C.N.R.S.
 
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     DÉDIRE     
FEW III dicere
DESDIRE, verbe
[T-L : desdire ; GD : desdire ; GDC : desdire ; AND : desdire ; DÉCT : desdire ; FEW III, 68b : dicere ; TLF : VI, 907b : dédire]

I. -

Empl. trans.

A. -

Desdire un dieu, un objet de foi. "Renier" : LE JUIF. (...) Pour le vray, je ne sçay que dire : Mon cueur si est tout emply d'ire. Je n'y voy rime ne raison De vouloir nostre loi desdire. Jamais n'y vouldroye contredire : A moy seroit grant trahison. Toute ma maison En est soubtenue ; Parquoy mesprison Auroye encourue. Ma foy est ferue En ung tres fort las ; Mais, quant ma voulenté se mue, C'est des faictz de sainct Nicolas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 78). A Dieu je me rens sans plus dire Et veulx la loy Mahon desdire (LA VIGNE, S.M., 1496, 462). Tenez ! tenez ! me fains je point ? Et ung ! et deux ! et trois ! et quatre ! Ainsi doit on tel paillart batre Qui desdit les dieux anciens. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 259).

 

-

Empl. abs. : Et creras en Mahon et Jupin sans desdire (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 331).

B. -

Desdire qqn. "Contredire qqn, s'opposer à qqn (en paroles ou en actes)" : Puis une dame trés parfaite De quanqu'a vray amant couvient, Qui pour Dangier desdire vient, Lors son contredit tout efface Et tel cop li donne en la face Que devant li chiet estendus, Ne plus ne puet estre entendus, Car on ne le vuet plus oïr. (MACH., D. Aler., a.1349, 323). Pour tel chose ne quier ja lire, Dame, nom pas pour vous desdire. (MACH., J. R. Nav., 1349, 168). LA DAME. (...) Certes, g'iray. LE MARI. Dame, pas ne vous desdiray. (Mir. enf. ress., 1353, 78). Sire, ne vous dediray pas ; Je les vois querre. (Mir. Amis, c.1365, 66). ...quant il nous orra parler, il ne nous desdira point (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 27). "Ne puet chaloir, dist li dus ; j'ai dit et juret que jamais de chi ne partiray si arai le castel à ma volenté." Respondi li connestables : "Et vous n'en serés ja desdis." (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 24). [Personnification] Si ne doy desdire Espoir n'escondire, Car il fait de m'ire Joie, quant je plour, Et sans contredire Doucement m'atire... (MACH., Les lays, 1377, 419). Et d'autre part, je sens et congnois que vous, qui estes mes hommes, qui veez plus cler en mes besoingnes que je ne fais, ne me conseilleriez chose qui ne feust mon prouffit et mon honneur ; si ne vous doy ne ne vueil desdire, mais suis preste d'obeir a vostre plaisir. (ARRAS, c.1392-1393, 170). A ces mos ay bien entendu Qu'il [Jésus] vouloit que je retournasse Et que ma vie en crois finasse ; Sy ne l'osay oncques desdire. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 138). Tant fut l'amour que messire Jacques avoit a Paris, son filz, que il ne le peust plus desdire, ains luy promist que il acompliroit son desir. Et Paris l'en mercya, cy luy dist que il tenist la meilleur maniere, que il pourroit trover pour sourtir a son entente. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 168). ...et ou est la femme tant asseurée qui osast dedire ung homme ainsi eschauffé (C.N.N., c.1456-1467, 52). ...quant au dangier qui sourdre s'en pourroit, sans vous desdire, je vous diray mon opinion. (C.N.N., c.1456-1467, 166). ...maintindrent les deux compaignons assez longuement ceste vie et plaisant passetemps, sans ce que la gouge les osast oncques desdire [Les deux hommes ont décidé de se partager d'autorité les faveurs de la dame] (C.N.N., c.1456-1467, 240).

 

Rem. Ponthus Sidoine C., c.1400, gloss. ; Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], gloss. ...

 

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"Repousser la requête de qqn" : Prince, trois jours [de délai avant d'être banni de Paris pour dix ans] ne vueillez m'escondire Pour moy pourvoir et aux miens adieu dire ; Sans eulx argent je n'ay, icy n'aulx changes. Court triumphant, fiat, sans me desdire, Mere des bons et seur des benoistz anges ! (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 77).

 

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Desdire qqn de qqc.

 

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"Contredire qqn en qqc." : Li prevos des marchans avoit si attrais à lui toutes manières de gens à se cordielle, que nulz ne l'osoit desdire de cose que il desist. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 107). Se me dedites de ce point, Sachiez que je ne donrray point Un festu en vostre creance (Mir. march. juif, c.1377, 213). ...ne soit qui m'en desdie (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 618).

