I. -

Empl. trans. Entalenter qqn. "Inspirer à qqn le désir (de qqc.)" : ...moult m'avoit entalenté Désespérance de mal faire Et m'avoit par son put afaire Presque fait perdre corps et âme (JACQUES BRUYANT, Voie pauvreté richesse P., 1342, 7). Et j'eus tantost apris comment J'ensuiroie ce gent mestier Douquel j'avoie grant mestier, Car Nature m'i enclinoit, Qui a nulle heure ne finoit, Et Amour souvereinnement M'argüoit gracieusement, Pour mieus mon cuer entalenter, Que la gent vosisse hanter Qui de ce mestier se mesloient Et ceaus qui le plus en savoient, Et cil me porroient aprendre Tant comme j'en porroie entendre. (MACH., D. Aler., a.1349, 244). Mais Bonne Amour le me fist faire Et le renon de vostre affaire, Qui a mon cuer entalenté Si fort, que j'ai en volenté De vous amer sans riens meffaire. (MACH., Voir, 1364, 206). ...au bon plaisir de Dieu qui a ce vous vueille conduire et entalenter (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 46). Moult estrangement l'entalente Amour, qui si la scet blecier Que son pays lui fait laissier Et son regne et son heritage (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 46).

II. -

Empl. pronom. S'entalenter de + inf. "Se déterminer, se décider à" : De dire adieu me suis entalenté (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 133). LE MARQUIS. Partons, partons, sans faire la renchiere. SAINCT MARTIN. De ce faire maintenant m'entalente Si vous supplie d'amour begnivolente Que me donnez l'un de vos serviteurs (LA VIGNE, S.M., 1496, 193).

III. -

Empl. intrans. [En tournure impers.] "Plaire, convenir" : C'est bon pour moy, ma dame gente ; Dont a mon cuer bien entalente Que j'en soie einsi bien garnis : Qui n'est garnis, il est honnis. (MACH., J. R. Nav., 1349, 192).

IV. -

Part. passé en empl. adj.

A. -

"Plein d'ardeur, d'impatience" : ...il a recouvré Hardement de vassal, vasselage et bonté ; Ceur avoit de lÿon et bien entalenté. (Tristan Nant. S., c.1350, 1350). Quant il ot dit sa volenté, Il furent tuit entalenté Telement que le plus couart Cuidoit bien valoir Renouart. (MACH., P. Alex., p.1369, 66).

-

Entalenté de qqc. "Débordant de qqc." : Lors se sont trait Vers les amans, sans faire plus de plait ; Et chascuns d'eaus a son pooir a fait Ce qu'il pense qui leur agrée et plait, Qu'entalenté [var. atalante] En estoient de bonne volenté. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 132). Einsi trespassay ignorance, Tant que je vins a congnoissance, Mon cuer de bien entalenté. (MACH., D. Aler., a.1349, 244). PREMIER CURÉ. De felonnie entalenté Vous voy si de cuer et de vois Que je vous lais, et si m'en vois D'une autre part. (Mir. parr., 1356, 6).

B. -

"Désireux" : LE MARQUIS [à Griseldis]. (...) Savoir vueil par droit convenant Se, de ta franche voulenté, Le corage as entalenté Et vuelz encliner et soubzmettre A ma voulenté (Gris., 1395, 37).

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Entalenté de qqn. "Qui éprouve du désir pour qqn, épris de qqn" : Le filz Amor l'a rencontree, Qui set prince de celle terre. Avec soy l'emmene grant erre, Et en est tant entallenté Qu'il en fait a sa voulenté, Voire a force. (ALECIS, Passe temps P.P., 1480, 218).

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Entalenté de qqc. "Désireux de qqc." : ...Il doit considerer Que qui grant bien est possessans, Desirs ne doit estre cessans En lui, mais doit estre plus grans, Plus artilleus et plus engrans En cuer d'onneur entalenté [var. atalente], Prians de bonne volenté Qu'Amours la veuille resgarder, Si que scens li doint dou garder. (MACH., D. Aler., a.1349, 330). ...quant il vist que Aigres mist debat au luitier, si en fu plus entalenté que devant et lui dist : ... (Bérinus, I, c.1350-1370, 369). Pour complaire a ma voulenté, Sont venu moult entalenté De mon bien et de mon honour (DESCH., M.M., c.1385-1403, 6). Dont n'y avoit celuy qui ne s'en monstrast bien entalenté [d'une bataille sans merci], car estoient fiers et courageux tous deux (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 198).

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Entalenté de + inf. "Désireux de" : Or nous fault estre entalenté, Gabriel, de dire un rondel En chant (Mir. pape, 1346, 377). ...puis qu'entalenté N'avez le cuer de retourner Aux honneurs (...) je vous em proy Que vous demourez avec moy. (Mir. st Guill., c.1347, 35). Quant il ot dit sa volenté, Il furent tuit entalenté De faire son commandement Et deïrent apertement : "Sire, alez où qu'il vous plaira, Car nuls de nous ne vous laira." (MACH., P. Alex., p.1369, 112). Il prist la grignour partie des blans capprons et encores assés de poursieuwans entalentés de mal faire, et se parti sus un soir de Gaind. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 220). ...Ferm et arresté Et entalenté De tes nuisans contrester. (MACH., Les lays, 1377, 476). D'y aler suis entallenter ; Je meneray mon chien Thoret Et cy pourteray mon chifflet Pour faire l'anfançon jouer. (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 71). Or soyons donc entalenté D'avoir vouloir de verité (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 71). ...car vrayement je treuve que, après le service de Dieu, c'est la chose qui plus enrichist tous les cuers entalentez de bien faire (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 22). ...le roy ne se monstra gueires entalenté de les oÿr (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 274). JHESUCRIST. (...) Plus que pierre as le cueur deur Se tu ne m'ame de cueur pur Et de toute ta volenté. Et se tu as entalenté De moy amet d'ame et de corps, Je te seray misericorps. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 146). M'amye, sans plus long procés, Saichez que suis entalenté D'abandonner les grans exces Que j'ay soubstenu et porté ; Dont, puisque je suis transporté Par viellesse en aultre deduyt, Au travail sera depporté Mon filz et aux armes conduyt. (LA VIGNE, S.M., 1496, 162). Trespuissant roy, certes je vis Au temps du feu roy vostre pere Qu'ommage leur envoya faire Oultre la mienne voulenté ; Onques n'en fut entalenté (Myst. st Laur. S.W., 1499, 132).

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Entalenté + inf. : Certes dame, j'ay grant desir De faire a vostre volanté, Et quel qu'i m'en doye advenir, Vous servir suis entalanté (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 545).

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Entalenté que + subj. : ...Pour ce sui mont entalenté Beau pere, qu'acommegnié soie ; Si ert plus seüre ma voie. (Vie st Evroul S., c.1350, 95).

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Bien entalenté. "Bien intentionné" : Mais comme bien entalenté S'en garda bien (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 192).

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Mal entalenté. "Mal intentionné, malveillant" : Et, se nul, mal entalenté, Usant de seule volenté, Vouloit dire par aventure Que ceste petite escripture Contiègne fors que vérité Ou aucune perversité, Je respons à telx détracteurs Qu'ilz s'en preignent o les Acteurs, Qui composèrent la doctrine (LA HAYE, P. peste, 1426, 167).