C.N.R.S.
 
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     DÉTORDRE     
FEW XIII-2 torquere
DETORDRE, verbe
[T-L : detordre ; GD : detordre ; GDC : detordre ; AND : detordre1 ; DÉCT : detordre ; FEW XIII-2, 97a : torquere]

I. -

Empl. trans.

A. -

"Tordre complètement" : Il leur esrachoit et detorgoit leurs healmes hors des testes et faisoit choses esmerveillables. (Messire Gilles de Chin L.-R., c.1400, 87). Quant pres d'eulx se trouvoit et que il n'avoit espace de les ferir, il leur detorgoit et esrachoit les healmes hors des testes. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 135).

 

Rem. Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss.

 

-

Soie detorse. "Fil de soie qui a été mouliné, tordu" : Audit Michiel Mercant, marchant de draps de soye, pour plusieurs besoingnes envoyées par ledit Gilet à ma dite Dame, c'est assavoir : pour une livre de soye destorse, 7 fr. ; pour une livre d'or de Chipre, 12 fr. ; pour demie livre de soye noire, 1 fr. demi ; pour deux pièces de tiercelin asuré, 16fr. ; pour 2 pièces de taffetas azuré, 16 fr. (RAPONDE, Comptes La Trémoille L.T., 1396-1406, 110).

 

-

Detordre ses mains/ses poings (de douleur, de colère...) : ...quelle perte ! Certes, bien doy mes poins destordre Et a plourer mes yeulx amordre (Mir. femme, 1368, 193). ...en destortant ses pointz, en tirant ses cheveulx... (Hist. Berthe Pépin T., c.1400-1500, 150). Vez sa joye tourner en dueil mortel Et ravalee, Et sa chiere devenir adoulee, Gresse et couleur en trois jours escoulee, Ses yeulx moilliez et sa face foulee. Or pense et songe, Ses mains detort et ses levres deronge, Et ne choisist le voir de la mensonge. (CHART., D. Fort., 1412-1413, 183). J'oy les autres chanter, et je me plains ; Ilz vont dançant, et je detors mes mains ; Ilz festoient, et je tout seul remains ; J'ay fait leurs tours : maintenant les deffais. (CHART., Compl., 1424, 326). ...une damoiselle qui detordoit ses mains et menoit merveilleux doeul. (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 403). ...et la belle Euryant, seulle et esgaree, demoura au bos moult dolante, en faisant ses regrés piteux, detordant ses mains, tirant ses cheveulx (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 27). ...son tresennuyé pere destort ses mains, ses cheveulx detire par la grand rage de ce nouvel courroux. (C.N.N., c.1456-1467, 32).

 

Rem. WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss. ; Cligès C.T., 1455, gloss. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. ...

B. -

P. anal. "Tourmenter"

 

Rem. Myst. process. Lille K., t.3, a.1485, 30/387.

II. -

Empl. pronom. Se detordre

A. -

[D'une chose] "Se tordre" : ...les baillievres escument et se deteurdent, les bras se degettent, les piez si saillent et tout le corps tramble (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 405). Et la terminoit droitement Nostre eschiele qui n'iert de corde Ne de chose qui se destorde. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 77).

B. -

[D'une pers.] "Se tordre (de douleur, de colère...)" : La fu li chetis si estrains, Si tourmentez et si destrains, Qu'il [le géant Thyphée] savoit bien qu'il avoit tort. La se bestourne et se detort, Si que les quatre mons escrosle Dont li rois d'enfer de ce crosle Ot tel paour que tout en l'eure Sus trois chevaus plus noirs que meure Yssi hors de sa mansion... (MACH., C. ami, 1357, 84). ...disant que sondit amy Hainsselin estoit fiancé de nouvel, et que elle ne povoit vivre ne durer de la grant ardeur d'amour que elle avoit à lui, et que elle ne savoit que faire, que dire ne que devenir, en soy destordant et deschirant sa robe et ses cheveux. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 354). Lors demaine la pucelle telle douleur que c'estoit grant pitié a veoir et se deteurtoit et tiroit ses cheveulx, que de l'angoisse qu'elle sentoit il n'a si dur cuer ou monde qui n'en eust eu pitié. (ARRAS, c.1392-1393, 181). ...il se detordoit pour la grant anguoisse qu'il sentoit (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 349). Durant ce doeil, la femme Zechius, nommee Mena, (...) demena si grant doeil qu'elle chey toute pasmee. Puis revint a soy, et lors elle se detordy par aspre courous en telle façon qu'elle se delivra d'un filz qu'elle avoit conceu de son mary, lequel moru sitost qu'il fu né, car il n'avoit pas son terme. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 184).

 

Rem. Percef. I, R., c.1450 [c.1340], 388/8.

C. -

P. anal. "Se tourmenter"

 

Rem. Myst. process. Lille K., t.4, a.1485, 51/111.

V. aussi destordre
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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