C.N.R.S.
 
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     DÉCOURS     
FEW II-2 cursus
DECOURS, subst. masc.
[T-L : decors ; GD : decors ; GDC : descours ; AND : decurs ; FEW II-2, 1580a : cursus ; TLF : VI, 876a : décours]

A. -

Au propre

 

1.

"Écoulement, fait de s'écouler" : Decours d'orine ; flux et decours des humeurs (SAINT-GILLE, Comment. A.Y. L., 1362-1365, 256). O ! chetifs mescheans, aprenéz et cognoissiéz les causes des choses, quelle chose nous sommes ou a quelle vie nous sommes engendréz et quelle ordre y est donnee et quelz termes sont donnéz as yaues et quelle moiste flux et de main decours [comprendre "eau aux cours multiples" (Éd.)] (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 209). Ces vertus ci sont les .IIII. vertus que les philosophes appellent cardinaux pour ce que elles naissent et sourdent de la premiere fontaine de honnesté comme les premiers ruissiaux des quiex les decours des rivieres de touz biens descendent. (FOUL., Policrat., IV, 1372, 83).

 

2.

"Lieu d'écoulement, conduit d'écoulement" : Et s'aucune fois la fontaine, Qui est de compunction plaine, Pour la terre n'a pas son cours, Pour ce qu'empliz sont ses decours Et les vaines de ses conduis De limon qui illec s'est duis... (DESCH., M.M., c.1385-1403, 203).

B. -

[P. anal., au fig.]

 

1.

[Idée de déroulement]

 

a)

[À propos du temps] "Écoulement, laps" : Quant donques nous oyons que il a aucune chose sceue par avant, nous n'entendons pas sa science estre passee par le decours de temps ; mais, se nous suyvons la nature des verbes et des paroles, nous entendons le temps estre passé ou quel on croit vraiement que il avoit science et cognoissance de ce qui estoit a venir. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 174). ...par long decours de tempz entre deux, la chose en est enviellie (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 151).

 

-

En decours de + indic. de durée. "Depuis + indic. de durée" : ...en decours bien de trois ans entiers que ceste rumeureuse question flamboioit (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 81).

 

.

En long decours de temps (que). "Depuis longtemps (que)" : ...en long décours de temps que là se tinrent, furent faites maintes molestes à ceux de dedens (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 87).

 

.

En long decours de temps après qqc. "Longtemps après qqc." : ...ainsy en long décours de temps après ceste saisine prise, le feu de venimeuse pensée se couva tousjours en ceste dame (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 85).

 

-

En bref decours. "À bref délai" : Or est razé en brief decours, Or aura Justice son cours (Moralité cincq pers. B., 1484, 107). [Peut-être faut-il préférer en bref de cours, où deux loc. signifiant l'une et l'autre "très vite" seraient juxtaposées (suggestion de G. Roques, R. Ling. rom. 52, 1988, 554)]

 

b)

"Cours, déroulement de qqc. ; cours des choses" : Sur les descors et la guerre pendanz à present entre le roy nostre sire, d'une part, et le roy de Navarre, d'autre, est parlé par les gens des diz seigneurs avecques madame la royne Jehanne et madame la royne Blanche, pour bien de paix (Mand. Ch. V, D., 1365, 105). ESAÜ. ...Si est il force que j'endure [l'injure qui m'est faite] Tant que, par decours de nature, Mon père, qui est viel, desvie (Myst. Viel test. R., t.2, c.1450, 223). NATURE. Amys, se j'ay fait mon devoir De vous avencier en amours, Vous ne m'en devez pas savoir Mau gré, car selon le decours Nature doyt faire son cours, Nul n'y pourroyt remedier. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 195). Le firmament decoré de mile milions d'estoilles (...) represente l'estat des nobles vertueux haulz hommes trespasséz de ce siècle, lesquelz, aprèz le decours de leurs vies, par leurs glorieux fais, haultains explois et loables merites, ont esté translatéz lassus (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 532). Il est temps de payer l'amende, Selon le decours de nature, Car la terre sy nous demande Pour nostre griefve forfaicture. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 126).

