C.N.R.S.
 
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     MARCHAND     
FEW VI-2 mercatus
MARCHAND, subst. masc. et adj.
[T-L : marchëant ; GD : marcheant ; GDC : marcheant ; AND : marchant ; DÉCT : marchëant ; FEW VI-2, 6a-8b : mercatus ; TLF : XI, 366a : marchand]

I. -

Subst.

A. -

Au propre "Celui dont la profession est d'acheter et de vendre" : Come sont ceuls qui mectent leur cure en aquerir pecunes, - marcheans et telz gens. (ORESME, E.A.C., c.1370, 494). Estes vous marchant ou bourgoys Ou du conmun ? (Mir. fille roy Hongrie, c.1371, 76). ...lesqueles sommes d'argent ainsi par lui receues, il païa à plusieurs marchans d'icelle ville de Paris ce qu'il leur povoit devoir (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 360). Et trouva on leans plus de cent prisonniers, que des bonnes gens du pays, que de marchans estranges, qui avoient esté desrobez, et les vouloit encores raenconner. (ARRAS, c.1392-1393, 205). Item, ledit priour prent en dit Boiz, par livrée dudit verdier, gaulle pour fere les estaux aux marcens de la foire aux Mors séant à Pacy lendemain de la Toussains (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 219). Grandes murmurations (...) conmenchierent a monter en Engleterre a l'encontre dou roi (...) tant des nobles conme des prelas et marceans (FROISS., Chron. D., p.1400, 54). Les fraudes, les baras couvers, Qu'en marchans vi clos et ouvers, Tous seroient trop lonc a dire (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 73). ...les nobles entenderont à la deffence de la couronne et la chose publique si que c'est leur mestier, le clergié aux lois et sciences, les bourgois à ce que leur appartient, marchans à leur marchandisse, les ouvriers à leurs mestiers, et laboureurs à leurs labours, et ainsi chascune chose en son droit renc sans entreprendre les uns sur les autres plus que raison ne donne. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 90). ...en gardant d'oppressions et violences les marchans qui s'entremettent ou entremetteront d'avitaillier et garnir ladicte Ville de busche et autres necessités (FAUQ., I, 1417-1420, 184). ...ilz avoient offert et offroient à faire conduire jusques à Laigny les marchans de Paris qui vouldroient amener vivres à Paris. (FAUQ., I, 1417-1420, 281). Les marchans gaignoient, Nobles voiageoient, Clercs estudïoient, Les prestres chantoient (CHART., L. Paix, a.1426, 415). Mais quant les seigneurs font avoir aux marchandises cours pour aller hors et venir sceurement, les marchans et gens de mestier gaignent et vivent lyement. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 14). Prestres, prelatz et seigneurs auctentiques Sortirent hors a tout riches reliques Et revestuz d'ornemens assez chers. Semblablement les bourgois et marchans De fin drap d'or richement habillez Et leurs chevaulx de veloux fretaillez, Furent de hait le roy querir aux champs. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 198).

 

-

[Parfois marqué d'une réputation de voleur] : Et ainsi sont faulx marchans qui mectent le plus bel et le meilleur dessus et le pire dessoubz, et jurent que tout est bon et loial (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 34). Mais de tieulx marchans vi foison, Et dessus mer, et dessus terre, Marchandises alans hors querre, Par couvoitise rappineurs, Les uns plus grans, autres meneurs Tracer et par mons, et par vaulx (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71). Et d'autres marchans, vous plevi, Faulx et mauvais assez y vi, Par couvoitise si menez Que l'avarice, ou sont donnez, Peut estre les fera ancors Perdre, se Dieu n'en a recors, Tant sont fort ahers a mal gaing (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 72). ...la maniere des marchans est enclinee a grant gaigne ou a faire quelque chose deshonneste (JUV. URS., T. rever., 1433, 78).

