C.N.R.S.
 
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     CROÎTRE     
FEW II-2 crescere
CROISTRE, verbe
[T-L : croistre ; GD : croistre1 ; GDC : creistre ; AND : crestre ; DÉCT : croistre ; FEW II-2, 1323a-b : crescere ; TLF : VI, 532a : croître]

I. -

Empl. intrans.

A. -

[Avec valeur d'inchoatif]

 

1.

[D'une chose] "Se présenter, se manifester, arriver (à qqn)" : ...Grant payne vous est crute et dapmaige pesant Per le duc de Callabre que tant est malfaisant (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 270). - Dame, se dist Tristan, je feray vo pensee. - Par foy, dist Glorïande, car ensement m'agree ; Mais se vous ne le fetes, c'est verité prouvee, Paine vous croistera sy grande ceste annee Que vous mauydirés l'eure que fut fairie trouvee (Tristan Nant. S., c.1350, 327). De tant m'est plaisance crissue Que je voel faire, ains ma rissue, Mention comment on pora Trouver, qui bien querre y vorra, Le nom de ma dame et de mi (FROISS., Espin. amour. F., c.1369, 171). Lors commença telle joye parmy la ville que ceulx de l'ost en oïrent bien le bruit, et se donnent bien grant merveille quelle chose il leur est creu de nouvel, et le dirent au roy. (ARRAS, c.1392-1393, 159). Or met aguetz, espïes et escoutes, Et lui croissent tousjours nouvelles doubtes ; Si veult rouver Et cerchier ce qu'il ne veult pas trouver, Et son meschief acroistre et esprouver, Et traÿsons et mauvaistiez couver, Car sans faillir, Jalousie, qui s'en laisse assaillir, Fait en homme tout honneur defaillir, Ne d'ou el est ne puet nul bien saillir. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 185). A grans loisirs L'une plaint les passez plaisirs. L'autre n'a rien fors desplaisirs, Et lui croissent aprés desirs Par mains assaulx. (CHART., L. Dames, 1416, 260). "A, mon tres chier filz Hoctes, au jour d'uy te croist grant anoy et grant fortune..." (Flor. Octav., a.1454. In : Chrestom. R., 144). Et comme vous savéz, je ame et suis amoureux, vueille ou nom, et contre ma voulenté, ne ne me puis tenir que ung chascun jour ne me croisse douleur nouvelle. (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 568). Queroit a applicquier a luy seul par vertu ce en quoy les diverses nations du monde labeurent ensemble par divers regars dont envie crut dure sur ly (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 57).

 

-

[D'un phénomène atmosphérique] "Apparaître" : Et quant ce vint que l'aube fu creue, atant esvous Melusigne qui vint et entra en la chambre. (ARRAS, c.1392-1393, 243).

 

2.

Croistre en + subst. désignant un état affectif

 

-

Croistre en ire. "Se mettre en colère" : Jamais ne veult [le jeune] estre touché Ne reprouché. Qui le reprent, il croyst en yre. (Pass. Auv., 1477, 118).

B. -

[Avec valeur d'imperfectif] "Augmenter progressivement, se développer"

 

1.

"Augmenter en taille"

 

a)

[D'un animé]

 

-

[D'un jeune enfant] "Grandir, se développer" : "...A sy bonne nourrisse mon corps vous mettera Qu'a l'aïde de Dieu vo corps s'y croistera". (Tristan Nant. S., c.1350, 82). Chilz joenne duc de Guerles cressy en longuer, en force, en sens (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 173). ...et estoit si tres soingneuse de ses enfans, qu'ilz croissoient et amendoient si fort que chascun qui les veoit s'en donnoit merveille. (ARRAS, c.1392-1393, 79). [L'enfant] Soit bailliez a bonne nourrice Qui tressouëfment le nourrisse Si qu'il croisse fort et amende. (Gris., 1395, 60). ...car comme les enfants naiscent et croiscent en hommes parfaiz et puis declinent a viellesce et a mort, ainsi ont seigneuries leur commencement, leur accroissement et leur declin. (CHART., Q. inv., 1422, 3). S'il avient que aucun ou aucune engambe par dessus un petit enfant, sachiez que jamais plus ne croistera, se cellui ou celle mesmes ne rengambe au contraire et retourne par dessus. Glose. Certes, dist Sebile, de ceste chose viennent les naims et les petites femmes. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 88).

 

.

Croistre + adj. désignant le terme de la croissance. "Se développer et devenir + adj." : Et le enffe cressoit touttefoys grant et gros. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 134).

 

.

Estre croissant et venant avec qqn. "Grandir et arriver à l'âge adulte avec qqn, en même temps que qqn" : ...cestuy duc d'Alenchon, qui avoit esté croissant et venant aveuc luy [le roi de France Charles VII], tousjours ayant maintenu son party (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 123).

