C.N.R.S.
 
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     MÉCHOIR     
FEW II-1 cadere
MESCHOIR, verbe
[T-L : meschëoir ; GD : mescheoir ; AND : meschair ; DÉCT : meschëoir ; FEW II-1, 27b : cadere]

I. -

[Idée de chute]

 

-

Inf. subst. "Chute malencontreuse" : ...sur icelle [corde] monta ung Portingalois qui chemina desus tout droit comme dessus terre ferme (...), et fist tant de choses estranges et perileuses que mains yeulz y avoit qui regarder ne l'osoient de peur de son mescheoir. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 246).

II. -

[Idée de malheur]

A. -

Empl. intrans. [Proche de l'idée de chute] "Tomber dans l'infortune, dans le malheur, être ébranlé" : Sire, dirent trestuit si homme, mescheoir puist il qui vous en fauldra (Bérinus, I, c.1350-1370, 124). Si ot Fortune gouverné Par moult lonc temps cellui regné, Qu'elle aprés bien laissa cheoir, Par lui faire tant mescheoir Que du tout perdi seignourie (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 273). Si fait grandement a noter Com, quant Fortune un veult oster De tout eur, peu a peu cheoir Le fait, par souvent mescheoir (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 242). Par le sanc Nostre Dame, Meschoir puist il de corps et d'ame, Se je soye, qui sauroit a dire Qui a le meilleur ou le pire D'eulx ou de moy : je n'y voy goute. (Path. D., c.1456-1469, 116). JHESUS. (...) Ains Constance ne mecheÿ ["ma constance n'a été ébranlée"], Car fermement j'ay obeÿ A mon pere jusqu'a la mort. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1078). Mais pour mescheoir à ung pouvre homme ou à cent, nul ne s'en advise, car on attribue tout à sa pouvreté ou à avoir esté assez mal pensé ou, s'il s'est noyé ou rompu le col, pour ce qu'il estoit seul, à grand peine en veult-on parler (COMM., II, 1489-1491, 223).

 

-

[D'une chose] Meschoir à qqn. "Être une infortune pour qqn" : Ja Diex pooir ne me doint ne loisir Ne tant durer que j'aie ja pensée Ne volenté ne pooir ne desir D'entroublier ma dame desirée ; Car, pour m'ame, mescheoir la journée Ne me porroit qu'il me souvient de li, Pour la bonté dont Diex l'a enrichi. (MACH., L. dames, 1377, 152).

B. -

Empl. impers.

 

1.

"Arriver malheur" : Car ja bonne ouevre ne fera Qui la fin ne resgardera, Et s'aucune fois bien en chiet, Pour une fois, IIIJ. en meschiet. (MACH., P. Alex., p.1369, 11). Si ne li porra mescheoir. (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 28).

 

2.

