C.N.R.S.
 
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     CHALOIR1          CHALOIR2     
FEW II-1 calere
CHALOIR, verbe
[T-L : chaloir ; GDC : chaloir ; AND : chaler1 ; DÉCT : chaloir ; FEW II-1, 82b : calere ; TLF : V, 469b : chaloir]

I. -

Empl. impers.

A. -

"Avoir de l'importance, importer, être de conséquence" : L'OSTESSE. (...) Dont estes née ? L'EMPERERIS. Ne peut chaloir. Ma destinée M'est trop dolereuse et pesant (...) Ce sachiez, dame. (Mir. emper. Romme, 1369, 291). Ce monde n'est que ung passaige et ne peult challoir mais qu'on vive honnestement et que on ne face riens contre sa conscience. (BUEIL, II, 1461-1466, 118).

 

-

Il ne chaut./Il n'en chaut. "C'est sans conséquence (fâcheuse)" : Il le trouvèrent merveilleusement fort, et disent que sans lonc siège il n'estoit miez à prendre, et à leur retour il contèrent tout ce au duc d'Ango : "Ne puet chaloir, dist li dus ; j'ai dit et juret que jamais de chi ne partiray si arai le castel à ma volenté." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 24). Mettre ens ne la vouloit le roy [une image que les "traitres" veulent mettre dans le temple], Mais les traitres plains de desroy Distrent qu'il n'en pouoit chaloir Et qu'il ne s'en devoit douloir ; Tout malgré son cüer l'ottroye. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 157).

B. -

"Importer à qqn"

 

1.

[Rare en tournure positive ou interrogative] : C'est raisons que de li me caille. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 56). Et il perçoit Que le semblant d'elle ne le deçoit Mais qu'en bon gré son service reçoit, Et qu'elle veult le faire tel qu'il soit Si bon qu'il vaille D'avoir honneur en quelque lieu qu'il aille, Soit en armes, en presse ou en bataille, Et que tousjours d'avoir renon lui chaille Sans nul meffait, Il prent courage et s'efforce de fait (CHART., D. Fort., 1412-1413, 174). ...toute raison estoit de luy a cest cop arriere mise ; seullement luy challoit d'accomplir sa fole volunté (C.N.N., c.1456-1467, 456). Que deable vous en doit chaloir ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 23).

 

2.

[Gén. en tournure nég.]

 

a)

Il ne chaut à qqn de qqn/de qqc. "Il importe peu à qqn de qqn ou de qqc., ne pas se préoccuper de qqn ou de qqc., s'en désintéresser" : Puis que la royne prist mort, Ne m'a chalu de mon deport, Ne de nul esbat, ce sachiez (Mir. st J. Paulu, c.1372, 98). Je voy mon filz si contenir Que de riens nulle ne li chault (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 4). Mere, il ne te doit chaloir de la desloyauté de nostre pere, s'il l'a [l. la] t'a faicte, car il en a son paiement, car jamais n'ystra de la montaigne de Brumbloremllio, ou nous l'avons encloz (ARRAS, c.1392-1393, 12). Et a la departir de la feste, demanda le conte Aymery de Poictiers a cellui de Forez qu'il laissast Remondin, son nepveu, et qu'il ne lui chaulsist jamais de lui, car il le pourverroit bien. (ARRAS, c.1392-1393, 16). Si leur chaut peu de povre gent (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 127). Tout y aloit Et rien pour rien ne me faloit, Car j'amoie qui tant valoit Qu'a mon cuer d'autre ne chaloit. Tant habondoient Mes plaisirs, qui d'un seul sourdoient Et en un mesmes redondoient, Que tous les ennuis confondoient (CHART., L. Dames, 1416, 243). Puis en bataille [les hommes] S'en sont fuÿs comme peautraille, Monstrans que d'onneur ne leur chaille Et qu'en eulx loyauté deffaille. (CHART., L. Dames, 1416, 297). Nulli ne prent melencolie De chose dont il ne lui chault. Se j'ay du mal, c'est ma folie ; Ce ne lui fait ne froit ne chault. Mais au fort, qui plus bee hault, Il a plus fort a besoingnier (CHART., D. Rev., a.1424, 314). ...quant il venoit a celle qu'il amoit, il ne luy challoit plus de elle. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 29). ...quelque maniere que vous facez, il ne vous chault gueres de moy. (C.N.N., c.1456-1467, 71). ...si elle ne doubtast mettre male paix entre monseigneur et madame, il ne luy chauldroit guere de la desloyaulté de monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 116). ...elle abandonna tost l'amour qu'elle luy devoit, et ne luy challut du prouffit ne du dommage. (C.N.N., c.1456-1467, 289). Car elle [mon amour] en a [de targes et d'écus], sans moy, assés. Mais de cela il ne m'en chault, Mes plus grans dueilz en sont passés, Plus n'en ay le croppïon chault. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 81). Or sont ilz mors [les gens de bien], Dieu ait leurs ames ! Quant est des corps, ilz sont pourriz, Aient esté seigneurs ou dames, Souëf et tendrement nourriz De cresme, froumentee ou riz, Et les oz declinent en pouldre, Ausquelz ne chault d'esbat ne riz. Plaise au doulx Jhesus les assouldre ! (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 134). Le duc de Bourgongne eut premier nouvelles qu'il estoit mort. De cela ne luy challoit guères, car il aymoit myeulx ceste ligne de Lanclastre que celle d'Yort. (COMM., I, 1489-1491, 206). Les grans seigneurs sont regis par flateurs, Rien n'ayment tant qu'a ouyr bien mentir, A justice ne chault des malfaicteurs, Tout se vuide, mais qu'on saiche mentir. (Cene dieux, c.1492, 110). L'on dit qu'il escripvit les puissances du Soleil et quant Alexandre le vint veoir à Thebes, pour toute demeure le trouva en ung tonel et ne tint pas Diogenes grant compte de lui, pour ce qu'il ne lui chaloit des pompes du monde. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 56 r°).

