C.N.R.S.
 
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     CHOIR     
FEW II-1 cadere
CHOIR, verbe
[T-L : chëoir ; GD : chair/cheoir ; GDC : cheoir ; AND : chair ; DÉCT : chëoir ; FEW II-1, 24a : cadere ; TLF : V, 740a : choir]

I. -

[Idée dominante de chute, de mouvement vers le sol]

A. -

Au propre

 

1.

[D'une chose]

 

a)

"Être entraîné vers le sol, tomber"

 

-

Choir aval : Aval cheent lez goutes cleres. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 137).

 

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Choir souvin : ...le sanc en court a grant ris, et chait sovins. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 108).

 

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Choir de qq. part : Et quant je senti la froidure Qui chut de dessus la verdure, Elle me fist tout tressaillir, Si qu'a moy me fist revenir Et mist hors dou transissement Ou j'avoie esté longuement. (MACH., D. verg., a.1340, 53). C'estoit chose trop mervilleuse, Trop doubtable et trop perilleuse ! Car les pierres dou ciel chëoient Pour tuer quanqu'elles ataingnoient, Les hommes, les bestes, les fames ; Et en pluseurs lieus a grans flames Cheï li tempès et la foudre Qui mainte ville mist en poudre (MACH., J. R. Nav., 1349, 147).

 

-

Choir qq. part : Car l'iaue qui chiet desseure La racine qui demeure Fait renverdir et florir Et porter fruit... (MACH., L. plour, 1349, 284). Et n'est pas à entendre ceste coustume si largement que ceulx qui tuent par aucun accident qui leur survient, ou par choiste dessus un arbre ou dessus maison, ou que aucune chose chée sur lui oultre sa voulenté et il en muert, il n'est pas homicidez de lui, car la cause de sa mort n'est pas venue par son pourchas ne par sa voulenté. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 88). ...il mist icelle toile en la queue de ladite charrete ; et en passant par-dessus le pont d' Enthoigny, icelle toile chey en la riviere soubz ledit pont, laquele il recueilly, et icelle apporta toute moillée à Paris (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 77). ...il fist lever de là où il estoit assis [ledit Jehannin] et, en ce faisant, cheirent icelles deux tasses d'argent entre les piez dudit prisonnier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 498). ...le traict du roy Amydas vint cheoir sur la bataille du duc d'Ath. (BUEIL, II, 1461-1466, 202).

 

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Choir à terre : ...elle trouva choit à terre, entre les piez d'iceli prisonnier, un blanc de VIIJ d. par., lequel elle recueilly (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 7). Mais Remondin n'en ploya oncques l'eschine, et la lance Olivier lui froya jusques que il fu poins ; et de la force du coup la lance Remondin chey a terre. (ARRAS, c.1392-1393, 62). Le corbeau par sa cornardie, Oyant son chant ainsi vanter, Si ouvrist le bec pour chanter Et son fromaige chet a terre. (Path. D., c.1456-1469, 88). ...la hache jusques à terre chust. (BUEIL, II, 1461-1466, 110).

 

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[D'un coup] : Et Gieffroy traist l'espee, et vint au jayant qui le cuidoit ferir de la mace d'acier sur la teste. Mais Gieffroy, qui fu fort et legier, tressault. Le jayant fault, et le coup chiet a terre par telle vertu que la teste de la mace entra plus d'un pié en terre. (ARRAS, c.1392-1393, 247).

 

Rem. Peut-être verbe choir ds l'ex. suiv. (plutôt que cacare, cf. note de l'éd.) : Je vous feray des coups chier ! (Sav. Calb. T., c.1475-1500, 163).

 

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[Dans un cont. métaph.] : Car quant lancier voloit un de ses dars, Si sagement Le savoit faire et si soutivement Que nuls savoir nel peüst bonnement, Fors cils seur qui il chëoit proprement. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 70).

 

-

[D'un phénomène météorologique ou astronomique] : Et en pluseurs lieus a grans flames Cheï li tempès et la foudre Qui mainte ville mist en poudre (MACH., J. R. Nav., 1349, 147). Plux blan que nulle nege qui chient en saison (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 206). ...la foudre du ciel par plusseurs liex cheÿ (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 167). Ils lançoient pierres, caillos, Mangonniaus, sajettes, garros Plus dru que la noif ne la gresle Ne chiet quant il nege ou il gresle. (MACH., P. Alex., p.1369, 153). Item, les impressions qui semblent estoilles qui cheent selonc droit mouvement ne sont pas estoilles du ciel, si comme il appert ou premier de Metheores. (ORESME, C.M., c.1377, 80). Lors [le duc Anthoine] escrie Lusegnen a haulte voix, et se boute entre les Sarrasins plus roidement que fouldre ne chiet du ciel. (ARRAS, c.1392-1393, 184). Et adont [Mélusine devenue serpente] print son chemin vers Lusegnen, menant si grant escroiz et si grant enfreinte qu'il sembloit, par tout ou elle passoit, que la foldre et la tempeste y deust cheoir. (ARRAS, c.1392-1393, 260). Et lors senty descendre sur lui, aussi dru que pluie chiet du ciel, coups et horions d'un costé et d'autre, et fu moult defroissiez de coupz orbes (ARRAS, c.1392-1393, 306). Que dirons nous du diluge ou tant seulement VIII personnes furent sauvees (...), de la subversion de Sodome par feu de souffre cheant du ciel (...), de l'engloutissement de Dathan et Abiron qui descendirent vifs en enfer ? (GERS., Purif., 1396-1397, 60). ...et selon ce aussy que la lumiere et l'influence d'elles [des étoiles du ciel] descend et chiet en divers lieux et qu'elle encontre aussy matieres de diverses manieres. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 41). Item signe est de pestillence Trouver foison, ou abondance, De cendre, ou de pouldre menue, Sur les abres chaeste et venue, Qui se peut faire en la manière Pour l'arsion de la matière Estante en l'air d'embas montée, Et par chaleur arse et bruslée. (LA HAYE, P. peste, 1426, 56). Et, le lundi ensuivant, XVIIIe jour dudit moys, advint à Paris, à dix heures de matin, que une comete y chey en resplendisseur de feu qui dura longuement, et estoit telle qu'il sembloit que toute ladicte ville feust en feu et en flambe. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 141). ...c'est assavoir une apparance de discours de plusieurs estoilles espesses, comme gresle cheans sur terre (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 v°).

 

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Part. prés. en empl. adj. ASTR. Estoile cheante. "Étoile filante"

 

Rem. cheant. EVR. CONTY, Probl. Aristote, 1380 (ms. du XVe s.), XXVI, 22, 216.

 

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Inf. subst. Au choir. "Dans sa chute" : ...et se ilz coupent un arbre tout sec qui rompe un autre au cheoir, soit vert ou sec, ledit arbre rompu sera de leur coustume et sans amende. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 331). ...au cheioir qu'elle fist [une pierre] tout trembla (LEFÈVRE (R.), Hist. Troyes A., c.1464, 155).

 

b)

En partic. "Tomber (quand ce qui retenait vient à céder)" : Quer tost de l'uis la fermeüre Chaï a terre o sa seüre. (Vie st Evroul S., c.1350, 158). [Les parroissiens, commun et habitans de Grisole ont droit de prendre] la terre, le caillou, la mousse, la marne, et la feulle du boiz quant elle est cheste, sans en poïer aucune amende. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 259). Et, ce mesme jour, environ entre IX et X heures de nuit, se bouta le feu en l'un des moulins aux Musniers, de Paris, qui appartenoit au prieur de Saint-Ladre, et fut tout le comble d'icellui bruslé par ung paillart varlet musnier, qui avoit ataché une chandelle contre le mur de son lit, qui cheÿ dedens icellui lit et y brusla tout, reservé ledit paillart, qui se saulva et enfouy comme ung renart. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 202). ...par deffault de sa bavyère qui luy estoit cheutte et avoit esté mal attachée dès le matin (COMM., I, 1489-1491, 30).

 

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Choir de : ...la fueille chiet dou cherme, Par nature, ou dou vent qui vente (MACH., J. R. Nav., 1349, 138). Quant Phebus oÿ la nouvelle Du corbel qui dist que la belle Qu'il aime de fin cuer entier Le laist pour un autre accointier, De son chief cheÿ sa couronne, Et sa harpe qui souef sonne De ses mains cheï a ses piés. (MACH., Voir, 1364, 700). ...Ma lettre li chaÿ des mains (MACH., Voir, 1364, 732). Item poyé a Perrin Hedoin, pour mettre ["remettre en place"] l'ardoise caeste du mostier eu gardin... (DU MAREST, Comptes L., 1412-1433, 41). ...terre et sablon quy y estoint chaistz du relieff de la maczonnerie en fesant la reparacion d'icelle tour (Comptes Lamballe C.-L., 1436, 328).

 

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Laisser choir qqc. : La hache lait queyr, plux ne la pot porter (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 601). Et laissa ceoir son espée (FROISS., Méliad. L., t.1, 1373-1388, 117). ...advint que une aigle ou autre oysel print à la rive de l'eaue une conche, comme une grosse wistre ou tortue, et, pour la casser, monta hault en l'air et vit la teste d'icelui Achilus, calve, depillée et luisant et, cuidant que ce fust quelque roche, la laissa cheoir et lui rompit la teste et ainsi mourut. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 40 v°).