 

Rem. Cf. Heilemann, Gloss., 11 où le verbe venir appartient au vocab. de l'âge.

 

.

Estre cru. "Avoir grandi" : Item, j'ay sceu en ce voyaige Que mes troys povres orphelins [trois vieux usuriers] Sont creuz et deviennent en aage Et n'ont pas testes de belins, Et qu'enffans d'icy a Salins N'a mieulx saichant leur tour d'escolle. Or, par l'ordre des Mathelins, Telle jeunesse n'est pas folle. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 104).

 

-

[D'une partie du corps] "Pousser, se développer" : ...et les ongles ne croissent que de long en maniere de aggregacion (GORDON, Prat., c.1450-1500, I, 29). Tiercement note pour quoy les mammelles croissent en temps de pubescence et non pas es homme (GORDON, Prat., c.1450-1500, IV, 14). Il vestit ceste robbe longue et laissa croistre ses cheveulx de sa teste et de sa barbe, et en cest estat servoit sa parroiche, chantoit messe et faisoit les aultres choses appartenant a curé. (C.N.N., c.1456-1467, 531). Et de ce propoz, vous, monsr de Vienne, en sçavez plus que moy, comme celuy qui l'aydastes à penser en ceste malladie et luy feïstes faire la barbe, que il laissoit croistre. (COMM., II, 1489-1491, 129). ...en une peau caleuse par nul engin de medicine ne peult croistre cheveu (PREVOST, Cir. Guill. Salicet, 1492, I, 3).

 

-

[D'un jeune animal] "Se développer, se fortifier" : Quant le vent vient d'escorceveau, les femmes doibvent taillier de l'oreille a leur jenne veillon et le jetter au lez de ou le vent vient, affin que leur veau croisse et amende, ou prommettre sa corne droite a saint Berthelemi. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 128).

 

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[D'un animal fabuleux] "Grandir" : ...car, assez tost après, fut (...) les grans oyseaulx de quinze couldées de hault, qui premier se monstrerent en Archadie le long du cours d'une Lune, cressoient comme la Lune croissoit, puis decreurent et vindrent à neant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 v°).

 

b)

[D'un végétal]

 

-

"Pousser, se développer" : ...Qu'envis puet on deraciner Un grant arbre, sans demourer De la racine, Qu'on voit puis flourir et porter Et ses branches croistre et geter, En brief termine. (MACH., L. plour, 1349, 284). Mais certainement on verra Tout clerement, je n'en doubt mie, La fleur de lis croistre en l'ortie Et le fruit naistre en la racine (MACH., Voir, 1364, 430). Espinars sont en fevrier, et ont longue fueille et crevellet comme fueille de chesne, et croissent par touffetz comme poree (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 119). ...après, petit à petit, recevant la doulceur de l'air avec la ceve de l'arbre, croiscent yceulz boutons, tant qu'ilz sont espaniz et font fleurs plaisans et delictables, et ycelle doulce saison leur procure fueilles avec la fleur, qui peut estre pris par l'adolescence de l'omme (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 32). Et premierement, touchant le fait et utilité de la terre durant ladicte année mil quatre cens soixante, au regart et en tant que touche le terrouer et finaige du royaulme de France, il y creust compettamment de blez, qui furent bons et de garde (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 3). Qui se abstient de torchier son derriere d'herbe, de fueilles ou d'autre verdure qui ait creu sur terre, il n'aura ja mal en l'eschine ne es rains. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 92). Celles qui ont commencement et fin sont dittes temporeles, comme sont les choses corruptibles, qui se corrompent, comme arbres, plantes, qui croissent, et les bestes et les choses sensibles, et ainsi des aultres pareilles. (Somme abr., c.1477-1481, 142).

 

.

Croistre + compl. de lieu. "Pousser naturellement (dans tel lieu, telle région)" : croist le sucre et la kanelle, Et mainte espice bonne et belle (MACH., P. Alex., p.1369, 211). L'erbe y croist verde, freche et belle (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 118). Le temps n'estoit mie nuyeux : De bleu se vestoient les cieulx, Et le beau soleil cler luisoit. Vïolete croissoit par lieux, Et tout faisoit ses devoirs tieulx Comme Nature le duisoit. (CHART., L. Dames, 1416, 198). En une sente me vins rendre, Longue et estroicte, ou l'erbe tendre Croissoit tresdrue et un pou mendre Que celle qui fut tout autour. (CHART., L. Dames, 1416, 202). Car moult se griève qui recule De se laschier courtoisement Par ceste forme ou autrement, à quoy vault fruit de thamarinde, C'est d'un abre qui croist en Inde (LA HAYE, P. peste, 1426, 105). Lesqueles doivent estre faites De simples liqueurs et extraites De bourroches ou de bugloxes, Qui croissent en plains ou en fosses (LA HAYE, P. peste, 1426, 120).

