C.N.R.S.
 
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     DEVOIR1          DEVOIR2     
FEW III debere
DEVOIR, verbe
[T-L : devoir ; GD : devoir2 ; GDC : deveir1 ; AND : deveir ; DÉCT : devoir ; FEW III, 21a : debere ; TLF : VII, 119b : devoir1]

I. -

Devoir qqc. (à qqn/à qqc.)

A. -

[Idée d'obligation] "Être tenu de s'acquitter de qqc."

 

1.

"Être tenu de payer (une somme dont on est redevable, écot, impôt, redevance, salaire...), de rembourser (une dette que l'on a contractée...)" : ...et encoires l'en devoit le connestable de France à paier à trois ans soixante frans. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 73). "Comptez, car veslà tout ce que nous vous devons." (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 204). Quant le vi [escrin], ne me deportay, Mais le pris (...) Et dedans ay trouvé d'avoir Autant qu'il [bourgois] me pouoit devoir (Mir. march. juif, c.1377, 222). Item les bouchers ou mazeliers de ladicte ville ou autre bouchier qui veoront estre bouchiers et vendre char en ladicte ville doivent chascun an au seigneur pour cause du privilege de leur boucherie quatre solz et I denier à paier chascun an le jeudi avant Noel, lequel privilege est tel que nulz ne peut ou doit vendre char dedens ladicte ville fors que lesditz bouchiers. (Titres Bourbon L., t.2, 1385, 19). ...et que iceulx biens il avoit prins samedi darrenierement passé, environ heure de vespres, prins en ladicte ville de Garges, en l'ostel d'un escuïer qu'il ne scet nommer, en soy païant de son salaire qu'il lui devoit, ne scet quel somme d'argent (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 120). ...il avoit nom Girart Emmelart, nez en la tour de Tester, à une lieue près de Marcillac, à trois lieues prez de Rodès, laquelle tour lui appartenoit par succession de ses pere et mere, à laquelle tour a plusieurs villages et maisons qui deivent plusieurs menus cens, et blez jusques à troys cens sextiers ou environ, et plusieurs poulles et chapons (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 254). ...deux supplicacions, l'une en pappier, l'autre en parchemin, faisans mencion de certain argent à lui deu par feu Guillaume d'Anfrenet, tresorier des guerres (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 8). ...pour ce que par le conte d'Armignac lui est deu certaine et grant somme d'argent pour son service par lui fait ou voyage d'Arragon, ou service dudit conte, a tenu ledit fort pour soy recompenser sur icellui et ses hommes (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 199). Et les paioit Melusigne tous les samediz, si qu'elle ne leur devoit denier de reste. (ARRAS, c.1392-1393, 46). Comment, Gieffroy, me veulz tu oster la rente que je doy avoir pour le pommel de ceste tour, qui m'est deu, et en suiz en saisine dès le vivant de ton pere. (ARRAS, c.1392-1393, 298). Et pillierent et prissent li Alemant sus les Ronmains tant et oultre ce que on lor devoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 245). ...donnons, cedons, transportons et delaissons vint livres parisis de rente avec les arrerages, s'aucuns en sont deubz à present (Paris domin. angl. L., 1427, 270). La disme que nous devez et que nous vous demandons (C.N.N., c.1456-1467, 216). J'ay paié, moy. Je ne doy rien. (C.N.N., c.1456-1467, 224). ...dictes que je vous doy et vous en allez tost, et ne vous trouvez jamais devant moy (C.N.N., c.1456-1467, 311). ...allez veoir a ceste pouvre fille qu'on luy doit et la paiez (C.N.N., c.1456-1467, 371). ...[les maris] dirent que l'escot estoit gaigné, et que leurs femmes le devoient (C.N.N., c.1456-1467, 376). Simon, on dit Q'un usurier deux debteurs avoit. L'un cinq cens deniers luy devoit, L'aultre cinquante a payer (Pass. Auv., 1477, 153).

 

-

Empl. abs. : Aussi vueil je [Gieffroy] veoir les quictances de cellui a qui vous paiez les X. s. de rente, que vous dictes que vous paiez pour le pommel de ma tour. Par les dens Dieu, vous ne me aurez pas de ce tour cy ; car, se je puis savoir qui il est, il me monstrera comment je lui doy, ou il me rendra mes arrierages du temps passé, ou vous les me rendrez. A ce lui respondent les receveurs (ARRAS, c.1392-1393, 296). Item, [elle] ordenna que toutes personnes qui luy doibvent soient creus par leurs sermens des paies qu'ilz diront aveoir faict et affermeront. (Invent. test. beauv. L., 1431, 67). ...reste a savoir celles qui ont paié et celles qui doivent (C.N.N., c.1456-1467, 224). ...six belles jeunes femmes (...) dirent qu'elles avoient si bien payé qu'on leur devoit sur le temps advenir (C.N.N., c.1456-1467, 224). En prison ? Quelle chose ay je meffait ! A qui doy je ? (C.N.N., c.1456-1467, 508). Jugement (...) coment une parsonne estoit pleisge pour ung autre d'aulcunne debte, et cil a cui on debvoit voult estre paiet et fit estault sur les debtes en airches c'on debvoit a plaisge, et il delivre l'estault, se chaisse pués tant le creditour l'amant que li maistre-eschevin dit c'ons avoit bien de ciaulx escript [a] faire la volluntei don creditour, par tel qu'il feist xeuretei en la main du maiour de retraire avant dedan l'an et le jour passeit, et que tant chiesset de la debte et que li pleisge se puist de tan aidier sus le debtour. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, [1360], 378). En ce lieu dont je parle survint question entre les nostres tant pour les vivres qui se commencèrent à acoursir que pour la faulte d'argent ; car il estoit deü aux gens d'armes d'un an et demy et plus ; et avoient enduréz de grans pouvretéz. (COMM., III, 1495-1498, 266).