 

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Bon marchand. "Commerçant dont les affaires sont prospères" : La orent li François grant conquest, car la ville estoit durement riches, et pris des bons marceans pour euls rançonner. (FROISS., Chron. D., p.1400, 537). ...douse bourgois notables, rices honmes et bons marceans (FROISS., Chron. D., p.1400, 853). Jamais ne sont bons marchans esbayz, Tousjours gaignent a l'alee ou venue. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 361). Je ne sçay se il sont bon marchans, Mes lever fault nostre peage. (Myst. st Bern. Menth. L., c.1450, 44). En ce païs a grant noblesse et de grans seigneurs et barons et y a grant foison de bons marchans, par mer et par terre, et sont les populaires de grant peine, et fors laboureux, hommes et femmes. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 48). En après, le conte de Foix, qui nouvellement estoit venu à Paris, ou mois de decembre ensuivant devint merveilleusement amoureux d'une moult belle et honneste bourgoise de Paris, nommé Estiennette de Besançon, femme d'un notable marchant de ladicte ville nommé Henry de Paris, qui estoit bon marchant et puissant homme. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 222).

 

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Grand marchand. "Négociant" : "Gentilz sires et gentilz rois, ves nous chi six, qui avons esté d'ancisserie bourgois de Calais et grans marceans..." (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 61).

 

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Gros marchand : Les principaulx bourgois des citéz et villes de la seigneurie de son seigneur, et aussi aucuns des gros marchans, et meismement aucuns des plus honnestes des gens des mestiers, vouldra que ilz viennent de fois a autre vers elle (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 69). En la bonne, puissant et bien peuplée cité de Jannes, puis certain temps en ça, demouroit ung gros marchant plain et comblé de biens et de richesses, duquel l'industrie et maniere de vivre estoit mener et conduire grosses marchandises par la mer es estranges païs, et specialement en Alixandrie. (C.N.N., c.1456-1467, 554). Toutesfois les gros marchans de Londres (dont plusieurs y en avoit à Callaix) l'en destournèrent pour ce que c'est l'estappe de leurs laynes (COMM., I, 1489-1491, 209).

 

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Pauvre marchand : ...Car il n'avoit nul drap qui fust nïent entiers, Mais estoit plus locus c'un povres brououtiers Ou un povre marchans qui porte a estaliers ["éventaires"] (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 5). ...Car il n'avoit nul drap qui fust nïent entiers, Mais estoit plus locus c'un povres brououtiers Ou un povre marchans qui porte a estaliers (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 5). ...Car il n'avoit nul drap qui fust nïent entiers, Mais estoit plus locus c'un povres brououtiers Ou un povre marchans qui porte a estaliers (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 5). ...il issirent hors par nuit (...) et se vestirent de povres cotes deschirées et de povres capiaus, à guise de povres marcheans (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 51). Il se départi de Brisco en abit d'ung povre marchant et montez sus une basse haguenée (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 52).

 

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Marchand de telle chose

 

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Marchand chasseur de maree. "Celui qui transporte et revend du poisson de mer" : ...et entre deux bois trouva pluseurs marchans chasseurs de marée (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1425, 208).

 

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Marchand d'argent : ...une escuelle d'argent aus armes dudit mons. de Bourbon par lui lors vendue en ycelle ville de Gennes à un marchant d'argent la somme de VIIJ escuz d'or. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 453).

 

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Marchand de betail : Lorens Caignol et Pierre Le Valoys, marchans de bestail, ont baillié ceans leur requeste par escript (FAUQ., II, 1421-1430, 53). ...Jehan Rossignol, marchand de bestail (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1449-1450, 655).

 

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Marchand de blé : Le marchand de blé faindit retourner de son voyage avecques [son] chariot de blé (C.N.N., c.1456-1467, 442). ...vous avez guidé les Bourgoignons en ceste marche, et avez encusé les bons bourgois et marchans de ceste ville (C.N.N., c.1456-1467, 450).

 

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Marchand de bois/de mairrien. "Celui qui fait commerce du bois de construction, de bois de chauffage" : Cedit jour, le graphier a delivré XX libvres parisis à Michiel Salmon, marchant de merrien, pour les aysemens de Parlement refaire, et par l'ordonnance de la Court, selon le registre de venredi derrain passé. (BAYE, I, 1400-1410, 93). ...commandement seroit fait à tous marchans de bois ou de busche, marchandans en la ville et cité de Paris, que de cy en avant ilz vendent et delivrent leurs bois et busche à pris moderé (FAUQ., I, 1417-1420, 217). À Jehan de Meeren, marchant de bois (...), pour avoir livré dix neuf pieces de bois de chesne, employez pour les nouveaux chievrons fais pour le toix et couverture d'un estable (...), tenant au muret de la maison de la forge en la basse court dudit hostel, duquel estable les viez chievrons et l'autre ouvraige de bois estoient alé à ruyne, tellement que la couverture s'etoit desolee et par piece effonsé et du tout cheu à terre (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 585).

