C.N.R.S.
 
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     COURSE     
FEW II-2 cursus
COURSE, subst. fém.
[AND : curs ; FEW II-2, 1576b, 1577a : cursus ; TLF : VI, 361b : course]

A. -

[Idée de déplacement plus ou moins rapide]

 

1.

"Action de courir, de se déplacer rapidement"

 

-

[À propos d'une pers.]

 

.

La course hastive. "Rapidement, vite" : MERE SOCTIE. Qui vive ! TESTE LIGIERE. Le tresexcellent general. MERE SOCTIE. Il viendra la cource hastive, De voulloir franc et liberal. (Sots, c.1480-1500, 266).

 

.

De course. "En courant, vite" : Cescuns prist son glave et apuigna moult roidement, et devoient de courses venir de piet l'un contre l'autre et assir les glaves entre les quatre menbres. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 38).

 

.

Faire une course. "Faire un tour" : Va fere une cource, beaul sire, Pour sçavoir se tu orras dire Quelque chose toichant mon cas. Pran les grans oreilles Midas Et les tiens droictes et ouvertes, Et tu en ourras de bien vertes ; Mais ne faiz pas semblans de rien. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 170).

 

.

Se mettre à la course. "Se mettre en route" : ...elle se mist à la course et trouva ung huys ouvert au bout du jardin (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 299).

 

.

[En tant qu'épreuve sportive] : Olimpus est une montaigne en Archade ou l'en faisoit jadis certains esbatemens, luttes, courses et comme joustes ou tournois en le honneur de Jupiter et pour soy excerciter (ORESME, E.A.C., c.1370, 126).

 

-

[À propos d'animaux] : Faites partout nuncier et crier haultement La cource de chevaux prinse bien justement (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 286). ...mais l'autre partie [des couleuvres] de moult impetueuse course, en sibillant, suivit aller après dedans icelui arbre, lequel fut environné de bois sec et y fut mis le feu et ainsi finerent. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°). La ou que sont les grans bestes saulvaiges, Comme chevreulx a la course soudains ["vifs à la course"] (LA VIGNE, V.N., p.1495, 249).

 

.

[À propos de l'allure d'un cheval] La forte course. "Le grand galop" : ...et courut tant que le cheval pouvoit aller et ferit à celle quintaine, à la forte course (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 166).

 

.

À course de cheval. "Au galop" : Laissons passer l'angarde a leur devision, Et puis alons derriere et si les assaillon, A cource de chevaux nous ferrons ou moilon (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 215-216). Ceulx qui chevauchoient veirent et oirent la grosse bataille du roy qui venoit, où bien avoit XX M. chevaulx qui approchoient fort. Adont retournerent-ilz aux courses de chevaux devers leurs gens, et disrent tout en hault : "Seigneurs, avisez-vous (...) vecy le roy de Castille et la grosse bataille qui vient." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 162). Lors n'y attendy ne per ne compaignon, mais s'en vint a course de cheval vers le fort. (ARRAS, c.1392-1393, 204). ...et puis picque aprés le cerf a course de cheval. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 241).

 

.

À course d'esperons : ...Qui entra dedens Rome a cource d'esperons (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 570).

 

2.

"Fait de couler, écoulement" : Tant habondoient Mes plaisirs, qui d'un seul sourdoient Et en un mesmes redondoient, Que tous les ennuis confondoient ; Ainsi resourse Estoie et en lëesce sourse. Deux ruisseaulx d'amoureuse sourse, Penser et Souvenir, leur course Vers moy prenoient. (CHART., L. Dames, 1416, 243).

 

3.

P. méton.

 

a)

"Espace parcouru rapidement" : Dedens Susanne lendemain fut disner, Car jusques la n'y avoit c'une course (LA VIGNE, V.N., p.1495, 157).

 

b)

"Service porté en une fois sur la table" : Doncques lui serviront ses escuiers et varlés de moult bon viande : c'est à savoir, à la primiere course, de soupe des naveux, s'il soit en estee ; et s'il soit en yver, des chous de porree ou de poais avecque la larde, ou de puree. (Man. lang. G., 1396, 51).

 

Rem. FEW II-2, 1577a : «ende 14. jh.» ; AND, s.v. curs.

B. -

[Idée de déplacement et d'attaque]

 

1.

"Charge, assaut" : ...messire Bouchicault (...) avoit envoiet par ung hirault requerre armes à faire, de troix courses de glaives aux chevaulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 118). Evous les Englois venus en une brousse, et vinrent faire une course devant les Escos. (FROISS., Chron. D., p.1400, 777). Tous les capitaines et gens de guerre estoient bien desplaisans qu'ilz ne faisoient de grans courses es marches de Picardie ; mais monseigneur le connestable ne vouloit, pour ce que tousjours tractoit et desiroit faire la paix entre le Roy et monseigneur de Bourgoigne (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 90-91). En ladicte année, les garnisons pour le roy estans au pays de Picardie, tenans frontiere sur lesdis Flamens, nonobstant la treve firent de grans courses les ungs contre les autres en faisant mauvaise guerre, car tous les prisonniers de guerre prins de chascun desdiz costez sans misericorde aucune estoient penduz quant prins estoyent, sans aucun en mettre à rençon. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 109). L'un des nepveuz du cardinal de Genes Et l'un des filz de messire Frigource (...) Furent happez et gruppez a la course. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 175).