 

-

P. méton. [Du produit d'un végétal (vin, huile)] : Iceulx chrestiens labourent les vignes ou iceulx bons vins croissent (Voy. Jérus., c.1395, 41). La croit le plus fort vin du monde (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 157). Vin qui croist prest d'Eguebellette (Gaud. sot, c.1450, 13). En ce païs croist assez vins, mais les gens du païs n'en boivent point, car leur loy le desfent et ne menguent point de porc, mais boivent du bruvaige, qui croist sur arbres encossés qu'i font piller en pressouers avec eaue doulce (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 72). Il crut en ladicte année assez de vin et assez bon. Et, au regard des autres biens de terre, n'en fut pas grant habondance, mais la mer fut fort fructueuse. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 34). ...et alla coucher a Montflascon ou croissent les bons vins muscadetz (LA VIGNE, V.N., p.1495, 272). Es lieux où croist huille d'holif, comme en Pouille, l'achaptoient presque à leur plaisir (COMM., III, 1495-1498, 79).

 

-

Prov. Mauvaise herbe croist plus vite que la bonne : ...gentil homme n'a aage à tenir terre juques il ait atouchié à XXI an ; et aussi n'est il pas en aage de soy combatre jusques il ait telle aage, comme nous avons dit. Mes la fille si a aage à XV ans. Ainsi povez veoir que mauvese herbe croist assez plus tost que la bonne. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 196).

 

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Loc. (Telle chose) n'a pas cru dans le prunier de qqn. "Telle chose n'a pas poussé en son prunier ; n'est pas de son cru" : Car s'en jeunesse il [le pauvre vieillard] fut plaisant, Ores plus riens ne dit qui plaise - Tousjours viel singe est desplaisant, Moue ne fait qui ne desplaise- ; S'il se taist affin qu'il complaise, Il est tenu pour fol recreu ; S'il parle, on lui dist qu'il se taise Et qu'en son prunier [ce qu'il dit] n'a pas creu. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 51).

 

-

Part. prés. en empl. adj. [D'un bois] "Sur pied" : ...come (...) J. de H., person de l'eglise de W. en la diocise d'Everwyk (...) eit pursiuéz en la Consistoire d'Everwyk et recoveréz par procés (...) devers un William Burtoun de L. les dismes de siluacedua, en le boys appellé "le Heed" cressant, deinz les fines, limitez et lieux dismables de la dite esglise de W. notoirement assiz (...) nous (...) vous mandons (...) que... (Lettres agn. L., p.1412, 136).

 

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Bois croissant. "Bois sur pied" : Par quoi vous mandons que, receues devers vous les lettres de nostre dit ael par queles il granta a dit W[illiam] (...) les ditz quatre centz marcz par an (...) et ycelles cancelliés, et receue auxi du dit Michel seurtee suffisante de nous paier en nostre Tresorie (...) mille marcz (...) pur les niefs et boys cressantz appurtenantz as ditz manoirs de [Benhale] et D[edham], si facéz faire au dit Michel sur cestes noz doun et grant noz lettres desoubz nostre grande seel en due forme (Lettres agn. L., 1382, 178).

 

Rem. Empl. propre à l'agn. ? (v. aussi AND, s.v. crestre) qui cite le 2e ex.

 

c)

[D'un minéral] "Se développer" : Item ly dyamant croissent sur les roches de cristal et de aymant c'on nomme mangnet, autrement : la pierre de maronnier qui trayt le fier. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 175). Et se vous prendés deus dyamans, masle et fumelle, d'une marche, sy les mettés dedens une boiste avoec un petit de la roche sur quoy il croissent, et les moelliés souvent de la rozee du ciel et especialment de la rozee du mois de may, vous trouverés que, tous les ans, engenreront et devenront ly plus petit bien grant, selonc lor nature, car, ainsy que ly fins perles d'Orient se congree et engros et prent sa reondure de la rozee du ciel, ensy fait ly vrais dyamans et prent sa quarure. (MANDEVILLE, Lap. M., c.1350-1390, 176). Ocre croist en l'isle de Tapazion ou croist le sanderage, mais de octe [l. ocre] on fait aucune fois le sinope par feu en moles neuves envolopees en boue. Et tant comme il art plus ou feu, tant vaut il mieux, sicomme dit Ysidoire. (CORBECHON, Couleurs S., 1372, 382).

 

d)

[D'une chose]

 

-

"Devenir plus grand" : ...puis en faictes taillier un corion [dans un cuir de cerf] tout d'une piece soubtilment, le plus delié que on pourra bonnement. Puis vous faictes venir delivrer vostre place laquelle vous trouverez toute tracee et ordonnonee ou il me plaira que vostre place se comporte. Et, au rapporter les boux ensemble, se ly corions croist, faictes le ramener contreval la valee (ARRAS, c.1392-1393, 31). Encor ne say-ge où j'en suy. Atendés, monsieur, je disoys Que le monde est cru de dix foys Plus grand qu'il n'estoyt de mon temps. (Mère Ofic. T., c.1500, 118).