 

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Laisser choir qqc. tout plat : Mahienot n'avoit plus de force, ne coeur de porter son escu, ains le laissa couler à terre et cheoir tout plat (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 47).

 

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Loc. fig. Laisser choir qqc. aux pieds. "Se désintéresser de qqc." : ...il ne laissera pas cheoir aux piez le grievement a ceulx d'Ostun (Faits Romains M., c.1400-1500, 212).

 

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Prov. : Quant la pomme est meure Force est qu'elle chaye. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 168). Qui riens ne porte, riens ne chiet ["Si on ne porte rien, rien ne tombe"] (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198). Riens ne lui chiet qui riens ne porte. (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 198).

 

c)

"S'effondrer, s'écrouler" : Qui vuet faire un ouvrage haut Seur fondement qui riens ne vaut, Sans grant damage. Car quant il est en plus grant saut D'ouvrer, li fondemens deffaut, Dont trebuchier et chëoir faut Tout le meinnage. (MACH., R. Fort., c.1341, 40). ...les tieules par l'air voloient Et les cheminees chëoient... (MACH., Voir, 1364, 608). Se aucun est en possession paisible et saisine d'avoir fourches en aucun lieu et, aprés ce, ses fourches cheent par feblesse, veillesse ou par vent, non obstant ce qu'il se souffroit par pluseurs années de refaire les fourches, par ce ne pert il mie sa saisine ne sa possession qu'il ne puisse refaire les fourches (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 154). ...pour avoir estayé le mur des estables d'entre la chambre du concierge et de l'uis de la vigne à l'ostel de Monseigneur à la Ville-l'Evesque, pour ce que les murs cheent ; pour avoir fait descouvrir ladite maison et oster la tuille, pour doubte que le mur ne cheust (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 81-82). ...et lui estant près du pont vit sur icellui une autre des maisons cheoir et fondre avec partie du pont (BAYE, I, 1400-1410, 214). ...comme ceulx qui habitent en une maison qui chiet (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 12). ...celles places sont vacquantes et les mesons qui y estoient chaytes et frostes et que l'en ne trouve a qui bailler... (Comptes Lamballe C.-L., 1429-1431, 37). ...tellement que leurs hostelz et manoirs, en la plus grant partie, par inhabitacion sont choiz et destruiz (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1449, 369). Va, beste, que disies que le temple [de Jérusalem] Charroit et te loues et venties Qu'en trois jours le rediffiaries. Or sa, donc, tu l'ediffiaras ? (Pass. Auv., 1477, 212). ...le temple et les ydolles cheent par terre et se font en bisme. (LA VIGNE, S.M., 1496, 447).

 

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[Contexte métaph.] : Lors que ceste dame regarda cellui seigneurieux edifice et maison royal pres que de cheoir... (CHART., Q. inv., 1422, 9). Or a Nostre Seigneur, tout à ung coup, fait cheoir si grant et sumptueux edifice, ceste puissante maison, qui a tant soustenu de gens de bien et nourriz, et tant esté honnorée (COMM., II, 1489-1491, 157).

 

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Empl. impers. : ...onques ne vi faire tel vent, Car les tieules par l'air voloient Et les cheminees chëoient Et se chaÿ pluiseurs maisons. (MACH., Voir, 1364, 608).

 

2.

[D'une pers., d'un animal]

 

a)

"Tomber (en trébuchant, sous l'effet d'un choc...)" : Par tel aïr ala le Sarrasin bouter Qu'il le fist du destrier keier et souviner (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 546). Car vraiement, tout en alant, Retournoient en reculant, Et en retournant relevoient Les bleciez qui cheüs estoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 154). ...et lui cheut, remonta lesdiz degrez, vint à elle qui parle, print icelle par le colet de la robe, le tira aval lesdiz degrez tant que elle qui parle et lui cheurent tout au plus bas desdiz degrez et, elle et ledit barbier ainsi cheutte, fu navrée par iceulz barbier (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 509). ...sy chais sur une pire ["je trébuchai sur une pierre"] (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 118). ...li coursiers tresbuça et cei et jetta le dit mesire Phelippe desous lui. (FROISS., Chron. D., p.1400, 749). LUCIFER en chëant et trebuchant a terre... (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 15). ...ainsi que la nourrisse auecques le petit enfant : (...) maintenant le tient par la main et laprent a aler et le soustient, et maintenant le laisse tout par soy, et sil aduient quil chee, elle acourt a le releuer. (CIB., p.1451, 189). Scïence tiens a soudain accident, Je gaigne tout et demeure perdent, Au point du jour diz "Dieu vous doint bon soir !", Gisant envers j'ay grant paeur de cheoir, J'ay bien de quoy et si n'en ay pas ung (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 46). ...ung pourceau se mist entre les jambes de son cheval, par quoy il cheut et se tua tout froit. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 116 r°).

 

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Choir jus / Choir à bas : Si ont les corps si tourmentez, A cheoir jus, et si coissiez Que... (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 129). SOTIE. On y [jourait] bien haultement Mais aussi qui cherroit a bas, On seroit ravalé bien bas, Car c'est une rigle de droit : Qui plus hault monte qui ne doit... (Vig. Trib., c.1480, 224).

 

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Choir à la renverse : Et le roy, qui tost senty la destrece de la mort, ne se pot plus tenir sur le destrier, mais chey a terre a la renverse tout mort. (ARRAS, c.1392-1393, 180). ...a peu qu'il ne cheut a la renverse, tant fut fort effrayé. (C.N.N., c.1456-1467, 35). ...et chut à la renverse tout estendu par terre, sans que oncques il remuast pied, ni jambe. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 362).

 

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Choir l'un sur l'autre : La ot grant encauch et maint honme reversé et bouté jus a terre, et ceoient a mons l'un sus l'autre, tant estoient il fort eshidé. (FROISS., Chron. D., p.1400, 690).

 

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Choir qq. part : Et j'y voy po, par saint Remy, Qui n'est mie trop bon pour my ; Einsois est uns tres grans peris Qu'estre en porriens tous .IJ. peris Et cheoir dedens une fosse, Si ne morriens pas de la bosse. (MACH., Compl., 1340-1377, 262). Et quant en sa desesperance S'ocist, si forment s'envay Qu'avec le cop en feu chay, Dont tantost fu arse et bruïe. (MACH., J. R. Nav., 1349, 210). ...il devindrent diables et chieerent de gloire u puis d'enfer. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 4). Mais se cheüs en un marés Fust Balthasar jusqu'au braier, Ne se peüst tant esmaier Com de la main qu'il a veü. (MACH., C. ami, 1357, 26). La veissiez fier touilleiz ; mais en la fin Sarrasins perdirent le pont, et en chey pluseurs en la riviere. (ARRAS, c.1392-1393, 102). ...et en cel estat par un enghien il fu jectés en la ville. Il cei sus un toit couvert d'estrain et de terre. (FROISS., Chron. D., p.1400, 615). Il me semble se je me remuoie que je charroie en mer, si fort plonge la nef. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 79). ...si chéent en l'eaue ceulx qui vers les bors sont. (BUEIL, II, 1461-1466, 59). ...tu chus en la trappe. (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 637).

 

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Choir à terre / par terre : ...d'une darde qu'il avoit et tenoit en sa main, jetta icelle après ledit Gieffroy, de laquele darde il le fery et attaigny entre deux espaules, et dudit cop chei icellui Gieffroy illec à terre tout mort. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 171). Le soudant estoit embrunchiez, et le heaume estoit court par derriere, l'espee trouva le col nu, excepté le gambison de la gorgerete, et trencha l'espee le ganbison tout oultre et les deux maistres vainnes et les tendans jusques au gorgeron. Le soudant chey par terre (ARRAS, c.1392-1393, 113). ...icellui Corbin leva sondit baston et en frappa un seul coup ledit du Vievre en la teste ; lequel coup d'aventure eschey en la temple, dont il cheut lors a terre environ heure de complie, et s'en ensuy mort (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 110). Et ce disant, a son espee il frappa Jupin, Ogier de Dannois fiert sur Margot, et les ont fait cheoir a terre et desrompre moult fierement (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 105). ...la y a une grosse pierre et muraille fondue, ou l'on disoit, Nostre Dame de Pasma, a l'endroit de laquelle la glorieuse Vierge Marie se pasma, et cheut a terre, pour la grant douleur et inestimable qu'elle eut (Pèler. D., 1486, 342).

 

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[Contexte métaph.] Choir en (la boue / une fosse...) : Tu scez que entre six manieres de racheter la plus parfaicte est preserver une personne tellement que point ne trabuche en la subjection de pechié quelconque, originel ou actuel, qui autrement, sans ta preservacion telle, y encherroit, comme on fait plus grant grace a ung homme le garder de cheoir en la boe que le relever depuis qu'il y est embatus. (GERS., Concept., 1401, 401). Item une playe faicte en tres petit et pou de temps fait une fissure perpetuel. Item par cheoir en une fossé par adventure fait demourer a perpetuité en icelle. (Somme abr., c.1477-1481, 177).

 

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[Contexte grivois] Choir du mal saint Loup. "Tomber à la renverse, s'abandonner facilement" : On ne doit point aussi laissier mengier aux jones filles a marier de teste de monton, de creste de coq, ne d'anguille, affin qu'elles ne chieent du mal sainct Loup par derriere. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84).

