I. -

Adj.

A. -

"Dont la femme est morte" : ...le pere et le filz furent tous deux vesves assez tost l'un aprez l'aultre (LE BEL, Chron. V.D., t.2, 1358, 183). Quant le conte de Guerles fut vefves, il estoit encoires ung joenne homme. On le remaria très haultement, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 152). ... ce dessusdit roy, tout son vivant, avoit toudis amé femmes, et encoires, en ces jours, il avoit une très belle damoiselle à amie où à la foiz il se deportoit ; car de grant temps avoit esté vefves. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 187). Par le temps regnoit en Aussay un moult puissant roy, lequel estoit vefves nouvellement, et ne lui estoit demouré de sa femme que une fille, de la quelle elle trespassa en sa gesine (ARRAS, c.1392-1393, 146). En celle prope anee trespassa de ce siecle la roine de France, fenme au roi Phelippe et soer germainne au duch Oede de Bourgongne. Aussi fist madame Bonne, duçoise de Normendie, qui fille avoit esté au gentil roi de Behagne. Si furent li peres et li fils veves de leurs deus fenmes. (FROISS., Chron. D., p.1400, 877). Le dessusdit messire Phelipe, prince de Tarente, apprès que il fust vesve de sa premiere femme, Madame Espina, disposte de Rommenie, il prist Madamoiselle Katerine, fille de messire Charles de Valloiz. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 177). ...le bon duc de Cloestre , qui vesvé [l. vesve] estoit (WAUQUELIN, Belle Hélène Const. C., c.1448-1452, 153). [aussi p.194] ...au roy d'Angleterre qui pour lors estoit vefve (Jehan de Paris W., 1494-1495, 18).

B. -

"Dont le mari est mort" : Il doivent meintenir justise Et si doivent garder l'eglise, Les orfenins, les vesves dames. (MACH., F. am., c.1361, 185). Un fil avoit, moult biau vallet, Et s'avoit une belle fille, Des milleurs de toute la ville, Dame vefve, cointe et jolie. Vicontes fu de Nicossie. (MACH., P. Alex., p.1369, 256). Biaus signeurs, dames, damoiselles, Dames vefves, filles, pucelles, Je vous requier, pour Dieu merci, Chastiez vous et mirez ci. (MACH., P. Alex., p.1369, 261). ...Pour ce qu'est veuve fame (Mir. roy Thierry, c.1374, 334). ...Une dame ja bien viellete Qui veuve est (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 232). Quel mervaille ! car par la bonté de Dieu, combien qu'elle eust bien gardé le loyen du sacrement de son mariage, et que aprés tres longuement elle eust esté vueve et vescu en saincte continence, toutefois, il li souvenoit bien que sa tres grant biaulté en sa jonesse et ses jolys et riches atours avoient esté occasion de blessier mainte ame, touchant la passion cardiaque (MÉZIÈRES, Vertu sacr. mar. W., c.1384-1389, 294). ...[ils] ont leur chambre auprez de l'hostel des Marmous[ez], en la Cité, en un porche au dessus d'une pasticiere, vefve femme (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 108). ...par icellui Robin leur fu dit que Jaquete de Claye, femme vesve, demourant près de Saint-Mathelin, en la rue Saint-Jaques, avoit icellui breviaire en garde (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 214). ...en laquelle ville ilz arriverent à un soir, se logerent ou marchié, en l'ostel d'une femme veufve, anxienne, du nom de laquelle, ne de l'enseingne de son hostel, ne se recorde (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 525). En la cité, ot une dame Vesve moult belle et preude femme (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 221). ...un appel entrejecté ceans par une femme vefve, duquel le mari avoit esté tué audit Orleans (BAYE, I, 1400-1410, 326). ...se il avient que la sage princepce demeure veuve, n'est pas doubte qu'elle plaindra et pleurera sa partie si que bonne foy le donne (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 83). ...ceste dame que onques puis qu'elle fut vesve a mary ne se voult acompaignier. (LA SALE, J.S., 1456, 3). La bonne damoiselle a la lemproye manda l'une de ses voisines qui vefve estoit (C.N.N., c.1456-1467, 263). ...une ancienne damoiselle vefve, a qui print pitié du pouvre religieux, luy fist dire messe (C.N.N., c.1456-1467, 485). ...la derniere clause de ses lettres [du prince de Vendôme, malade, au roi de France] estoit celle ou semblable : "Mon tres chier seigneur, je vous dy adieu, en vous recommandant troys choses principalles aprés ma mort. Premierement ma povre ame, ma tres bonne et loyalle famme et mes petiz enfans, lesquelz demeurent vefve et orphelins..." (LA VIGNE, V.N., p.1495, 312).

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Veuve de mari : ...puis que de mari sui veuve, Ja n'avenra c'on me repreuve, De ce (Mir. st J. Cris., c.1344, 255). Si vous prie cierement, conme une dame veve et orfene de mari, que vous aiiés pité de moi et de l'enfant, et le tenés foi et loiauté et a moi aussi, ensi que vous avés fait jusques a chi a son pere et mon mari (FROISS., Chron. D., p.1400, 502).

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Veuve de vif mari : Monsigneur, vous savés que je sui une seule femme à point de fait ne de deffence, et veve de vif mari, s'il plait à Dieu, car mon signeur, messires Guichars , gist prisonniers en Espagne, ens es dangiers dou roy Henri (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 116).

