C.N.R.S.
 
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     MARCHÉ1     
FEW VI-2 mercatus
MARCHÉ, subst. masc.
[T-L : marchié ; GDC : marchié ; AND : marché1 ; FEW VI-2, 1b, 2b, 4a, 5a : mercatus ; TLF : XI, 373a : marché]

I. -

[Lieu d'échanges marchands]

A. -

"Lieu public réservé certains jours aux marchands qui exposent et vendent leurs marchandises" : ...la foraine gent leurs bestes, Quant il sont venuz au marchié, Sitost qu'il les ont decharchié, Y mettent, sire. (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 210). Il n'atendi nullui ; ains s'en vint ou marchiet de Valenciènes, et fist sonner les cloches ou berfroi à volée. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 195). ...ton serf seray de ma teste Et me pourras conme une beste Vendre au marchié. (Mir. march. juif, c.1377, 191). J'ay oy dire en plain marchié Qu'est revenuz en son hostel Celui a qui de mon chatel Prestay, il a deux ans, grant somme. (Mir. march. juif, c.1377, 212). ...en un jour de vendredi ou samedi, que le marchié estoit en la ville de la Saussoye (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 284). Appoincté que les buefs seront prisiez et estimez par gens expers et congnoissans, et seront bailliez et delivrez ausdis marchans à bonne caucion bourgeoise, et seront vendus par vendeurs jurez ou marchié de Paris et non ailleurs. (FAUQ., II, 1421-1430, 54). ...il perceut que les prestres faisoient provision de palmes et aultres verdures, et veoit que au marché on les vendoit pour servir a la procession pour lendemain. (C.N.N., c.1456-1467, 513). ...[il] s'en alloit sur le marché, pour trouver encores ung ou deux bons compaignons et les amener disner avecques luy (C.N.N., c.1456-1467, 528). Gens d'eglise, desdaignans leur preface, Hantent foires, assemblées et marchés Et la guerre suyvent de place en place Sans regime mettre en leurs eveschez. (Cene dieux, c.1492, 110). La tierce [emprise] fut à Lardicie où estoient plus de IIIc mille hommes armés et touteffois l'on avoit un mouton pour un denier et ung beuf pour XII deniers en plain merché, tant estoit laide chascun d'iceulx. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 113 r°). L'ostel de ville est bel et sumptüeux Sur le marché gay en toute saison, Puis le chasteau fort et impetüeux, Ou le roy mist Gavache en garnison. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 227).

 

-

En plein marché. "En pleine affluence du marché" : ...[il] print son chemin en venant tout droit en la ville de Chartres, et illec vendi ledit cheval en plain marchié, n'est record à qui (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 41). En laquele ville d'Estampes il, jeudi derrenierement passé, environ heure de prime, acheta en plain marchié, en ladite ville, le blanchet et chemises dont il a esté trouvé saisi (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 275).

 

-

[Comme lieu d'autres manifestations de la vie sociale, politique] : Là fu il amenés au marchiet des halles, et là devant lui tout premiers furent decollé chil qui en sa compaignie estoient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 81). Après ce noble et haut disner fait, grant fuisson de signeurs et de chevaliers furent armet et aparilliet pour le joute, et joustèrent sus le marchiet. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 195). Pool le Haestigghe, foullon, convaincu de hérésie pardevant les inquisiteurs commis de le sainte Eglise et par eaulx rendu oultre au seigneur et jugés, fu ars sour le marquiet d'Yppre. (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1377, 790). Touteffois ledit de Dombourc se rendit à la voulenté du prince, et fut son procès faict, et finablement il eut la teste tranchée sur le marché dudit Middelbourg (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 80). Et nonobstant ladicte appellation, incontinent qu'ilz les eurent condamnéz, ne leur donnèrent que troys heures de temps pour se confesser et penser à leurs affaires, et, le terme passé, les menèrent en leur marché, et là furent mys sur ung escharfault. (COMM., II, 1489-1491, 202).

 

-

[La place du marché peut comporter un/des emplacement(s) couvert(s) et fermé(s) (halle), le marché peut être un ensemble de halles] : Li contes de Fois et li captaus et leurs routes, qui estoient tout armet, se rengièrent sus le marchiet et vinrent à le porte dou marchié et le fisent ouvrir toute arrière. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 105). Lors se departi messires Jehans de Viane des barrieres et vint sus le marchié et fist sonner la cloce pour assambler toutes manieres de gens en la halle. (FROISS., Chron. D., p.1400, 842).

 

.

Marché des halles : Là fu il amenés au marchiet des halles, et là devant lui tout premiers furent decollé chil qui en sa compaignie estoient. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 81).

 

-

[Dans une compar.]

 

.

[L'âme qui s'ouvre aux sirènes du monde est comparée à un marché] : Mais se le monde heurte par pompes et vanitez, tantost noz li ouvrons et f[ais]ons de nostre ame comme une hale ou un marchié. (GERS., Pent., p.1389, 81).

 

.

[À propos d'une réunion houleuse] Comme un marché de hire-hare. "(Comme) un marché plein de cris et de vacarme" : La conclusion de la serie du vendredy Pour ceste derraine glose sourdy grande tumulte entre les femmes illec assembleez, tant de rire comme de parler toutes ensemble, et ne sembloit autre chose fors que ce fust un marchié de hire hare sans ordre et sans voloir entendre l'une l'autre, ne atendre la fin de leurs raisons. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 111).