 

2.

"Être tenu à qqc."

 

a)

Devoir qqc. : Seigneurs, veez cy grant franchise de ce chevalier, qui prie que je respite ses ennemis de la mort ; mais, par la foy que je doy l'ame de mon pere, ne Jossellins ne ses filz ne feront jamais trahison ne n'enchasseront gentil homme de mon pays. Et lors les fist tous deux pendre, et rendy a Remondin sa terre, et lui donna la terre de Jossellin tout entierement. (ARRAS, c.1392-1393, 65). Par foy, dirent iceulx, c'est verité, et se vous y savez nul bon chief, pour l'amour et honneur de nostre pucelle et pour nostre prouffit, si le dictes. Si ferez bien et ce que vous devez ["ainsi vous ferez bien et vous ferez ce que vous devez faire"], car vous y estes tenus ; elle est vostre souveraine dame comme a nous. (ARRAS, c.1392-1393, 148). ...li signeur d'Alemagne (...) li devoient obeissance [à l'empereur] et qui service li avoient fait devant Cambrai (FROISS., Chron. D., p.1400, 362). Biau signeur, je vous prie chierement, et par la foi que vous me devés, que vous me menés si avant en la bataille (FROISS., Chron. D., p.1400, 730). Nous devons a Dieu gloire, grans et petis, sans excepcion, en recongnoissant sa souveraine puissance (GERS., Noël, p.1404, 293). Or, pensés doncques, quel dueil est ce A ung prince chevallereux Qui, soy moustrant plain de prouesse, Se voit desemparé de ceulx Qui lui doyvent service et foy, Dont il est et chief et seigneur ? (CHART., D. Her., p.1415, 429). Povre et riche meurt en corrupcïon, Noble et commun doivent a Dieu service ; Mais les nobles ont exaltacïon Pour Foy garder et pour vivre en justice. (CHART., B. Nobles, c.1424, 396). Cuidés vous tenir de Dieu par parage, et parier avec le non pareil ? Vous lui devez foy et hommage et service comme ses creatures, et avec ce, comme lez ministres de son peuple, justice garder comme administrateurs et commis. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 68). ...la posterne fut desserrée, et celle qui pour la nuyt le guet y devoit saillit dedans (C.N.N., c.1456-1467, 24). ...elle abandonna tost l'amour qu'elle luy devoit (C.N.N., c.1456-1467, 289). ...la foy (...) que je vous doy, en tant que je suis vostre pasteur indigne (C.N.N., c.1456-1467, 295). Sur ma foy, ilz sont radobtees, Vous nous debvez obeissance, Et encorë a la presence Du roy triumphant sans dommaige Vous allez sceucer tel langaige. (Feste roys, c.1475-1500, 309).

 

-

[Formule de serment] Foi que doy qqc. "Par le respect que je dois à qqc." : Sy en rescriptz [pour mes deux pauvres clergeons, deux très vieux chanoines de Notre-Dame] au collateur Lettres semblables et parreilles ; Or prient pour leur bien faicteur Ou qu'on leur tire les orreilles ! Aucunes gens ont grans merveilles Que tant m'encline vers ces deulx, Mais, foy que doy festes et veilles, Oncques ne vy les meres d'eulx. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 108).

 

-

Dieu doit qqn à qqn pour. "Dieu, pour..., doit envoyer qqn à qqn" : Le roi le bienviengna, et lui demanda des nouvelles, et le chevalier lui dit tout de mot en mot, comment Uriiens avoit rescoux la proye, et l'adventure du pont, et tout comment il a entencion de venir combatre le soudant bien brief. Par foy, dist le roy, cest homme me devoit Dieux pour rescourre mon pays des felons Sarrazins, et pour saincte crestienté soustenir et essaucier. (ARRAS, c.1392-1393, 103).

 

-

Prov. Fais ce que tu dois et (ad)vienne ce que pourra : Lors la royne respondy a Ardant Desir et dist ainsi : "Beaux amis et vous belle amie, il se dit en proverbe : Fais ce que tu dois et veigne ce que pourra..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 444).

 

Rem. Cf. aussi DI STEF., 254c, s.v. devoir, et 325c, s.v. faire.

 

b)

Au passif [D'une chose] "Qui revient à qqn" : Tu as bien tant a Dieu servi Que paradis as desservi Et que sa gloire t'est deue (Mir. st Guill., c.1347, 44). Hé ! dame des cieux descendue [Raison], Cler dyamant resplandissant ! Grant louhange vous est bien deuhe, Tresnoble rose florissant ! De Dieu eternel tout puissant Estez envoyee, com je croy, Obvïer tout autre passant. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 202). Affin que ne soye seclus du treseureux et hault merite deu a ceulx qui traveillent et labourent a l'augmentacion et accroissement des histoires de ce present livre, je vous racompteray... (C.N.N., c.1456-1467, 215). Dieu, qui rend a chacun ce qui luy est deu vous paiera de vostre desserte. (C.N.N., c.1456-1467, 245). Le demourant ay je houssé de vesture qui est deue a femme desloyale et deshonorée. (C.N.N., c.1456-1467, 323). LA SECONDE SOTE. Je vous salue, mon treshault seigneur Comme ad celuy a qui honneur est deue, Treshaultement sans point avoir saveur Car sur ma foy g'y suis tresbien tenue. (Feste roys, c.1475-1500, 308). Toutesfoiz moderéement gouvernoit ceste grand auctorité, car, comme ay dit, il estoit des plus saiges de son temps ; mais le filz cuydoit que cela luy fust deü par raison et se faisoit craindre moyennant ceste garde (COMM., III, 1495-1498, 43).