 

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[D'un oiseau]

 

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Choir au / sus / dessus le leurre./Choir aux lacs

 

Rem. HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 187 ; LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 354, v.7475 ; 357, v.7545 ; Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 44.

 

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Choir à terre. "Se poser à terre" : Garde qu'il n'acoustume, en revenant, choer à terre, mais l'acoustume revenir sur le poing. (TARDIF, Art faulconn. J., t.1, 1492, 62).

 

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"Se rabattre (sur l'eau)"( (Éd.)) : Une foiz en riviere estoie Delés un hostel que j'avoie. La passoit une riverete, Si vi la cheoir une ennete. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 218).

 

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Inf. subst. "Fait de tomber, chute" : [Contexte métaph.] ...et le cheoir fu par moy, et le relever fu par toy. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 62). ...par le cheoir d'icelui prestre et par un mur ou maisieres ou pierres sur quoy il chey, ou se hurta en cheant, eust esté blecié en son dit visaige à sang et playe (Doc. Poitou G., t.7, 1414, 264). Mais je faisoye ma lamentacion blasmant Fortune et escryant sur celle et sur les dures Destinées qui ont incliné la belle tant prisée à ce cheoir en ce pas perilleux tant preveu. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 157).

 

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Au choir. "Dans la chute, lors de la chute" : Mais il m'abati sus la voie Et me bleça au cheoir jus. (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 309). Le destrier s'encline, qui ne se povoit plus soustenir. Et le roy Braidimons s'approuche du roy Uriien, et cil, qui sentoit que son cheval aloit par terre, laisse l'espee aler et embrace le roy Braidimont par le faulx du corps et le tire a terre du cheval mal gré qu'il en ait. Et au cheir il guerpy les estriers, et tira le roy Braidimont soubz lui. (ARRAS, c.1392-1393, 138). Au derain se brisat la jambe au cheoir (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 152). Ou escherra Que d'uns carneaulx ou d'un hault mur cherra Et au chëoir du corps lui mescherra... (CHART., D. Fort., 1412-1413, 189). Et puis qu'ainsi m'est escheü D'estre a mercy entre voz mains, S'il m'est au chëoir mescheü, Qui plus tost meurt en languist moins. (CHART., B. Dame, 1424, 340). ...son parrastre avoit rompu la jambe au cheoir de son cheval (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 90).

 

b)

"Tomber de son haut, s'écrouler ; défaillir" : Mais je n'os corps, ne cuer, ne jame, Ne sanc, qui ne fremist en mi, Quant je la vi ; car si fremi, Que, se Dieus de li me doint joie, Grant paour de chëoir avoie. (MACH., R. Fort., c.1341, 124). ...il avoit geü durement [forme régionale, Görlich, 65] (Vie st Evroul S., c.1350, 158). Mais ly diestrier do saingnor de Hermalles fut ochis ; se cheyt. Et, quant messires Ernus de Jehainge, freires al dit castelain, le veyt cheioir, ilh sailhit jus de son cheval et montat sor ly, anchois que releveir soy powist (HEMRICOURT, Guerres Awans B., c.1398, 44). ...il regarde son maistre chaet, la lance au corps [note de l'éd., 347 ; forme de l'Ouest] (Ponthus Sidoine C., c.1400, 103). Je chiech, je brule (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 126). AFFRICQUEE. Soustenez moy. LE SOT. Ho ! el cherra. (P. Jouh. D.R., a.1488, 37).

 

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Choir à terre (de son haut) : "Lasse !" dist elle, "quel remors Puis avoir de ceste nouvelle !" A cest mot chey la pucelle A la terre, toute estendue. (MACH., J. R. Nav., 1349, 201). SOTIE ROSSIGNOL. (...) Apres qu'il eut perdu le goust, Il cheut a terre de son hault. Adonc se releva debout (Vig. Trib., c.1480, 234).

 

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Choir aux pieds de qqn. "Se mettre à genoux, se mettre à terre devant qqn" : Et celui li cheï aus piez (Vie st Evroul S., c.1350, 67).

 

c)

Se laisser choir

 

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"Se laisser tomber (qq. part / de qq. part)" : Mais mar vit pour li ce jour né, Qu'entre les flos vit Leandon Qui floteloit a abandon. Et quant de près le pot vëoir, Seur le corps se laissa chëoir Au pié de sa tour droitement ; Si l'embrassoit estroitement, Forcenée et criant : "Haro !" Einsi fina belle Hero... (MACH., J. R. Nav., 1349, 250). ...car tous les autres c'estoient laissiez choier ou fons du batel (GADIFER DE LA SALLE, Canarien, c.1404-1406. In : Chrestom. R., 64). ...la gaitte s'esveilla, et de paour qu'elle eut se laissa cheoir du hault en bas de l'arbre (C.N.N., c.1456-1467, 452). ...et par ung tuyau des chambres aisées se laissa cheoir dedens les fossez et se saulva. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 86).

 

-

"Se laisser tomber de son haut" : Alez vous tost laissier cheir A ses piez, et le merciez (Mir. ste Bauth., c.1376, 89). Cy se lesse choer [Indic. scénique]. (Mir. ste Genev. S., c.1410-1420, 88). LE SOT. Voirë a jouster contre ung verre, Puis se laisser chëoir par terre Et s'endormir comme ung porceau. (Gaud. sot, c.1450, 8). ...et tout ainsi que un homme yvre desmarche branlant, se laissa cheoir à terre d'un costé et son baston de l'autre (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 48).

 

.

Loc. fig. Se laisser choir du haut de soi. "Être incapable de masquer ses sentiments" : Le bon president (...) se monstra tresdesplaisant ; et de fait se laissa cheoir du hault de luy, menant trespiteux dueil (C.N.N., c.1456-1467, 313).

 

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Se laisser choir à revers : ...il fu pris ou jardin de la ville de Jethsemani par les fauls ministres des princes, des Pharisiens et (des) evesques des Juifz, non obstant qu'il se feussent avant laissié cheoir a revers quant il leur dit doulcement, "Ego sum." (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 81).

 

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[Contexte grivois] Se laisser choir par derriere. "S'abandonner facilement" : On ne doit point aussi laissier mengier aux jones filles a marier de teste de monton, de creste de coq, ne d'anguille (...) ...pour ce que ma mere en menga, j'en ay eu trois taches qui, comme je croy, jamais ne me fauldront. L'une si est, que souvent me laisse cheoir par derriere ; la seconde, que je hurte volentiers et la tierce, qu'il me croist ou plus secret lieu de mon corps une chose a maniere de la creste d' un coq, dont j'ay grant vergoingne. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 84).

 

-

"S'accroupir, se blottir" : Lors me laissay tout bellement chëoir Et me coiti si bien, a mon pooir, Sous les arbres, qu'il ne me pot vëoir, Pour escouter Le trés dous son de son joli chanter. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 58).

 

d)

Choir + adj. / part. passé en empl. adj. : Et tel cop li donne en la face Que devant li chiet estendus, Ne plus ne puet estre entendus, Car on ne le vuet plus oïr. (MACH., D. Aler., a.1349, 323). Et Guillaume la prist et celle quiet pasmee. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 897). Coronis chiét toute estendue (MACH., Voir, 1364, 702). Et a ce mot le lieve, et l'embrace et l'acole de ses bras, et s'entrebaisent, et orent entre eulx deux si tres grande douleur qu'ilz cheirent eulx deux pasmez sur l'aire de la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 257). ...puisque au coeur es fichiés D'ung dart mortel et que desconfis chiés... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 630).

 

-

Choir mort / comme mort / Choir occis : Et je qui fui boutez dedens le brueil Vi qu'a ce mot la dame au dous acueil Cheï com morte. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 65). Sy tres bien l'assena [son coup d'épée] qu'il est cheü occis. (Tristan Nant. S., c.1350, 278). ...et dudit coup tout chancellant ala cheoir mort illec assez prez. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 410). Mais Gieffroy l'advisa et lui donna si grant coup de l'espee, qui fu pesante et trenchoit comme un raseoir, que il le fendy jusques en la cervelle, et le Sarrasin chiet mort. (ARRAS, c.1392-1393, 228). ...ledit cheval cheut soubz lui tout mort (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 87). Et, incontinent que ledit Breton ot ainsi navré ledit cheval, vint à lui ung archer de la compaignie de mondit seigneur d'Eu, qui le traversa tout oultre le corps d'une demie lance, et incontinent cheut à terre tout mort (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 87). ...et incontinent vint à lui ledit Jehan de Foing, qui lui bailla d'une javeline au travers du corps, dont il cheÿ mort en la place. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 59). ...et ne veïz oncques recepvoir coup à homme des nostres que à Julian Bornel, que je veïz cheoir mort d'ung coup que luy donna ung Ytalian en passant (COMM., III, 1495-1498, 189).

 

3.

En partic. [D'une partie du corps, des cheveux, de larmes...] Choir (à qqn)

 

a)

"S'affaisser, tomber" : Lors Gaverelles le singla Parmi les flans IJ. cops ou IIJ. De s'espée, jusqu'à la crois, Si que les bouiaus li cheoient Par mi les plaies qui sainnoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 269). ...vostre devant est en tresgrand dangier de cheoir (...) vous ne le porterez gueres longuement qu'il ne vous chiege (C.N.N., c.1456-1467, 39). Vous cherront les plumes des elles Au temps que vous devez voller Et mener jubilacion ? (Sots gard., a.1488, 99).