 

-

[De la lune] "Augmenter progressivement jusqu'à la pleine lune" : [...les grands oiseaux] cressoient comme la Lune croissoit, puis decreurent et vindrent à neant (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 31 v°).

 

-

[D'une possession] "Devenir plus important, s'accroistre" : Mahon, sire, qui est celui Qui les biens de terre fait croistre... (Mir. Clov., c.1381, 233). ...dont par ainssy se garderont et croisteront les tresors et finances, et aussi feront ceulz de leurs hommes, dont leur seignourie flourira. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 19).

 

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Croistre de qqc. "S'agrandir de qqc." : LE CONTE. (...) je ne puis pas ma conté Gouverner par moy seulement (...) et mesmement Pour la terre dont est creüe, Qui de nouvel m'est escheüe, Et dont j'ay fait au roy hommage (Mir. enf. ress., 1353, 14).

 

-

[D'une substance du corps humain]

 

.

"Se développer (de façon harmonieuse)" : "...et par la conjuction d'icelles [des estoilles fortunées] aux estoilles contraires sont faiz et causés effectz opposites et mauvais, et pour ce doit le bon medicin premierement considerer en quel point est la Lune, c'est assavoir si elle est prime ou plaine, car lors croissent les humeurs et les moelles". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 77 r°).

 

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"Proliférer de façon anarchique" : Et jeo tiegne qe les persecucions de ceste mounde si est com un poynante poudre qe ces meistres mettent en ces plaies quant ils voient q'ils eient ascune mort char, ou qe char soit trop crue amont : ils y mettent toute la poudre poignante qe mangue mult fort (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 196).

 

-

[D'une plaie, d'une maladie] "Se développer, s'aggraver" : Tu vois une plaie petite Dont on ne donroit une mitte ; Quant cils qui l'a riens n'i aconte, Elle evenime et croist et monte Tant qu'on ne trueve si bon mire N'homme qui t'en sache que dire. (MACH., C. ami, 1357, 123).

 

.

[Dans un contexte métaph.] : ...et com plus m'humelie, De tant croist plus la dure maladie Qui m'art et seche... (MACH., L. dames, 1377, 64). Ne say que je die De ma grief dolour, Car ma maladie Croist de jour en jour. (MACH., Les lays, 1377, 445).

 

2.

"Augmenter en volume, en débit"

 

-

[D'un cours d'eau] "Grossir" : ...une autre riviere (...) estoit tant crute (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 27). ...nul ne se ose abandonner à passer Seinne, par especial outre les feu petis pons, pour ce que la riviere croit oultre mesure et hors ses termes et si impetueusement que c'est horreur. (BAYE, I, 1400-1410, 218). En ladicte année furent les rivieres de Seine et Marne moult grandes, tellement que en une nuit ladicte riviere de Marne creut et devint si grande à l'environ de Saint-Mor des Fossez comme de la haulteur d'un homme, et fist plusieurs grans dommages en divers lieux. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 12). Et vous me pourriez demander comment ilz ne furent noyés, voyant que l'eaue croissoit tousjours : vous devez sçavoir que en icelle prison d'aventure avoit deux gros pilliers bien de quinze piez de hault, sur les quelx a grant force ilz vont monter Olivier, qui ne se pouvoit gayres ayder. (BAGNYON, Hist. Charlem. K., c.1465-1470, 73). Et le soir la riviere de rechief creut si tres grande qu'elle rompit le pont et les basteaulx (LA VIGNE, V.N., p.1495, 306). Et estions en une vallée, entre deux petitz coustaulx, et en ladite vallée couroit une rivière que l'on passoit à gué, sinon quant elle croissoit, en ce païs là qui est aiséement et toust et aussi ne dure guères, et les appellent torrents. (COMM., III, 1495-1498, 171).

 

-

[Dans un contexte métaph.] : Et toudis croist li ruissiaus de mon plour. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 91).

 

3.