B. -

[Idée de nécessité ou de conséquence nécessaire]

 

1.

[D'une chose] "Nécessiter qqc., imposer qqc." : MARCELLE. Estes vous Jehan ? Alez lëans Vous chauffer ung petit le doyt A nostre feu. ST JEHAN. Le temps le doit : Pieça n'euz si froit que je saiche. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 722).

 

-

[En constr. interr.] Que ce doit ? "Comment cela se fait-il ? Qu'est-ce que cela signifie ?" : LE SEIGNEUR. Amie, voulentiers seroie Bien de vous, se il vous plaisoit. LA DAME. Doulce mére Dieu, que ce doit ? Mon seigneur, qu'avez vous pensé ? (Mir. enf. diable, c.1339, 9). Pere, se je leur donne du relief, que ce doit ? (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 565).

 

.

[Suivi d'une prop. introd. par que] "Comment se fait-il que... ?" : Dites li qu'elle soit ysnelle D'un po venir parler a moy, Et que ce doit que ne la voy Plus que ne fas. (Mir. roy Thierry, c.1374, 310).

 

2.

Au passif [D'une chose] Estre deu à. "Être à assigner à, à rapporter à" : Et Barbares et Grecs, quiconques cuident que aucuns diex soient, attribuent a Dieu cest lieu aussi comme se a chose ["créature"] inmortelle fust deu et convenable lieu inmortel ; et est impossible autrement. (ORESME, C.M., c.1377, 84). Et pour ce que la premiere figure est deue au premier corps et le premier corps est celui qui est en la desreniere et souveraine circunference, donques le corps qui est premier meu circulairement est sperique ou de figure sperique. (ORESME, C.M., c.1377, 384).

 

Rem. Rattacher ici (idée de causalité, de conformité) l'ex. suiv. (?) : Ceste leçon icy [la belle Heaumière] leur baille [aux filles de joie] La belle et bonne de jadiz. Bien dit ou mal, vaille que vaille, Enregistrer j'ay fait ses diz Par mon clerc Fremin l'estourdiz, Aussi rassiz que je pense estre, S'il me desment, je le mauldiz : Selon le clerc est deu le maistre. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 59).Il ne peut guère s'agir de duire, en raison de la forme. R.H., Comment. Test., 83

 

-

Empl. abs. : Car autre chose est ouvrer principalment pour honeur et autre chose est ouvrer pour bien honneste, pour lequel est deü honneur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 211).

 

3.

[D'une pers.] "Être redevable de qqc. à qqn" : Tiercement de tant que nostre Seigneur a receu plus de honte et de indignité pour nous, de tant luy devons nous plus de louange et gloire. (GERS., Noël, p.1404, 296).

 

-

Empl. impers. Il est deu à qqn. "On doit qqc. à qqn" : ...car à celuy est deu qui pour la chose publicque milite et combat (ORESME, Monnoies W., c.1365, XXI).

II. -

Devoir + inf.

A. -

[Idée d'obligation (au regard de la morale, de l'usage, de finalités pratiques...)]

 

1.

[Au regard de la morale ou du droit...] : ...Que rois doige pourter coronne (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 76). ...puis que nous sommes fréres, nous nous devons entreaidier (Mir. st Val., c.1367, 122). ...ledit mons. le prevost demanda ausdiz presens conseilliers leurs advis et oppinions qu'il estoit bon de faire dudit prisonnier et s'il y avoit cause assez parquoy l'en le deust excecuter comme larron. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 420). Comment, dist il, faulx traitre, avez vous esté si hardy de dommager ne faire molester le pays ne les gens de monseigneur mon pere, vous qui devez estre son homme ? (ARRAS, c.1392-1393, 205). Dedens doit avoir la lampe de vraye foy, alumee du feu de charité, et soustenue par la corde de esperance. Les paintures de ce temple sont les bons exemples des sains et sainctes que nous devons regarder et ensuyr. Et aussy de pluseurs autres similitudes que je laisse. En ce temple icy nous devons recevoir misericorde, car meilleur hoste ne pouons nous herbergier, ne meilleur offerende presenter. (GERS., Purif., 1396-1397, 63). ...par ce nous est clerement demonstré que nous devons querir ailleurs nostre bien, nostre salut, non pas au monde (GERS., Noël, p.1404, 296). Quatre foiz l'an (...) vous devez confesser [a vostre curé] du mains a quelque ung prestre (C.N.N., c.1456-1467, 223). ...qu'en dira mon tresloyal seigneur et mary, auquel je n'ay pas gardé loyaulté comme je deusse... (C.N.N., c.1456-1467, 424). ...elle allegoit les loix que l'on doit maintenir en mariage (C.N.N., c.1456-1467, 500). ...monseigneur l'official, vous avez tresbien jugé. Or avant, ma fille, faictes ce que vous devez faire (C.N.N., c.1456-1467, 501). ...a qui par loy humaine les devray laisser [Un riche célibataire s'inquiète du devenir de ses biens] (C.N.N., c.1456-1467, 556). ...nous devons ayder Es grans pecheurs pour les retraire De mal et a bien les tirer (Pass. Auv., 1477, 133). Doncques nous deussions exciter Magdalaine, que vit en blasme. (Pass. Auv., 1477, 133). Le Saint Esperit fu donné deux fois aprez la resurrection : une fois en terre pour signifier l'amour de laquelle nous devons amer nostre proxme. Secondement fu donné du ciel aprez que Jhesu Crist fu montéz ez cieulz le jour de la Penthecouste pour demonstrer l'amour par lequel nous devons amer Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 120).