Meschoir à qqn. "Arriver malheur à qqn" : Qui ne se prent pres d'avenant, S'il li meschiet, c'est a bon droit. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 116). Je t'ai dit ce que tu feras Et qu'en verité trouveras ; Se tu le fais, bien t'en venra, Et se non, il te mescherra. Je te lairay, si m'en iray. Mais au partir tant te diray Que, se tu as mestier de my, Amie entiere, sans demy, Me trouveras a toutes heures. (MACH., R. Fort., c.1341, 103). Las ! il nous est bien mescheu, S'il meurt ainsi. (Mir. st Guill., c.1347, 20). Et les mist tous pour cest outrage Minos en si mortel servage, Que tous les ans li envoioient Un homme ; mais il sortissoient, Et cils seur qui li sors chëoit, Trop mortelment li meschëoit ; Car li rois Minos devourer Le faisoit la, sans demourer, Par un moustre trop mervilleus, Trop felon et trop perilleus. (MACH., J. R. Nav., 1349, 230). LE MARI. Certes, biau sire, je n'iray En maison nulle, tant soit belle, Devant ce qu'en celle chappelle Aie esté encore une piece, Mais que jamais ne vous meschiece. Alez vëoir ma povre femme (Mir. enf. ress., 1353, 58). Nul ne se prent a luy qu'il ne luy en meschiesse. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 44). Si qu'il ne t'est pas mescheü, Eins di qu'il t'est tres bien cheü Et que c'est ton bien et t'onnour, Quant tu es pris de tel signour Qui te fera droit et justise Et grace, s'a li est requise. (MACH., C. ami, 1357, 101). Les vesves et les orphenins, Tant masculins com femenins, Et les eglises dois deffendre, Et si ne dois riens dou leur prendre ; Car qui en ce vice encherra, Certeins sui qu'il li mescherra, Soit a la mort, soit a la vie, Car Dieus scet tout et riens n'oublie. (MACH., C. ami, 1357, 140). Et lors qu'il le senti cheü, Si com il l'en fust mescheü, Il fist forment l'ensouniiet Et la a requis et priiet Que on li voelle aidier a querre. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 148). Li quels ne acompli mies che qu'il avoit juret (...) Pour quoi il li meschei de puis en pluiseurs manières. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 114). S'il li meschiet que du sien perde... (LE FÈVRE, Respit Mort H., 1376-1380, 82). Fol roy, par ta musardie te mescherra. Toy et les tiens decherront de terre, d'avoir, d'onnour et de heritaige, jusques a la IXe lignie ; et perdra par ta fole emprise le IXe de ta lignie le royaume que tu tiens. Et portera cellui roy nom de beste mue. (ARRAS, c.1392-1393, 305). Li dus de Normendie (...) n'avoit doubte de nului, dont il l'en fu priés mesceu. (FROISS., Chron. D., p.1400, 374). Et ainsi les gens eüreux Desprisent les maleüreux, Ne leur semble que mescheoir Leur puist jamais, ne descheoir (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 86). Je suy comme la tour minee, Dont la prise n'est pas finee De longue piece, Et de qui on doubte qu'el chiece Ou qu'a ceulx de dedens meschiece (CHART., L. Dames, 1416, 262). Et se les roys et princes ou temps passé ont esté très glorieux et ont prosperé pour leurs bonnes euvres qu'ilz faisoient, par le contraire, il est à croire vraissemblablement qu'il mescherra à ceulx qui feront mauvaises euvres. (FAUQ., III, 1431-1435, 102). ...car vous devez fort craindre que il ne vous mescheust, a vous et a ceulx qui se dient a vous, c'est assavoir aux gens de guerre qui font les maulx dessusdis (JUV. URS., Loquar, 1440, 413). Je doubte, veu ce que dit est, qu'il ne meschie a vous et a vosdis gens (JUV. URS., Loquar, 1440, 421). Nous avons de Saul, que Dieu avoit fait roy et eslevé sur tous les enffans d'Israel, qui en toute humilité en l'encommencement se gouverna, et aprez commença a presumer de soy et en orguillir, et luy meschut (JUV. URS., Verba, 1452, 212). Aussy vroy qu'en flamble paille art, Celluy est meschant et paillart Qui au feu d'ire jamais choit, Dont a luy plus qu'a nul meschoit : Le sens en pert souventesfois. (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 47). Dieu scet comme il me fust mescheu. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 43). Aussi lesdictz princes s'en mectent aucunes fois en si grant gloire qu'il leur en meschet par après. (COMM., I, 1489-1491, 108). La char bieu il me faict suer Je prie a Dieu qu'il luy meschie (Myst. st Martin K., a.1500, 373).

 

Rem. Jourd. Blaye alex. M., a.1455, gloss. (mesqueïr). Forme mescher (rime en -er) ds Flor. Octav. L., t.2, c.1400, v.15116.

 

-

[Dans une formule de souhait] : Seigneurs, se ja ne vous meschiéce, Considerez l'entencion Et regardez l'occasion Que Clovis encontre moy quiert (Mir. Clov., c.1381, 215). Sa donc, que ja ne vous meschiéce, Venez vous ent. (Mir. st Alexis, 1382, 302).

 

-

[Dans une formule de serment] : Prestreau, vous estes bien rusé, De vous ne me doubtasse empiece. Je pry a Dieu qu'il me meschesse, Se vous m'eschappés en ce point. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 207).

 

-

Prov. : ...à cellui à qui il meschiet, chascuns lui mesoffre. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 238).

 

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Meschoir à qqn du corps : "...encores il li mescherra du corps, avant qu'il meure, et (...) ce n'est riens de ce qu'il fait envers ce qu'il ly avenra." (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 92). Je pri à Dieu qu'il te peut mescheoir du corps, car tu m'as fait icy longtemps muser (Man. lang. G., 1396, 55).

 

-

Meschoir à qqn de + inf. "Arriver par malheur à qqn de" : ...en la ville d'Arras, avoit ung bon marchant auquel il mescheut d'avoir femme espousée qu'il n'estoit point de meilleur au monde. (C.N.N., c.1456-1467, 319).

 

-

Meschoir à qqn que. "Arriver par malheur à qqn de/que" : Je ne donray l'eure de garde Que me verray si desceu Et me sera cy mescheu Que j'aray perdu, doulce dame, Vostre amour et mon corps et m'ame. (Mir. chan., c.1361, 174). Se il meschiet à fame qu'elle tue son enfant, elle ne sera pas arse du premier, ainz la doit l'en rendre à Sainte Eglise (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.1, 1385, 221). Quant .XXII. ans ja passez Ot regné, si lui meschey Que la fouldre sur lui chay (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 188).

C. -

Part. prés. en empl. adj. "Victime du malheur" : LA DAME. Ha ! Lasse ! Meschant, que feray ge ? Lasse ! Lasse ! Maleüreuse ! (Mir. enf. ress., 1353, 32). PREMIER BERGIER [au secont bergier]. (...) Ne luiteray je aux pastoureaux Quant vouldray en lieu de tournoy ? Je pense estre de tel conroy Que g'y conquerray belle amie. Meschant, ne souffira il mie ? Fol est qui plus demander ose (Gris., 1395, 47).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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