 

-

Faire une course sur l'ennemi : ...le Jouvencel, ja considerans sa bonne fortune, proposa faire une course sur ses ennemys et demanda congié et gens au cappitaine de Luc, lequel à grant difficulté les lui octroya. (BUEIL, I, 1461-1466, 60). Ledit grant maistre fut logé audit Darnetal jusquez ad ce que le duc de Bourgoigne avoit jà son advangarde à la Justice de Rouen, et, pendant le temps, furent faittes plusieurs cources sur lesditz ennemys, qui leur furent fort dommageables. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 305).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss.

 

-

En partic. TOURN. "Action de charger avec la lance, charge" : ...et les menera eu pré où le Chevallier Noir sera, armé de toutes armes, lequel joustera trois courses [var. lances] (Ponthus Sidoine C., c.1400, 53). Alors chascun, garny de sa lance sur sa cuisse, en son arrest la coucha et et tant que destriers peurent courre l'un contre l'autre s'aproucha, maiz a celle premiere course riens ne firent. (LA SALE, J.S., 1456, 115). Trop seroit longue chose et annuyeuse de raccompter les courses et les manieres de faire des aultres chevaliers et barrons et aultres gentilz hommes qui a ceste feste se monstrerent gens valereux et de bon los (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 129). Et icelles courses faites et leurs lances rompuez, commencerent a jouster a la foule eux [et] XV ou XVI moult asprement l'un contre l'autre (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 131). ...car au cheoir qu'il fit, il fut blessé environ le genouil, par quoy impossible luy fut de parfournir ses courses. (Faits Lalaing K., c.1470, 56).

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], gloss.

 

-

[Cont. grivois] Après ceste premiere course. "Après ce premier assaut" : ...elle se delivra, cy prins cy mis, après ceste premiere course d'ung tresbeau filz (C.N.N., c.1456-1467, 198).

 

2.

"Incursion, attaque, coup de main (d'hommes armés, en partic. pour faire du butin)" : ...ycelluy de Sezay par plusieurs fois il a veu chevaucher avecques yceulx Jaquet et Blanchebarbe ès cources et chevauchées que l'en faisoit (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 59). ...il ne lui bailloit pas de l'argent à la value qu'il en avoit gaigné et gaignoit esdites cources, chevauchées et pillaiges (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 60). ...quant ilz orent fait celle course, ilz s'en retournerent et retraÿrent en Grece (Bouciquaut L., 1406-1409, 140). ...la Court condempne ledit duc pour pluseurs courses, pilleries, roberies, feux boutez et autres pluseurs grans et enormes crimes et deliz (BAYE, II, 1411-1417, 78). ...et se ilz [les ennemis] ont fait courssez, il n'y a eglises, ne personnes ecclesiastiques, femme, enfant qui ne soit prins et tirannisé. (JUV. URS., Loquar, 1440, 308). ...[des hommes] qui nouvellement avoient esté prins au royaulme de Bossene à une course que les Turcz avoient faite (LA BROQUIÈRE, Voy. Outr. S., c.1455-1457, 200). ...les vecxacions, courses et pilleries que faisoient lesdis gens de guerre (Trés. Reth. L., t.3, 1459, 395). Pour ce que les Angloys faisoient de grans courses et de grans maulx en Bretaigne (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 50). Et, au departir, parla à tous les cappitaines, chevaliers et escuiers qui estoient là, et appointa d'envoyer querir tout le peuple commung qui avoit esté prins en ceste course, et de le delivrer, excepté les nobles et toutes gens de guerre et ceulx des villes fermées qui faisoient guerre. (BUEIL, II, 1461-1466, 98). ...envoiez y les Normans loger (...) où vous adviserez qu'ilz porront mieulx garder les courses que ceulx de Nantes font tous les jours, qui sont petites gens et mal à cheval, aussi de ces coureux (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1487, 195). Encores y avoit une autre picque, car, durant que ledict duc estoit devant Amyens, ledict connestable feït une course en Haynault ; et, entre les autres exploictz qu'il feït, il brusla ung chasteau nommé Seure, qui estoit à ung chevallier appellé messire Baudouyn de Launoy. (COMM., I, 1489-1491, 243). Et allerent les gens du roy courir jusques oultre Bains ; en laquelle course ilz prindrent plusieurs prisonniers et gasterent beaucop de pays contraire au roy, comme à Maubeuge et autres pays (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 375).

 

Rem. MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss.

 

-

"Expédition maritime" : Si se desancrèrent et levèrent les singles, et se misent aval vent. Si furent moult tost eslongié, et vinrent de celle course prendre terre et ferir ou havene de Harflues en Normendie. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 238). "Or sà," se dit monsgr de Bethencourt, "mon intencion est de faire vne cource à la grant Canare, et de sauoir que c'est". (BÉTHENCOURT, Canarien G., c.1490, 166).

C. -

Au fig.

 

1.

[Valeur temporelle] "Cours, cycle" : Les anciens appellèrent l'once qui est le premier degré de mesure de douze, à la similitude du compte de douze mois qui font ensemble la course d'un an. (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXXIV).

 

2.

"Fait d'avoir cours" : Et touchant la course de la monnoie d'argent, à la évaluacion du marc, il est aussi à doubter la diminucion du Royaume (ORESME, Monnoies W., c.1365, IV).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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