 

2.

[Au regard de l'usage, de ce qui se fait...] : LE PAPE. (...) cil qui les devoit Deservir [les lampes] lui et son lignage Ay franchy d'ycellui servage (Mir. pape, 1346, 373). Oye laquele confession faite par icellui prisonnier, ledit mons. le prevost demanda ausdiz presens conseillers leurs advis et oppinions que bon estoit faire dudit prisonnier, et s'il devoit jouir de previlege de clert. Tous lesquelz delibererent et furent d'oppinion qu'il n'estoit pas homme qui deubst joïr de previlege de clert, et qu'il avoit abusé et mesusé d'icelle tonsure, et qu'il devoit estre rez tout jus comme homme lay. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 295). Et la fut le jeune conte en estat de chanoine, comme leur abbés, et fist son deu comme il appertient. Et lors vindrent les barons, et lui firent hommage tuit cilz qui faire lui deurent. (ARRAS, c.1392-1393, 32). Sire, devez vous choisir dame qui soit de hault et noble sang, saige, et qui ait de quoy vous aidier et mectre sus a voz besoings (LA SALE, J.S., 1456, 16). ...luy va faire ung grand premisse, que son filz estoit en eage de marier, et qu'il le deust pieça estre. (C.N.N., c.1456-1467, 296). ...deux gentilz hommes, beaulx compaignons, bien assoviz et adressez de tout ce qu'on doit ou peut loer [en] ung gentil homme vertueux. (C.N.N., c.1456-1467, 362). O Gestas, bien te deussies taire Dire teulx lenguacges et motz (Pass. Auv., 1477, 218). Souffert a [Jesus] volontairement Pour le saulvement des pecheurs ; Pour ce deussiés vous maintenant Laisser voz larmes et voz pleurs. (Pass. Auv., 1477, 255). Las, complere Je luy devoye En son affaire, Quant je veoye - qu'il non avoit en riens mespris. (Pass. Auv., 1477, 276).

 

-

Empl. impers. : LA NIEPCE. Cousine, je ne vous fail point ; Si vous doit de moy souvenir, Quant vous pourrez regne tenir De royauté. LA FILLE. (...) Cousine, ja ne vous faudray (Mir. femme roy Port., c.1342, 176).

 

-

[P. ell. de l'inf.] : ...ilz estoient messagiers. Si furent tantost menez au roy, lequel ilz saluerent, et firent la reverence comment ilz deurent. (ARRAS, c.1392-1393, 158). Je ne me sçaroye souler, Toy adourer, Ne gracïer si que devoye. (Pass. Auv., 1477, 131). Lequel Elucidaire vous plaise benignement recevoir et en excusant mon petit entendement, si je n'ay pas partout traictié, ne en si hault stille, comme je deusse, ce que bien conviendroit à vostre excellante et très illustrée, sacrée et royalle Majesté (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 1 v°).

 

3.

[Au regard de l'expérience, de finalités pratiques...] : Par quoy je doy estre excusé en partie se je ne parle en ceste matiere si proprement, si clerement et si ordeneement comme il fust mestier (ORESME, E.A., c.1370, 100). CONSTANCE. (...) Je ne scé se ce sont veneurs Ou se ce sont de gens robeurs. Partons de cy. YSABEL. C'est bien a faire, car aussi Ne sont il pas de nous moult loing ; Si devons avoir plus grant soing De nous garder. (Mir. Berthe, c.1373, 231). On doibt de deux voies ou de troys prendre la plus pourffitable en adamaigant ses ennemis. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 37). ...quant on vuelt approuchier une besoingne, on ne la doit point eslongier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 149). Et vous savez que l'effort de deux chevaliers ne puet pas porter le faiz contre bien de LX. a IIIJxx mille Sarrasins ; et ce fu la cause qui nous destourna de y aler, et vous devez savoir que cellui est moult fol qui souffle contre le vent pour le cuider tarir ne surmonter. (ARRAS, c.1392-1393, 82). ...et estoit par ses mauvaises jangleries a part et en secret, et en disant que on ne devoit tenir compte de ces chaperons fourrez (GERS., Noël, p.1404, 307). Meslez nètement vostre pouldre O eaue rose, pure et saine, Chascun jour par une sepmaine, Et puiz devez, sans redoubter, Vostre camphre o tout ajouxter (LA HAYE, P. peste, 1426, 152). ...[la meunière] prie a monseigneur (...) que de sa grace il luy veille enseigner qu'elle doit faire pour garder ce pouvre devant de cheoir. (C.N.N., c.1456-1467, 39). ...le medicin qui estoit bien adverty de la response qu'il devoit faire. (C.N.N., c.1456-1467, 135). ...[les assaillants] ordonnerent une gaitte sur ung arbre, qui leur devoit dire quand ceulx de Troyes seroient a la Justice. (C.N.N., c.1456-1467, 451). Ce village (...) estoit habité d'un moncelet de bons, rudes et simples paysans qui ne savoient comment ilz devoient vivre. (C.N.N., c.1456-1467, 512). Tu devries bien lougis changer Alheurs qu'advec moy, mon seigneur. Ha, las, je suis ung grant pecheur, Indigne de ta companie. (Pass. Auv., 1477, 127). Pour ce y devez totallement resister et remedier, en abaissant la desordonnée presumpcion et detravée arrogance desdicts ignorans (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 r°).