 

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"Dissuader qqn de qqc." : ...d'Artevelle estoit tant doubtés et cremeus ou pais de Flandres que, au fort, nuls ne l'euist osé courouchier ne desdire de ses volentés. (FROISS., Chron. D., p.1400, 635).

 

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Desdire qqn de faire qqc. "Empêcher" : Et la, vous ne serez desdit De vous mectre en habit d'onneur. (LA VIGNE, S.M., 1496, 263).

 

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Desdire à qqn de + inf. "Refuser à qqn de" : Le prince (...) desdit au herault de rendre le pleige... (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 8).

C. -

Desdire qqc.

 

1.

"Dire le contraire de qqc. (en partic. le contraire de ce que l'on a dit précédemment), contester qqc." : Dont il a maintenant ouvré, S'en a grant grace recouvré, Au meins si comme vous le dites. Pas ne vueil que vous le desdites. (MACH., D. Aler., a.1349, 357). "Comment poez-vous ne osez riens deviser sur leur parole ne desdire leur advis qui est si hault et si noble que pour garder l'onneur du roy et de son royaume ?" (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 153). Elle [Fortune] se boute en maint abist ; Se l'un garist, L'autre mourdrist, Quanqu'elle dist Tantost desdist. Adès est contraire à son dist. (MACH., Les lays, 1377, 417). [La marquise] Ne ja mon cuer ne desdira Chose que sa bouche dira. (Gris., 1395, 75). ...n'es nuz qui le desdie. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 184). ...ung mareschal nommé Vuillenbourte, de la ville d'Amyens, fut condampné par la justice faire amende honnorable, c'est assavoir de comparoir pardevant Mons. le grant maistre de France, conte de Dampmartin, ou en son absence devant Mons. de Gaucourt, ledit mareschal estant en chemise, tenant ung cierge en sa main, en desdisant aucunes parolles injurieuses contre ledit grant maistre, qui estoient telles que Mons. le grant maistre n'estoit plus riens et qu'il estoit desposé de tous offices. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 277).

 

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Sans rien desdire à qqc. "Sans en rien retirer" : [L'evesque, espousant Griseldis au marquis] Et pour ce [les oui des 2 futurs époux], sans y rien desdire, Je vous espeuse, et Nostre Sire Vous doint ensemble paix et joye ! (Gris., 1395, 41).

 

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Empl. abs. : Aussy ne weil je pas desdire La ou parla de l'armonie (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 19).

 

2.

"Contester qqc., refuser qqc." : Que vous ne desdiies jamais Mes biaulz ourages ne mes fais (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S.C., c.1330-1331, 270). ...et par ceste partie Pourrons entrer dedens sans ce qu'on le desdie. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 264). Et par voz guerres despites, Leurs merites Ne deffaittes ou desdittes, Qui escriptes Sont et durent jusqu'a ore. (CHART., L. Paix, a.1426, 412).

 

-

"Refuser, révoquer qqc." : Droiz excommenïent Et les lois maudïent Ceulx qui Paix desdïent. (CHART., L. Paix, a.1426, 418). Toutesfoiz ilz tuèrent encores deux hommes. Pour ceste cause fut la trefve desdicte et manda à madame de Nesle, qui estoit dedans, qu'elle saillist et ses serviteurs domesticques avec ses biens. (COMM., I, 1489-1491, 228).

 

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Desdire à qqn de + inf. "Refuser à qqn de" : Le prince (...) desdit au herault de rendre le pleige... (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 8).

 

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Desdire à qqn que. "Contester à qqn que" : Certes, sire, pas ne vous vueil desdire Que vous n'aiez moult de dolour et d'ire, S'einsi perdez ce que vos cuers desire. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 90).

 

-

Empl. abs. Sans desdire. "Sans contestation" : PERROQUET. Mon seigneur, je faulx a dire Mon seigneur vous prie sans dedire Qu'a luy venez s'il n'y a ame. (Sots mal., c.1480, 80).

 

-

P. métaph. [D'une chose] "Contredire qqc., être en contradiction avec autre chose" : Et el lui donne un courtois escondit Meslé d'espoir que refus contredit Et d'un regart qui sa durté desdit A longue attente, Et il le prent pour soy a son entente, Il n'est joye que a celle heure il ne sente N'il n'est douleur qui ce jour le tourmente Ne qui l'esmeuve. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 172). Je n'ay bouche qui puisse rire Que les yeulx ne la desmantissent, Car le cuer l'envoyeroit desdire Par les larmes qui des yeulx yssent. (CHART., B. Dame, 1424, 332). Que ont il gardé des excellences seigneuriaulx, et retenu dez dignités des princes, fors seullement le nom faint et vain, dont leurs oeuvres lez desmentent et desdient ? (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 66).

