C.N.R.S.
 
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     SOUPIR     
FEW XII 474b suspirare
SOUPIR, subst. masc.
[T-L : sospir ; GDC : souspir ; DÉCT : sospir ; FEW XII, 474b : suspirare ; TLF : XV, 769b : soupir]

A. -

"Souffle, inspiration ou expiration plus ou mons forte et prolongée qui rétablit l'équilibre respiratoire" : En maladies agues avec fievre, soupirs en maniere d'enffant qui pleure, est malvaiz signe. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 95). Or parle LE PREMIER CHEVALIER. (...) Je croy que le corps [de Jésus] est perdus. Une voix j'a ouÿ ici, Qui disoit : "Lyéve toy d'ici." (...) Et puis j'ay veu sy grant clerter venir Que il n'est homme que s'en peut souvenir. Quar parlé je n'a peut, ne randre mon soppit Jusque j'a veuz la clerter departir. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 140).

 

-

Le dernier soupir (d'un mourant) : Tresbenoyte vierge Marie, Au dernier souspir de ma vie Par vous me soit secours donné. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 289).

 

Rem. Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 252.

B. -

En partic. "Souffle qu'on laisse échapper sous le coup d'une émotion (souvent expression douloureuse de l'amour)" : ...Ne je n'ay pas encor aperceü, Pour nul meschief que j'aie receü, Que tout adès Elle ne m'ait com amie esté près Et qu'el ne m'ait servi de tous mes mès, De plours devant et de souspirs après. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 86). S'en est mes vis descoulourez Et mes cuers de plours saoulez, De griés souspirs entremeslez, Et tout par toy. (MACH., R. Fort., c.1341, 46). Si est bien droiz que mon cuer fonde En pleurs, en soupirs et en plains. (Mir. Barl. Josaph., c.1363, 278). Mais souvent pleurent mi oueil, Quant je remir Vo gent corps par souvenir, Dont mon vis mueil. Lors de mon cuer meint souspir Passent le sueil. (MACH., Ch. bal., 1377, 600). Si ne vueil autre mercy, Car vous m'avés assevi, Si que mi plour Et mi souspir sont tary, Dame, dont je vous mercy Et bonne Amour Qui fait cesser ma dolour (MACH., Ch. bal., 1377, 629). Et si ne puis par devers vous aler Pour Fortune qui le vuet et deffent, Dont maint souspir me convient estrangler, Quant à vous pense et je sui entre gent Et quant je sui par moy secretement ; Adonc me fait tous meschiés recevoir Le grant desir que j'ay de vous veoir [la forme "vuet" fait difficulté. G. Roques attire l'attention sur la leçon "viee" [de véer] dans MACH., Voir, 1364, 182, v. 1634 (même ballade ; point-virgule après "deffent")]. (MACH., L. dames, 1377, 209). Helas ! dame, je vous ay tant chiery, En desirant de merci la douçour, Que je n'ay mais sens ne pooir en my : Tant m'ont mué mi souspir et mi plour. (MACH., L. dames, 1377, 218). La seront mi grief compleint Et mi pleint, Mi grief souspir et mi plour. (MACH., Les lays, 1377, 374). Et lors fist [Mélusine] un moult doulereux plaint et un moult grief souspir, puis sault en l'air, et laisse la fenestre, et trespasse le vergier. Et lors se mue en une serpente grant et grosse et longue de la longueur de XV. piez. (ARRAS, c.1392-1393, 260). ... le conte regarde tousjours ou ciel contremont, et commenca a souspirer parfondement. Et après les durs et aigres souspirs, disoit : Vrays Dieux, comment sont les merveilles que tu as laissiees ca jus en la vertu de ta chamberiere nature, merveilleuses et diverses en leur expedicion, se tu n'y espandoies ta grace divine, et especialment de ceste merveilleuse aventure que je voy ou cours des estoilles que tu as lassus assises... (ARRAS, c.1392-1393, 19). Item aussi devant le dict corps y avoit grant nombre a merveilles de gentilz hommes, officiers, maistres d'ostelz, varletz de chambre, escuiers, eschançons, paiges, servans et tous autres du train de sa maison qui en cris piteux, lamentables pleurs, griefz souspirs et ameres exclamacions, habillez en dueil, se comportoient si douloureusement pour la mort de leur bon feu maistre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 311).

 

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Jeter un soupir/des soupirs : Adont getta Berinus un grant soupir et commença tendrement a plourer (Bérinus, I, c.1350-1370, 70). ...ains muoit longuement couleur et getoit uns lons souspirs et uns grans plains (Bérinus, I, c.1350-1370, 164). En meditant et en pensant Tex choses, et en recordant Les faiz de devant et les dis Tant de la mere com du filz, Je ne me peu plus contenir Que ne getasse un grant souspir (GUILL. DIGULL., Pèler. J.-C. S., 1358, 119). Et quant Paris oyt ramentevoir le nom de sa dame, celle qui le tient en destresse, il gecta ung grant souspir de cuer parfont. (LA CÉPÈDE, Paris Vienne K., 1432, 257). Atant passa oultre, car la pucelle prist a muer sa couleur et rougir en gettant ung petit soupir estraint de desir (Comte Artois S., c.1453-1467, 63). Et quant ils estoient au preau assemblé, dont pour le tres brief partement estoient mains durs soupirs et maintes larmes gectees. (LA SALE, J.S., 1456, 95). MARIE. (...) Las, quant je viz le sang decoulez De son chiefz d'espine coronez, Las, quant je vyt qu'on ly puntoit Le boyre que point ne desiroit, Las, je gectisz sy grant sopit Qu'a peinne que le cueur ne m'an partit. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 121).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Robert Martin

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