 

-

[Dans la conduite d'un récit dont la brièveté ne doit pas avoir pour conséquence l'omission de détails importants] : ...on ne doit pas taire comment nagueres ung gentil chevalier de Bourgoigne... (C.N.N., c.1456-1467, 73). ...tresbeau filz estoit, et, qu'on ne doit pas oblier, pour ung homme de son eage il n'en estoit point de plus subtil. (C.N.N., c.1456-1467, 91). Or devez savoir que la chambrette ou se faisoit ce mestier n'estoit gueres loing de la chambre de monseigneur (C.N.N., c.1456-1467, 117). Mais vous devez entendre qu'il ne fist pas ceste conqueste sans faire foison d'armes (C.N.N., c.1456-1467, 197).

 

4.

[Dans le champ de la nég., marque l'obligation de ne pas faire qqc. (et non la non-obligation de faire qqc.)] : ...femme ne doit concepvoir lignie fors de son mari ["elle est dans l'obligation de ne pas..."] (Mir. femme roy Port., c.1342, 149). ...doubter Maishuy Sarrazins ne devons, Puis que le champ gangnié avons (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 158). Et pour ceste cause, les Pithagoriens ne deussent pas craindre a mettre la terre ou milieu de tout le monde ne dire que illeques ou centre est la Chartre de Joves, mais il deussent querir pour melieu ce qui est apte et convenable a ce que illeques soit la chose. (ORESME, C.M., c.1377, 516). ...les povres ne doyvent point avoir de honte de leur povreté, ne les riches orgueil de leurs richesses (GERS., Noël, p.1404, 296). Beau sire, vous ne devez mie Vous eslïessier d'oïr dire Q'ung homme de meschante vie Face meschant fin, ou mal muyre Espoir est il en paradis - La voie en est a tous ouverte - Et s'il n'est vray ce que je diz, Je croy qu'il n'y a pas grant perte. (CHART., D. Her., p.1415, 427). ...allez ailleurs, vous n'estes pas bien arrivé ; ce n'est point seans qu'on doit hurter a ceste heure. (C.N.N., c.1456-1467, 28). Je suis vostre mere, a qui ne devez rien celer, et de qui ne devez estre honteuse. (C.N.N., c.1456-1467, 133). ...l'hostel de la dame dont il estoit le cher tenu, et dont mains de compte il tenoit que par raison il ne deust (C.N.N., c.1456-1467, 477). ...vous voullant bien advertir, Sire, que pas ne devez tollerer, ne souffrir que ceste science tant encienne, noble et utille (...), durant vostre resgne soit ainsi et ou contempt de vous chassée, abatue et villipendée (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 6 r°).

 

5.

[D'une personne ou d'une chose comme objet d'une obligation] : ...un roy par droit, avant qu'il doye venir à terrene possession, ne gouverner royaulme, doibt avoir vingt et ung ans et doit estre jusques en cel eage au gouvernement de ses oncles, se il les a (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 80). ...li hiretages de la couronne de France ne devoit ne pooit en riens descendre, ne venir a ces filles ne as enfans de la roine d'Engleterre (FROISS., Chron. D., p.1400, 52). ...comme femme fresle, legere et muable de courage, ay baillé part et porcion a aultry de ce dont il estoit et devoit estre le seul seigneur et maistre ? (C.N.N., c.1456-1467, 424). Celles croiz deust estre piece a Levee sus. Advansés vous ! (Pass. Auv., 1477, 209). Ceste requeste despleüt au roy, car point n'estoient de son party, par quoy deüssent estre comprins en ceste paix, et aussi servoient-ilz à monsr Charles, son frère, et non point à luy. (COMM., I, 1489-1491, 165).

B. -

[Idée de nécessité ou de conséquence nécessaire]

 

1.

[Idée de nécessité inhérente aux choses, de conformité à l'ordre des choses] : N'aies ja d'autruy mort envie Pour avoir ne pour menandie Qui aprés t'en deige advenir. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 175). L'ABBEESSE. (...) Amours m'assault et me guerrie Pour mon clerc (...), Car sodainement monstré m'a Son maintien, qui par est si gent Qu'il doit bien plaire a toute gent (Mir. abbeesse, 1340, 66). A tout cuer embelir et plaire Doit qu'il vous serve nuit et jour (Mir. nonne, 1345, 325). ...il savoit bien qu'il devoit morir par les mains de Gieffroy. (ARRAS, c.1392-1393, 265). ...ce qui doit avenir, nuls ne puet brissier ne oster. (FROISS., Chron. D., p.1400, 256). ...et le temps vint que l'incarnation se deust accomplir et celebrer, Dieu esleu faire et former Dame selon sa sapience infinie, telle comme il appartenoit a filz de si hault et noble lignage avoir ca jus a mere, qui es cieulx avoit Dieu a pere. (GERS., Concept., 1401, 390). Doulceur, courtoisie, amitié Sont les vertuz de noble femme, Et le droit logeis de Pitié Est ou cuer d'une belle dame. S'il failloit par ton livre infame Pitié d'entre dames bannir, Autant vauldroit qu'il ne fust ame Et que le monde deust finir. (CHART., E. Dames, 1425, 365). ...combien que je ne pense avoir dit ne fait chose dont me devez savoir mal gré, je ne sçay, moy, qu'on vous a rapporté. (C.N.N., c.1456-1467, 156). ...si je l'y trouve jamais, son derrenier jour sera venu, quelque chose qu'il en doyve ou puisse advenir (C.N.N., c.1456-1467, 231). ...si tant vouliez faire pour moy, il vous seroit tellement par moy desservy que vous en devriez estre contente. (C.N.N., c.1456-1467, 263). ...vous avez tort de me desdire. Il me semble que vous devez estre content, de ces huit rasieres et pensez y c'est un grand tas de blé. (C.N.N., c.1456-1467, 291). ...le mary et le gentil homme son parent s'estoient embuschez en ung destroict par ou nostre curé devoit passer ; et ne povoit ne aller ne venir par ailleurs (C.N.N., c.1456-1467, 353). ...vous estes et serez mon frere ; aussi suis je pieça de la houlette, si doy bien avoir ung bergier a frere [Un gentilhomme vient de découvrir que sa soeur veut épouser un berger]. (C.N.N., c.1456-1467, 360). ...je vous feray de ma peine telle courtoisie, si vous vous voulez mettre en mes mains, que par droit vous en devrez estre content. (C.N.N., c.1456-1467, 404). ...il ne se peut tenir de rire, combien que courroussé deust estre. (C.N.N., c.1456-1467, 446). ...voulez vous plus demander ? et qui est celle qui ne devroit estre content d'ung mary ainsi estoffé ? (C.N.N., c.1456-1467, 471). ...mon mary (...) n'en a que ce tant peu qu'il a monstré [en fait de virilité]. Vous semble il que j'en doyve estre contente ? (C.N.N., c.1456-1467, 472). Les elemens deussent perir, A neant venir, Sentent la mort de leur createur. (Pass. Auv., 1477, 247). ...et, durant sa vie, experimenta les nativités de plusieurs et veriffia lesdicts periodes moult à la vérité et precisement, et par ce il carcula le sien [son alcocodem] et vit qu'il devoit vivre très longtemps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 17 v°). Ce fut lui qui predist la douloreuse mort du roy Guillaume devoir estre tué en une forest et par negligence d'y penser et obvier aux insidiateurs ; cela advint ès nonnes d'aoust. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 111 v°). Predisoit aussi icelui livre la prinse de Meche et la dispersion des os de Machomet se dever fere par ung roy chrestien, ce qui n'est encores advenu. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 123 v°).