 

-

[Marchés spécialisés]

 

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Marché aux bestes : Et, ces choses ainsi faites, il qui parle ala ou marchié au Bestes, oultre la porte Saint-Honnoré, ainsy comme il avoit acoustumé d'aler, ouquel lieu il vit et apperceut icelli Bechopois. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 563).

 

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Marché au blé : [Le voleur se retira]... en l'ostel d'un cordouennier demourant au-dessus de la grant porte des hales de Paris, par où l'en va au marchié au Blé (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 12).

 

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Marché aux brebis : En après, ledit cardinal Balue et commissaires devant nommez procederent à faire les monstres des bannieres desdiz mestiers pardevant iceulx commissaires en plusieurs et divers lieux de ladicte ville, tant dessus les murs d'icelle d'entre les portes du Temple et Saint-Martin, en la cousture du Temple, sur les murs d'entre la tour de Bois et la porte Saint-Honoré, devant le Louvre, au Marché aux Brebis, et sur les murs jusques à ladicte porte Saint-Honoré. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 194).

 

-

Marché des chevaux : ...ung nommé Guillaume Boichot, dit de Pollans, soubz umbre de certaine admodiation qu'il dit à lui estre faite par les gens et officiers dudit seigneur de Saint Georges de la vente du marchié des chevaulx, qui se vendent audit Seurre chacun mardy et autres jours, si a voulu maintenir tous acheteurs et vendeurs de chevaulx mesmement de trait audict lieu de Seurre, à iceulx mettre en trait ou en limon, estre tenu de essaier en ses charrettes et à ses bourreaulx et harnois seulement, comme en tel cas est acoustumé faire, pour veoir et savoir s'ilz sont bons de trait ou non, et pour ce avoir droit de lever et percevoir par chacun cheval, ainsi essaié et esprouvé, certaine somme d'argent (Chartes communes Bourg. G., t.2, 1435-1436, 248).

 

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Marché aux porees. "Marché aux légumes" : ...l'ostel (...) ou pend l'enseigne du Lyon Rouge, assis autour des halles ou marchié aux porées (Paris domin. angl. L., 1420-1435, 253).

 

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[Utilisé comme lieu de supplice] Marché aux pourceaux : ...et oultre, que elles feussent menés ou marché aus pourceaux, hors de la ville de Paris, et illec, pour leurs demerites et cas dessus diz, par elles cogneues et confessés, arses (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 360). Le mardi ensuivant, IIIJe jour dudit mois d'ottobre, l'an dessus dit, fu ledit Jehan Jouye, prisonnier, mené ou marchié aus Pourciaux à son derrenier tourment (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 492). ...et ancores les mors l'en menoit tout nuz à charretées, sans braies ne sans autre couverture, ou Marchié aux pourceaulx lez la porte Saint Honoré, et à peinne metoit l'en un po de terre sur eulx. (BAYE, II, 1411-1417, 85). ...ou marchié aux pourceaulx lez la porte S. Honoré (Ch. VI, D., t.1, 1412, 355).

 

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Marché au fillé. "Lieu où l'on vend du fil (ou halle de la lingerie)" : Item, pour ce que scet sa Bille Madamoiselle de Bruyeres, Donne prescher hors l'Euvangille A elle et a ses bachelieres, Pour retraire ces villotieres Qui ont le bec si affilé, Mais que ce soit hors cymetieres, Trop bien au Merchié au fillé. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 119).

 

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Marché au poisson : Et toutesfois marcha le duc sur le marchiet au poisson et jusques au devant de l'ostel de la ville, car les sieurs de la ville estoient bons pour luy. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 173).

 

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P. plaisant. Marché aux horions. "Bataille" : Les .L. paysans, jones gens qui gardoyent la porte du chasteau et jamais n'avoyent esté au marchiét aux horions, furent tellement espoantéz qu'il habandonnèrent leur garde (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 184). LE FOL [qui assiste à un combat]. Qu'esse là ? Benedicite ! C'est ung marché aux horions. (FLAMANG, Vie Pass. st Didier C., 1482, 242).

 

-

[Assimilé au lat. forum "place publique, marché", avec une étymol. fantaisiste] : Cestui Phoroneus establit premier juges et auditeurs et n'y avoit lors nulz merchés, mais chacun y venoit pour aver justice et là comancerent à vendre et achappter l'un de l'autre choses neccesseres et pour ce les nomma de son nom "Phoro". (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 19 v°).

 

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[Dans un cont. fig.] "Lieu ouvert (ici à tous les vices)" : Mais se le monde heurte par pompes et vanitez, tantost noz li ouvrons et f[ais]ons de nostre ame comme une hale ou un marchié. Se la chier hurte par mauvaise charnalité, tentost nous li ouvrons et en faisons comme ung ort logis de pourciaux. (GERS., Pent., p.1389, 81).