"Augmenter en nombre"

 

a)

[D'un ensemble de personnes] : ...quant je viens au lieu et gens me croissent, je puis penre sor chascun de mes bourgois I coussin pour le giste. (Comté Porcien R., 1353, 157). ...et contre ceulx qui passerent sez comendemans, il mist certaines poines, car il lez bouta hors de Paradis. Mez, pour ce que le pueple comança a creistre et a multiplier, il laissa la terre aux filz dez honmes, et le Ciel dez cieulx a Dieu. (Songe verg. S., t.1, 1378, 49). La conmença li hustins et li rencontres durs et fiers, et toutdis croisoient gens au signeur de Rodemac, car il estoient estourmi en lors logeis. (FROISS., Chron. D., p.1400, 434). Et poroient ces trois garnisons sans dangier conforter l'un l'autre et retraire au besoing, se poissance de gens d'armes lor croissoit dou roiaume de France. (FROISS., Chron. D., p.1400, 570). N'y pert chose que l'en y face, Adés semble que sus la place Croiscent li Persent, pour .I., .VI., Tant n'y en sçot avoir d'occis, Mais la haulte montaigne targe Les Grieux, ce leur fu avantage (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 246). Bien estoient sept cens en cel estorement, (...) Et tous les jours croissoient par moutepliement. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 377). ...considérans que leurs adversaires croissoient de jour en jour, et aussi le dérompement des tours, des maisons et des murs, doubtans qu'en la fin ne feussent prins de force et de leurs ennemis mis à mort, ce jour, eurent conseil ensemble pour sçavoir comment ilz se pourroient saulver. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 264).

 

-

Se croistre : Emsemble vesquirent long temps A grant meschief Eve et Adams. Des enffens eurent grant foyson, Et moult grant generacion Yssit d'eulx et de leurs e[n]ffens, [Et des enffens a leurs enffens.] Partout se crurent et peublierent [var. et puplierent]. (Liber Fort. G., 1346, 126).

 

Rem. Empl. pronom. exceptionnel (si toutefois la lecture est bonne).

 

-

[D'un chef de troupe, d'une troupe] Croistre de gens. "Connaître un accroissement de ses forces" : L'ystoire dit que moult fu le roy Uriien et ses deux freres et le maistre de Rodes courrouciez de la perte de leur gent, et bien voient que, se Sarrasins croissent de gens, qu'il leur en pourroit bien mal venir, car ilz avoient bien perdu VIIJm.. de leurs gens, que uns que autres. (ARRAS, c.1392-1393, 236). Incontinent veismes saillir le conte de Sainct Pol du boys, qui avoit bien quarante hommes d'armes avecques luy, et son enseigne, et marchoit droit à nous, et croissoit de gens (COMM., I, 1489-1491, 32).

 

b)

[D'animaux] : Et les és croissoient moult fort, si qu'il n'avoient nulle entente d'eschapper de ce peril (Bérinus, I, c.1350-1370, 213). ...les poulx me croissent en mes habillemens comme l'erbe en un pré et suis velu comme ung matin ou comme ung ours. (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 58).

 

4.

Au fig.

 

a)

[D'une chose abstr.] "Se développer, augmenter, devenir plus grand" : Mais j'ay tant de vous oy Par vostre bon renom qui Croist nuit et jour, Que vous estes le droit try, Le fruit et la fleur aussi De toute honneur (MACH., Ch. bal., 1377, 628). Lonc temps dura celle prison, mais au feur que leur aage croisçoit embrasoit en eulx l'amoureuse estincelle, qui pour leur longue absence point n'estaignoit. (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 207). Si fait [Amour] valoir Les cuers des bons et croistre leur vouloir Et mettre paour et crainte en nonchaloir (CHART., D. Fort., 1412-1413, 161). Le savoir raisonnable croist avecques les ans et la longue vie et grans experiences font les certains jugemens, si est la savance quise en ceulx qui plus ont veu et plus vescu. (CHART., Q. inv., 1422, 47). ...chacun estoit content de luy [un médecin], et garisoit chacun, dont son bruyt creut et augmenta (C.N.N., c.1456-1467, 467). Rendez et faictes rendre à chascun ce qui est sien par bonne justice. Ainsi seront les citez, que vous aurez en gouvernement, garnies de tous biens et les rentes du Roy multipliées, et croistra son honneur et sa gloire et de vous, et serez tous plus crains et redoubtez de voz ennemis. (BUEIL, II, 1461-1466, 26). Mon deulh croistra de jour en jour, Tant que vivré. (Pass. Auv., 1477, 104). Item il donne grace aux justes en donnant l'habit de vertu et le mouvement de vertu, afin que par le premier il face l'homme agreable a Dieu et digne de la vie eternele. Mais par le second sa deserte croist et est augmentee. (Somme abr., c.1477-1481, 179).

 

-

[Avec un datif d'intérêt] : ...Pour la paine qui t'est creue (Mir. enf. diable, c.1339, 33). Et si n'est pas que ne me croisse Ceste douleur de mal en pis (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 240). ...c'est tout repos et paix que de avoir a faire a bonnes gens. Et pour ce est il dit que : Qui a a faire a bonnes gens il se repose ; et par semblable peut l'en dire que: Qui a a faire a hargneulx, doleur luy croist. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 126). Quant plus me trouve en mainte bonne place Ou chascun rit et s'esbat et soulace, Et plus me croist mon mal et ma destresse. Joye me fuit et Desespoir me chace. Je n'ay plaisir ne je ne le pourchace. J'ay mes bons jours passez et ma lëesse. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 383).