D. -

Desdire à + inf. "S'opposer à" : Mon filz, nocte ce que je dis Et a comprendre ne desdis Qu'en une vierge necte et pure Il descendit de paradis (LA VIGNE, S.M., 1496, 150).

II. -

Empl. pronom. "Se rétracter, se désavouer" : Et dou chevalier qui par ire, Pour ce qu'il ne se volt desdire, Copa son doy a tout l'anel, Il fist en s'onneur un crenel De honte pleinne de sotie Avec trés grant forcenerie, Quant a sa dame l'envoia. (MACH., J. R. Nav., 1349, 264). Et avec ce, qu'il se desdie En vostre presence, et qu'il die, Si haut qu'il ne le puist nier, Qu'il me tient pour bon chevalier En tous cas, preudomme et loial Pour estre en toute court royal (MACH., P. Alex., p.1369, 239). Ma fille Charité, n'aiéz nulle tritesse, Vo douce amour me romp le cueur et le coraige. Puis que l'antreprenés, il fault donc que g'y aille ; Desdire ne me puis quant ad ce fault puissance, Mes la malane au diable vaincre par sapience. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 47). Tant vault bon bruyt que grace acquise ; Tant promest on qu'on se desdit ; Tant pri'on que chose est acquise (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52). LE JUIF en s'en revenant. Il [le chrétien] ne sçauroit que contredire Qu'au terme il ne face payement. Et quant il se vouldroit desdire, Il faulceroit ung grant serment. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 94).

 

Rem. Ponthus Sidoine C., c.1400, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss.

 

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Se desdire de qqc. : Ilz se desdient de son paraige (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 56). Car d'Amours est tels li usages Que s'aucuns des dames mesdit, S'il ne s'en refreint et desdit, Amender le doit hautement Ou comparer moult chierement. (MACH., J. R. Nav., 1349, 268). Vous l'avez appellé de gage, Sans nulle cause, par outrage ; Si que vous vous en desdirez, Et devant chascun li direz Qu'il est preudons, justes, loiaus, Et qu'onques ne fu desloiaus, Et qu'en li nul mal ne savez... (MACH., P. Alex., p.1369, 242). Or ne reffusez pas ce noble don [une des plus belles dames de la contrée]. Quant Anthoine l'entendy, si pensa moult longuement, et a chief de piece respondy : Par ma foy, mes seigneurs, je ne cuidoie pas estre venuz en ceste contree pour ceste querelle. Mais puis que je le vous ay octroyé, je ne m'en desdiray ja. Or soit la damoiselle mandee, et se il luy plaist, il me plaist. (ARRAS, c.1392-1393, 170). ...par quoy (...) meu de impacience m'as escript tes deuziemes lettres plus injurieuses repprouchant mon femmenin sexe (lequel tu dis passionné comme par nature et meu de folie et presompcion d'oser corrigier et repprendre si hault docteur, si gradué et tant solennel comme tu clames l'acteur d'icellui). Et de ce moult m'ennortez que je m'en desdie et reppente, et mercy piteuse sera encore vers moy estendue, ou se non de moy sera fait comme du publican, etc. (CHR. PIZ., Déb. R. Rose H., 1401-1402, 25). Que de dueil ait le cuer nercy Qui ja croira, comme tu fais, Qu'oncques dame fust sans mercy ! Tu mourras de ce peché quicte ; Et se briefment ne t'en desdiz, Prescher te feray comme herite Et bruler ton livre et tes diz. (CHART., E. Dames, 1425, 364). Mais bon seroit, se vous estez D'avis, de luy faire encour dire Qu'il [Adrien] se voulcist de ce desdire Qu'il a empris et conmencer, Pour ce que vous l'amés sy chier Et qu'il est vostre mareschault ; Et aultrement, a son deffault, Contre luy pourrez proceder, Et puet estre, sans exeder Plus avant, qu'il s'avisera. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 99). Et, après que par ladicte court et par la justice du prevost de Paris ot esté vacqué par long temps à besongner oudit procès, icelles deux femmes se desdirent desdictes charges, en confessant par elles que icelles charges avoient faictes à la peticion et requeste dudit Colin Panier et d'un nommé Janvier, comme ennemis dudit Daniel et pour eulx venger de lui. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 65). S'a la mort vous habendonnez, Crainte pour ce ne me donnez, Car j'ay ma pensee ravye De mectre mon ame et ma vye Pour vous, et point ne m'en desditz. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 663). Regardez bien ad cela que direz, Car en effect vous vous en desdirez Si en raison vostre cas n'est fondé. (LA VIGNE, S.M., 1496, 335).

 

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Se dedire de faire qqc. "Refuser de faire qqc." : ...folz est sanz doubte Cil qui d'elle amer se desdit. (Mir. march. larr., c.1349, 117).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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