 

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Aller/s'en aller au/sur le marché : Et aussi moins est femme en serre Et moins est du mari guettée, Et tant sera meilleur trouvée Que celle a laquele on deffent D'aler au marché ou l'en vent Ce qu'il fault de neccessité Pour le bien, pour l'utilité Du gouvernement de maison. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 289). Et orent pourveu cotes et abis de fenmes, lesquelles il prissent en .I. village sus lor cemin, et grans cretins plas, la ou ces fenmes qui vont au marchiet mettent bures, oefs et fronmages. (FROISS., Chron. D., p.1400, 303). Et combien qu'elle supposast que, pource qu'il estoit accompaigné du dit voisin, il s'en allast sur le bancq, toutesfoiz si n'en avoit il nulle volunté, mais s'en alloit sur le marché, pour trouver encores ung ou deux bons compaignons et les amener disner avecques luy au commencement qu'il avoit davantage, c'est assavoir ce poussin et la piece de mouton. (C.N.N., c.1456-1467, 528).

B. -

P. méton.

 

1.

"Rassemblement de marchands et de clients, dans le lieu public qui y est réservé, foire" : ...comme nostre amé et feal le prieur de Coustures d'Argençon, du diocese de Poitou, sire de la dite ville, nous eust supplié que de grace especial nous li vousissions octroier un marchié, chascune semaine, en la dite ville de Coustures, au jour du merquedi (Doc. Poitou G., t.2, 1335, 112). Foires ordonna et marchiez, Ou l'en peust acheter et vendre, Et toutes denrees y prendre, Et, de son nom, les clama foires Et, en latin, dist on encores Forum, c'est a dire marchié. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 278). Lendemain, Xe jour d'aoust, jour de saint Lorens, cessa le marchié et foire, acoustumés chascun an ledit jour estre tenus ou forsbourc de Saint-Lorens leiz Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 312).

 

-

Jour de marché : Bien trouvoient sus le chemin du matin hommes et femmes qui aloient à la ville, car en ce jour il estoit jour de marchiet (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 193). ...il a esté par eulx condempné à estre mis ou pilory à Paris, par deux sabmedis, et à Fontenay le Conte une fois à un jour de marchié (Doc. Poitou G., t.6, 1401, 400). ...tous furent d'oppinion que je devoye faire crier et publier, le samedi ensuivant, qui seroit jour de marché en ceste ville de Bourges, à son de trompe et par les carrefours que lesdiz biens estoient exposez et mis en vente, et que à huitaine ensuivant seroient délivrez aux plus offrans et derreniers enchérisseurs. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 125).

 

-

Tenir marché : Et avoit en ceste noeve ville dou roy toutes coses necessaires apertenans à une host et plus encores, et place ordonnée pour tenir marchiet le merkedi et le samedi. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 2).

 

2.

"Cité commerçante, ville marchande" : Mal en advint a ceuls de Meaulx, De Paris, de Silly et ciaulx Qui vouldrent prandre la duchesse De Normandie en la fortresse Du marché de Meaulx, et faillirent: Foie et Hangest dehors saillirent, Et bien .XXV. homme armé Contre .VIm., qui larmé En ont puis, car ilz furent prins, Les pluseurs mors et desconfis (DESCH., M.M., c.1385-1403, 374). Ce jour, le duc de Bourgongne, le chancelier de France, les evesques de Therouenne, de Beauvais et autres pluiseurs partirent de Paris pour aler devers le roy d'Angleterre, estant en siege devant la cité et marchié de Meaulz. (FAUQ., II, 1421-1430, 36). ...pour remercier Dieu du traictié de la redicion et delivrance du Marchié de Meaux au Roy nostre Sire (FAUQ., II, 1421-1430, 44). Ce jour, furent amenez prisonniers ou chastel du Louvre à Paris pluiseurs des gens d'armes qui avoient esté en la garnison de la Cité et Marchié de Meaulx (FAUQ., II, 1421-1430, 45).

II. -

"Convention, accord entre deux parties (accord commercial et, p. ext., accord quelconque)"

A. -

"Accord marchand, transaction commerciale"

 

1.

"Accord établi entre un vendeur et un acheteur pour la vente et l'achat de qqc." : ...se aucuns avoirs est vendus en le halle, prendre doivent li couletier qui aront le markiet fait, de le moustre a l'accort dou vendeur et de l'accateur, et mettre d'unne part en le halle pour savoir se li remanans s'ensuit. (Drap. Valenc. E., 1344, 269). Car se le vendëeur donne sa chose a l'achetëeur pour certain pris volontairement et aprés il se repute deceü, les loys ne contraignent pas l'achetëeur a plus poier ou a retracter le marchié se il n'y avoit erreur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 454). Or avient que le vendeur et acheteur sont à accord que le marchié se deffait et reprend le vendeur son fief ; assavoir se le seigneur de qui est le fief tenuz y aura point de quint denier ? (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 222). Puis vint a François de Nentes, brodeur du roy, et lui monstra la boursse pour broder, ainsin que Madame avoit devisé, dont le marchié fut a deux escus. (LA SALE, J.S., 1456, 52). "...j'aray mes XII rasieres de blé aux termes dessusdictz. Veez la nostre marchié, n'est pas ? - Oy, vrayement, dit sa femme..." (C.N.N., c.1456-1467, 291).

 

-

Cours du marché/prix du marché "Cours journalier (des marchandises)" : Et sanz penser ne hault ne bas Ainsi comme on bat le cabas A ceuls qui ne scevent le pris Du marchié, tant qu'ilz ont apris (DESCH., M.M., c.1385-1403, 115). ...et s'il est deliberé de iceulx blez ou farines vendre, il mettra le tesmoing ou marchié, et iceulx affeurera et mectra à pris selon le cours dudit marchié pour la journée. (Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1415, 259).