 

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Marchand de chevaux : Mais de tieulx marchans vi foison, Et dessus mer, et dessus terre, Marchandises alans hors querre, Par couvoitise rappineurs, Les uns plus grans, autres meneurs Tracer et par mons, et par vaulx, Excepté marchans de chevaulx, Mais ceulx la vi je en cellui estre, Par antifrasim, loyaulx estre. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71). Cedit jour, les presidens et conseillers estans en la Chambre ont arresté prisonnier en la ville de Paris messire Phelippe Maalart, chevalier, et lui ont defendu le partir à peinne de mil libvres, jusques à ce qu'il ait contenté et paié Richart de Coloigne et J. Vaast, marchans de chevaulx, de certains chevaulx que ly ont vendu la somme de Vc escus (BAYE, I, 1400-1410, 174). À Richart de Couloingne, marchant de chevaulx, la somme de quinze frans à lui paiee et bailliee par ledit Jehan de Noident en rabat et deducion de la somme de 90 escuz deue audit Richart pour une aiguenee liarde (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 131).

 

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Marchand de drap : Et, avec ce, congneut à une autre foiz avoir mal prins et emblé de jour ès hales de Rouen à un marchant de drap environ XIJ aulnes de drap violet, du pris chascune aulne de XXIIIJ sols ou environ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 474).

 

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Marchand de grain : JEHANNIN Le Camus, marchant de grain, demourant à Auton en Beausse, et nez de la ville d'Orliens, prisonnier, accusé par ledit Cointereau cy-dessus nommé, examiné sur les confessions faites par icellui Cointereau, dit et afferme par serement, et congnoist que il et ledit Cointereau ont espousées deux suers, et que aucune fois ilz ont marchandé, alé et venu emsamble. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 510).

 

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Marchand de monnaie. "Agent de change" : Dist avecques ce, que icellui Bertram est aussy semblablement marchant de monnoye (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 493).

 

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Marchand de peaux de mouton : ...lequel est de la congnoissance du seigneur des Bouteilles, dudit lieu, marchant de peaulx de mouton à fere parchemin (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63).

 

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Marchand de sel : Et donnez alaine a vostre peuple, et trouvez moyen d'avoir argent aultre part, et reprenez de ceulx auxquelz vous en avez trop baillé, comme en estas, dons et gaiges de ses officiers, et finance, lesquelz par apparence en ont trop de ses usuriers, qui ont presté a vous mesmes a usure, des marchans de sel, qui ont trop excessivement gaigné, et est grant nouvelle. (JUV. URS., Verba, 1452, 405).

 

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P. plaisant. Marchand de science : L'en treuve en aucunes croniques que, un pou devant le dit temps, .II. moynes escos vindrent d'Irllande, lesquelz ne finoient de crier par les villes : "Comme nous soyons marchans de science, qui vouldra acheter sapience viengne à nous, car cy sommes venus pour la vendre." (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 48).

 

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Marchand + subst. en appos.

 

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Marchand changeur : ...illec la vendi [l'écuelle] à un marchant changeur qu'il ne congnoist la somme de XJ frans qu'il en ot et receut (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 450).

 

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Marchand drapier : La Court a prorogué le delay donné aux marchans drapiers de Brouxelles de la Trinité prouchaine au landemain de la Magdaleine, et interim pourront vendre leurs draps au Landit prouchain pareillement, comme firent l'année passée. (BAYE, I, 1400-1410, 196).

 

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Marchand orfevre : ...et laquele [l'écuelle] il qui parle dès lors vendi en ycelle ville de Gennes à un marchant orfevre, la somme de VIIJ escuz d'or. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 453).

 

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Marchand poulailler. "Celui qui élève et vend de la poulaille" : ...à Jehan, marchant poulailler. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 35).

 

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Marchand + adj.

 

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Marchand grossier. "Celui qui fait du commerce en gros" : ...lesdits marchans grossiers de ce royaulme ne tachent fors que a diminuer le nombre des foyres establies en ce royaulme (Pol. Louis XI, G., Pièces justif., 1471,,, 434).