 

-

En partic. [D'un sentiment] "S'intensifier" : Einsi Amour Croist en mon cuer au fuer de ma dolour, Ne ne s'en part, ne de nuit, ne de jour, Eins me compaingne en mon dolereus plour Par sa bonté (MACH., J. R. Beh., c.1340, 86). ...Et li desirs fait croistre et embraser L'amour qui n'iert ja de moy dessevrée. (MACH., L. dames, 1377, 92). Las ! miex amasse morir Qu'avoir si grief souvenir Qui moult souvent resjoïr Me soloit, M'amour en pensant doubloit, Mon desir croistre faisoit Et toudis amenuisoit Mes dolours. (MACH., Motés, 1377, 487). ...l'orgueil de ceulx qui vous heent, tant de voz ennemis mortielz qui croist de jour en jour (JUV. URS., Loquar, 1440, 370).

 

b)

Le coeur croist (à qqn). "Le coeur se gonfle sous l'effet de tel sentiment, tel sentiment devient intense (chez qqn)" : Le cuer ens ou corps lui croissoit, D'engoisse et de päeur estraint, Tant qu'a bien peu qu'il ne froissoit Quant l'un et l'autre le contraint. (CHART., B. Dame, 1424, 337). Ainsi prent congié de sa dame et s'en va hors de la chambre, tout son visaige couvert de lermes. Le cueur lui croist tellement que à paine ne lui fent par le mylieu. (Cleriadus Z., c.1440-1444, 282). ADAM. Le cueur ne me cesse de croistre, Considerant que mon lignage, Qui jamais de moy pourra naistre, Soit obligé a mon oultrage, Et que avons perdu l'eritage Des cieulx, pour qui fus premier fait. (Myst. Viel test. R., t.1, c.1450, 78). "...et ceulx qui combatent et assaillent [un campement] sont bien esbahyz, quant ilz voient gens fraiz sur eulx ; et aux deffendeurs le cuer leur croist de la moittié." Et, pour ce, je suis d'oppinion que ces gens soient logiez en deux ou trois logeiz pour leur seurté. (BUEIL, II, 1461-1466, 196). Mais ledit conte, à qui le cueur croissoit avecques les jours, fit faire ses apprestz à toutes diligences et jura par sainct George, qui fut son plus grant serrement, qu'il iroit plustost en son pourpoint, qu'il n'accompaignast son seigneur et pere à soy venger de ses rebelles sugectz (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 226). ...et moult en occit et print, et tousjours perdoient les Gantois et tousjours leur croissoit le cueur et la haine qu'ilz avoyent contre leur seigneur. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 296). A l'ost du duc de Millan se joignit quelque deux mil Almans, que le roy des Romains envoyoit, et bien mil hommes à cheval almans, que menoit messire Fedric Cappellare, natif de la conté de Ferrete, qui fit croistre le cueur à messire Galiace et aux aultres ; et allèrent auprès de Trecas presenter la bataille au duc d'Orleans. (COMM., III, 1495-1498, 159). Et quant il eut ce dit, il s'en va guermentant moult fort et à peu que le cueur ne lui creva de douleur qu'il avoit et lui croissoit le cueur de force de souspirer. (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 57).

 

c)

[D'une couleur] "Devenir plus intense" : Aucuns dient qu'il avoit une perre precieuse appellée selenites, ayant proprieté que sa blancheur croissoit le croissant d'une Lune, puis descroissoit durant le decours et, par icelle, faisoit choses incredibles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°).

 

d)

[D'un prix] "Augmenter" : Les rentes qui sont deues ou terroir d'Avenson, prises sur les terrages du dit lieu, qui sont a plusieurs seigneurs, qui valent deux muis d'avoine au petit muy et X oes, et ne croist ne decroist. (Comté Porcien R., 1400, 215).

 

-

À croistre et à decroistre. "En augmentant et en diminuant, au prix moyen" : ...et peut valloir par an, à croistre et à descroistre, la somme de vingt quatre solz parisis ou environ (Trés. Reth. S.L., t.2, 1343, 45).

 

e)

[D'une pers. ou à propos d'une pers.]