 

-

Part. passé en empl. adj. "Tombant" : Le front ridé, les cheveux griz, Les sourciz cheux, les yeulx estains, Qui faisoient regars et ris Dont mains meschans furent actains, Nez courbes, de beaulté loingtaings, Orreilles pendentes, moussues, Le visz paly, mort et destains, Menton froncé, levres peaussues - C'est d'umaine beaulté l'yssue... (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 56).

 

b)

[De cheveux, des ongles...] "Se détacher et tomber" : Et pignoit au mielx qu'il savoit Ses cheveulx qui moult beaulx estoient, Et ceulx qui au peigne cheoient Gardoit comme reliques sainctes. (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 31). ...et les cheveux cheent de la teste, c'est signe que cel ptisique se meurt. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 81). ...tout li cheviel dou chef li cheïrent et toutes les ongles des mains et des piés. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 280). ...et le tindrent seulement en ung sep par telle maniere que, quant il fut a Beauvais, les piés luy cheurent, qui est pou de chose envers les autres tirannies qu' ilz ont acoustumé de faire. (JUV. URS., Loquar, 1440, 308). ...le bastard tira l'espée du fourreau et en féry l'un de eux tellement que le poing lui chut à terre devant luy (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 104).

 

c)

[De larmes] "Couler et tomber" : ...les lermes lui cheoient des yeulx a si grans ruisseaulx que toute sa poittrine en estoit arrousee (ARRAS, c.1392-1393, 257). Et a ce que elle disoit ces parolles lez grosses larmes li quoyent des yeulx, laquelle chose reghardoit le roy, dont il avoit tresgrant pité (WAUQUELIN, Manequine C.T., a.1448, 144). ...a chacun qui venoit De joye larmes chiessoient des yeux. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 408). Quant Appollo vey les larmes cheioir de ses yeulx... (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 182).

 

Rem. V. aussi quoyer.

B. -

P. anal. [Idée anal. de décroissance]

 

1.

[Du vent] "Tomber, faiblir, se calmer"

 

-

Prov. : ...Et si voit on qu'un po de pluie Souvent un grant vent chace en fuie, Dont on recorde moult souvent Qu'a pou de pluie chiet grant vent... (MACH., D. Lyon, 1342, 195). Et le messagier retourna a Gieffroy, et lui compte l'orgueil et le bobant des IIJ. freres. Par mon chief, dit Gieffroy, grant vent chiet pour pou de pluie. (ARRAS, c.1392-1393, 198).

 

-

[De l'orage] : LE MAISTRE MARINIER. L'orage est choit, le temps amende (Mir. emper. Romme, 1369, 289).

 

-

[Du feu] : Si comme il vint au bout de la ville, il trouva une vielle, a qui il demanda comment le feu avoit esté mis en celle ville. Adonc dist la vielle : "Alés tous jours, alés, mon ami ! Je le feroi cheoir avant que vous y soiés." (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 57).

 

2.

[D'une chose] "Diminuer, décroître" : Elle [Bonneürté] appert en mains esbanois, Tant en joustes comme en tournois, Pour chevalerie essaucier Et les fais des bons avancier A la congnoissance des dames. La croist honneurs ; la chiet diffames. (MACH., J. R. Nav., 1349, 272). Per ung dez filz Lion serait a ffin menés Et cherait cez orgueille (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 507). Or voyent les Anglois que Brambroc est passés Et l'ourgouil de luy chet, et la grande fiertés. (Bat. Angl. Bret. B., a.1355, 61).

 

-

[D'une denrée] "Baisser de prix" : BRUYT. Toute danrée monte, Mais la tienne dechait tousjours. CUIDER. Beau Dieu ! Je l'ay veu en tel cours ! Comment chait elle ainsi doncques ? (Pipée R., c.1470-1480, 162).

 

.

Faire choir. "Dévaluer" : Quant ilz furent revenus à Paris, si leur convint faire nouvelle finance. Si leur fut donné en conseil qu'il convenoit faire cheoir la monnoie (Journal bourgeois Paris T., 1436, 324).

C. -

Au fig. [Idée figurée de chute, de déchéance (synon. deschoir)]

 

1.

[D'une chose] "Décliner, s'effondrer, être ébranlé" : ...il faudra que nature succumbe et choe (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 242). ...droit fault, justice est chise (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 233). ...adont chaÿ La grant puissance des Persens. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 255). Leur estat n'a point de pié ferme ; car chose de legier venue legierement chiet, et les arbres plus hastiz portent fruits de mendre garde et de plus courte duree que ceulx qui a longue atrempance et droit cultivement rechoivent leur meureté en la chaleur du soleil. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 47). Domination n'est pas l'exces des pieurs seulement, mais de tous beaulz et bons est toute et parfaicte possession ferme, forte et non poant cheoir. (Somme abr., c.1477-1481, 161).

 

2.

[D'une pers.] : Et quant ilz sont cheuz de leur folle entreprinse par erreur, dient que espoir lez a dechuz par confiance. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 101). ...le roy Regnier (...), cheu de fortune de bataille a dure perte, mené en captivité soubz forte main... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 135).

 

-

Choir malade. "Tomber malade" : Et, après ladicte procession faite, Reverend Pere en Dieu monseigneur l'evesque de Paris cheut malade d'une maladie, de laquelle ce mesme jour il ala de vie à trespas (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 264).

 

-

Choir par pieces. "Se défaire par pièces" : Il estoit si malade de meselerie que il cheoit tout par pieces. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 231).

 

-

RELIG. [Chute dans le péché] : O, bon Dieu omnipotent (...) tant comme je m'esloigne de toy, je connois que je suy cheü, et, qui ne connoist quant il est cheü, il n'a cure de soy relever, car il cuyde encore estre sur ses piez. (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 63). Vous savez la transgressïon D'Eve et d'Adam, comme ilz cheïrent (Cycle myst. prem. mart. R., c.1430-1440, 66). La quarte maniere de trinité est par laquelle l'homme, qui est chut, par pechié se relieve [déplacer la virgule après pechié], c'est a scavoir foy, espoir et charité. (Somme abr., c.1477-1481, 126).

 

.

Inf. subst. : Car grever tu ne te porras Se t'es son filz au cheoir bas (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 81). [Réf. à la tentation du Christ, cf. Matth. 4, 6]

 

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Choir devers senestre. "Succomber" : Chascun n'est mie champion, Ja soit ce que tel le cuide estre Qui cherroit tost devers senestre, Se temptacion le grevoit. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 67).

 

-

Prov. : ...meintes fois ay oï dire, Qui plus haut monte qu'il ne doit De plus haut chiet qu'il ne vorroit. (MACH., R. Fort., c.1341, 139). Qui plus hault monte qu'i ne doit, De plus hault chiet qu'il ne voudroit. (Liber Fort. G., 1346, 90). Car bas doit cheoir qui trop hault monte. Ou puis d'enfer vous porteron. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 133). Plusieurs sont en hault eslevez Pour estre en cheant plus grevez. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 237). Maistre Simon, sire Simon, Vostre corps, qui est de limon, Vouloit voller lassus au c[i]el ! Il desplaisoit a saint Michel. Si estes trabuché a honte ; Car abbas chiet qui trop hault monte. Ou feu d'enfer vous trametron. (Mart. st Pierre st Paul, fragm. Anholt R., c.1480-1500, 184). Mal s'eslieve cellui qui chiet bas. (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 209).

II. -

P. méton. [Idée dominante d'éloignement (ce qui tombe s'éloigne de ce qui le retenait) ou d'aboutissement (ce qui tombe aboutit qq. part)]

A. -

[Idée d'éloignement]

 

1.

[P. rapport à une pers.] Qqc. choit à qqn

 

-

"Quitter qqn, se détacher de qqn, échapper à qqn" : Or les regardez : Sont il [ces escharboucles] belles ? pour Dieu, gardez Qu'il ne vous chéent. (Mir. pape, 1346, 390). Moururent pas, je vous emprie, Pour moy appostres, confesseurs, Martirs, vierges et sains pluseurs, Qui si grant beauté me donnerent, Par ce que pour moy endurerent, Que pardevant ne me cheut puis ? ["...que [ma grande beauté] ne me quitta plus depuis lors"] (Concil Basle B., 1434, 83). Tant se haste on que mal advient ; Tant embrasse on que chiet la prise ; Tant crye l'on Noël qu'il vient (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52).

 

.

[Du nom qui est donné à qqn] Ne pas choir à qqn. "Ne pas quitter qqn" : Ollivier de Burs fuit puesdit appelléz ; Ne l'en chayt li nom tous lez jour de son aiez. (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 784). Et pour ce (...) m'appella il Maulvais Garçon, ne ne me cheut le non tant que je fuz chevalier nouveau (Chev. papegau H., c.1400-1500, 9). Et, depuis ceste heure là, le nom de Fortuné d'Amours ne luy cheut. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 177). En ce point nomma la belle Flamine sa terre Islangue qui depuis le nom ne lui en chey (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 121).

 

.

