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CARESMEL, subst. masc. |
[T-L : caresmel ; GD : caresmel2 ; FEW II-2, 1389b : quadragesima] |
A. - | Région. (Picardie) "Carnaval, les trois jours qui précèdent le carême, particulièrement mardi gras" : Sé croire me voliés, enchois le quarêmel, Je vous aprenderoie jouer de mon fuisel. ([Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 82]). Mieux me vault ceste lettre que le cité de Miaux, Car certes se j'avoie d'or fin plain .IJ. saquiaux Je n'en aroie denier dedens les karesmeaux ([Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 862]). "Oyez confet hardiel ! S'il demeure ceens jusquez au quaremiel, Il me vora honnir, foy que doy Dieu le bel, Et me despendera tout men meuble catel." ([Hugues Capet L., c.1358, 82]). Environ le quaremiel se fist uns secrés tretiés entre ces François et ces Englès ([FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 225]). L'escaufë en avrés ainchois le caresmel. ([Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 123]). L'an devantdit (...) à quermeal, qui estoit le VIe jour de fevrier, furent à Bruxelle des grandes jostes. ([STAVELOT, Chron. B., a.1447, 243]). |
| - | Les caresmeaux/jour des caresmeaux. "Mardi gras" : ...pour estre à ung tournoiement qui là devoit estre fait le jour des quaresmiaulx. ([MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 306]). ...le jour des Quaresmaux de cest an mil CCCC quarante huit ([ESCOUCHY, Chron. B., t.1, 1449, 148]). En cellui temps estoit pres de caresmeaulx ([LA SALE, J.S. E., 1456, 365]). Avint qu'envers les quaresmeaux devint griefvement malade ([CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 457]). |
| . | Tenir ses caresmeaux. "Fêter mardi gras" : Et tint le duc ses karesmeaux, en sa ville de Brucelles, où joustes furent faictes ([LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 52]). |
B. - | Au fig. "Regret, repentir" : A terre kaÿ jus aussi plas c'uns pourceaux. "Païen, ce dist Regnaut, vela voz karesmeaux !..." ([Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 617]). |
| - | Prendre ses caresmaux de qqc. "Entrer à propos de qqc. dans une période de regret, de repentir" : ...je voue a Dieu qu'il en a prins ses quaresmeaux, car je tendray sur luy ; et fust il plus grand maistre cent foiz, si je l'y puis rencontrer je luy osteray la vie du corps [L'homme vient d'apprendre qu'il a un rival heureux] ([C.N.N., c.1456-1467, 234]). CONSEIL. Il y a mains jours qu'il y est, Il vous a faict asséz des maulx. LE GRANT. Or en prandra ses quaremeaulx ([Moralité cincq pers. B., 1484, 75]). |
REM. Cf. S. Glotz, Mél. A. Doppagne, 1987, 380-395, pour l'histoire du mot ; pour son extension région., cf. G. Roques, Aspects région. du vocab. d'a. fr. (Thèse), 1980, 71 et T. Matsumura, R. Ling. rom. 56, 1992, 644. |
DMF 2020 - Synthèse |
Robert Martin / Pierre Cromer |
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