C.N.R.S.
 
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     PORT1          PORT2     
FEW IX 205b portare
PORT, subst. masc.
[T-L : port ; GD : port2 ; GDC : port2 ; FEW IX, 205b : portare ; TLF : XIII, 790a : port2]

A. -

"Fait de porter"

 

1.

[Une chose concr.]

 

-

"Fait de porter (un vêtement, une coiffure...)" : ...ung très grant nombre de gens, tant en ladicte ville comme à l'environ, qui portoient blans chapperons, lesquelz soubz umbre du port qu'ilz avoient ad cause desdis blans chapperons, faisoient souventes fois des oppressions et dommages aux simples gens du plat pays, furent condempnez de mettre jus telles assambléez ; et lesdis blans chapperons deffendus, sur painne de confiscacion de corps et de biens. (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 24-25).

 

-

Port d'armes. "Fait de porter des armes" : Il fu deffendu par la court de l'Eschiquier a tous generalement, ou darnier Eschiquier, tout port d'armes et toutes deffiailles. Et fu commandé aux baillis que se ils trouvent nul qui face port d'armes contre aucuns ou guerres ou deffiaille, que ils les pugnissent griesvement (Echiq. Normandie S., 1374, 23)....je regarde les lois dessusdictes qui me demandent ports d'armes sans licence de mondit Roy généralement et qui me défendent l'auctorité d'occirre autrui (Doc. 1408. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1 c.1425-1440, 213).

 

.

À port d'armes. "Avec des armes" : ...les déliz ont esté perpétrez par grant assemblée de gens et à port d'armes (Hist. Lille T., t.1, 1385, 56).

 

.

P. ext. "Coup de force" : Nous, acertainez des bons et agreables services que les diz exposans nous ont faiz et à noz predecesseurs ès dictez guerres, et de la vraie amour et parfaite loyauté, que il ont eue à nous, à noz predecesseurs et à la couronne de France, aux diz exposans, leurz complices, (...) pardonnons, de nostre grace especial, auctorité royal et certaine science, le port d'armez et tous les cas dessus diz avec toute offense (Doc. Poitou G., t.3, 1367, 350). Pour lequel cas, ou quel l'en dit nostre sauvegarde avoir esté enfrainte, port d'armes, force publique et ravissement dampnables avoir esté commis et perpetrez, procès a esté meu et pend par devant nostre bailli de Touraine (Doc. Poitou G., t.7, 1412, 226). En ce temps, le bastard de Bourgongne et le mareschal de Bourgongne, acompaignez de grant quantité de gens de guerre de la compaignie dudit monseigneur de Charrolois, commencerent à courir sus aux villes et subgetz du roy par port d'armes, et vindrent prendre sur le roy Roye et Montdidier. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 45).

 

-

"Fait de porter (une distinction honorifique)" : ...son collier de nos divise ["devise"] et port (Actes Jean V Bret. B., t.3, 1420, 54).

 

2.

[Une chose abstr.] "Fait de porter qqc. (d'abstr.), marque" : Et croy certainement qu'il n'est si dur cueur au monde, au moins du zele et de la qualité aux amoureux de la fleur bienheuree, qui lors eust veu et ymaginé le port de l'ardant desir que les vertueux et nobles gendarmes qui la estoient avoient de servir leur vray prince et seigneur, veu le dangier merveilleux ou ilx estoient, qui n'eust esté commeu et provocqué a lermes de piteuse compassion. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 284).