[D'une chose nég.] Ne pas choir à qqn. "Ne pas être évitable pour qqn" : Se horion ne luy cherra ["il ne l'évitera pas"] ; Jamais ne se faigne d'escourre. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 205).

 

2.

[P. rapport à un lieu fig.] Choir de

 

a)

[D'une somme] Choir de une autre somme. "Venir en déduction de" : ...quatorze cenz quatre vins quatre livres (...) tournois de rente, par an, dont il chiet et sont à rabatre : Pour les gaiges du bailli (...) cent livres tournois. Item, pour la rente que... (Comté Champ. Brie L., t.2, 1344, 463). Jugement de Poinsatte, (...) que fuit, d'une pairt, et d'Isaibel, (...) d'autre pairt, que dit que ladite Poinsatte aportei delei son marit .VIIIxx. lbs., si fit estault pour celles.VIIIxx. lbz. sus l'eritaige son marit, se ne voulloient mie les hoirs que cellui estault fut de vallour. Li maistre-eschevinz dit pour droict que, se ladite Poinsatte a rien ressu des bien moibles de son marit, qu'il ait bien a cheoire de la somme. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1333], 103).

 

b)

[D'une pers.] "Se tirer de qqc." : "N'estes-vous pas un tel ?" et l'autre dit "Ouy sire. - Et n'estes-vous pas celuy, dit le roy, qui avez un tel procès pour telle cause et telle ? - Eh ouy, sire ! dit l'autre. - Et comment vous en pensez-vous cheoir ? ce dit le roy arrière ; estes-vous bien reconforté de ce qui en peut ensieuvir ? - Par ma foy, dit lors yceluy, je me reconforte bien en Dieu et en mon bon droit." (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 101).

 

c)

DR. [D'une pers.] Choir de qqc. "Perdre son droit en qqc., être débouté de qqc." : Unques de nul plait ne chaÿ (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 73). ...et s'il n'appert de la diligence comment les tesmoins sont adjournez, l'acteur est cheu de sa production ; car par la coustume de Bourgoingne, l'en n'a que une production (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 115). Coustume est en Bourgoingne que, se aucun demande à un autre deniers ou autres choses, pour quelque obligacion que ce soit, se il allegue paie, il y sera receuz en lui assignant jour à prouver icelle paie ; et, se à ce jour il ne monstre sa paie ou deue diligence, il est cheuz du tout de sa cause. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 127). ...se j'ay journée assignée à prouver et je fay defaulte à la journée de la prouve, ou que je soie present et je n'aye fait aucune diligence d'adjourner ou admener mes tesmoins, je suys cheuz de ma prouve par tesmoins ; toutes voies ma partie adverse sera tenue de respondre par serement à un chascun article de mon entencion. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 138). ...puis aprés, ledit frere ne suy pas leur appel. Pour ce disoit ledit H. qu'il estoient cheuz de leur appel, car l'en povoit bien dire droit en l'absence d'eulx, puisque la chose estoit appointée à oïr droit et que ce default ne leur nuisoit riens. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 180). ...li appellé qui se sera couléz en droit, veu le procés, sanz faire nouvel procés en cause d'appel, ne paiera aucuns despens, se il chiet et subcumbe de sa sentence ; mais s'il propose faiz ou raisons, pour laquelle chose procés ou appointement nouvel s'ensuit, se icellui appellé en subcombe, il paiera despens à l'appellant. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 182).

 

-

Empl. abs. : ...car, selon ce que dessus est dit, il cherront et perdront en la negatoire, s'il ne monstrent tiltre ; puis aprés fu conseillé aux hommes qu'ilz traittassent à leur seigneur et qu'ilz preissent certaine partie pour l'usage dudit bois, et que c'estoit le proufit des homs, plus que de monseigneur ; car on entent qu'il perdront en la negatoire. (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 166).

B. -

[Idée d'aboutissement (synon. enchoir)]

 

1.

Choir à / en. "Aboutir"

 

a)

[D'un fleuve] "Se jeter dans" : Gyon va en Ethyopie, Tygris au Quaire et en Surie, Et passe delés Damiette ; Là chiet en mer, et c'est sa mette. (MACH., P. Alex., p.1369, 191). Et le gallaffre fait tout traire a terre et se fait logier ainsi comme a demie lieue du port, sur un gros ruisseau d'eaue douce qui cheoit en la mer, a la corniere d'un petit bois pour lui refreschir (ARRAS, c.1392-1393, 132). ...et passe la riviere dou Hombre tout parmi, qui va ceoir en la mer. (FROISS., Chron. D., p.1400, 113). ...et y chiet [dans l'Adriatique] ung petit fleuve nommé en latin Rubico. (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 371).

 

b)

[D'une chose] "Aboutir qq. part" : Car aussi comme la semence qui chiet en terre bien cultivee aporte bon fruit, semblablement la parole ou doctrine qui chiet en personne exercitee en bien et disposee a bien fait le fruit de bonne operacion. (ORESME, E.A.C., c.1370, 532). ...ce livre cherra es mains de noz enfans (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 47).

 

-

"Atteindre" : J'euz d'ung canon par les cheveux, Qui me vint cheoir tout droit en barbe (Fr. arch. B., c.1468-1480, 31).

 

-

[D'un mot, d'un propos] Choir en la bouche. "Arriver facilement à la bouche" : ...le mot est tel qu'il chiet en la bouche et en la parolle de ceulx qui le nomment (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 8).

 

Rem. FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 85.

 

.

Choir en sourde oreille. V. oreille

 

-

Choir en memoire / en pensee / en teste. "Venir à l'esprit, à la mémoire" : Mais font quanque lor chiet en teste (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 43). Ne te chiet il en memoire que... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 16). ...il leur cheut en memoire que... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 238).

 

.

Choir au coeur. "Venir à l'esprit, apparaître comme évident" : Mais quant le chevalier les eut aucun pou regardez, bien lui sambla qu'il les avoit veuz autresfois et lui chey au cuer que c'estoient les deux chevaulx des chevaliers qui avoient Flamine ravie et sa damoiselle. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 171). [Autre ex. p.299] ...il leur sembloit tant propre, plaisant et bien enlangaigié qui ["qu'il"] leur cheoit ou cuer qu'il estoit de bon lieu venu et si estoit il (Comte Artois S., c.1453-1467, 108).

 

.

Ne pouvoir choir en pensee. "Être inconcevable" : La vi je si tresgrant clarte [l. clarté] Que chaoir ne puet en pense [l. pensé]. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 293).

 

-

Choir en son pretendre. "Entrer dans ses prétentions" : ...tu les as bouté en plus haulte fortune qu'oncques il ne chut en leur pretendre. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 161).

 

-

"Entrer dans qqn / qqc." : Encores voullons et ordonnons que le demandeur ou appellant doye dire, ou faire dire par ung advocat, son propos devant nous, ou son juge compettent, contre sa partie adverse et lui present. Et se doivent garder de dire chose ou il chee villonnie qui ne serve a leur querelle seullement. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 210). Ilz sont aussi deux manieres de paour. L'une chiet aucune fois en homme constant et ferme, qui ne doubte riens, et tel paour exclut le consentement matrimonial. L'aultre qui chiet en homme inconstant ne exclud pas la paour qui chiet en homme constant, comme la paour de la mort et cruciement et mutilation de corps. (Sacr. mar., c.1477-1481, 68).

 

-

"Devenir, se transformer en" : Tant donne on qu'emprunter convient ; Tant tourne vent qu'il chiet en bise ; Tant crye l'on Noël qu'il vient (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 53).

 

-

Choir en friche. "Tomber en friche" : ...plusieurs vignes et autres heritages (...), lesqueles il esconvient faire labourer ou autrement pourroient en brief cheoir en friche (Sent. Chât. Paris M., II, 1399, 519).

 

-

Cheoir en decours. "Pencher vers sa fin, décliner" : Ainsque cheüs soit en decours Mes cors par trop longue souffrance... (ACART, Prise am. H., 1332, 5). Car, se temprement n'i acours, Je ne puis estre respité De la mort, car tuit mi recours Sont en toy, et mi jours sont cours ; Dont ma vie chiet en decours, Se temprement ne has pité. (MACH., Lays, 1377, 310).

 

c)

[De pers.] "Arriver à, parvenir à" : Je croy bien que nous cherrion Tous six en une opinion (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 148). Si sont cheüs en tel acort Que... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 226). Finablement trestuit cheïrent A certaines fins que la prirent Et en une conclusion Aprés leur altercation... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 510). ...Et qu'il [les ambassadeurs] soient de tel affaire Qu'il sachent moustrer vostre entente, Et la passée et la presente, Au soudan, et nous esperons Que si courtois le trouverons Que nous cherrons en bon acort. (MACH., P. Alex., p.1369, 126). ...car eureux seroie de choir en tant haut mariaige (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1059).

 

-

Choir en faim. "Prendre faim" : Et quant tu verras qu'i [le faucon] sera cheu en bonne fain, si lache le fil de quoi il est chillié (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 221).

 

-

Choir en une opinion. "En arriver à une opinion" : Bien assailli, bien deffendu, ilz cheurent tous en ceste oppinion, tant ceulx du conseil comme les cappitaines, que les gens d'armes fussent prestz au premier jour de juyng sur le rivaige pour monter sur la mer. (BUEIL, II, 1461-1466, 172).