 

-

Il ne lui en chaut. "Cela ne lui importe pas, il ne s'en soucie pas" : Ne m'en chaut combien je me paine, Ma douleur ne prise une quille (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 66). Cy nous dit la vraye histoire que bien X. ans depuis la mort de son pere, gouverna Gieffroy sa terre que oncques en ces X. ans ne lui en rendit on compte, ne ne lui en challoit. (ARRAS, c.1392-1393, 295). Ainsy se ung dampné yssoit d'enfer, par aventure que tu diroyes que aussy bien en pourroyes tu yssir, quant tu y seroyes, et ne t'en chauroit. (GERS., Déf., 1400, 242). ...mais il en y a ausquelz il n'en [d'avoir bonne renommée] chault, et de fait sont vicieulx trop publiquement (JUV. URS., Nescio, 1445, 517). Madame, qui de celle tres desiree nouvelle fut si joieusement reconfortee que son cuer ne savoit ou il estoit, et faingnist aucunement que point ne l'en chailloit. (LA SALE, J.S., 1456, 158). Mes sur vous et sur voz enfans Son sang soit et sa mort, combien Qu'il ne vous en chault, meschans gens ! (Pass. Auv., 1477, 171). Ledict duc de Bourgongne avoit bien adverty le roy Edouard du port où ledict conte devoit descendre, et tenoit gens exprès avecques luy pour le solliciter de son prouffit ; mais il ne luy en challoit (COMM., I, 1489-1491, 200).

 

.

Ne me chaut/ne m'en chaut. "Cela ne me préoccupe pas, cela m'importe peu, je m'en moque" : "Monsigneur, li François chevaucent" (...) "Ne m'en chaut, respondi messires Jehans Chandos, je n'ai meshui nulle volenté de chevaucier." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 199). "Ne me chaut, respondoit elle, il fault temporiser, il fault vivre, il fault son estat garder..." (GERS., Noël, p.1404, 305). Je sçay bien qu'on me diffame Et infame, Mes certes il ne m'en chault. (Pass. Auv., 1477, 135).

 

-

Il ne lui en chaut que un peu. "Peu lui importe" : Lors vindrent les receveurs de toutes ses terres, et entrerent en une chambre. Et la fu Gieffroy et ceulx qu'il avoit commis et ordonnez pour les comptes ouïr, car a lui n'en chaloit que un pou. (ARRAS, c.1392-1393, 295).