 

-

"Vente ou achat réalisé par un marchand" : Mains biaux marchiez sont puis passez Parmy voz mains. (Mir. march. juif, c.1377, 204).

 

-

[Construction abs.] Marché nul. "En considérant la transaction, l'accord comme annulé" : J'ay trop pechié en le vous vendre [le basme] ; Et marchié nul, me vueilliez rendre La lettre que fait vous en ay, Et je tout ce vous en donray Qu'avoir vouldrez. (Mir. pape, 1346, 388). Marché nul autrement Avecques vous, Beauté, Se de vous Loyaulté N'a le gouvernement ! (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 330).

 

-

Par marché ferme. "Par un accord définitif" : ...sembleroit expedient, baillier et delivrer par marchié ferme à marchans solvables, chascun arpent pour le pris et somme de huyt livres tournois (FAUQ., I, 1417-1420, 204).

 

-

Le marché est fait à telle somme. "L'affaire est conclue à tant" : A deux gros est fait le marchié. C'est la coustume de ceans. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 39).

 

-

Faire marché. "Conclure une transaction, vendre" : LE FRIPPIER. (...) Vendu n'ay pour denyer ne maille, J'ay robe de façon commune. Sa, sa, marchans, que l'on m'assaille ! Marché feray vaille que vaille, Car il me fault argent pour boire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 550).

 

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Faire marché de qqc. "Procéder à une transaction à propos de qqc." : ...ains est pour la croce Et la mittre de l'eveschié, Dont l'en fera huy tel marchié C'on les donrra a ce preudomme, (...) L'arcediacre. (Mir. ev. arced., c.1341, 127).

 

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Faire marché que. "Conclure un accord stipulant que" : Et quant eust son pourpoint payé, lors s'en va a Jehan de Busse, qui de chausses servoit le roy, et fist marchié que deux paires de chausses lui cousteroient, l'une parmi l'autre, deux escus (LA SALE, J.S., 1456, 52).

 

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Desrompre le marché. "Annuler l'accord" : "Ha ! gentilz sires, pour Dieu merci, il est bien voirs ce que vous dittes. Mès encore se poet bien li marchiés tous desrompre, car je n'en receu onques denier." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 72).

 

-

Retracter le marché. "Annuler l'accord" : Car se le vendëeur donne sa chose a l'achetëeur pour certain pris volontairement et aprés il se repute deceü, les loys ne contraignent pas l'achetëeur a plus poier ou a retracter le marchié se il n'y avoit erreur. (ORESME, E.A.C., c.1370, 454).

 

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Tenir un marché. "Respecter un accord" : Li dus n'en volt de riens aler au contraire, mès en rescrisi au connestable que ou nom de Dieu il le acceptast ou cas que cil de Derval, pour tenir ce marchiet, liveroient bons plèges. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 135).

 

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Prov. De tel marché, telle vente. "À telle cause, telle conséquence ; on a ce qu'on mérite" : Et Regnart demoura a terre Qui ne scet mais ou santé querre. Humblement et mat se gramente, Et dit : "De tel marchié, tel vente ; Toudis ay mal fait et mal fais. Je en dois bien porter le fais..." (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 88).

 

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C'est un mauvais marché quand personne n'est satisfait : Paiens les laisserent, car plus de .III. mil Turs Perdirent la journee, s'en estoyent esperdus ; Romains pareillement perdirent de leurs druz. Ce fu maulvais marchié quant ne s'en loe nulz. (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 277).

 

2.

Bon/grand/mauvais marché

 

a)

Subst. Bon/meilleur marché. "Transaction (plus) avantageuse" : ...et qui meilleur marché en pourra avoir, si le preigne. (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 12). LE PREMIER NAVETIER. Je ne desire que gaignier ; C'est mon fait : je suis voiturier. Me donrez vous IIc deniers, Et je prandray celle avanture, Combien qu'elle me soit bien dure ? Se donner vous les me voullés, En ma nefz les appourterez [les corps des martyrs] ; Sy non, vuillez querir ailleurs Meilleur merchier avantureux (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 163). LE IIIe CRESTIEN. (...) Abrigés vous, et sans demeure Alons monter sur la naville. Elle est preste et est ja en l'isle Ou nous devons prandre a nater. J'ay ja du passaige accorder : Cent solz en avra le pastron. NATHALIE. C'est bon merchier ; or tost alons, Car demourer je ne vueil plus. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 177).

 

-

Bon/grant marché de qqc. "Prix avantageux de qqc. (pour l'acheteur)" : L'ABBÉ. Bien veigniez, frére Theodore. (...) Avons nous d'uille bon marchié ? (Mir. Theod., 1357, 101). Et en ce temps (...) avoit si grant marché de choulx à Paris que (...) on en avoit assès pour IIII ou pour VI personnes pour ung noiret qui ne valloit que une poitevine ou environ (Journal bourgeois Paris T., 1405-1449, 192).