 

-

(Se) croistre en + subst. "Développer (telle qualité, telle autre chose)" : Et quant elle croist et abunde Plus que dame qui soit ou munde En tout ce qu'on puet bon nommer, Tu ne te dois pas las clamer (MACH., R. Fort., c.1341, 59). Le legislateur a son povoir doit faire teles lays que les malvés ne se puissent croistre ne en richeces ne en puissance, et oveques ce, que l'en ne leur faice injustice par quoy il aient occasion de mal faire. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 94). Biauté parée de valour, Desirs qui onques n'a sejour D'acroistre, eins croist de jour en jour En plaisance et en douce ardour... (MACH., Motés, 1377, 524). Gervaise propre nous met en exemple d'un chevalier nommé Rogier du Chastel de Rousset, en la province d'Auxci, qui trouva une faee et la voult avoir a femme. Elle s'i consenty par tel convenant que jamais nue ne la verroit. Et furent grant temps ensemble, et croissoit le chevalier en grant prosperité. (ARRAS, c.1392-1393, 4). Et ainsi, maugré sien, croisçoit Cil en loz, dont il angoissoit. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 29). Le terme de croistre en force et en beauté est jusques a trente cincq ans, et autant de temps a enviellir. (ms. French. 027, éd. F. Fery-Hue, p.1410. In : Romania 110, 1989, 256). ...mais, par le contraire, plus grevoient les Gantois ceux de la ville, plus croissoient en couraige à souffrir et porter ce qui pouvoit advenir pour la querelle de leur prince, combien qu'ilz estoient souvent en grande melancholie de ce qu'ilz n'avoient aucunes nouvelles du duc et de leur secours (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 232).

 

-

Croistre en mieux. "Évoluer, progresser" : Comme doncques une ame expiree n'est en faculté de pooir merir et conjointe aveucques le corpz, toudis peut multiplier et croistre en mieulx, semblablement tu, vivant encore, peux attendre toudis commutacion de ta fortune en nouvelle prosperité (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 129).

 

-

Croistre de bien en mieux : Qui la regarde de mes yeulx Ma dame, ma seule maistresse, En elle voit, a grant largesse, Plaisirs croissans de bien en mieulx. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 209). Cuides tu faire basiliques, Qui occïent les gens des yeulx, Ces doulx visages angeliques Qui semblent estre faiz es cieulx ? Ilz ne furent par formez tieulx Pour desdaingner et nonchaloir, Mais pour croistre de bien en mieulx Ceulx qui ont desir de valoir. Doulceur, courtoisie, amitié Sont les vertuz de noble femme, Et le droit logeis de Pitié Est ou cuer d'une belle dame. (CHART., E. Dames, 1425, 365).

II. -

Empl. trans.

A. -

Croistre qqc.

 

1.

[Une chose abstr.]

 

-

"Augmenter, accroître qqc." : Car certes, je ne congnoissoie Espoir ne Desir, quant en voie Me mist sa biauté dou congnoistre, Pour m'amour et ma joie acroistre, Qu'Amours croist Desir et enorte, Et Esperance joie aporte. (MACH., R. Fort., c.1341, 12). Voulsist une autre dame prendre De hault estat, dont l'alÿance Lui creüst honneur et vaillance, Et laissier celle qu'il a prise, Qui povre estoit (Gris., 1395, 72). ...Ta parolle soit adreciée aux saiges, afin que leur responce croisse ton savoir. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 170). Et se ung juge a imposé aucune paine en choses criminelles ou civilles au regart de l'interest de justice, il la peut muer, ou moderer, ou croistre (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 41). Vous taschez a croistre mon dueil Et gens engigner par vostre art (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 476). ...je prie a nostre grant dieu Jupiter qu'il te croisse tes honneurs et te doint très longue vye (LA SALE, Sale D., 1451, 31). ...est advenu en une bonne paroisse, une joyeuse adventure que je mettray ycy pour croistre mon nombre [de nouvelles] (C.N.N., c.1456-1467, 492). Vous nous croiscés nostre malheur, En faisent ces piteux regrés ! Pour Dieu laissés vostre doleur (Pass. Auv., 1477, 256). Et vous diz bien que je les ay congneüs si saiges et tant enclins à croistre leur Seigneurie, que, s'il n'y est pourveü tost, que tous leurs voisins en maudiront l'heure. (COMM., III, 1495-1498, 113).

 

.

"Donner plus de retentissement à qqc." : Pierres et Polz, ou l'eglise se fonde, Gouvernerent a leur temps sainctement, Preschans la foy et menans vie ronde, Crurent la loy par leur enseignement (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 109).

 

.

[Dans une formule de bénédiction] : Ma chiére dame, Dieu vous face Honneur et vous croisse bonté ! (Mir. st J. Cris., c.1344, 268). Diex vous croisse honneur et bontez. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 141). Adont enprint Aigres la parole et dist: "Roy, je te salu de Dieu le Pere tout puissant, qui te croisse honnour et bonté et gart toute la compaignie..." (Bérinus, I, c.1350-1370, 300). Dieu vous croisse honneur, sire (Mir. chan., c.1361, 159). Celi Dieu de qui tout bien vient Et qui souffri de mort l'angoisse En croiz pour nous honneur vous croisse, Roy de vaillance. (Mir. fille roy, c.1379, 114). A Dieu, qui vous croisse honeur ! (DESCH., M.M., c.1385-1403, 20). Chier sire, Dieu vous croisse loz Et vous doint honneur, paix et joye ! (Gris., 1395, 11). Il estoit cause de m'oster tout ce que j'ayme et desire ; c'est la compaignie de Monseigneur, a qui Dieu croisse joye et honneur... (Nouvelles inéd. L., p.1452, 25). A ! monseigneur, Dieu vous croisse paix et honneur (Myst. st Laur. S.W., 1499, 171).

