C.N.R.S.
 
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     SOUCIE1     
FEW XII solsequia
SOUCIE, subst. fém.
[T-L : soussie ; GD : solsie ; FEW XII, 73a : solsequia ; TLF : XV, 716b : souci2]
 

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[Plante] "Calendula officinalis, souci" : Tuit quierent soulas et delis, Roses[,] soucies, fleurs de lis. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 11). Maistre Gilles les [sic] mareschal, pour plusieurs semences de herbes semées ou jardin de l'ostel où les genz du Roy sont herbergiez, à Londres. C'est assavoir : (...) pourpre, soucie, creçon orlenois (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1359-1360, 245). Et li pluiseur aimment moult l'anquelie, Le pyone, le mughet, le soussie. (FROISS., Par. am., c.1361-1362, 80). ...si fait la soussie, La marguerite, l'angorie, Le glay, la douce flour de lis: En ces flours a moult de delis, De deduit, de joliveté (DESCH., M.M., c.1385-1403, 191). Poisson d'eaue doulce et de mer, turbot a la soucie, taillis, ung becuit, anguilles en galantine. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 181). On pourroit aussi dire que la plus bele coulour jaune qui puisse estre, c'est celle qui ressamble à la flour de soussie, pour ce que elle se trait vers la couleur vermeille un bien petit, qui la ramaine a plus plaisant mesure. Et pour ce pourroit on dire que tout aussi que on voit que la soussie sieut tousdiz le soleil - et pour ce est elle appellee solsie, selon la verité - et que elle se oeuvre au matin quant il se lieve, et au vespre se clot et se retrait quant il se couche, et toute jour le sieut aussi come pour ly faire la reverence (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 624). Et qui plus est, encor dient aucuns que se on metoit le herbe qui est appellee semblablement du nom de ceste pierre, c'est assavoir eliotropium, par dessoubz elle, maiz que elle fut de orison convenable consacree, elle rendroit lors cely qui la porteroit invisible ; et c'est le herbe qui est appellee soussie, dont nous avons parlé devant, sy come aucuns le dient. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 671). Jaulne De rouge et blanc entremeslez ensamble, Ma coulleur est ressemblant à soucie (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 139).

 

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[Symbole de la tristesse de l'amant] : Mais cils qui vit en tristesse dessert Qu'il ait son chief de soucie couvert Triste et amere. Si que je vueil entroublier le mal De tristece, car il me siet trop mal. (MACH., F. am., c.1361, 175). Oultre y aura six cierges vers Au convoy du corps, tous convers De soucyes et fleurs d'ancolies (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 68). Pour tous voz maulx d'amours guerir, Prenez la fleur de Souvenir Avec le just d'une ancollie, Et n'obliés pas la soussie, Et meslez tout en Desplaisir. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 358).

 

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[Associé à l'idée de jalousie] : Si avoye des lors veüs Pluseurs volumes et leüs [consacrés au mariage] Tant versifiés com en prose, Neïs le livre de la Rose, Qui dit en cueillant la soussie Ou chapitre de jalousie : "Nul n'est qui mariés se sente, S'il n'est fols, qu'il ne s'en repente." (LE FÈVRE, Lament. Math. V.H., c.1380, 1). Et se Dieu si bien la pourvoye Que son mary tresdebonnaire La donnë et volentiers voye, Encores ne se poeut il faire Qu'il la mauvaise herbe ne flaire, La jalousye ou la soussye, Et qu'ailleurs elle ne repaire Le faulx jalous ne se soussye. (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 240).

 

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Chapel de soucie : Princes, veuillés d'un chapiaus de soucie, Flouri de plours et boutonné d'amer, Moy et mon chant, s'il vous plaist, couronner, Pour moy faire plus triste et plus dolent, Car bien affiert à moy si fait present. (MACH., L. dames, 1377, 65). Mon cueur de chapel de soussie, Ce jour de l'an, estreneray (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 304).

 

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[Dans la mythologie] : Clissiene, par grant amour que avoit a Phebus, le ragardoit tousjours, et tournoit ses yeulx la ou il se tournoit ; mais Phebus de li ne tenoit compte, et pour tant devint jaune et seche, et fut muee en la fleur dicte soussie, la quelle encore regarde tousjours le souleil. (LEGRAND, Archil. Sophie B., c.1400, 166). Si en print icelle Clitie tel despit [de l'indifférence de Phébus] que (...) s'en courrut comme forsennée, couschant de nuyt sur la terre dure, sans autre couverture que du ciel, et mourut au bout de neuf jours. Mais cependant tousjours clinoit elle sa face devers le soleil, quelque part qu'il se tournast, et s'aherdit son corps à la terre tellement qu'il en yssit une herbe appelee "soulsie", en quoy fut mué son dit corps. (Ovide mor. B., 1466-1467, 139).

 

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Au fig. Mauvaise soucie. "Mauvaise mine" (Éd.) : LE IIe JUIS DE SIDON. Hola ! messeigneurs, parlez pas [l. bas], Avisez la qui nous espie. OTHIARIUS. Ha ! qu'il a mauvaise soussie [Judas] ! Il est des gens de ce Jhesus. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 120).

 

Rem. La motivation de cette désignation vient peut-être de la couleur jaune du souci, évoquant la fausseté, la trahison.
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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