 

-

Choir en propos de + inf. "En venir à parler de" : Après ung pou de sermon (...) il cheut en propos de toucher leur matiere pour laquelle estoient assemblés. (C.N.N., c.1456-1467, 103).

 

-

Choir en pensee. "S'absorber dans ses pensées" : Et quant je vi Qu'Esperence avoit assevi Tout ce que dire me voloit, Et qu'einsi elle s'en voloit Soudeinnement a recelée, Je cheï en moult grant pensée Et par ordre a recorder pris Tout ce qu'elle m'avoit apris De point en point, car bien pensoie Qu'encor grant mestier en aroie. (MACH., R. Fort., c.1341, 108). Si cheï en moult grant pensée Comment a moy ne fust celée La verité de pluseurs choses Qui eu vergier furent encloses... (MACH., D. Lyon, 1342, 183). Quant Daires oy la nouvelle Et vit que ceint d'une cordelle Furent li prince de Caldee, Il cheï en moult grief pensee Et fu courreciés durement... (MACH., C. ami, 1357, 39).

 

2.

[D'une chose] Choir en / sous. "Tomber sous, relever de" : ...ainssi que l'aer ou la clerté du solail ne puet chaer en la seignourie de l'onme, aussi ne puent lez choses temporeles (Songe verg. S., t.2, 1378, 135). ...gloire est donnee a Dieu pour sa part, et paix chiet en la part des hommes de bonne voulenté. (GERS., Noël, p.1404, 292). ...quant aux benefices electifz et non cheans en graces communes et expectatives. (BAYE, II, 1411-1417, 157). ...et n'y convient point faire de procès de chose qui chiet en restitucion par confession (FAUQ., III, 1431-1435, 126). ...la duchié de Normendie (...) pooit cheoir en forfaiture et confiscation (JUV. URS., T. crest., c.1446, 73). Se doncques il a souffert viel tortfait non pugny cheoir en audicion ["être examiné en justice"]... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 155). Ne aussi par verbes puet on demonstrer Dieu, car les verbes signifient avec certaines manieres d'inclinations du courage diverses, et avec formes simples ou composees, avec signification de temps sans cas de faire ou de souffrir, mais teles choses ne chieent en Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 156).

 

-

Choir sous. "Tomber sous" : La mort a quoy le voulons mectre Ne chet point soubz nostre sentence ["ne relève pas de notre compétence (c'est à Pilate à prendre la décision)"] (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 335).

 

-

Choir en besogne. "Être nécessaire" : Ce sont les communs proffis et ouvrages du astralabe souvent cheans en besoingne et en practique de astronomie. (PÈLER. PRUSSE, Astrolabe L.F., 1362, 56).

 

-

Choir en compte. V. compte

 

-

Choir en reparation. "Devoir être réparé" : ...lesquelles choses (...), come dignes de pugnicion, cheoient en reparacion. (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 204).

 

-

[D'une forêt] Choir en coupe / en vente. "Être parvenu à un degré de croissance tel que les arbres peuvent être marqués pour l'abattage et que le bois peut être mis en vente" : Lesquelz dient et afferment que tous les diz bois sont assis ou terrouer du dit Chastel en plusieurs pieces, c'est assavoir une piece assise emprès la riviere de Veau, qui fut jadis dame Thyesce, laquelle se vent, et aussy font toutes les autres, de IIII ans en IIII ans, et est vendue quant elle chiet en vente comunes années de VII a VIII l. (...) L'autre est appellé le bois a l'Escluse, qui ne s'est point vendu de leur temps pour ce que le conte le faisoit ouvrer pour ses vignes, et vauldroit quant il cherroit en vente XII l., et cherra en coupe l'année prochain venant. (Comté Porcien R., 1400, 224).

 

3.

[D'une pers.] "Tomber dans, être entraîné dans"

 

a)

Choir en (une) maladie / en telle maladie. "Tomber malade (de telle ou telle maladie)" : N'il n'estoit nuls si vrais amis, Qui ne fust adont arrier mis Et qui n'eüst petit d'aïe, S'il fust cheüs en maladie. (MACH., J. R. Nav., 1349, 149). ...c'est peril de cheoir en ydropisie ou en ptisique ou en manie. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 91). Et toutesvoies, se il est cheü en tele maladie par ce que il vivoit incontinentement et desordeneement et ne obeïssoit pas as medicins, il est malade voulant et voluntairement. (ORESME, E.A., c.1370, 199). Le duc de Lancastre chey en langour et en maladie très grande et très perilleuse (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 112). ...se elle lui savoit donner, enseigner ou bailler conseil ne chose quelconques par quoy ledit de Ruilly, son mary, cheist et feust en très-grant langueur de maladie (...) que elle li dist afin de le fere (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 305). ...elle cheut en une desplaisante et dangereuse maladie que communement l'on appelle broches. (C.N.N., c.1456-1467, 32).

 

b)

Choir en la main de qqn

 

-

"Tomber aux mains de qqn, au pouvoir de qqn" : Mais Susanne, de Juda fille, Vostre iniquité orde et ville Ne volt soustenir ne vëoir, Car mieus ama estre et chëoir En vos mains et la mort attendre Que Dieu son createur offendre. (MACH., C. ami, 1357, 15). ...car qui ceoit ens es mains de ces Englois routiers, il estoit mors. (FROISS., Chron. D., p.1400, 588). Comsiderés la bonne estrine et aventure que mesires Thomas de Hollandes ot d'avoir si bons prisonniers qui li ceirent ens es mains. (FROISS., Chron. D., p.1400, 693).

 

-

"Se trouver par hasard à proximité de qqn" : Messires Jehan d'Elle leur cheï en la main, et tantos l'avisèrent (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 288).

 

-

Choir en la merci de qqn. "Être mis à la discrétion de qqn" : Pourtant le dis que j'ay eut conseilhe que faire vueil a Charlez sa volenteit et cheoir en sa mercy (...) et suys prest de jureir que... (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 212).

 

c)

Choir en un état défavorable, une situation fâcheuse. : Assez souvent voit l'en cheoier Les orguilleux en grande poverte (Tomb. Chartr. Souvain S., c.1337-1339, 24). Si ne doit nul (...) En desperacion choier (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 60). Et s'il ne fust, certeinnement j'espoir Que je fusse cheüs en desespoir, Mais riens qui soit ne me feïst doloir, Quant ses regars Estoit seur moy en sousriant espars (MACH., J. R. Beh., c.1340, 78). Lors renouvela ma pesence, Et cheï en une doubtance Si grief, si pesant et si pesme, Que de joie ne que de cresme Dedens mon cuer ne demouroit Pour la doubte qui l'acouroit. (MACH., R. Fort., c.1341, 152). Mais je cheï en grant esmay, Si tost comme il me fu faillis, Car de mains griés fui assaillis. (MACH., D. Aler., a.1349, 340). Quant elle en a un bon a main, Elle le laist pour un meneur, Dont elle chiet en deshonneur. Et cils qui de loial cuer l'aimme, Las, chetis et dolans se claimme Pour la grieté qu'en son cuer sent (MACH., D. Aler., a.1349, 380). En peine et en labour cheïrent [Adam et Eve], Et en mort cheirent quant il se meffirent. (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 68). ...il chey en tel diffame Que... (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 266). Et puisque il est ainsi, il s'ensuit que le mescheant ne sera onques fait beneuré ne celui qui est beneuré ne encherra pas en telles fortunes comme en chaït le roy Priant ["comme ce fut le cas du roi P. qui tomba dans un tel sort"]. (ORESME, E.A., c.1370, 136). Trop vilainement me tempta, Quant en luxure me bouta Et après, dont j'ay plus grant hide, M'a fait cheoir en omicide (Mir. st J. Paulu, c.1372, 121). La quarte maniere est quant aucun est tellement racheté que il ne puet choïer en pechié mortel, conme furent lez Apostres aprés la Penthecouste (Songe verg. S., t.2, 1378, 252). Pour ce chiet en la rage de la jeleusie (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 16). Je diray plus : que la ferveur de l'amour que saint Pierre avoit envers Jhesu Crist donna occasion de le nier aprés, car par telle amour il cheut en presumpcion de soy, et pour la presumpcion Dieu voult souffrir qu'il tresbuchast en telle negacion, pour soy mieulx congnoistre (GERS., P. Paul, a.1394, 489). Et icy, oultre la louange et deffense saint Pol, nous avons enseignement de nous contregarder de cheoir en perilz ou tribulacions sans neccessités ou proffit (GERS., P. Paul, a.1394, 500). Panse bien, panse que vault quanque tu faiz en ce monde, quanque tu traveilles, quanque tu rapines, quanque tu quiers vengence, quanque tu donnes a ta povre charoingne de mauvaises plaisances, se tu chiés, en la destroicte heure de la mort, a l'orrible jugement de justice, en mort perpetuelle. (GERS., Purif., 1396-1397, 67). ...ilz furent ingraz a Dieu et cheurent en horribles erreurs, en ydolatries et en vilité contre nature (GERS., Trin., 1402, 162). ...et tant que je ne suis mie cheuz, moyennant vostre grace en telle obstinacion furieuse que vous juge estre mauvaiz ou envieux, comme font les dampnez. (GERS., Trin., 1402, 165). ...afin que ycellui Chiffrelin, qui cheoit en villeesse, eust mielx de quoy vivre en ses derreniers jours, a donné et octroyé la somme de 30 frans de pension par an (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1419, 326). ...telles gens cheent souuent en inconuenient. (CIB., p.1451, 213). Et se tu me demandes par quoy ilz [les mélancoliques] se tendront en hault et ne cherront point en ceste tristesse melancolieuse, ie tay respondu deuant que ce sera par leesse spirituelle (CIB., p.1451, 219). Sur ce il fault distinguer. Ou le fidele et catholique contrait mariage avec une payenne et infidele ou heretique, ou deux infideles se marient ensemble, ou deux fideles et catholiques ensemble, et l'un chiet en heresie. Au premier cas le mariage est nul. (Sacr. mar., c.1477-1481, 64). Il est une aultre trinité par laquelle l'home chut en pechié, c'est a scavoir l'enhortement du deable, la delectation de la sensualité et de la char et le consentement de raison (Somme abr., c.1477-1481, 126). Est il temps de se desoller Et cheoir en tribulacion, Ne fust il pas present saison De mener tout esbatement Actendu que le temps est bon ? (Sots gard., a.1488, 100).