 

2.

[Une possession] : Amis, se je savoie, Vostre grant bien, je le volroie Croistre, eslever et essaucier Et vostre damage abaissier (MACH., Voir, 1364, 648). ...un Impereur puet bien craistre l'Empyre, mez il ne le puet pas, par rayson, diviser ne apeticer. (Songe verg. S., t.1, 1378, 155). Pour tant le dy que se peusse, Voulentiers mon estat creusse, Et s'il croissoit, je vous dy bien L'estat de vous touz com le mien Croistroit aussi. (Mir. st Lor., 1380, 138).

 

-

[Une somme d'argent] : Le seigneur de Noyers fut retenu du grand conseil du roy a 2000 libvres de pension et long temps apres fut ordonné pour porter l'auriflambe et ne l'y fut en rien creu, excepté que pour le temps qu'il portoit l'auriflambe il estoit a touts despens du roy. (Doc. 1372. In : Ph. Contamine, Guerre, État et société à la fin du Moy. Âge, 1972, 672).

 

3.

Empl. abs. "Surenchérir (dans une vente aux enchères)" : Adjousté cy qu'il couvendra Que vendue du sien soit faicte En plain marchié, et pour sa debte, Par cris et subhastacions Et par pluseurs dilacions, Solennement, et par decret, Sanz ce qu'il soit tenu secret, Afin que chascun soit engrant De croistre, et que au plus offrant Puist demourer son heritaige (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 325).

B. -

Croistre qqn

 

1.

"Rendre plus nombreux (un groupe de personnes)" : ...a ce que tu diz que aucuns des miens font les maulx soubz umbre de toy, telz qu'ils sont tu les as faiz et de ce qu'ilz font tu dois porter le faiz. Tu leur es umbre a faire leurs iniquitez et ilz te font umbre a multiplier tes vices et croistre ta compaignie de larrons pour avoir plus de souldees et acquerir greigneur renommee (CHART., Q. inv., 1422, 40).

 

2.

Empl. factitif [Dans une formule de bénédiction] Croistre qqn. "Faire grandir, augmenter qqn" : Nostre roy, que Dieu gart de mal, Et la royne au cuer royal Ont tant par mariage ensemble Esté qu'ont deux filz, ce me semble, Que veons hommes devenir Pour terre desormais tenir. Dieu les croisse et vueille amender ! (Mir. ste Bauth., c.1376, 108). Mes enfans, Dieu vous croisse en sens Et en valeur. (Mir. ste Bauth., c.1376, 118). Mon chier seigneur, se Dieu me croisse En bien, prest sui, ne vous doubtez, D'obeir a voz volentez, C'est de raison. (Mir. march. juif, c.1377, 171). Hault empereur, Mars vous gart de reproche Et croisse en bruyt vostre grant seigneurye ! (LA VIGNE, S.M., 1496, 251). Et Lambert luy dist : "Dieu te croisse, mon frere, car de plus sage n'y a en une grande cité !" (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 33).

 

3.

Croistre et diminuer. "Assurer la promotion ou la disgrâce (de qqn)" : Adont dist le conte : "Monseigneur, vous m'avez baillié une fois vostre ordonnance en laquelle le sire de Sempy n'est point, et monseigneur, s'il vous plaist, je vous prie que ceste-là je la puisse garder." - "Dea, ce dist le duc lors, ne vous chailliez des ordonnances, c'est à moy à croistre et à diminuer, je vueil que le sire de Sempy y soit mis [au poste de chambellan]." (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 232).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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     SOUS-CROÎTRE     
FEW II-2 crescere
SOUS-CROISTRE, verbe
[GD : souscroistre ; FEW II-2, 1326b : crescere]

"Grandir, arriver à la puberté ; pousser rapidement, abondamment" : Suppubeo (...) : souscroistre (Aalma R., c.1380, 405). Excresco (...) : souscroistre, estre superflu, sicome es ongles ou es arbres (extra vel valde crescere). Excrescens (...) : souscroissans, superflu. Excretus (...) : souscrut, superflu ou parcrus (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 153). Succresco (...) : soubs croistre (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 483). Succresco (...) : soubz croistre, parum crescere (...) vel sursum credere (a *sub vel *sursum et cresco) (LE TALLEUR, Vocab. E.M., c.1490, 379).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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