 

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Prov. De paroles est grand marché. "Les paroles ne coûtent pas cher ; un engagement verbal est vite pris et on n'en mesure pas toujours les conséquences" : Et se en jugement l'acteur donne premierement sa demande, ce n'est que de parole ou par ung peu d'escript. Et si disons entre nous Provenceaulx que de paroles est grant marchié. Mais advisons au fait, car ung libelle n'est pas si perilleux s'il va au premier comme seroit d'ung coup de hache ou de pointe de lance. (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 233).

 

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Faire beau marché. "Tirer un bon prix (d'une marchandise que l'on vend), faire une transaction avantageuse" : ...jamais jour je ne feray Si biau marchié. (Mir. pape, 1346, 391). Plusieurs pais ay puis marchié Et fait aussi maint biau marchié Ou j'ay gangné, loé soit Diex ! (Mir. march. juif, c.1377, 205). J'ay cy de toele a foison Pour vendre ; si venoit marchant, Bon marché farey, c'est raison, Pour ce que j'ay besoign d'argent. (Pass. Auv., 1477, 237).

 

b)

Loc. adv.

 

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Bon marché. "À bas prix, à prix avantageux" : Et Coveitise est ausi bien oue le vendour come le chateour, car l'un ad coveitise de vendre chier, et l'autre ausi grande coveitise de achater bon marchee. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 118-119). Et si a bon marchie de tous viures. (MANDEVILLE, Voy. L., p.1360, 345). L'OSTELLIER. (...) Or ça, combien en paieray ? (...) LE TABELLION. Je n'en puis mains d'un franc avoir : C'est bon marchié. (Mir. roy Thierry, c.1374, 323). ...ledit lieu de Basle est bien convenable pour tenir ledit concil, et y a bon aer et sain, habondance de vivres et bon marchié, beaux et bons logis et souffisans (FAUQ., III, 1431-1435, 35). Trestout a vostre volenté. Payés vous, et moult grant merchy. Nous avons esté bien servi, Et bon marchié, selon le lieu. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 50).

 

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À bon/au meilleur marché. "À bon prix, au meilleur prix ; à des conditions avantageuses" : ...les vivres sont communement à meilleur marchié es autres lieux de Monseigneur que à Évreux (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 270). Et quant est du drap trouvé en sa possession, dit que verité est que oujourd'uy matin qu'il se fu parti et alé de la ville de Paris, pour aler au Lendit veoir s'il pourroit recouvrer aucun petit drap à bon marchié pour soy vestir (...) encontra d'aventure, sur la chaucée, un compaignon (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 111). Et estoient (...) bien pourveu et avitailliet de tous vivres et a bon marchiet, car il lor venoient de Flandres, de Hainnau et de Braibant. (FROISS., Chron. D., p.1400, 419). ...pria et requist iceluy suppliant, qu'il voulsist trouver et traicter moien pour luy d'auoir et acquerir dudit Pelet sesdiz dommaines et heritages au meilleur marché qu'il se pourroit avoir (Doc. Poitou G., t.12, 1478, 229). Aucun païs y a où ne croist point de vins, comme en une partie de Normandie, de Picardie, de Bretaigne, de Flandres, mais assez en croist ès païs voisins, par quoy ils en ont assés et à bon marché. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 31).

 

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(À) grand marché. "À bas prix, à des conditions avantageuses" : Il n'est homs vivans qui poroit croire ne penser le grant avoir qui là fu gaagniés et robés, et le grant fuison de bons draps qu'il y trouvèrent. Il en euissent donnet grant marciet, s'il les seuissent à qui vendre. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 140). ...les milleurs cervoisses dou monde, et les plus nourissans chars et pissons et toutes volilles a grant marchiet (FROISS., Chron. D., p.1400, 123). SAUDRET. ...les gens Ne donnent plus chose qui vaille. CECUS. Si font aumoins de la mengealle, Qui assez est a grant marchié, Et n'est que par ta mauvaistié Se nous n'avons bien a mengier. (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 766). Et ne passa gaires avant Que vous eustes maistre et servant : Ce maistre en la croix se rendit, Le faulx disciple ce pendit ; Si vous fut vostre argent rendu. Et, pour ce, tout bien entendu, Se par vostre enorme peché Eustes la mort a grant marché, Sa vie vous sera vendue De tant plus cher a la value, Puis que vous la voulez estaindre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 899).

 

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Faite meilleur marché. "Vendre à meilleur prix" : Et après ce que le dit exposant gracieusement lui eust respondu que le dit exposant estoit mieulx acoursez, c'est assavoir mieulx achalandez que n'estoit le dit Croissons, et que les gens plus volentiers aloient acheter ses potz, pour ce que ycellui exposant, en faisoit meilleur marchié (Doc. Poitou G., t.5, 1384, 214).

 

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[Dans un contexte métaph.] : Pourquoy m'as tu vendu, Jennesse, A grant marchié, comme pour rien, Es mains de ma Dame Viellesse Qui ne me fait gueres de bien ? (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 183).

 

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Au fig.

 

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À bon marché. "Sans dépenser beaucoup d'efforts, facilement" : On en peut avoir par milliers, A bon marchié, grant habondance. Je ne prise point telz baisiers Qui sont donnez par contenance. (CH. D'ORLÉANS, Chans. C., c.1415-1440, 226). Amoureux ont parolles paintes Et langage frois et joly ; Plaisance dont ilz sont accointes Parle pour eulx ; en ce party J'ay esté, or n'est plus ainsi ; Alors de beau parler trouvoye A bon marchié tant que vouloye ; Si ay despendu mon savoir (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 119).