 

-

Il ne lui en chault pas d'un blanc. "Il ne s'en inquiète absolument pas" : Je regnye Amours et despite Et deffie a feu et a sang. Mort par elles me precepicte, Et ne leur en chault pas d'un blanc. Ma vïelle ay mis soubz le banc, Amans ne suiveray ja maiz ; Se jadiz je fuz de leur renc, Je declaire que n'en suis maiz (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 69).

 

-

Ne vous chaille de qqc. "Que cela ne vous inquiète pas, ne vous préoccupe pas" : Se vous le trouvez dur et haustre en ses parolles et responses, ne vous en chaille, ne en riens ne vous eschauffez contre luy. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 232). Et icy, oultre la louange et deffense saint Pol, nous avons enseignement de nous contregarder de cheoir en perilz ou tribulacions sans neccessités ou proffit, a nous ou a autrui, tant soyons apprestez de morir et que ne nous chaille de ce monde. (GERS., P. Paul, a.1394, 500). Fermés vous cueur en Jhesus Crist. Ne vous chaillie de ceste vie Qui est tant de corte duree. Se n'est qu'ung petit de fumee, Qui passe comme la rousee, Devant la challeur du souleil. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 110). - (...) pourroit monseigneur demander pour moy, et l'on ne me saroit ou trouver. - Ne vous chaille de cela (C.N.N., c.1456-1467, 269). "...Et, pour l'honneur de vous et de nous, il nous semble que devez vestir desormaiz parfoys quelque robbe honneste et laisser ceste jacquette decouppée et ce petit mantelet, qui est bien fraiz pour ce temps yci." - "Ha-a ! dist le Jouvencel, ne vous chaille de cela ; l'abit ne fait pas le moyne..." (BUEIL, I, 1461-1466, 101). Samuel, balhe moy le bon pere Et ne te chalhe de riens plus, Car en moy du tout ay conclus De l'enbrasser entre mes bratz. (Pass. Auv., 1477, 105).

 

b)

Il ne chaut à qqn (de) + inf. "Il importe peu à qqn de..." : ...[l'evesque] lui donna, en la saison de karesme, en un jour de mercredi, tonsure de clerc, et, en ce faisant, lui donna une buffe, sanz autre chose lui faire ou dire ; et de ce ot lettre, ne scet où elle est ne que elle est devenue, par ce que depuis il ne lui chalu d'avoir ou recouvrer ycelle. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 94). De leur debat me despointay ; Autre juge leur acointay Et diz en hault : "D'ouÿr mon advis ne vous chault, Car mon savoir trop petit vault ; Maiz tel juge com il vous fault Je vous querray, Et si au vray en enquerray Que vostre grace y acquerray Et d'en jugier le requerray..." (CHART., L. Dames, 1416, 299). ...ne sçay et aussi ne me chault de savoir comment il sceut tant abreger ses besoignes (C.N.N., c.1456-1467, 435). ...mais leur passion ne les tenoit pas là, car il ne leur challoit de prime face de veoir leur seigneur affoibly d'une telle ville ne leur sens ne congnoissance ne alloit pas assez avant pour congnoistre le prejudice qui leur en povoit advenir à traict de temps. (COMM., II, 1489-1491, 200). Presupposons si Adam lors meffit Et aultre corps faire ne luy chailloit (LA VIGNE, S.M., 1496, 337).

 

-

Ne vous chaille de + inf. "Ne vous préoccupez pas de, ne vous souciez pas de" : LE MARI. Pour Dieu, doulce suer, ne vous chaille De venir y, car c'est trop loing (Mir. enf. ress., 1353, 77).

 

c)

Il ne chaut à qqn que...

 

-

Il ne chaut à qqn que + subj. : - (...) si vous ne vous avancez, ce que trop je doubte en adviendra. - Il ne me chault, moy, qu'en advienne (C.N.N., c.1456-1467, 123). ...nostre homme, a qui ne chaloit qu'il feist, fust maryé (C.N.N., c.1456-1467, 132). Depuis le retour du roy du dessusdit voiage, comme dit est, le roy se tint à Lyon grant temps, à faire tournais et joustes, desirant ne perdre point ces places dont ay parlé ; et ne luy challoit qu'il luy coustast, mais nulle payne ne vouloit prendre pour entendre à son affaire. (COMM., III, 1495-1498, 272).