 

-

Empl. impers. : ...et fist Remondin crier une grant feste et noble. Et la fu le conte de Poittiers, et la contesse et sa fille, et les barons du pays, et le conte de Forests, et pluseurs autres nobles de pluseurs nacions, et tant de dames et de damoiselles qu'il devoit souffire. (ARRAS, c.1392-1393, 46). Vous savez que ces bons religieux ne pevent venir en voz hostelz querir leur disme, ce leur seroit trop grand peine et trop grand destourbier ; il doit bien souffire s'ilz prenent la peine de le recevoir [en leur couvent]. (C.N.N., c.1456-1467, 224).

 

2.

[Idée de conséquence nécessaire de qqc. (d'un état de choses, d'un usage, d'une convention, d'une promesse, d'un engagement...)] : Nous devons bien merveille avoir Que mon seigneur est devenuz N'en quel lieu il s'est tant tenuz, Quant ne revient. (Mir. femme roy Port., c.1342, 166). Jehan, conme li Dieu messages, Te demant a avoir baptesme Et la sainte huile et le saint cresme Qui y doit estre. (Mir. st J. Cris., c.1344, 284). ...la tresbele damoysele estoit mult espountée, qar ele quidoit bien daver estre ars (Chron. London A., c.1350, 3). ...messires Perducas de Labreth à tout une grant route de compagnons deubt passer parmi Montalben, car li passages estoit par là pour entrer en le prinçauté. (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 223). On doibt (...) supposer que le duc Loys de Bourbon (...) estoit tout informé des besoingnes dessus dictes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 120). Helas ! bien devons de douleur, Sire, en lermes fondre et remettre, Quant nostre vray seigneur (...) Nous fault veoir jesir en biére. (Mir. st Lor., 1380, 144). Qant li jours vint que chil signeur deubrent estre venu, li contes (...) envoiierent, casquns en droit de soi, a la journee euls escuser soufissanment. (FROISS., Chron. D., p.1400, 287). Comme oseroit la bouche dire Ce que le cuer pas penser n'ose ? Mais, on doye plourer ou rire, Ma pensee sera desclose, Car se je la tenoye close, Desir me pourroit bien occire. (CHART., R. Bal., c.1410-1425, 375). ...madame se alla mettre dedans le lict ou monseigneur devoit trouver sa chambriere (C.N.N., c.1456-1467, 75). ...l'eure fut prinse que l'escuier doit venir coucher avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 121). ..les [les chemises] baillerent a blanchir a la chambriere de leur logis ung samedy au soir, quand ilz se coucherent, et les devoient avoir blanches au lendemain (C.N.N., c.1456-1467, 397). Or s'approucha le temps que icelle pucelle deut estre donnée a ce seigneur ancien, et le marché et traictié luy fut par son pere descouvert (C.N.N., c.1456-1467, 546). ...luy firent choisir pour eslire celuy d'eulx quatre qui devoit demourer avec elle. (C.N.N., c.1456-1467, 552). Coment puis mes yeulx ne ma face Lever es cieulx, n'avoir lïesse ? Je deusse morir de destresse, Veu les grans pechés ou je suis. (Pass. Auv., 1477, 138). De toy, Jhesus, ne sçay que faire, Car fort suis sur ton cas troublé, Pour ce qu'on t'a cy accusé Sans cause nulle, comme croy. Ces princes disent que leur loy Te condempne devoir morir. (Pass. Auv., 1477, 175). Et chemyna tant ledict conte qu'il vint à Sainct Denys près Paris, où se devoyent trouver tous les seigneurs du royaulme, comme ilz avoyent promis ; mais ilz ne se y trouvèrent pas. (COMM., I, 1489-1491, 15). ...et delibererent prandre le roy Henry aux jouxtes, qui se devoient fere le jour des III Roys ensuivant et que assembler se devoient à Quinxton, .X. lieues près Londres (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°).