 

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Marchand forain. "Marchand étranger (à une seigneurie, à une ville, à un royaume, etc.)" : A esté ordené (...) maistres Jehan de Fontenay et Aubert de la Porte, examinateurs ou Chastelet de Paris, facent la visitation du pain en la ville de Paris, tant de celui qui est et sera amené par marchans forains, comme de celui qui est et sera labouré par les boulengiers de Paris (BAYE, I, 1400-1410, 336). ...pour la vente de certain droit appellé hellebic, que ledit feu evesque prenoit sur les poissons de mer et harens amenez par les marchans forains es hales de Paris (BAYE, II, 1411-1417, 206).

 

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Marchand lombard. "Usurier" : Lesquelz biens ainsi par eulx prins ilz mirent partie en gaignes sur aucuns marchans lombars demourans en ladite ville d'Avignon. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 249). ...Thomas d'Ansserme et ses compaingnons, marchans lombars tenans la table a Maisieres. (Trés. Reth. L., t.3, 1433, 121).

 

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Marchand public. "Commerçant ambulant proposant ses marchandises dans les foires, les marchés, aux armées qu'ils peuvent suivre" : A la supplicacion de Jehan Becon, marchant publique frequantant foires et marchiez en plusieurs lieux de nostre royaume, estant par ce en nostre protection et especial garde et lequel d'abondant avecques ses femme, famille, droiz, choses, possessions et biens quelzconques nous y avons prins et mis et par ces presentes prenons et mettons, a la conservacion de son droit tant seulement, nous vous mandons et a chascun de vous, si comme a lui appartendra, que ledit suppliant vous maintenez et gardez en toutes ses justes possessions, droiz, usaiges etc. (ODART MORCHESNE, Formulaire G.L., a.1427, 144). ...Jehanne, femme de Jehan Morant, marchant publique (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1450-1451, 717). Et vous gardez bien qu'il ne soit fait injure ne villenie aux marchans publicques suyvans et frequentans la contrée où vous serez, ne ailleurs où vous pourrez (BUEIL, II, 1461-1466, 26).

 

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Marchand voiturier : ...Geronnet, luy XIIe. de compaignons (...) se mistrent en chemin vers Montferant, aroutez de leurs chevaulx comme marcheans voituriers (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 207).

 

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Prevost des marchands. "Représentant de la bourgeoisie commerçante à la municipalité de Paris, qui a sous son autorité tout ce qui concerne le commerce (ainsi que les ponts, ports, marchés, poids et mesures) et l'administration de la ville qu'il partage avec les échevins" : ...le prevost des marchands assembla grand nombre des brigans de Parys qui estoient de sa secte et de son acord (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358-1360, 251). L'endemain, le prevost des marchans et les eschevins, à l'eure que l'Empereur disnoit, entrerent en sa chambre, et de par la ville lui presenterent une nef pesant .IXxx. et .X. mars d'argent, dorée et tres richement ouvrée, et .II. grans flascons d'argent esmaillez et dorez, du poiz de .LXX. mars (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 106). Et, avec ce, la Court encharga au prevost des marchans de aidier et conforter en ce les gens et officiers du prevost de Paris, se besoing en estoit (FAUQ., I, 1417-1420, 193). En laquelle assemblée estoient l'evesque de Paris, nommé Chartier, l'Université, la court de Parlement, le prevost de Paris, la Chambre des Comptes et tous officiers, le prevost des marchans et eschevins, tous vestus de robes de drap de damas fourrées de belles martres. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 24).