B. -

"Fait de se porter, de se comporter de telle ou telle manière, manière d'être, comportement, allure" : Et sa maniere asseürée, De tous et de toutes loée, Son biau port, son gentil maintieng Qui pareil n'ont, si com je tieng, Tout aussi com l'enfant le mestre Aprent, m'aprenoient a estre. (MACH., R. Fort., c.1341, 8). Encor y a maint ressort : Ramembrer, Ymaginer En dous plaisir Sa dame vëoir, oïr, Son gentil port, Le recort Dou bien qui sort De son parler Et de son dous regarder, Dont l'entrouvrir Puet garir Et garentir Amant de mort. (MACH., R. Fort., c.1341, 17). Et la pris je ma soustenance, En regardant la contenance, L'estat, le maintieng et le port De celle ou sont tuit mi deport. (MACH., R. Fort., c.1341, 145). Or en y avoit d'autre port Qui moult amoient le deport De jouster et de tournoier, De caroler, de festoier, De mener joie, de chanter, De souvent leurs dames hanter. (MACH., D. Lyon, 1342, 201). Et avec ce, dont mieus la prise, Estoit de maniere seüre Et, en parlant, sage et meüre, N'en fait, n'en port, n'en contenence N'ot vice, ne desordenance. (MACH., J. R. Nav., 1349, 178). Mais quant je le vi en ce point, Je li ramentu trop a point Qu'il li souvenist de l'image Et dou tres gracieus langage, Dou faitis point, dou cointe atour Et dou gentil port fait a tour De sa dame qui tant l'amoit Que son dous amy le clamoit (MACH., F. am., c.1361, 239). Li roys à la court demoura, Et li papes moult l'onnoura ; Et chascuns honneur li faisoit, Qu'à tous et à toutes plaisoit En fait, en dit et en maniere, En port, en meintieng et en chiere. (MACH., P. Alex., p.1369, 235). ...le quel tu suivras en depriant a grant instance et par grant art de port et de humble contenance (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 358). Et appelle I. paradis Le plaisant port De ma dame et le ressort De son cler vis. (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 179). Diex, Biauté, Douceur, Nature Mirent bien toute leur cure En vo douce pourtraiture, Dame desirée, Car tant est plaisant et pure, Sage en port, belle en figure Qu'eins plus gente creature De vous ne fu née. (MACH., Ch. bal., 1377, 604). Si ne say que devenir, Quant de ma dame remir Le gentil port, Car Paour me fait fremir Et trambler et tressaillir Par son enort Et Desirs, sans nul deport, Fait mon cuer par son effort Taindre et palir. (MACH., Ch. bal., 1377, 614). Helas ! pour quoy vi je onques sa biauté, Son corps faitis ne son gracieus port, Ne son doulz vis rient, fres, coulouré, Ne ses vairs yex ? (MACH., L. dames, 1377, 64). Certes, j'ay si grant deport, Quant je voy son noble port Et quant, sans vilein raport, J'oy que chascuns son effort Fait de li prisier tres fort Dessus toute creature, Que je n'ay pensée obscure, Tristece, mal ne pointure (MACH., Les lays, 1377, 429). Quant les paroles donc et le port de dehors segnifient en nous aucunes choses estre grandes et glorieuses qui de fait n'y sont mie, ou qu'on les faint plus grandes que elles ne sont selon la verité, c'est un excés et une extremité vituperable que Aristote appelle vanterie, come il fu dit devant (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 496). ...rie bas et non sans cause ; ait haulte maniere et humble chiere, et grant port (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 111). Il luy fault mander voirement, Et comment Sallebry est mort, Qu'il avoit ung peu matalent, [Et] dont il regentoit si fort, Et l'avoit comme en discort, Pour ce que lieutenant estoit ; Luy sembloit bien avoir ce port Que l'onneur luy appartenoit. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 187).

 

Rem. FOUL., Policrat. B., III, 1372, 211 (4/6) ; MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, gloss. ...

 

-

De grand/haut port. "De grande allure, de grande autorité" : ...la dame de hault port (TAILLEV., Lai mort Cath. Fr. D., 1446, 249). ...par ce que attif homme estoit [l'évêque d'Autun] et agu et de grant port a cause de son pere [le chancelier de Bourgogne], apliquoit a l'espiritualité beaucop de choses temporelles dont ne devoit avoir cognoissance, en foulle certes des nobles et vassaux qui s'en doloient (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 111).

 

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En port. "Ayant belle allure" : Le samedi septiesme de novembre, Le roy des roys preux entre ung million (...) Fit gayement son entree a Lÿon En tout honneur, en paix, en union En gloire, en los, en port, en preference (LA VIGNE, V.N., p.1495, 321).

 

Rem. Cf. DI STEF., 717c.

 

-

Avoir grand port. "Avoir fière allure" : Monseigneur conte de Suffort, Je vous pry que soyez d'acort De mener la premiere armee. Vostre frere, qui a grant port, Qui est jeune, plaisant et fort, Vous le merez, si vous agree. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 150).

 

-

Estre de bon port : Einsi me deporteray De tout ce que dire orray, N'en merencolie Ja mon cuer n'en metteray, Pour ce que pure me sçay De leur tricherie ; Ne cuers qui est de bon port Ne doit doubter leur raport Plein de felonnie. N'onques en jour de ma vie Ma pensée en vilonnie Ne prist son ressort. (MACH., Ch. bal., 1377, 598).