 

-

Choir en blasme / en punition. "Encourir le blâme, la punition" : Mesdisans font l'amant secret, Vray et loyal, sage et discret En garder l'onneur de sa dame Qu'elle ne chiesse en aucun blasme, Si que mesdisans n'en puist dire Chose qui touchast à mesdire. (MACH., Compl., 1340-1377, 268). ...les multiplicacions et reiteracions de crimes, tant de lese-magesté comme de larrecins par lui faites et commises, qui sont crimes de très-mauvais exemple et chiéent en grant pugnicion (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 99).

 

.

Choir en sentence de. "Encourir la sentence de" : ...sans ce que iceulx seigneurs, graphier et notaire dessusdiz en cheussent en sentence d'excommeniement. (BAYE, II, 1411-1417, 37).

 

-

Choir en haine. "En arriver à se haïr" : Advint que Loys Rambaut et Lymosin, qui estoient compaignons d'armes ensamble, cheirent en hayne. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 110).

 

-

Cheoir en ire : Trop s'empire Qui desire Chose dont il chiet en ire, Par l'effort De desconfort (MACH., Lays, 1377, 386). Tost sont en ire cheuz (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 94).

 

-

[De Dieu] Laisser qqn choir en : ...vraiement il quiert bien ton salut par toutes voies, aucunes fois il te rit, aucunes fois il se monstre courroucie a toy, maintenant il te donne consolacion, après affin que tu nen abuses il te laisse cheoir en affliction, et puis affin que tu ne desesperes il reuient a toy et te donne reconfort. (CIB., p.1451, 189).

 

4.

Choir sur

 

a)

[D'une chose] Choir sur qqn. "Tomber sur qqn"

 

-

[Du sort, de la destinée, d'un suffrage...] : Or avint que li sors cheï Seur Theseüs, qui esbahi Pluseurs ; car il fu fils le roy, Preuz, vaillans, et de bel arroy. (MACH., J. R. Nav., 1349, 230). Et les mist tous pour cest outrage Minos en si mortel servage, Que tous les ans li envoioient Un homme ; mais il sortissoient, Et cils seur qui li sors chëoit, Trop mortelment li meschëoit ; Car li rois Minos devourer Le faisoit la, sans demourer, Par un moustre trop mervilleus, Trop felon et trop perilleus. (MACH., J. R. Nav., 1349, 230). Or vaille que vaille, Dit l'ay ; se la destinée Chiet seur moy, forment m'agrée Ceste devinaille, Se de telle heure suis née Que, sans villeinne pensée, à t'amour ne faille. (MACH., Lays, 1377, 421). ...et fu faicte election du lieu vacant par le trespas de maistre Ja. Bouju, et combien que les voix de messeigneurs churent sur pluseurs et divers, toutevoie maistre J. Romain eut pluseurs voix. (BAYE, I, 1400-1410, 117).

 

-

[D'une chose défavorable] : Li cops cheï sus messire Richart de Stafort (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 262). ...Dieu (...) De qui l'ire dessus eulz chut Pour les maulx qu'ils avoient fait. (ROBINET, Compl. François H., p.1420, 132). ...et regarde quelle pestilence merveillable et quelz exploiz de condemnation sont cheuz sur tes princes et sur lez haultes persones et hommes eslevez de ton royaulme. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 80). ...le dommage Chet sur moy et sur mon mesnage (Colin loue dép. Dieu T., c.1485, 147). SATURNE et MARS. Poizon pestifere aille et chiese Sur gerre humain, a mort, a mort ! (Cene dieux, c.1492, 112).

 

-

GÉOM. Choir sur qqc. "Aboutir sur qqc." : Adonc regarde sus quantz pointz de l'umbre verse .f. tumbe, car si elle chet sus 12 pointz, c'est signe que la ligne .j.g. est egale a la ligne .g.h. (NIC. CHUQUET, Géométrie H., 1484, 171).

 

-

Choir sur possible de faire qqc. "Permettre de faire qqc." : Et tierchement, elle [l'intelligence] vient offrir providence ["prévoyance"] sur les choses futures par laquelle en prevoiant de longue main les fins des choses telles ou telles, de celles qui cherront sus possible de y mettre remede, tu t'y exposeras vertueuse dame et de celle ou impossible te sera apparant, tu te porteras paciente. (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 173).

 

b)

[D'une pers.] Choir sur qqc. "En arriver à qqc." : Et quant vous cheez sur viellesce, Penanciére estre vous chargoit (Mir. mère pape, c.1355, 381).

 

-

Choir sur l'age de vieillesse. "Devenir vieux" : ...et ne leur advint autre chose jusquez a ce que le roy Eson commença cheioir sus l'eage de viellesse. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 126).

 

5.

Part. prés. en empl. adj. [De l'oiseau de proie] Cheant. "Qui sait bien tomber sur sa proie (ou sur le poing ?)" : Il faut avoir un esprevier Bien volant (...) ...tres bien cheant (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 451).

C. -

[Idée de survenance (synon. eschoir)]

 

1.

[Idée de survenance en un lieu donné, à un moment donné]

 

a)

[D'une chose]

 

-

"Arriver, advenir" : Mais cest cas chiet souvent en court. (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 22). .XV. ans n'i cheÿ ourage ne tornment (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 147). ...car telles choses singuleres ne cheent pas ne ne sont en nul art ne en nulle narracion de science. (ORESME, E.A., c.1370, 149). Telle oeuvre avons nous a mener, en quoy plus chiet d'aguet et de sens que d'ouvraige de chaude colle. (CHART., Q. inv., 1422, 35). ...car il cherroit plus grant pris de admortir terres et heritages tenuz sans moien du Roy que d'autres (FAUQ., III, 1431-1435, 113). ...le roy n'a pu sçavoir ce qui estoit machiné contre luy en Angleterre : ce qui chiet au grant grief et desplaisir du roy (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 130).

 

.

"Intervenir (en qqc.)" : ...du dangier y chiet beaucoup (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 34). ...car en longuement attendre il y chéoit péril (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 70).

 

-

Choir à / en qqn. "Arriver, advenir à qqn" : Et cheï li sors et li vois à monsigneur Robert de Genève (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 145). ...quant il cheoit aucune chose où il voloit mettre debat ou arguement, trop volontiers en parloit à moy. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 76). Puisqu'a Meseur sont acostez, Ne leur fera que mescheoir, Ne bien ne leur pourra cheoir (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 84). ...mais estre roy n'est pas chose que on doye reputer heritage, et si est une dignité, comme dit est, pertinent a toute la chose publicque, qui ne peult ou doit cheoir en femelle, car de dignitez, offices, administrations publicques femmes sont et doivent estre deboutees selon les droitz, et est leur nature et condition communement contraire a celle que ung roy doit avoir (JUV. URS., T. crest., c.1446, 43).

 

-

Part. prés. en empl. adj. Rage cheante. V. rage

 

-

Part. prés. en empl. subst. "Ce qui advient, circonstance" : Et qui si voulroit adviser Et ung petiot atiser, Verroit les hoirs des marechans Comment ilz sont en ces cheans, Et comment ilz ont maintenu L'estat que leur pere ont tenu (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 141).

 

.

Il choit à tour. "C'est le tour (de), se produire par tour de rôle" : ...et les autres, quant il chiet à tour. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 64).

 

.

Il choit que : Si chaÿ qu'au chief de l'annee... (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 50). Mais n'a pas .II. mois qu'il cheï Que... (FROISS., Méliad. L., t.2, 1373-1388, 360).

 

.

[D'un terme] "Arriver à échéance" : Il dirent (...) Que le terme demain cherroit Du respit qui donné m'estoit (Mir. enf. diable, c.1339, 23).

 

b)

[D'une pers.]

 

-

Choir qq. part. "Arriver qq. part par hasard ou par surprise" : ...si venrons devant Audenarde et cerons droit ou logeïs Phelippe d'Artevelle (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 3).

 

.

Choir à tour. "Venir à son tour" : Et lors chey a son tour le Chevalier au Cerf Azuré (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 427).