B. -

En partic. "Celui qui fait commerce au loin, avec d'autres pays" : Leur requeste [des Vénitiens au sultan] ne contenoit Fors les Crestiens qu'on tenoit Peüssent avoir delivrance, Et avec ce, que l'ordenance Dou soudan et d'eaus acordée Entre marcheans fust gardée. C'estoit la fin où il tendoient, Autre chose ne demandoient. (MACH., P. Alex., p.1369, 116). Amour d'argent commendera a ung marchant laissier sa femme et ses enfans, et aler par mer, par terre, par chaut, par froit, par tous perilz de larrons et de mort (GERS., Concept., 1401, 411). Et y a aucuns marchans des parties d'occident qui vont à Damas pour acheter les pierres précieuses, pour ce que c'est le lieu où est le meilleur marché de drap de damas et de soie, et de pierrerie. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 76). Outre la mer est le païs de Grèce dont la maistresse cité est Constantinoble, laquelle fist faire le noble empereur Constentin et pour son nom est ainsi appellée, et est assise sur la mer, et viennent marchans de tous païs chargier et deschargier. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 93). En ce son premier voyage vaca le bon marchant l'espace de cinq ans (C.N.N., c.1456-1467, 126). ...ilz sont venuz au port d'Alixandrie, ou le bon marchant tresbien se deffist de la pluspart de ses marchandises. (C.N.N., c.1456-1467, 129). ...au moien de laquelle predicion tous les marchans voyagerent à dilligence et par mer et par terre et firent si grandes provisions, que le païs supporta plus aisement l'infortune et sterillité de la terre. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 37 r°). ...fist aussi ung traictié sur les dirrections et predist la sterillité de la terre trois ans devant, au moyen de quoy les marchans firent grande dilligence et la distraicte de biens des autres parties et fut, ou premier consille tenu en France, moult estimé des prelatz (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 91 v°).

 

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Mot de marchand. "Prix fixé par un vendeur, et sur lequel il n'y a pas à attendre de rabais" : JUDAS. (...) Vous en pairez XXX deniers Lesquelz j'aray tous sez comptans. OTHIARIUS. Vous avez dit mos de marchans, Puisqu'einsi est, nous marchandons. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 121).

 

-

Ne demander que marchand

 

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[D'une pers.] "Chercher à vendre qqc." : ...[ils] trouverent ung bon homme des champs qui avoit deux bonnes perdriz et ne demandoit que marchant. (C.N.N., c.1456-1467, 581).

 

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[D'une chose] "Attendre d'être vendu" : ...il ne trouva ame, fors seullement ces chemises, couvrechefs, et petiz draps, qui ne demandoient que marchant. [Empl. iron. : il s'agit d'un vol] (C.N.N., c.1456-1467, 397).

 

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Au fig. Se tenir à bon marchand. "Estimer qu'on s'en est tiré à bon compte" : [Après une bataille indécise] Qui eut de quoy fit collation ; mais bien peu en avoient, si ce n'estoit quelque loppin de pain pris au saing d'un varlet. Je veiz le Roy en sa chambre, ou il y avoit des gens bleciéz, comme le seneschal de Lyon et autres qu'i faisoit habiller, et faisoit bonne chere ; et se tenoit chascun a bon marchant, et n'estions point tant en gloire comme peu avant la bataille, et veyons les ennemis prés de nous. (COMM., Mém. B., t.1, 1489-1491, 649).

C. -

P. anal.

 

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"Client qui marchande ; drôle de client" : SAUDRET. ...Je dy fy de vostre maistrie Se je ne suy paié au mains Du labour qui vient de mezs mains ! Et croyez que je le seray Ou ja ne vous y meneray : Je ne seray ja si meschant ! CECUS. Enten, Saudret... SAUDRET. Hau ! Quel marchant ! Vous ne croyez ne Dieu ne homme ! (Myst. Résurr. Angers S., 1456, 290). GUILLEMETTE [à propos de Pathelin qui entend tromper le Drapier]. Hé Dieu ! quel marchant ! Rem. (Path. D., c.1456-1469, 56).

 

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[Dans un contexte qui joue par ailleurs sur une certaine polysémie du mot] "Celui qui fait commerce de ses charmes ; proxénète" : Item à Perrenet Marchant - Qu'on dit le Bastard de la Barre - Pour ce qu'il est ung bon marchant, Luy laisse troys gluyons de feurre Pour estendre dessus la terre A faire l'amoureux mestier, Où il luy fauldra sa vie querre, Car il ne scet autre mestier. (VILLON, Lais T., c.1456-1457, 75).

 

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"Partenaire en galanterie" : Tantost qu'il [un chevalier] eut mis pié a terre, comme il est de coustume aus dictes marches, son hostesse luy vint au devant, et tresgracieusement, comme elle estoit coustumiere de ce faire, le receut et bienviengna ; et luy, des courtois le plus honorable, la baisa doulcement, car elle estoit belle et gente et en bon point, et mise sur le bon bout, appellant sans mot dire trop bien son marchant a ce baiser et accolement (C.N.N., c.1456-1467, 431).

