A. -

[Intensif de trancher]

1.

Detrancher qqc.

a)

"Couper, tailler"

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[Un vêtement] "Déchirer" : ...quant le Roy oÿ lez livres de la Loy de Nostre Seigneur, il destrancha sez vestemens et conmanda au prestre Ezechie et a Achor, le filz de Micha, et a Saphan le tabellion et a Achie, le familier du Roy, en disant : "Alés et aïés conseil aveques mon Seigneur". (Songe verg. S., t.2, 1378, 83).

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[Une pièce de viande] "Couper en morceaux" : ...et, quant fut hault en la montaigne devant le peuple, l'occist de sa main nue [un boeuf], sans baston, et tost se mist à icelui detrencher et fere cuire et le mengea tout, tout seul, en icelui mesmes jour (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 41 r°).

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[Une partie du corps] : Las ! il m'est avis c'on me ront Et c'om me destranche les nerfs. (Mir. st Val., c.1367, 126). Il avoit tout le col escorché et les oreilles detrenchées (C.N.N., c.1456-1467, 437).

b)

"Découper" : Son cheval estoit couvert d'une double housseure ; c'est assavoir le fond de satin blanc, et par dessus de velours noir tout decouppé et destrenché à grans lettres de Y Y gregeois, par où on veoit le fond parmy. (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 164-165).

2.

Detrancher qqn. "Tailler qqn en pièces (en partic. l'ennemi), le massacrer, le lacérer, le mutiler, le décapiter, le blesser" : ...nous les avons detranchiez, Ocis, desconfis et chaciez... (MACH., P. Alex., p.1369, 83). Parmi la ville chevaucha Li gentis roys qui detrancha Maint Sarrazin en combatant... (MACH., P. Alex., p.1369, 98). Finablement il fu aterrés, et li decoppèrent les jambes et les bras, et le detrenchièrent pièce à pièce. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 116). Et croy qu'assez en est (...) de tieulx, qui sont si crueulx Que mains hommes occis par eulx Ont esté et perdus les chiefs Ou cruelement detranchiez (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 7). Or sus, varlés, prouvés vous fort ! - Il est cy aise qu'il ce dort. - Faictes qu'il soit tout detrainchés. Sus, varlés, estez vous lassés ? Frappés, baptés forment sa peaul (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 196). Et senefie que cellui qui premier le porta en armes [le bar] estoit fort de bouche c'est a dire de vertueuses parolles et de grant force par quoy il detrenchoit et maistrioit plus grant et plus dur que soy. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 498). ...les eglises se bruloient, les femmes s'en emmenoyent captives, le peuple estoit detrenchié inhumainement (JUV. URS., T. crest., c.1446, 64). ...les faulx Juifz inhumain Luy percirent et piedz et mains De gros clos, et aussi tout nuz Fut en une croix estanduz, Tout saignant et tout destranchiez (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 94). ...car Baudinus fust mort et tout detreschié en la commune bataille... (LA SALE, Sale D., 1451, 112). ...lez payens, (...) ne cuidoient jamais venir assez a tempz pour lez detrenchier et mettre a mort (Comte Artois S., c.1453-1467, 74). Volentiers il mectra mon temps, Quar premier deviendray martir, Ou tuer sera [Jésus] et destranchier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 80). A mort ! ribault, plain de diffame, Vostre derrain jour est venu. Soit detrenché et demoulu Plus menu que chair a pastez. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 186).

Rem. Ponthus Sidoine C., c.1400, gloss. ; WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, gloss. ; Guill. Orange T.H.G., p.1450, gloss. ; Percef. I, R., c.1450 [c.1340], gloss. ; MAMEROT, Romuleon D., 1466, gloss. ; Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, gloss. ...

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Se faire detrancher. "(Prendre le risque de) se faire blesser" : Pour garantir les dames, monstrez votre hardiesse, Faictes vous detrancher pour honneste prouesse (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 146).

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[P. exag., de l'action cinglante du vent] : L'eau qui des cieulx tresbuchera Pourra sur mon cors nud descendre, Puis le vent me destranchera (LA VIGNE, S.M., 1496, 316).

B. -

P. métaph. au fig. "Découper" : ...dès le commencement d'ycelle Église la libidiosité et oultrage effrené d'aulcuns hommes a tousjours attendu de deschirer et détranchier le unité d'ycelle Église. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 360).

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"Ôter, supprimer" : Derechief, une Eglyse puet estre privee de son priviliege pour cause de inobedience faite au souverain qui luy a le priviliege autroyé ; car, conme dist une decretale : "lez privilieges de ceulx devent estre destranchés et revoquiés qui aux comandemens du seigneur ne veulent obeïr". (Songe verg. S., t.1, 1378, 140).