 

-

"Être conduit à" : En verité, mon treschier seigneur, oncques à vous je ne meffis ne à autre aussi. Pourquoy vous deussiez avoir fait les lectres que vous envoyastes au duc de Clocestre, lequel Dieu vueille garder, esquelles estoit ma mort contenue ? [pléonastique, avec un inf. passé] (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 390). C'est sauvaige chose d'avoir telle crainte sans fondement. Au moins devroit dire la cause, et n'est pas a presumer qu'il doige ainsi craindre s'il n'a cause de soy doubter [Forme du subj. propre au Nord, G. Roussineau, Z. rom. Philol. 110, 1994, 246]. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 48).

 

-

"Être destiné à" : ...la fille d'une telle est grosse, par les oeuvres du saint hermite, d'un filz qui doit estre pape de Romme. (C.N.N., c.1456-1467, 104).

 

-

Pour devoir + inf. "Pour satisfaire la nécessité de + inf." : Dedens le chastel de Donmartin, qui est en l'ille de France, avoit pluseurs gens d'armes tenant le parti de Monseigneur le Daulphin, qui par pilleries et rançons gastoient le païs et faisoyent moult d'ennuy à ceulx de Paris. Pourquoy les Anglois et Bourguignons se aprestèrent pour les devoir assiéger. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., p.1436, 235). Et quant ilz furent pour debvoir monter en la nef, le josne frere au chevalier s'avisa et dist que, pour certain, jamais ne feroit aultre voyaige jusques ad ce que il y aroit esté. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 116). Et le jour devant, le sires de Talbot et le sires de Scalles et Fastol et autres capitaines estoient arrivez à Meun sur Laire pour devoir venir combatre ceulx du siege à Boysgency. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 72). ...noz ditz gens furent tousjours armez pour devoir combatre ; car les ditz Angloys amenoient ung grant convay et ung grant nombre de bestail ; et quant ilz sceurent que monseigneur estoit pour les gueter, ilz laisserent tout leur convay et bestail, et s'en alerent de nuyt par les boys de l'autre costé de la riviere. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 113).

 

3.

[Dans un système hypothétique (complet ou non), marque l'idée que la relation hypothétique est normalement vérifiée] : Estat deust mener de conte, S'il fust sages et diligens, Et il n'est que robeur de gens (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 4). J'ay bien cuidié qu'en deux partir Deust mon cuer pour s'amistié, Tant me prist de li grant pitié (Mir. ste Bauth., c.1376, 113). ...si vous advise (...) que vous ne m'appellez plus, s'elle s'en devoit aller toute seulle, si ne lui feray je pas a ceste heure compaignie. [Une femme à l'article de la mort] (C.N.N., c.1456-1467, 459).

 

-

[En tournure concessive, marquant la force d'un engagement] : Par foy, dist Gieffroy, je lui apporte le patiz qu'il a prins par son fol oultraige sur les gens de la terre de monseigneur mon pere, en la pointe du fer de ma lance ; car, jamais, tant comme je vive, autre patiz n'en aura, et deusse mourir en la peine. (ARRAS, c.1392-1393, 240). Je suis au fort contente, dist la fille, de la mettre et bouter ou il fault, mais si elle devoit y pourrir, je ne l'en retireray ja. [Cont. grivois] (C.N.N., c.1456-1467, 501). ...vous verrez si je vous aideray ; si feray par Dieu, et me deust il couster plus que vous ne pensez ! (C.N.N., c.1456-1467, 536). Toute ma force et pouvoir Je y mectrey, et me deusse je rompre ! (Pass. Auv., 1477, 205). Je ne m'y sçauroye consentir, En deusai-ge perdre la vie. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 174).

C. -

[Par affaiblissement]

 

1.

[Indique seulement la probabilité, la vraisemblance] : En ce temps y avoit un conte en Harcourt, qui siet en Normendie, qui estoit si bien de chiaus de Roem qu'il voloit : si ques il dist ou deubt avoir dit à chiaus de Roem qu'il seroient bien serf et bien meschant, se il s'acordoient à celle gabelle. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 175). Adonc respondi li roi de France, si com je fui depuis enfourmés ou deubt respondre : "Et je me rench à vous," et li bailla son destre gant. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 55). Les oncles du roy savoient bien (...) que il y avoit ou devoit avoir très grant finance ens ou tresoir du roy (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 24). Biau cousin, vous devez bien avoir besoingniet, car vous avez moult longuement demouré. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 237). ...mais pas ne scet combien chascun devoit avoir d'argent, fors tant que lui qui parle et son compoingnon devoient avoir chascun trois frans, comme dessus est dit, dont ilz n'ont riens eu (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 466). Helaz, Amours, pourquoy m'apportes En foible cuer cent douleurs fortes, Dont cent devroient estre mortes ? (CHART., L. Dames, 1416, 244). Il n'eut gueres esté en son logis (...) qu'il ne perceust tantost que la chambriere de leans estoit femme qui devoit faire pour les gens. (C.N.N., c.1456-1467, 120). Vous devez avoir entendu au long dont mouvoit ceste guerre et que les deux princes, au commancement, y furent aveugléz et se faisoient la guerre sans en entendre les motifz ne l'ung ne l'autre (COMM., I, 1489-1491, 182).

 

-

[À la limite, empl. explétif] : Li secons articles estoit que li Escoçois tenoient (...) tout le pais jusques a un pas que on dist Quinnes Feri, ou la mer d'Escoce doit departir les deus roiaulmes (FROISS., Chron. D., p.1400, 205).

 

2.