 

-

Avoir port devant qqn. "Avoir plus belle allure que qqn d'autre" : Et luy demourant avecques le duc, il vint a luy a si grant familiarité qu'il n'estoit nulz autres en sa court qui eust port devant luy ["qui ait de l'allure, qui ait belle allure en comparaison de lui"] (...) le duc l'amoit d'amour de pere [Aussi Percef. Compl. R., c.1450 [c.1340], 47 [Ms. C, David Aubert] (Mais il n'y eut guaires esté que le duc l'eut en sa grace telement qu'il n'y avoit homme en sa court qui eust port devant luy, car en toutes besongnes et affaires, tant en guerre comme autrement, le duc le trouvoit preu, hardy et bien adrechié, tant qu'il l'amoit comme son enfant)] (Percef. I, R., t.1, c.1450 [c.1340], 53).

 

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[À propos d'un animal] : ...Mais qu'on veïst a son plumage, A sa maniere et a son port Et a son gracieus deport Qu'il seroit de bele venue. (MACH., D. Aler., a.1349, 250). J'y vi une aigle souffissant, Roy des oiseaus, noble et puissant, De biau port et de bel arroy. Cause pour quoy on le dit roy ? Il puet tous oiseaus seurmonter, Qui bien en vuet le vray compter. (MACH., D. Aler., a.1349, 343).

C. -

"Fait de porter secours, soutien"

 

1.

"Aide, soutien, secours apporté à qqn ou dont qqn bénéficie" : Comme nous, pour la fielve gouvernance et port de damoiselle Jehanne, damoiselle d'Assy, eussiens pourveu par nostre grant consel certains administreurs a ladite damoyselle, (...) pour ly administrer tous vivres neccessaires et toutes autres neccessitez et pour torner en paie tout le sourplus des revenues (Trés. Reth. L., t.4, 1331, 177). Et Dieu scet la tres orde vie De maint ! y a, qui n'ont envie Fors de mal faire, et ont grans ports, Par quoy sont fiers (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 42). Et telz choses faire a princepce n'est se honneur non, car c'est le plus grant port, seureté et parement que elle puist avoir que enfans (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 59). ...atout l'ayde et le port des princes terriens (Bouciquaut L., 1408-1409, 309). ...tantost penserent que jamais cellui n'aroit osement de se tant tenir se il n'avoit port et esperance d'aucun (Bouciquaut L., 1409, 386). Et quant est aux salaires des serviteurs de vostre hostel, ilz sont très mauvaisement contentez en la Chambre des Deniers, ne les serviteurs ne pevent avoir leur loier, pour quoy ilz ont grant povreté et souffrete et ne pevent estre entour vous si honnestement qu'il appartient. Non obstant qu'il y en a aucuns qui ont port, lesquelz sont très bien paiez desdiz salaires. (Doc. 112. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2 c.1425-1440, 312). Et euz vers elles tant de port Qu'a moy si se sont raportees De faire du debat rapport (VAILLANT, Oeuvres D., c.1445-1470, 155). Ieunes et vieulx, soyons tous d'ung accord : La loy le veult, l'appostre le ramaine Licitement en l'espitre rommaine. Ordre nous fault, estat ou aucun port. Nottons ces poins, ne laissons le vray port, Par offensser et prendre autruy demaine. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 63). ...car il [Jacques Coeur] fut envyé de pluseurs grans seigneurs autour du Roy, et samblablement de pluseurs autres gens, entre lesquelz avoit des marchans du Royalme qui souvent disoient que ledit Jaques Cuer, soubz le port et faveur que le Roy lui donnoit, tant ès pays estrangiers hors de son Royalme comme en icellui, ilz ne pooient riens gaingnier (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 282). LE JUIF. (...) De nulz seigneurs n'avons support. Crestiens partout ont grant port, Dont j'ay une griefve resverie. Leur Vierge Marie, Mere de Jhesus, Quant on la deprie, Monstre grans vertus. Nostre loy est jus Du tout jusque(s) au bas. (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 78). ...mandons que ausdictz freres, en ce faisant, vous doniés tout le port, faveur et aide que vous pourez. (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 48).

 

2.

En partic.

 

-

"Soutien mutuel, alliance" : De present sommes vertueulx Et puissans d'armes et de port, S'aucuns nous sont contrarieulx De les assaillir sans depport. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 121).

 

-

"Exemption accordée par faveur, par décision indulgente" : Si vous mandons (...) que sans aucun délay, toutes excusacions arrière mises, vous ou au moins six de vous mettez sus par tout le dit païs sans aucun port ou faveur (...) tel aide et subcide (CUVELIER, Chron. Guescl. C., t.2, Pièces diverses, 1372, 412). Et pour ce que desirons raison et justice estre faicte à ung chacun de noz subgectz, tous pors et faveurs cessans (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1488, 261).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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