 

d)

Il ne chaut à qqn + interr. indir. : Et ceulz qui ont receü le bien, il ne leur chaut se ilz ne rendent graces ou retribucion. (ORESME, E.A., c.1370, 473). Et cilz prennent congié et s'en partent tous joyans, car ilz avoient sur grant envie sur Hervy vostre pere, pour ce que le roy l'amoit et creoit et faisoit et usoit de pluseurs choses de son conseil, qu'il ne leur chaloit a qui la perte deust tourner, mais qu'ilz le peussent destruire. (ARRAS, c.1392-1393, 50). Toute nuit veille en fantosme et en songe, Tant soit el grande ; Et ne respond a rien qu'on lui demande, Ne il ne lui chault qui prie ou qui commande. Ne il n'a saveur en vin në en vïande : Mengut sans fain ; S'il quiert le boire, il va prendre le pain. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 183). ...mais on a veu que les officiers lais vendoient leurs lieux et ne chaloit quelles personnes on nommoit. (JUV. URS., Nescio, 1445, 491). ...a sa maniere de faire elle a bien monstré qu'il ne luy challoit se nous deshonnorions l'un l'autre (C.N.N., c.1456-1467, 239).

 

-

Ne chaut comment. "Peu importe comment" : Si tu es filz de Dieu, par grace, Ou naturel - ne chault coment -, A ton pere lieve ta face ! Donne nous a tous saulvement. (Pass. Auv., 1477, 218).

 

-

Ne m'en chaut qui. "Peu m'importe qui" : Ne m'en chault qui, mais que je vive ! (Fr. arch. B., c.1468-1480, 39).

 

e)

Empl. abs. Il ne chaut à qqn. "Cela importe peu à qqn" : "Le lieu n'est grain honeste ; il y fait trop puant. - Il ne me chault, dit il..." (C.N.N., c.1456-1467, 510).

 

-

Ne vous (en) chaut/chaille. "Ne vous inquiétez pas, ne soyez pas préoccupé" : Par ma foy, monseigneur, dist le cappitaine, ce sera moult fort a faire, car Sarrasins sont plus de cent mille. Ne vous chault, dist Uriiens, nous avons bon droit en tout, ils nous sont venus courir sus sans cause ; et, posé que nous leur feussions alé courir sus en leur pays, si le devons nous faire, car ilz sont ennemis de Dieu. (ARRAS, c.1392-1393, 99). "Ne vous chault," dist Madame, "tirez vous toutes arriere, car je le veul savoir." (LA SALE, J.S., 1456, 58). "Mais la chose ne se pourroit, dit il, conduire, pour vostre frere et aultres voz amys. - Ne vous chaille, dit elle..." (C.N.N., c.1456-1467, 359). PATHELIN. Je n'en doy rien : Il est payé, ne vous en chaille. (Path. D., c.1456-1469, 82). Parle hardiement, ne te chaille. (Path. D., c.1456-1469, 188). Item, donne a Michault Cul d'Ou Et a sire Charlot Tarrenne Cent solz - s'ilz demandent : "Prins ou ?" Ne leur chaille, ilz vendront de manne - Et une houlse de basenne, Autant empeigne que semelle, Pourveu qu'ilz me salueront Jehanne, Et autant une autre comme elle. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 108). LE CRESTIEN. Je mettray En ung creux baston tout son or. LA FEMME. Voulez vous perdre ce tresor ? Croyez moi, vous n'en ferés rien. LE CRESTIEN. Ne te chaille, je jourray bien : En ce creux baston le mettray Et tres proprement l'enclorray. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 125).

 

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"Ne vous en déplaise" : L'ERMITE. Ne vous chaille. Escoutez ung peu le mien train. (Sots gard., a.1488, 102). MALOSTRU. Ne vous en chaille, g'y asserray La pourtraicture droictement. (Copp. lard., a.1488, 176). PLAISANT FOLLIE. La dame seroit bien heurée Qui auroit ung si bel amy ! JAUNE BEC. Chacun ne fine point de my A sa voullenté, ne vous chaille. Mais non obstant, vaille que vaille, Si m'arez vous si vous voulez. (Pipée R., c.1470-1480, 193).

II. -

Empl. trans.

