostee ! Messeigneurs, chascun s'i atire ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 200). Sus donc, la pierre soit ostee ! Messeigneurs, chascun s'i atire ! (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 503).

 

.

Empl. abs. : Incontinent s'est atiriés ; Sa gent laissa a gouverner A ceulx que il deust plus aymer Jusquez que il puist revenir. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 127).

 

-

S'attirer à/de + inf. "Se préparer à" : Deduit d'Oyseaux, qui la estoit Et qui devant le roy s'estoit, Quant a Deduit de Chiens ot dire Que de plaidier a lui s'atire, Au roy a dit moult saigement... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 277). Aprés a vous dire m'atiers Que, pour la deffaute du tiers, Perdirent encontre Guillaume Ceulx d'Eingleterre le royaume. (LE PETIT, Champ d'or L., c.1388-1392, 84). Je suis celluy qui ja n'ara Dedens le cueur fors que toute yre, Jusques a tant qu'il avendra Que vostre voullenté s'atire A estre de mon mal le mire. (LANNOY, WERCHIN, Ball. P., 1404, 334). La roix a cy assez esté : Il est temps de nous attirer A l'assembler et la tirer Pour veoir comment la chose va. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 422). ...Et que chascun de nous s'atiere A cheminer legierement, Afin que puisson brevement Parvenir la ou nous alons. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 58).

 

.

S'attirer + inf. : Or cha temps est que je m'attiere Vers le temple prendre chemin. (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 264).

B. -

"Arranger, organiser, disposer"

 

1.

Attirer qqc. "Organiser qqc." : Je vif en deduiz et en festes, Quar de touz les grans biens habonde Que l'en peut trouver en cest monde ; Si faiz maintenant attirer Quanque mon cuer sceit desirer, Quar j'ay de mesgnie a plenté Qui me servent a volenté. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 73).

 

-

"Faire subir un traitement à qqc." : Mais el prist la teste et le corps Et emporta en sa contree. La teste a si bien attiree Qu'el pourra durer longuement ; Le corps moult honnourablement Fist entumbeler, sans la teste. (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 90).

 

-

Au fig. Attirer ses raisons. "Disposer, mettre en ordre ses arguments" : ...Por ce se mes raisons si noblement n'atire Que li aucun de vous, en qui sens je me mire, Il ne doit pas son bien perdre por mon mesdire. (BRIS., Restor paon D., a.1338, 125).

 

-

Attirer qqc. à + inf. "Disposer qqc. à" : Vous oiez bien la grant ire Qui atire Mon cueur a plourer souvent. (GARENC., Poésies N., c.1403, 9).

 

2.

S'attirer. "S'arranger, prendre des dispositions" : Encontre Godefroy ne m'atirai-ge mie (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 273).

 

-

"S'arranger, trouver une issue" : Si convient qu'autrement m'atire, Se morir ne vueil a martire. (Mir. emper. Romme, 1369, 256).

 

-

S'attirer que + sub. "Se disposer à" : Puet estre que de mains beaux Jouvenceaux Est priée tire a tire, Par quoy ses pensers roiaulx Communaulx Seront tousjours a desdire Vos vouloirs, s'elle s'atire Que desire Plus leurs jeux et leurs reveaulx Que les vos : lorz serez sire De l'empire ["aggravation d'un état de choses"] ! Est ce jeu, compains, loyaux ? (Cent ball. R., c.1388-1396, 142).

 

3.

Attiré

 

a)

"Paré"

 

-

Noblement attiré. "Noblement paré" : En dormant la vierge pucelle Vy tresnoblement atirée, Mais moult estoit vers lui yrée (Mir. chan., c.1361, 178).

 

b)

"Équipé" : Or n'est nulz homs (...) Qui les deux conte vëist tous atiriés Que l'un de l'autre fust par lui entierciés, Car moult s'entresembloient. (Ami Amile A., c.1400-1500, 273).

 

c)

"Arrangé" : Mais li mondes est empirez Puis ce temps, et si atirez Qu[e] il n'est un seul qui bien face (Jour Jug. R., c.1380-1400, 216).

 

-

Bien attiré. "Qui a belle prestance" : J'ai mon corps et mon vis veü En l'ieau ou je me sui mirés : Je sui biaus et bien atirés, Moult me pleut, quant je me miroie, La grandeur du corps que j'avoie. (MACH., Voir, 1364, 638).

 

-

Mal attiré. "Mal arrangé" : Mauvestuz est et descirez Et honniz et mal atirez De charbon, de boe et d'ordure. (Mir. parr., 1356, 48).

 

4.

Empl. subst. "Arrangement, disposition (?)" : Mon cueur plus ne volera, Il est enchaperonné : Nonchaloir l'a ordonné, Qui ja pieça le m'osta. Confort depuis ne lui a Cure n'atirer donné. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 253).

REM. La différence avec attirer1 est parfois ténue. De toute évidence, les deux verbes se sont mutuellement influencés et le partage des exemples ne s'impose pas à l'évidence. Cependant, la différence vraisemblable d'étymologie a fait préférer une présentation sous deux entrées distinctes.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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