 

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Avoir bon marché. "S'en tirer à bon compte" : ...je n'ay fait chose de messire Olivier de Clichon, dont j'en m'en repente, fors tant qu'il a eu si bon marchié que il s'en est partis en vie ; et ce que je luy sauvay sa vie, ce fut pour l'onneur de son office, non mie pour sa personne (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 16).

 

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Avoir bon marché de qqc. "Venir facilement à bout d'une situation, remporter facilement la victoire" : Sire soudant, se vous aviez veu le roy Uriien et le roy Guion, et leur fiere contenance, et le maintieng de leurs gens, et la grant, horrible et resoingneuse fierté de cellui au grant dent, son frere, il ne vous tendroit ja cure de les envahir comme vous dictes. Et sachiez bien, ains que la besoingne soit departie, vous n'en aurez pas si bon marchié comme vous en faictes maintenant. Et si ay tousjours ouy dire que tel menace a la foiz qui a grant paour et qui puis est batus. (ARRAS, c.1392-1393, 226). Voelt il dont faire sa gerre a par lui ? Jamais n'en avera si bon marchié que il euist eu avoecques vous (FROISS., Chron. D., p.1400, 627).

 

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Avoir beau/bon/grand marché de qqn. "Faire bon marché de qqn, le vaincre facilement" : Atant se part Gieffroy et vint sur une petite montaigne, entre le point du jour et soleil levant, et voit l'ost tout quoy, et n'y oït on rien, ne que s'il n'y eust nullui. Lors fut moult doulent quant il ne scot plus tost leur couvine, car, se ses freres et leurs gens feussent la, ilz eussent eu grant marchié de Sarrasins. Mais il jure Dieu, puis qu'il est si près d'eulx, qu'il leur fera sentir sa venue. (ARRAS, c.1392-1393, 228). "Monseigneur, dit le viel cappitaine de Crathor, ilz sont fortifiez en leur champ. Je ne conseille pas que les y assalliez. Entrez dedans la ville ; et passerez dela la rivière et logerez, vous et vostre puissance, en ung gros bourg, qui s'appelle le Bourg-Neuf, et sont les faubourgs de la ville. Vous serez entr'eux et leur païz ; ilz n'auront jamaiz nulz vivres ; et fauldra en despit d'eulx qu'ilz se lièvent et qu'ilz desemparent leur fortification. Et, au despartir, vous en aurez beau marché." (BUEIL, I, 1461-1466, 192). ...o la grace de Dieu j'ay esperance que vous en aurez bon marché ; car noz asles combatront bien les leurs et les garderont bien, se Dieu plaist, qu'ilz ne nous donneront point d'empeschement sur les costez. (BUEIL, II, 1461-1466, 200). Or s'en venoient les Angloys fierement et impetueusement, par grands trouppes, ignorans et non sçachans que les gens de nostre ost fusent advertis de leur venue ; et pensoient bien en avoir grand marché et ne trouver pas en eux grande deffense ne resistance (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 89). Et par ainsi penserent les Cathelans qu'ils auroyent beau marchié desdits Françoys, qui n'estoient que une poignée au regard d'eulx (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.2, 1477-1478, 165). Et si avoit les ennemys logéz devant luy en beau champ, au moins à demye lieue près, qui en eussent eu bon marché, s'ilz eussent assailly, et puys de nous après. (COMM., III, 1495-1498, 161).

 

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Avoir/faire grand marché de qqc. "Accorder peu de prix à qqc., faire peu de cas de qqc." : [Réaction de la dame à qui Brun de la Montagne a fait dire qu'il attendait d'elle une réponse favorable à sa demade amoureuse] "Il a son temps gasté, Car il n'a c'un petit encore ci esté, Et si veut ja avoir une amie aquesté. Grant marchiet a d'amour ou il a conversé, Qui veult ja estre amés si tost qu'il a pensé !" (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 132). Or ont vers eulx nostre chatel, et maintenant ilz crient contre nous et nous blasment que nous ne combatons a toutes heures, comme ceulx qui peu doubtent mectre en aventure, sans raison et ordre, la noblesce et le royaume, et qui feroient assez grant marchié du sang des nobles hommes dont, s'ilz estoient perduz, le royaume ploureroit la mort puis aprés. (CHART., Q. inv., 1422, 34). Mes bonnes compaignes et voisines, il n'est aucune de vous qui ne sace que je pris mon mari Josselin plus pour sa beauté que pour sa richesse, car povre compaignon estoit, et vela je ne le vey ne hier ne au jour d'huy, dont j'ay grant doleur au cuer. Et certes il a grant marchié des biens que mes maris, ses predecesseurs, ont par cy devant a grande paine et doleur assemblez : je croy que ce sera ma mort. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 82). ...et n'y avoit homme ausdit assault qui de plus près combatit, qui plus s'y avanturast ny qui y fit plus grand marchié de sa peau qu'il faisoit (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 11).

 

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Eschapper à qqc. à bon marché. "S'en tirer à bon compte" : Et veul bien que vous entendés que, se je eusse esté avec le roy lors que commençastes le Mal publique que vous dittes le Bien publicque, vous n'en fussiés pas eschappé à si bon marché que vous avés fait, et mesmement à la rencontre de Montleheri par vous indeument entreprinse. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 261).