 

-

Choir à + inf. "En venir à" : ...nous manderons icy nos femmes, et (...) Jehan fera une petite collacion, laquelle enfin cherra a parler des dismes, et leur demandera... (C.N.N., c.1456-1467, 222). ...en la fin il vint et cheut a parler de sa fille, et luy va dire... (C.N.N., c.1456-1467, 295).

 

2.

[Idée de survenance favorable ou défavorable, idée de convenance]

 

a)

Choir (bien / mal)

 

-

(Il) choit bien / mal à qqn. "Cela survient favorablement / défavorablement pour qqn" : Amys, se dit ly enfes, trop bien me va queant : J'ay une belle harpe que vous m'yrés portant Et j'en joueray bien (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 343). Si qu'il ne t'est pas mescheü, Eins di qu'il t'est tres bien cheü Et que c'est ton bien et t'onnour, Quant tu es pris de tel signour Qui te fera droit et justise Et grace, s'a li est requise (MACH., C. ami, 1357, 101). Aussi eüst il Galatee, S'il peüst, honnie et tuee ; Mais Galatee s'en feuy En un crot, dont bien li cheÿ. (MACH., Voir, 1364, 622). Ne ce n'est que forsen et rage D'assaillir encontre ces murs, Qui sont haus, larges et seürs. Et se bien nous en est cheü, Dieux l'a fait, vous l'avez veü. (MACH., P. Alex., p.1369, 103). Chier sire, il vous est bien cheu De ce que voz gens armez voy, Et vous mesmes ; qu'en bonne foy Vezci venir paiens (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 61). Bien leur cheoit quant ilz trouvoient de l'erbe à pasturer (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 93). Mais il m'en est trop mieulx cheü Qu'il ne pense (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 16). Et cei adont si bien as Englois que sans le dangier de passer au pont, il passoient et rapasoient ensi que il voloient (FROISS., Chron. D., p.1400, 693). Lors luy chey tant bien qu'il se retrouva sur une fontaine moult bonne (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 706). ...sy vint contre le chevalier (...) et sy bien l'en chey qu'il porta le chevalier a renvers par terre (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1052).

 

Rem. FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 230 ; X, 143...

 

.

[De la Fortune] : Car se fortune bien li chiet Et a port de salut eschiet, Telz denrées pourra avoir... (Mir. march. juif, c.1377, 198).

 

.

(Il) choit bien / mal à qqn de + inf. : Par mon chief, dist le gallaffre, il vous est bien cheu d'estre ainsi eschappé des mains d'un tel ennemy. (ARRAS, c.1392-1393, 234).

 

.

(Il) choit bien à + inf. : Amen chiet bien icy a dire. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 128).

 

.

(Il) choit bien que... : Et, toutesfoiz, si cheet il bien Qu'on sache que c'est que de luy (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 19).

 

.

Qqc. choit (bien) à point : Maine moy jusqu'a son hostel. Je feray pour toy autretel, S'il chiet a point. (Mir. femme roy Port., c.1342, 155). ...et dist et jura que, de la vilonnie que ses serourges li avoit fait, il l'en souvenroit et li remonsteroit durement qant il ceeroit a point. (FROISS., Chron. D., p.1400, 255).

 

.

Il choit à matiere / à taille : ...je li promet bien sanz faille Ceste bonté, s'il chiet a taille, A double rendre. (Mir. st J. Paulu, c.1372, 109). ...et chey a matiere que... (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 177).

 

b)

Qqc. choit / Il choit. "Qqc. convient / Il convient" : Et en cest art d'armes ou ordenance de guerre ne chiet il point de neccessité de la dite science ou d'escripture, mais sens naturel et hantement d'armes (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 35). Soit ars, escorchié ou pendu, Quar il n'y chiet autre remiere ! (Tomb. Chartr. W., c.1337-1339, 21). Et ce entent Aristote en ce que il dit que il y chiet pardon. Et avecques ce il y chiet misericorde quant il a pour ce a souffrir et soutient pour ce paine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 175). Ne chiet il pas pugnicion A la folle presumpcion Par quoy nostre loy [Jésus] destruit toute ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 271). S'il y fut allé sans savoir de vostre entencion, il y chéoit pugnicion. (BUEIL, II, 1461-1466, 221). ...pour le hardement Qu'elle eut, pour sa desloyaulté, Y chet bien ung banissement (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 148).

 

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Il y choit. "Cela convient" : QUATRIESME BARON. (...) Ne vous vueille desplaire, Chier sire, se prenons advis Et conseil sur vostre devis, Car il y chiet. LE ROY. Seigneurs, il me plaist bien et siet (Mir. ste Bauth., c.1376, 106).

 

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(Il) (y) choit (à) + inf. "Il convient de, il est de mise de + inf." : ...geux de dez, de tables (...) ne cheent point à exercer noz diz subgez à fait et usaige d'armes, à la deffense de nostredit Royaume (Ordonn. rois Fr. S., t.5, 1369, 172). Or parlerons un petit de (...), car il en chiet à parler. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 232). ...mais droit-cy ne récite les causes, ne la manière de sa mort, pour ce qu'autre part il cherra à en faire le conte plus proprement. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 337). ...pour ce que l'effet en est estrange et non advenu autrefois ailleurs, il y chiet avoir estrange ymagination aussi (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 362). ...sy chéoit à y mettre des doutes (CHASTELL., Chron. K., t.4, c.1456-1471, 159).

 

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Le coup y choit de + inf. "L'occasion se présente de + inf." : ...mais n'estoit pas pour tant la mauvaisté du duc guerlois oubliée, mais bien remise au jour de payement pour estre rendue, quant le coup y cherroit. (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 177).

 

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(Il) choit que. "Il convient que" : ...et ne chiet point que ceulx de Paris cerchent ainsi es registres royaux. (FAUQ., II, 1421-1430, 231).

 

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S'il choit en coche. "Si le coup réussit" : J'auray de luy, s'il chet en coche, Ung escu ou deux pour ma paine. (Path. D., c.1456-1469, 154).

 

c)

Qqc. choit à / en qqn / qqc. "Qqc. convient à qqn / à qqc." : ...forsenerie ne chiet point en fait d'armes, ne volenté trop hastive n'y aide pas (VIGNAY, Théod. Paléol. K., c.1333-1350, 70). Sire, dit le nouvel chevalier, je n'ay fait chose dont vous me doyez point de guerredon. Car tout preudomme se doit prendre garde de l'onneur et du prouffit de son maistre ou de son seigneur ; et dont, puis que c'est chose deue, il n'y chiet point de guerredon. (ARRAS, c.1392-1393, 233). Cestuy compte par adventure ne chiet pas mal au dit Remond (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 65). Encores voullons et ordonnons, selon le texte de noz ordonnances, que jasoit ce que en larrecin ne chiet paynne de mort, touteffois en larrecin ne chiet point de gaige de bactaille, si comme il est contenu en la clause du larrecin, qui est excepté. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 209). Oncq lart es pois ne cheut si bien (Path. D., c.1456-1469, 118). ...il ne chiet pas à ung chief se mettre en seurté et laisser ses gens en dangier. (BUEIL, I, 1461-1466, 144). Cestui donna tous ses biens et se fist povre pour mieulx vacquer aux sciences et c'est tout le reproche que à present font les calumpniateurs de astrologie de dire qu'il n'en est pas ung riche ; à quoy chet responce que cil qui se contente est riche (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 54 r°).

 

d)

Part. prés. en empl. adj.

 

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[D'une chose] Cheant à qqn. "Propice à qqn" : Ainsi le fault a marcheans Selon que temps leur est cheans. (Mir. march. juif, c.1377, 212).

 

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[D'une pers.] Bien cheant. "Chanceux" : Alcidès fu uns marcheans Riches, saiges et bien cheans (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 308). Argent (...) aime les beaus et les cointes (...), les marchëans Qui sont de leurs fais bien chëans (FROISS., Dits Débats F., 1363-1393, 176). ...par tout est si bien cheans Qu'il ne fait nulle marchandise Ou il ne gangne a sa divise (Mir. march. juif, c.1377, 200).

 

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Dur cheant. "Malchanceux" : Passelion avoit esté dur cheant de ses amours (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 1044).

 

Rem. Cf. aussi GD II, 784a : durcheant.

 

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Mal cheant. "Malchanceux" : Qui beneist souvent le soleil, la lune et les estoilles, ses biens lui multiplient. Et qui l'entrelaisse, incontinent devient miserables et mal cheant. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 129).

 

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ASTR. [D'une planète] "Qui est dans une des quatre maisons du ciel considérées comme défavorables" : Maistre Gervais de Saint Saulveur fut en ce temps moult souffisant astrologien, lequel, en ses prenosticacions sur la revolucion de aucuns ans, vit Jupiter cadens et mal fortuné. Pour ce osa dire que aucuns renommez en l'Eglise Precheurs precheroient faulx et mectroient au peuple plusieurs erreurs, ce qui advint (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 r°).

 

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Maison cheante / cadente (cadens ab angulo). "Maison considérée comme défavorable, la troisième, la sixième, la neuvième, la douzième"

 

Rem. V. aussi cadens. Compil. sc. étoiles C., a.1324, 88.

 

e)

Inf. subst. Au bien choir. "Dans le meilleur des cas" : ...et au bien cheoir Si ne pourroit il advenir [Deduit de chiens] A donner le tres hault plaisir Que Deduit d'Oiseaulx puet donner (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 496).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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