C.N.R.S.
 
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     MALHEURTÉ     
FEW XXV augurium
MALHEURTÉ, subst. fém.
[T-L : malëurté ; GD : maleurté ; AND : maleurté ; DÉCT : malëurté ; FEW XXV, 894a : augurium]

A. -

"Malheur, infortune" : En obscurté Seront mi jour, plein de maleürté, Et mi espoir sans nulle seürté, Et ma douceur sera dure durté ; Car sans faillir Teindre, trambler, muer et tressaillir, Pleindre, plourer, souspirer et gemir, Et en paour de desespoir fremir Me couvendra. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 64). [Fortune] ne doit autre mestier avoir Fors de traïr Ceaus qu'elle voit monter et enrichir, Et de faire le bas en haut venir, N'elle ne puet personne tant chierir Que seürté Li face avoir de sa bonneürté, Soit de joie, soit de maleürté, Que sus ou jus ne l'ait moult tost hurté. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 85). Et aussi je t'apreng et moustre Que proprement Fortune est moustre De maleürté a venir. Si te deüst bien souvenir, Quant en si haut degré estoies, Qu'en aucun temps descenderoies. (MACH., R. Fort., c.1341, 100). Conment pourroit elle autrement Endurer la maleurté Qu'elle a souffert ne la durté Que son corps porte ? (Mir. mère pape, c.1355, 399). LE MARI. Or sui je bien en touz endroiz Povre et nu de beneurté Et venuz a maleurté, Quant j'ay ma compaigne perdue. (Mir. Theod., 1357, 89). Si bien ne sont fors vent et aventure, Donné à faute et tollut par irour ; On la doit croire où elle [Fortune] se parjure, Car de mentir est sa plus grant honnour. C'est .J. monstre envolepé De boneür, plein de maleürté ; Car nuls n'a pris, tant ait de bien en li, Se Fortune ne le tient à amy. (MACH., L. dames, 1377, 171). ...cilz jours [Jour du Jugement] yert jours d'ire Plus que bouche ne pourroit dire, De tenebres et d'ocurté, Jours de pleur, de male eürté, Jours tenebreux et tresorribles (Jour Jug. R., c.1380-1400, 216). ...a quelque chose est bonne Maleürté aucunes foiz (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 8). Trop grant malheureuté redonde Sur moy : qu'il ne passe personne. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 27). Mais comme fust le plaisir de Dieu ou la maleureté dudit royaume, ledit seigneur roy Loÿs, estant retourné en sa cité de Cusence et ou chastel (...) fievre pestillencieuse prist ledit seigneur roy (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 198). Gontier ne crains : il n'a nulz hommes Et mieulx que moy n'est herité ; Mais en ce debat cy nous sommes, Car il loue sa pouvreté, Estre povre yver et esté, Et a felicité reppute Ce que tiens a maleureté. Lequel a tort ? Or en discute. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 116). Et pour tant l'homme, quant il naist, il commence aucunement a morir. En aucunes choses est vie sans terme, mais avec misere et maleurté comme ez deables et ez dampnéz. (Somme abr., c.1477-1481, 141). LE CRESTIEN. Ilz [les chrétiens] en sont heureux en ce monde. LA FEMME. Et nous malheureté parfonde. LE CRESTIEN. En servitude est nostre vie. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 77).

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 344/226 ; Cligès C.T., 1455, gloss. ...

B. -

P. méton. [Surtout au plur] "Ce qui rend malheureux, fait, événement malheureux, situation malheureuse" : Si que, comment qu'a meschief fusse Tel que de mort paour eüsse, Moult volentiers la resgardoie, Pour ce qu'en vëoir me sentoie Un petitet reconfortez De mes dures maleürtez. (MACH., R. Fort., c.1341, 55). Quant j'os parfiné ma response, Ma dame, qui rest et qui ponse Mes maus, mes anuis, mes durtés Et toutes mes maleürtez Seulement de son dous regart, Me respondi : "Se Dieus me gart, Ceste aventure est gracieuse, Comment qu'elle soit mervilleuse..." (MACH., R. Fort., c.1341, 136). Les blez et les vins sont faillis, Dont li pueples est mal baillis ; Si que Dieus d'amont nous guerrie (...). Li dyables atise la guerre, Aussi fait li rois d'Engleterre ; Or y revient la Grant Compagne, Qui va jusques en Alemagne ; Mais trop me plaing de l'Archeprestre Et des Bretons qui font le mestre, Si que li pays est pilliés, Tous gastés et tous essilliés. Aveuc ce li leus nous menguënt, Qui nous estranglent et nous tuent. Et s'est si grans mortalités En bours, en villes, en cités Et tout par tout le plat pays Que chascuns en est esbahis (...). Mais toutes ces maleürtés, Ces(t) pestilences, ces durtés Ne font a moi ne froit ne chaut, Car par ma foi il ne m'en chaut, Mais ce me fait pene et anoy Que je ne voi ma dame n'oy, Ne que nouvelles de li n'ai (MACH., Voir, 1364, 488). Assés de meschiés ha ci, Eins que joie en puisse attraire. Et aveuc ce si mal sui fortunés Que, pour faire moy plus languir en vie, Mors ne me vuet pour mes maleürtés. Mais maugré li morray ; je n'en dout mie, Car la durté de ma grief maladie Ha bien la mort desservi, Et pis s'on li pouoit faire. (MACH., L. dames, 1377, 72). ...et doye scavoir, que tantost elle [la personne humaine] sera boutee en terre, et sa charoingne rongee de vers, et que en ceste langoreuse vie elle recoit peine, doleur, honte, afflictions, maladies et maleuretés sans nombre. (GERS., Noël, p.1404, 295). Lesquelz soyant encores en enffance tous trespasserent ; dont par leur maleuretez naturelles ne furent gaires plains. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 185). ...plusieurs marchans de Paris y porterent grand foison de vivres aux champs devant Saint-Anthoine, lesquelz vivres furent incontinent moult bien recueillis par lesdiz de l'ost qui y vindrent de toutes pars et achetoient iceulx vivres ce qu'on leur faisoit, par especial pain et vin, car lesdiz de l'ost estoient tant affamez, les joes velues et si pendans de maleureté qu'ilz avoient longuement enduré que plus n'en povoient, et la pluspart estoient sans chausses et soulers, pleins de poux et d'ordure. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 123). ...veu (...) la peine, le soing, la cure et le travail qu'ilz avoient soustenu depuis leur partement de France jusques a Napples, et de Napples jusques au dict lieu ou ilz avoyent souffert et enduré, tant de nuyt que de jour, toutes les maleuretez, souffrettes et autres necessitez qui peullent survenir a povres gendarmes sur les champs (LA VIGNE, V.N., p.1495, 289).
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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