C.N.R.S.
 
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     POIGNANT     
FEW IX pungere
POIGNANT, adj.
[GD : poignant1 ; GDC : poignant ; FEW IX, 598a : pungere ; TLF : XIII, 646a : poignant]

A. -

Au propre [D'une arme] "Piquant, acéré" : ...pour ce l'arc, qui souvent entesoit, Traÿ de poche Et fleche prist poignant et mist en coche (CHR. PIZ., Dit Poissy R., 1400, 208). Moult ententivement l'esgarde Et lors Amours, qui s'en prent garde, Par un regart, qu'au cuer lui serre, Une poignant fleche desserre (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 35). Et tout parmi le cuer le perce De la lance poignant et fort. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 74). Les assaillir [les Français] y nous convient, Et que de [de] pres fort on les touche De hache et d'espee poignant (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 396).

 

-

[D'un couteau] "Tranchant" : ...ung coustel poignant, nommé bistorit (Doc. Poitou G., t.10, 1456-1464, 462).

 

-

[D'un végétal, d'un objet...] "Piquant" : Et si nous moustrera il les escourges dunt il fust batuz mult pitousement et cele poynante coroune de qoi il estoit corounee (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 39-40). ...et l'arbre ou elle croist [la myrrhe] n'a que .V. coutes de haut et si a les feuilles semblables a un olivier mais elles sont plus crespés et plus poingnans et si a les branches aussi comme genevre (CORBECHON, éd. G. Sodigné-Costes, 1372. In : Bien dire et bien aprandre 11, 1993, 394). A ma char vestiray la haire Aspre et poingnant dès ores mais (Mir. st J. Paulu, c.1372, 94). On treuve aussi d'autre part que la rose est au gouster amere, et que elle naist et croist entre espines poignans (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 240). Molettes sont poingnantes et sont ordonnees a estre mises aux esperons pour corrigier le cheual et le cheual est ordonné a seruir l'ordre de cheualerie (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 503). Ve cy des jons marins agus (...) Plus poingnans sont que dens d'espines [l. des pines]. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 168). Quant je treuve soubz fresche herbe fleurie Poignant chardon, et soubz clarté serie Umbre obscure, nuysant à ma nature, Soubz Bon Espoir toute Malle Adventure, Merveille n'est si mon propos varie (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 85). Tenez, j'ay le dos tout fin plain De lardons poignans et agus. (Copp. lard., a.1488, 173).

 

-

Part. prés. en empl. subst. masc. "Piquant (du hérisson)" : Et selon Aristote en son premier liure de phisique il [le hérisson] a d'espines ou de poingans plus que aultre beste a IIII. piez pour ce que toute la substance de son mengier ou ce qui le nourrist n'est point conuerty en son corps, mais est conuertie es espines ou picans de lui. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 473-474).

B. -

P. anal.

 

1.

[D'une substance aigre] "Qui a une saveur relevée, piquante" : ...puis les sauces qe soient bien poignantes, pur faire la bouche plus devorer qe mestier ne serroit ou preu. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 19-20). Et l'arrouser légiérement D'eaue très froide et de vinaigre, Fort odorant, poignant et maigre (LA HAYE, P. peste, 1426, 81). Puiz fault traictier, en besoignant, De lait aigre, cler et poignant (LA HAYE, P. peste, 1426, 128).

 

Rem. Vivendier S., c.1450, gloss.

 

2.

[Du froid] "Piquant, vif" : Lors se passe l'impetueux yver. Plus n'a pouoir sa poingnante froidure. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 115).

 

3.

[D'une douleur, d'une maladie...] "Piquant, vif" : ...maiz se elles sont devant, il chiet en manie, et sont doleurs pougnans du costé, empisme ou dissinterie, se les humeurs sont rouges. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 88). ...une fievre quartaine moult poingnante (SAINT-GELAIS, Séj. honn. D., c.1490-1495, 377).

C. -

Au fig.

 

1.

[De la langue, du langage, d'une parole...] "Piquant" : Langue poignant, aspre, amere et aguë En traïson souvent me mort et point (MACH., L. dames, 1377, 171). Vostre argument est moult poignant, et, si je l'ai bien conceü, tout se gist en un point, c'est assavoir que le Saint Pere n'a point de pover de faire loy ou constitucion de la temporalité, quar il n'a pas puissance ne seignorie en la temporalité, mez en l'espirituauté seulement. (Songe verg. S., t.1, 1378, 23). A tes diz cognois je bien le vouloir de ton courage et que, quant tu pues et oses, tes faiz et tes parolles sont en rigueur, mais quant crainte te oste le hardement, encore demeure ton langaige aigre et poignant pour tousjours courre sus par detraction a meilleur de toy. (CHART., Q. inv., 1422, 40).

 

2.

[D'une souffrance morale] "Piquant, cruel" : Car en mon cuer li maulz d'amer Est si poignant et si amer Qu'il fait nuit et jour enflamer Mon dueil et m'ire (MACH., Compl., 1340-1377, 241). Leur plains, leur piteux guermenter, Leur cris, leur tres poignant doulour (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 107).

 

3.

[D'une pers.] "Piquant, acide" : Poignant sui et haineuse Impacient, (et) desdaigneuse, Plus aspre que n'est gletonnier, Ronce, espine ne groiseillier (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S., c.1330-1331, 274).

V. aussi poindre
 

DMF 2020 - Synthèse Robert Martin

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