A. -

Encourtiner qqc. "Garnir qqc. de courtines, de tentures, de tapisseries" : Et lors le roy commande a encourtiner toute la grant rue, de la porte par ou les freres devoient entrer jusques au palays, et fait appareillier le plus richement qu'il puet contre leur venue (ARRAS, c.1392-1393, 115). Et se mettent au chemin ensemble, deux et deux, tousjours les plus ainsnez devant, OEudes et Anthoine vont devant, et puis le roy Regnault et Gieffroy, et après vont Remond et Thierry, et tout leur ost après, banniere desploiee. Et s'en vont vers Lussembourc, qui ja estoit toute encourtinee, et les bourgoiz parez moult richement et noblement, et les bourgoises pareillement, qui estoient a leurs fenestres, et les dames ou chastel parees moult noblement. (ARRAS, c.1392-1393, 282). ...quand il vit la table chargée de vins et grandes viandes (...) et le bourgois en tres beau lit encourtiné... (C.N.N., c.1456-1467, 26). ...les rues estoient encourtinees en son passage (WAVRIN, Chron. H., t.2, p.1471, 66). Icy doibt avoir ung beau lit tendu de tappisserie, ung ciel dessus et encourtiné tout autour gorgiasement. (LA VIGNE, S.M., 1496, 207).

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[Dans un contexte métaph.] : Vierge, tu fus le cambre roïaus engourdinée, Qui du Saint-Esperit fu toute enluminée. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 127).

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[De la courtine] : Et si te respon sans demande Qu'il n'avoit tapis ne courtine N'autre chose qui encourtine Son lit, eins prenoit a l'ostel Ce qu'il trouvoit. (MACH., C. ami, 1357, 105).

B. -

Encourtiner qqc. de qqc.

1.

Au propre "Garnir qqc. (de courtines, de tentures, de tapisseries...)" : ...et fut toute la cité encourtinee et tendue de coustes pointes, de draps d'or et de plusieurs autres paremens. (Bérinus, II, c.1350-1370, 162). ... en moult noble estat entrerent les deux freres en la ville de Lucembourc, et par devant eulx avoit grant foison trompettes, heraulx et menestriers. Les bourgois avoient fait toutes les rues encourtiner de riches draps tout jusques au chastel. Et ces riches bourgoises estoient a leurs fenestres richement parees et vestues noblement. (ARRAS, c.1392-1393, 165). Et fu la halle de la ville ou on vendoit et vent encores pain et char, encourtinee de biaus draps et de tapisserie conme la cambre le roi. Et la fu li rois d'Engleterre assis (FROISS., Chron. D., p.1400, 293). Et estoient toutes les cambres dou chastiel de Calais, la salle et les alees encourtinees et parees de draps de haute lice si ricement conme as estas dou roi et de la roine apertenoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 852). Et en signe de grant noblece Fu de tapis avironnee Et tout autour encourtinee De draps a armoiries riches, Ou ot pourtrait cerfs, dains et biches. (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 101). ...et estoient les moustiers encourtinez de noyres sarges. (Journal bourgeois Paris T., 1419, 133). Si estoient les rues, par où il passoit, encortinées et parées d'aournements riches et beaulx (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 217). Si fut ycelle feste moult riche et sollempnelle, et estoient les rues de la ville encourtinées en plusieurs lieux de tapis et plusieurs draps de haultelice. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 371).

2.

P. ext. Encourtiner qqc. de qqc. (d'un tissu, d'une couleur...). "Envelopper qqc. de qqc." : Mes je voudray qu'encourtiné Il soit de vermeil et bordé [le fils du roi] En signe qu'au commencement A vermeil encourtinement. (GUILL. DIGULL., Le Dit de la fleur de lys D., 1338, 307).

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[Ds un cont. métaph.] : ...me mena nostre bon hoste, Peu d'Avis, jusques au lict, lequel estoit encourtiné de Vaine Gloire (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 81).

C. -

Au fig. "Cacher qqc. (comme derrière une courtine)" : Lors me sembloit que voloie Et que le ciel haut vëoie Qui estoit desclos et ouvert, Et que je v[ë]oie en appert Ce qui me fu encourtine Par devant (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., c.1355-1358, 283). Celuy verdoie et bourjonne, Cestuy vendenge et entonne, Escorche et fueille abandonne, Et cueult lez fruitz assignez, Ja pieça predestinés, Par prophetes designez, Soubz figure encourtinez, Maintenant determinés, Ouvers et enluminez, Desclos et descourtinez (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 112).