 

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"Vaurien" (HUG V, 139a) : [Le Vilain à son fils qui veut garder les porcs et ne pas aller à l'école] Marchant, puiz que estes prins, Vous y serés porter an sac Toust a ceste heure. (...) On verra qui plus fort sera, Or sa, marchant, entrés dedans. (Vil. Jac. T.C., c.1450, 166).

II. -

Adj.

A. -

[D'une chose]

 

1.

"Propre à la vente ; qui a les qualités requises pour être vendu" : Nicolas li Perrex doit a Jehan, (...) X mambres marchaenz rendre en sa perrere (Echevin. Dijon L., 1341, 53). ...la somme de quatre cens et quarante huit livres tournois franc d'or du coing du Roy nostre sire pour XX sols tournois, pour vente, bail et delivrance de fer d'Espaigne bon leal et marchant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 487). ...IIII muis de froument loyaulx et marchands (Trés. Reth. S.L., t.2, 1395, 400). Et avec ce [la Court] condempne lesdis de Rappan et Vavasseur à baillier, delivrer et faire mouldre, labourer et cuire deux muis de bon blé fourment, loyal et marchant (FAUQ., I, 1417-1420, 377). Robin Binet (...) vent (...) trois queues de sidre bonnes, loialles et marchandes, pareilles au meilleur du creu et vendengie de la ville (Rouen temps Jeanne d'Arc L., 1421, 26). À Colin du Molin, paveur et marchand de carreaux de grez, la somme de 10 l. 4 s. 6 d. p., qui due luy estoit par ladite ville pour avoir baillé et livré cinq cents et demi quarteron de carreaux de grez, bons, loyaulx et marchans, lesquels ont eté mis et employez ès euvres de la chaussée sur le chemin de la Chapelle Saint Denis (Comptes Paris V.L.D., t.1, 1424-1425, 55).

 

2.

"Voué au commerce" : En une nef marchande, en Aise S'enfuy, par Chipre, a mesaise. (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 26). Dieu voulut tant de bien à ce roy qu'il estoit logé près de la mer, et y ayoit quelque navire qui le suyvoit, menant vivres, et deux hurques de Hollande, navires marchans. (COMM., I, 1489-1491, 202).

 

3.

Treve marchande. "Trève durant laquelle le commerce est permis entre deux États qui sont en guerre" : Premiers, est conclud et accordé entre iceulx seigneurs roy de Castille et mondit seigneur de Gueldres (...) bonne, sceure et leale trève marchande et communicative pour le terme et espace de deux ans (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 556). Laquelle treve seroit marchande, et pourroient aler venir lesdiz Anglois par tout le royaume armez et non armez, pourveu qu'ilz ne seroient en armes en une compaignie plus que de cent hommes. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 344). Et pareillement ledit monseigneur de Bourgongne print et accepta tresves marchandes avecques le roy, pareillement que la tresve des Anglois. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 347).

B. -

[D'une ville] "Bien pourvu de commerces, qui favorise le commerce" : Et convient que la cité soit negociative ou mercheande pour elle ou a elle, et non pas pour les autres estranges. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 296). ...le grosse ville de Saint Leu en Constentin (...) pour le temps estoit durement riche et marchande (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 139). ...je vous mettray dedens de Montferrant (...) en laquelle ville gist très grant pillaige, car elle est riche de soy et bien marchande, et y a des riches vilains grant fuison (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 205). Rames est une cité belle et bonne et bien marchande, et est moult fort peuplée et habitée de Sarrazins. (Voy. Jérus., c.1395, 12). Laquelle ville souloit estre bonne et bien marchande (Ch. VI, D., t.1, 1381, 32). Et aussi fit fermer Feurs en Forez, qui estoit une grosse ville marchande sans cloisure (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 163). Au bout de ce royaulme a une cité nommée Lubecque, qui est moult bonne ville, et marchande, et grant port de mer où les hauts Alemans et les bas vont quérir les marchandises. (LE BOUVIER, Descript. pays H., p.1451, 105). ...et s'en est le peuple departy tellement que tres pou en est demouré et comme neant au regard du temps passé, qui ne gaignent riens, car ceste ville n'est point marchande, ne sus riviere portant navire (JUV. URS., Loquar, 1440, 317). Et est la dicte ville la plus marchande du pays, car elle est situee entre la hault Frise et la basse. (Rambaux Frise S., c.1450-1475, 87).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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