A. -

Chaloir de qqn/de qqc. "Porter de l'intérêt à qqn ou à qqc., se préoccuper de qqn ou de qqc." : O chiere dame, que cuides tu quel peine c'est a femme de ma faculte abstrate assez et pou chalant des aluchemens de convoitise convenir contre ma naturel condiction non moult curable ne ardent sur les desirs de pecune, mais par neccessite contrainte de grans charges poursuivre a grant trayn ces gens de finance, pourmenee de iour en iour de leurs belles paroles (CHR. PIZ., Avision T., 1405, 168). Et les sentences et escriz Des philosophes de hault prix, Pour les corps humains préserver En temps de boce et énerver Le très faulx mal d'épidémie, Qui à cent mile oste leur vie, Qui à tous temps pourroit valoir, à qui vouldra de ce chaloir, Espécialment en ces jours Esquelz la boce a si grant cours (LA HAYE, P. peste, 1426, 18).

B. -

Non chaloir qqn/qqc./Nonchaloir qqn/qqc. "Négliger qqn ou qqc., tenir peu de compte de qqn ou de qqc., se désintéresser de qqn ou de qqc." : L'amour de moy riens n'y valu Et son honneur fut nonchalu. (CHART., L. Dames, 1416, 288). Et saches qu'il [Dieu] ne compassa mye cest artificieux monde en son eternelle pensee, et ne le forma pas ainsi ordonnement en nombre, poys et mesure, par si juste proportion que il n'y ait que redire, en establissant soubz lui lez terriennes puissances, pour le non challoir et laissier a l'aventure sans gouvernail ne patron. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 34). Maiz sachent que Dieu n'aide point par effect a ceulx qui se nuysent par leur deffaulte. Car il est le souverain ouvrier, maiz l'omme est comparateur de son oeuvre. Et se tu te laisses couller en non challance, il te laissera non chalu. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 102). Et qui vouldroit parler des enfans procreez et nourris, je faitz juge toute bonne crestienté que l'estat de mariage indivis et uny entre deux persones est duysible et consonant a vraye amour, loyalle engendrure, utile a songneuse nourriture, et necessaire a bonne doctrine dez enfans. Et tu que jugeras de la multiplication dez femmez sarrazines avec ung seul mary, et de la diversité discordable dez enfans, si non amour espartie, lignee doubteuse, nourreture non chalue, et enseignement de sedition entre les filz d'un mesme pere ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 130). Au surplus il vous est advenu comme a gens mauldis, qui, si maleureux comme vous estez, ne povez ensemble vivre ne durer, et destruisés vous mesmez et aneantissés voz oeuvres par voz debas et envies plus que par lez glaives de voz adversaires. Vous estudiez de rebouter l'un l'autre, et non chalez le reboutement de voz ennemis. Vous avez grant malice et aspre entreprinse contre voz prouchains, et estes negligens et simplez vers voz persecuteurs. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 82). ...et aucunes foiz par la honte du monde donnant ou reffusant paix ou convenable partie, dont mainteffois ont puis porté des vieulz pechiez nouvelle penitance en non challant le jugement de Dieu. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 223). Alors commanda que on lui coppast la teste, pour qu'il disoit que tous les metaulx, par especial l'or et l'argent, seroient avillez et non challuz. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 71 v°).

 

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Nonchaloir de + inf. "Négliger de" : Or ne met pas en nonchaloir, Quant tu besoingnier me verras, De regarder con tu feras Soit d'une plaie descouvrir, Soit de la laver et ouvrir... (Mir. st Panth., 1364, 313).

 

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Empl. abs. : Et ce est contre ceulz qui veullent que paciemment, attrempement et froidement [o]n oÿe les injures de Dieu, comme en nonchaillant ; et leurs injures, voire celles de l[eu]rs vallez, ilz veullent vengier tres aigrement. (GERS., Concept., 1401, 424). Ilz ne furent par formez tieulx Pour desdaingner et nonchaloir, Mais pour croistre de bien en mieulx Ceulx qui ont desir de valoir. (CHART., E. Dames, 1425, 365). Car lez bontés et lez vertus ne sont jamaiz discordans ne derrogans ensemble, ainçoys consonent et acordent bien avecquez bien, et verité avecquez verité. Mais entre les vices a contrarieté et debat, et mettent en trouble et en discention sur soy mesmez la pensee ou ilz habitent. Paresse veult dormir et non chaloir, et Avarice quiert travail et chagrin. Ire esmeult riotes et noises et cris, et Luxure conseille blandir, flater et decepvoir. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 88).

V. aussi nonchaloir
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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