 

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Prendre un mauvais marché. "Faire un mauvais calcul" : Je te respons pour mes amys Que mieulx aymons souffrir la mort Avec nostre bon maistre a tort, Et que ce soit presentement, Que de vivre injustement Longuement après son trespas. Telle chose ne voulons pas, Car celuy qui commet peché En espoir d'avoir longue vie, Il prant ung trop maulvais marché, Et pourtant ne le feron mye. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 263).

B. -

P. ext. "Accord, contrat, transaction (comportant ou non un aspect pécuniaire)"

 

1.

"Contrat, accord établi entre deux parties pour l'exécution d'un travail, d'une tâche" : Marché avec le fevre de Livillier pour ferrer nos chevaux, querir fer à charue, renouer fentes de roues à charues, faire toutes choses de son mestier pour 32 s. p. par an. (Livre raison St-Martin-de-Pontoise D., 1345, 178). ...après ce que par la Court (...) fust avisié que les sieges et bancs et porches de la Chambre du Parlement estoient vielx, derompus, et moult malhonestes (...) et pour ce eust esté fait marchié à Guillaume Cyrace (...) bourgoiz et hucher à Paris, pour le priz de IJc escus qu'il en doit avoir, parmi ce qu'il rendra tout prest et assiz à ses despens hors ferreures dedans la Toussaint prouchain venant (BAYE, I, 1400-1410, 155). ...a Maistre Alexandre de Berneval et maistre Jacques de Soteville, maistres des oeuvres de maçonnerie et carpenterie, pour leurs paines et travaulx d'avoir fait les criées, les marchiés dessusd., visité, solicité et tesé lesd. planchiers et hachis, paié pour ce commandement de Monseigneur de Meaulx (Comptes Archev. Rouen J., 1437-1438, 169).

 

-

Faire marché avec qqn : ...bien avoit eu la charge, de par le dit Cuer, de faire les marchiés avec les maçons, charpentiers et autres ouvriers et se prandre garde de leur ouvrage (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 166). ...l'édiffice de la quelle loge fu lors devisé et fut fait marchié de la maçonnerie, par ledit Cuer avec il qui parle et maistre André Bonicy, maistre maçon, présens maistre Estienne Petit, Jehan Nicolas et autres, lequel deviz et marchié fut rédigé et mis par escript et signé (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 219). ...despence, à cause de Barthomieu Le Lombart, fustier de ladite cité de Marceille, à cause d'enfuster le bas et le hault soullier dudit retrait, marché fait avecques luy à dix gros (Comptes roi René A., t.1, 1457, 57).

 

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Marché d'ouvrages. "Convention qui se fait pour l'exécution de constructions" : ...voulons que tous marchiéz d'ouvrages, qui se feront d'ores en avant pour nostre dite ville, soit de machonnerie, carpenterie ou autres, se fassent à cry et à rabatz (Hist. dr. munic. E., t.1, 1466,,, 110).

 

-

"Pacte, arrangement par lequel une personne se met au service d'une autre pour exécuter une action malhonnête, moyennant rétribution" : ...les compaingnons qui batirent ledit Guiart, devoient avoir dudit monseigneur Jehan, par marchié faisant, IIII ou VI fleurins (Conf. Jug. Parlem. Paris L.L., 1332, 66).

 

2.

"Contrat fait entre deux parties pour la jouissance d'un bien" : ...ceste presente année la cense dudit lieu, qui est rebailliée a ferme par nouvel marchié pour nuef ans (Trés. Reth. L., t.3, 1476, 540).

 

3.

"Transaction, accord en vue d'un mariage" : Il qui estoit riches sans nombre de V. ou VI. millions de flourins, et qui desiroit l'avancement de sa fille, car pour ce temps il ne le povoit plus hault marier que au conte de Guerles, s'avisa que il retenroit che marchiet (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 147). ...le vaillant et bon preudomme En deniers m'a baillié la somme De vint livres (...) Dont ma fille marieray. Le marchié confermer yray Sanz plus detrier maintenant (Mir. march. juif, c.1377, 185). Et nous cuidions, se vous eussiez eu voulenté de femme prendre, que nous feussions le premier a qui vous en eussiez prins conseil. Monseigneur, dist Remondin, ne vous en vueille desplaire, car amours a tant de puissance que il fait faire les choses ainsi qu'il lui plaist, et je suis si avant alé en ce marchié que je n'en puis reculer ; et, se je povoie, bien pour certain ne le feroye je pas. Lors dist ly contes : Au moins, beau sire, nous dictes qui elle est ne de quelle lignie. (ARRAS, c.1392-1393, 36). ..."Madame, sachés que j'ay ouy dire que monseigneur vostre pere vous veult marier, et en est ja fait le marchié d'un cousté et d'autre, et ne fault fors seulement que vous soyés d'acort." (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 161). ...le marché et traictié luy fut par son pere descouvert [à la demoiselle] et assigné le jour qu'elle [le] devoit espouser (C.N.N., c.1456-1467, 546).

 

-

Marier sa fille à bon marché. "Donner sa fille en mariage sans avoir à donner une dot trop importante" : ...et dit aux ambassadurs du conte qu'il avoit marié sa fille à meilleur marché que de luy donner les cotez de Brie et de Champaigne (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 35).