 

-

Estre en decours de + inf. "Être entraîné à" : Car m'ame en pereilleux decours Est d'aler a maleiçon. (Mir. parr., 1356, 45).

 

-

"Cours (des astres, des planètes)" : Gentils bergiers vëans du ciel le cours Et le decours des corps resplendissans, Merciés Dieu (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 347). Et se lassus sont translatés Stellifiés et planetés, Sont [l. S'ont] il esclipse et grant decours (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 47).

 

2.

[Idée de décroissance]

 

a)

Decours (de la lune). "Période de décroissance" : ...conjonction on Dit quant le soulel est fait cenit De la lune qui est dessous Quant elle defaut en decours. (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 99). Il sçavoit bien phisonomie Et jugier par astronomie De tous les corps du ciel le cours, Et le croissant et le decours Des planettes et de la lune. (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 256). Usons des delis et douçours Du corps jusqu'a ce que li jours Luira clers, n'ayons achoison De paour, hors est de maison Mon seigneur a tout sa pecune : Jusques au decours de la lune, Ne revendra, je le sçay bien. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 189). ...tout ce que l'on seme, plante ou ente, l'en le doit semer, planter ou enter par temps moite, et au soir ou au bien matin avant l'ardeur du soleil, et en decours, et doit l'en arrouser le pié et la terre et non la fueille. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 118). Femme nulle, dist une autre, ne doit homme espouser en decours de lune pour le bon eur que la lune donne a son renouvellement. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 144). ...dessoubz le cadran [de l'horloge] y a une lune, laquelle se monstr[e] plaine ou(,) ainsi comme le cressant ou decours sont de la lune(,) elle se monstre grande ou petite. (BARBATRE, Voy. T.-C. P., 1480, 116). Aucuns dient qu'il avoit une perre precieuse appellée selenites, ayant proprieté que sa blancheur croissoit le croissant d'une Lune, puis descroissoit durant le decours et, par icelle, faisoit choses incredibles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 24 v°).

 

-

La lune est en decours : ...quant la une est en decours. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 131). Ceste nuit fu tantost passée, car c'estoit en temps d'esté, ou mois d'aout, mais pour ce que il faisoit noir et brun, la lune estoit en decours (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 69). Quiconques salue la lune lors qu'elle est nouvelle et quant elle est pleine, et quant elle est en decours, pour vray elle envoie santé et bon eur. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 131).

 

-

Né en decours. "Né en période de décroissance de la lune ; infortuné" : Eslongnié de mondaine route Me tiens, comme né en decours, Entre les aveugles et sours (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 459).

 

-

[Dans une compar.] : De quoy vous sert cela, Fourtune ? Voz propos sont, puis longs, puis cours, Une foiz estes en decours, L'autre plaine comme la lune ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 445).

 

b)

"Décrue (de la mer)" : Meismes la mer sallée s'enffle Et toute ou decours se desenffle (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 131).

 

c)

"Décroissance, déclin de qqc." : Le dollereux hostel qui est deffais, Non pas du tout, s''il plaist a Dieu, encores, Par pluiseurs poins puet bien estre refais Comme de quoy il chiet, qu'il ait decores De tiltres haulx, de nobles territores Qu'ont eu les bons de leurs predecesseurs (TAILLEV., Ress. relèv. hôt. D., p.1440, 276). La peneance soit par vous dispensee, Car desormais mes temps deviennent cours ; Ne souffrez plus son plaisir en decours ; Veu que vers vous n'a faulte pourpensee (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 475).

 

-

Sans decours : Fors champions (...) qui estes plus chaulx Que vive chaux d'avoir bruit sans decours... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 82). Princes hardis, appaisiez vos partis, Soyez partis de grace sans decours (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 145).