[Place une chose dans un avenir plus ou moins déterminé et proche]

 

-

[Par rapport au présent] : J'ay oy dire qu'en ce jour Doit avoir feste en ceste ville (Mir. ev. arced., c.1341, 126). C'est la nuit que mon seigneur doit Joir de sa fille (Mir. femme roy Port., c.1342, 173).

 

-

[Par rapport à un moment du passé] : ...une des plus grans [joies] si fu quant l'ange Gabriel lui apporta [à Marie] les nouvelles que la paix devoit estre faite entre Dieu et humain lignage (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 206). ...il leur tourne à grant merveille pourquoy le voyaige de mer qui se devoit faire en Angleterre vous avez rompu (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 13). ...ilz estoient devers Montpellier (...) et venoient là en marchandise, car la foire y devoit estre (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207). Et la nuit que on devoit espouser le lendemain, mena on la pucelle et avecques elle ses dames et ses damoiselles au maistre pavillon. (ARRAS, c.1392-1393, 191). L'espousee fu noblement appareilliee et fut menee au lieu ou la messe se devoit dire. (ARRAS, c.1392-1393, 191). ...entre aultres qui devoient emprendre ce doulx et seur estat de mariage (...) il y avoit ung jeune homme et une jeune fille [Plusieurs couples attendent d'être mariés] (C.N.N., c.1456-1467, 338). A l'approucher de la barriere ou l'escarmouche se devoit faire, la dame prend et empoigne ceste lance [Cont. grivois] (C.N.N., c.1456-1467, 497). Dieu a envoyé Jehan baptiste (...) preschant penitence, Pour mieulx preparer la concience Des pecheurs en terre vivans, Pour ce que aprés luy en brief temps Devoit venir le redempteur. (Pass. Auv., 1477, 114).

 

.

"Etre sur le point de" : Et en vinrent les nouvelles au roy de France, ensi qu'il devoit entrer en le cité de Poitiers. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 18). ...ung povre homme (...) y demouroit (...) qui avoit veilliet jusques à celle heure et s'en devoit aler couchier. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 213). Tant esploitièrent les hosts au duc d'Ango que il vinrent devant Duras, et quant il se deubrent approchier, il fu ordonné de tantost assaillir. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 21). Il se traist deviers son frere qui devoit aler a table (FROISS., Chron. D., p.1400, 63). ...sus le point que signeurs et dames devoient danser et esbatre, uns grans hustins commença (FROISS., Chron. D., p.1400, 116).

III. -

Part. passé en empl. adj. ou subst.

A. -

Part. passé en empl. adj. "Qui doit être ou qui devrait être, qui convient, convenable" : "Et avoec ce se sousmetteront li doy roy et leur royaume à le cohertion de nostre Saint Père le pape, afin qu'il puist constraindre par sentenses, censures d'Eglise et aultres voies deues, celi qui sera rebelles, selonch ce qui sera de raison." (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 88). Il escripsi au conte de Flandres que ilz avoient pape esleu par bonne et deue election. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 228). Et la cause est car qui ymagineroit que elle [une roe estante] fust vive ou que un honme estendu en la maniere devant mise la meust par ordre deu (ORESME, C.M., c.1377, 322). ...mais estoit du tout à vous affaire de les poursuir et faire mectre à dehue garde et bourgoisie (Ecorch. Ch. VII, T., 1446, 285-286). ...[Dieu] veult par ung hoir de ta char (...) l'Eglise son espouse reunir, reformer, et a son estat deu remettre. (C.N.N., c.1456-1467, 98). ...vous en voiez tous les jours mesadvenir puis qu'on les tient oultre [des jeunes filles] le terme deu (C.N.N., c.1456-1467, 295). Aucuns l'alleguent, disant qu'il fist aucuns livres, mais je n'en ay nulz trouvez, si en ay je fait fere et fait deue inquisicion, car j'ay trouvé des docteurs qui le alleguent pour acteur auctentique et veritable, mais ad ce que j'ay veu il est bien à memorer. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 156 r°). Et luy fut donné [à Anthoine de Chabannes] plain povoir et auctorité de faire esdittes choses bonne et deue justice, ainsi que le roy feroit se personnellement y estoit, en donnant ordre au fait de la justice et police desditz pays et pugnissans les delinquans des cas par eulx commis. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 225).

 

-

Heure due : Veu lequel present procès, et ouyes icelles oppinions, ledit mons. le prevost condempna icellui Merigot, prisonnier, à estre excecuté par la maniere que dit est, ou jour de demain, heure deue et competente. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 208). ...nostre hermite a l'heure accoustumée et deue (...) revint (C.N.N., c.1456-1467, 101).

 

-

En forme due : Cy finist la cronicque du très crainct et redoubté roy Loys unzieme de ce nom, laquelle je, facteur de ce livre, dont le nom ne se apparest, aye faict mettre en forme deue selon la possibilité de mon entendement. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 400).

 

-

En temps deu. "En temps voulu" : Et pour lors estoient les sciences chier tenues et prisiees plus qu'elles ne sont ores. Et les haulx princes veoient plus cler en leurs affaires par les sciences qui lors estoient aprinses en temps deu, que s'ilz feussent innocent des sciences, et sentoient en brief le vif des conseulx que on leur monstroit. (ARRAS, c.1392-1393, 17).

 

-

Chose due. V. chose : ...ce n'est pas chose deue, de bastards faire hoirs de terre. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 71). C'estoient gens de mer qui n'avoient point leur chevaus. Si n'estoit mies cose deue ne raisonnable que il alaissent plus avant à piet. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 144).

B. -

Part. passé en empl. subst. V. du
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

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