 

4.

[Domaine politique et militaire]

 

-

"Tractation, accord, engagement, traité avec l'ennemi" : Messires Perducas leur dist que il estoient encores fort assés pour iaus tenir et bien pourveu de vivres et d'artillerie, par coi il ne fesissent nul mauvais marchié. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 11). Si valoit trop mieulz que il se rendesissent salves leurs vies et le leur (...) que il feissent pieur marchié. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 247).

 

-

Marché de + inf. "Tractations en vue de (ici préparer un traité de paix)" : Pour quoy, comme j'ay dict, quant on vient à telz marchéz que de traicter paix, il se doibt faire par les plus feables serviteurs que les princes ont et gens d'aage moyen (COMM., I, 1489-1491, 66). Et, pour myeulx asseürer le roy de son vouloir, entra en quelque marché de reduyre monsr de Bourgongne en façon qu'il ayderoit à destrousser le roy d'Angleterre et toute sa bende, s'il vouloit. (COMM., II, 1489-1491, 73).

 

-

Livrer le marché. "Proposer un accord (ici de reddition)" : [Il s'agit de la reddition de Calais aux Français par un gouverneur corrompu]... droit sus le point dou darrain jour, de quoi a l'endemain li marchiés devoit estre livrés a l'entente des François, li rois d'Engleterre en prope personne vint a Calais (FROISS., Chron. D., p.1400, 864).

 

-

"Alliance politique (où chacun trouve son compte)" : ...se vous alés en Engleterre et relevés la ducee de Bretagne en foi et en honmage dou roi d'Engleterre et en devenés son honme, par condition telle que contre tout honme, soit roi de France ou aultre, il le vous aidera a desfendre et a tenir. Et ce marchiet il fera trop volentiers, car d'Engleterre, il avera trop belle entree de venir en Bretagne et de Bretagne en France (FROISS., Chron. D., p.1400, 478).

 

5.

"Accord quelconque"

 

-

Accorder un marché. "Accepter les termes d'un accord" : ...et eulx, qui ne desiroient que sa compaignie, accorderent legierement et de bon cueur ce marché. [L'homme a mis des conditions pour entrer dans leur compagnie] (C.N.N., c.1456-1467, 396).

 

-

Boire du marché. "Boire pour célébrer un accord" : "...N'a pas, mon compaignon ? - Oy, monseigneur, oy, dit il, tout a butin. Et je le veil. Si nous fault boire du marché." (C.N.N., c.1456-1467, 214).

 

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Faire un marché. "Conclure un accord" : Ja Dieu ne veille que en marché que je face on me trouve trompeur ne mensongier. (C.N.N., c.1456-1467, 291). "Si vous me voulez garir et delivrer de ce mal sans la perte de mon oeil, je vous donneray bon vin", dit le chevalier. Le marché fut fait (C.N.N., c.1456-1467, 503).

 

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Faire marché que. "Se mettre d'accord sur le fait que" : ...marché fut fait qu'il viendroit coucher avec elle environ la mynuyt tout secretement. (C.N.N., c.1456-1467, 410).

 

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Marché se porte que. "L'accord se fait sur le point que" : Marché se porta entre eulx deux (...) que le bergier monteroit sur la bergiere pour veoir plus loing (C.N.N., c.1456-1467, 482).

 

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Comme le marché le porte. "Selon les termes de l'accord" : ...d'une nonnain que ung moyne cuidoit tromper, lequel en sa compaignie amena son compaignon, qui devoit bailler a taster a elle son instrument, comme le marchié le portoit (C.N.N., c.1456-1467, 4).

 

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"Ce qui est présenté comme un accord, et qui n'est en fait que l'engagement ou la décision d'une personne" : "Or tost, ce dit Bertran, ceste maison voidiez, Mettez en la main Charles, tenir en doit les fiez. Je le vous di pour vrai, tout asseur en soiez : Vous en serez dolaans se vous n'obeissiez. Se par force vous pren et g'i soie logiez, Vous en serez pendus : fais en est li marchiez." (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.1, 1380-1385, 111).

 

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Prov. Tel jure de son marché qui puis en laisse. "Tel jure de faire ce qu'il promet qui par la suite doit y renoncer" : Dont pluseurs y ot qui juroient Que le passage essaieroient, Car bien cuidoient estre tel Qu'il feroient tout autretel. S'il y passerent, plus n'en say. Mais tels se porroit a l'essay Mettre, qui s'en repentiroit Et qui jamais n'i passeroit. Car tels jure de son marchié Qui puis en laisse la moitié ; Et tels cuide amer sans mesprendre Ou il a assez a reprendre. (MACH., D. Lyon, 1342, 235). Quant Selodus le scot, si fu moult courrouciez et jura ses dieux que tous seroient ars en pouldre. Mais en pou d'eure Dieux labeure. Et aussi tel jure aucunesfoiz de son marchié qui puis en laisse. (ARRAS, c.1392-1393, 182). ...prestement il [Charles le Chauve] jura que jamais ne fineroit, si auroit il mis jus monsgr Gérad, ou il mourroit en la painne. Mais tel jure de son marchié qui depuis en laisse, aussi fit le roy (WAUQUELIN, Gir. Ross. M., 1447, 254).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer / Hiltrud Gerner

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