 

-

Aller en decours : S'ainsi bien estoit maintenus Couvent de loial amité, Sans point de variableté, De dame a son amy loial, Mieus en vaurroit la court roial D'Amours, sans aler en decours, Et s'en seroit plus lons li cours De pais entre amie et amy, Et s'en diroit on mains : "Aymy !" (MACH., D. Aler., a.1349, 286). Plusieurs jours ou champ combatirent, Mais les dames si Grieux batirent Que le plus d'eulx mors et palis Se gisoient, dont de palis Se fermerent et de fossez Jusques ilz fussent respassez Ou que de Grece eussent secours, Car trop vont leur gent en decours, Et, pour les corps mors mettre en terre, Au roy treves envoya querre, Qui a peine les a donnees (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 148). Si vais en decours, Se de toy n'ay brief secours. (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 110). Ma vie va en decours Pour la belle sans pitié. (CHR. PIZ., Cent ball. amant dame C., c.1409-1410, 40). Or sommes nous en terrible soucy De voir aller nostre vie en decours. (LA VIGNE, S.M., 1496, 233).

 

-

Choir, trebuscher en decours : Pour ce, dame plaisans et franche, Ains que cheüs soit en decours Mes cors par trop longue souffrance, Soit de moi pris aucuns boins tours (ACART, Prise am. H., 1332, 5). ...se temprement n'i acours, Je ne puis estre respité De la mort, car tuit mi recours Sont en toy, et mi jours sont cours ; Dont ma vie chiet en decours, Se temprement ne has pité. (MACH., Les lays, 1377, 310). Tout amy se monstre estrangier Quant on tresbusche en tel decours La ou fault le boire et menger (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 4). Car toute rien chiet en décours Qui trespasse son propre cours, à quoy bien loyalment s'acordent Les Anciens et si recordent (LA HAYE, P. peste, 1426, 52).

 

-

Estre en decours : Vielle, sote, fausse et enchanteresse, Visaige d'ours, griffes de lyonnesse, Voix de torel, vous estes en decours, Menton et peaulx avez comme singesse (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 215). S'en sont gringnours Mes dolours Et plus dolereus mi plaint Et en decours Mes vigours, Quant tes cuers en moy ne maint. (MACH., Bal., 1377, 541). LE LARRON. (...) Aux boys, tout coy soubz ses fuellaiges, M'en vois guester quelque passant. Il m'est deu de grans arrerages. Je m'en payeray brief en passant. En decours suis, non en croyssant. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 6). Las, nous estions en decours Sans a nul bien avoir recours. (Pastor. B., c.1422-1425, 150).

 

-

Mettre qqc. au/en decours. "Faire diminuer qqc." : Il m'est advis que quant Amours Mect en ung cueur tant de doulours, Ce n'est pas pour le mectre a fin, Mais pour luy envoier secours Et mectre son mal en decours, S'il est esprouvé comme fin. (Narcissus, p.1426, 285). Car c'est pour la valleur D'une sans per, qu'ainsi mest au decours Ma povre vie, sans respit ne recours (BOURBON jadis CLERMONT. In : CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 497).

 

-

Venir à/en decours : ...tout le voiage De faire es crestïens secours Oultre mer vint puis en decours (Tomb. Chartr. Dix-huit contes K., c.1337-1339, 227). Salomon regna longuement Et puis en la fin de ses jours Il vesquit en guerre et tourment Et veindrent ses faictz à decours. (MART. D'AUV., Mat. Vierge L.H., c.1477-1483, 32).

 

3.

[Idée d'éloignement par rapport à une limite] "Fait d'émaner, de procéder de qqc." : Cy commence le second livre, qui parle de la creation des choses, et parle ou premier chapitle de trois manieres de decours ou de tresble effluction de la souveraine bonté. (Somme abr., c.1477-1481, 88). Et ainsi emanation est le decours et le proces par quoy le Saint Esperit procede du Pere et du Filz. (Somme abr., c.1477-1481, 115).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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