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Faire une femme veuve. "Tuer son mari" : J'ay faite mainte fame lasse Et vefve de son bon baron. (Jour Jug. R., c.1380-1400, 236). La firent mainte veofe dame Et mainte poevre enfant orphanin. (HÉRAUT CHANDOS, Vie Prince Noir T., c.1385, 55).

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P. méton. "De veuve" : ...en vostre vesve age (MARTIN LE FRANC, Champion dames D., t.2, 1440-1442, 172).

II. -

Subst. fém. "Celle dont le mari est mort" : Les veuves desolées laissent, Car de leurs biens sont denuées (Mir. st Guill., c.1347, 39). Les vesves et les orphenins, Tant masculins com femenins, Et les eglises dois deffendre, Et si ne dois riens dou leur prendre (MACH., C. ami, 1357, 139). Helas ! or est a euls grans blames, Que justice est vague et en fuite Et l'eglise est toute destruite ; Les vesves et les orfelins N'ont maisons ne fours ne molins, Helas ! car il ont tout perdu, Et si ne l'ont pas despendu. (MACH., F. am., c.1361, 185). Si com tu le paralitique (...) garisis, Et de flun de sanc retrainsis, Ce dit saint Marc, aussi la veuve... (Mir. st Val., c.1367, 144). ...Et se fait on les chevaliers Armez aus chams, sus leurs destriers, Quant on vuet entrer en bataille, De ceste espée qui bien taille, Pour garder raison et justise, Orphenins, vefves et l'Eglise. (MACH., P. Alex., p.1369, 16). Et si tient Que toutes vefves, de son droit, Et pucelles marier doit, Qui demeurent en son roiaume. (MACH., P. Alex., p.1369, 262). Si comme nous avon en l'Euvangile de la povre veuve donna deux petis deniers a l'euvre du temple. (ORESME, E.A.C., c.1370, 449). De ceste response avoit messire Edouart de Guerles grant indignation et fut moult dur à la vefve sa suer, madame Ysabel de Brabant, (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 158). Lez bons chevalliers souloient jurer la chose publique deffendre (...) et portoient l'espee, por la foy et Sainte Yglise deffendre et esaucer, et pour lez povres, lez voevez et pupilles et tout le païs garder d'oppressions et deffendre. (Songe verg. S., t.1, 1378, 15). Et aidiez et conseilliez les vefves et les orphelins, et honnourez toutes dames, et confortez toutes pucelles que on vouldroit desheriter desraisonnablement. (ARRAS, c.1392-1393, 85). Mes seigneurs, il est verité que tous ceulx qui aiment honneur et chevalerie si doivent aidier a soustenir en leur droit les vefves, dames et les orphelins et orphelines. (ARRAS, c.1392-1393, 149). GRISELDIS [au marquis qui la répudie] Et desci suis appareillie De retourner en la maison Mon pere, qui esté m'a bon, Ou je fui jadiz en jeunesce, En paix de cuer et en lÿece ; Ma viellesce y trespasseray Comme ma jeunesse y usay Et morray com vesve eüreuse, Qui ay esté femme et espeuse De tel et si noble seigneur (Gris., 1395, 82). Ce jour, dame Ysabel de Baviere, royne de France, vesve du feu roy Charles VIe, trespassa en l'ostel de Saint-Pol à Paris. (FAUQ., III, 1431-1435, 165). ...pour quelque occasion que ce fust, ou pour sembler aux vrayes vesves de jadiz dont les histoires romaines, qui sont les suppellatives, font tant de glorieuse mencion (LA SALE, J.S., 1456, 3). Or en verité Mains veves en Israel vivoient ; Grant femine partout estoit. A nullez d'elles n'alla Helye, Maiz a la veve de Cydonie, Pour la norrir le tramist Dieu. [Réf. à Luc 4, 25-26] (Pass. Auv., 1477, 121).

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Veuve (de) tel ou tel : ...une changerresse demourant audit lieu [de] Harfleur, nommée Alips Nicole, lors vefve de feu Andrieu Nicole (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 482). Et ce jour ne firent que peu de chose. Cedit jour, le roy receut lettres de la vefve messire Pierre de Breszé, par lesquelles lui mandoit qu'elle avoit fait prendre le seigneur de Broquemont, cappitaine du palais de Rouen, pour ce qu'elle se souspeconnoit dudit cas, et qu'il n'eust aucune doubte de ladicte ville de Rouen, du chastel du bout du pont (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 118). Et, en ce faisant, la royne d'Angleterre, fille dudit roy de Cecile, vefve du feu roy Henry d'Angleterre, qui estoit prisonniere audit Edouart, fut par le roy rachetée, et pour sa raençon en paia audit Edouart cinquante mil escus. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 15). Oudit an LXXVII, advint ou royaume d'Angleterre que pour ce que le roy Edouard dudit royaume fut acertené que ung sien frere, qui estoit duc de Clairence, avoit intencion de passer la mer et aler descendre en Flandres pour donner aide et secours à sa seur duchesse en Bourgongne, vesve dudit defunct le derrenier duc, fist icellui roy Edouard prendre et constituer prisonnier sondit frere et mettre prisonnier en la tour de Londres, où il fut depuis detenu prisonnier par certaine longue espace de temps, pendant lequel ledit roy Edouart assembla son conseil (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 63). EXPLICIT. Cy fine le present livre nouvellement imprimé à Paris Par la veufve feu Jehan Treperel et Jehan Jehannot, Imprimeur et libraire juré en l'Université de Paris (Mir. st Nic. juif, c.1480-1500, 159). ...fut en ce temps envoyay en Angleterre avecques autres, pour aller querir madame Ysabel de France, vesve du feu bon roy Richard et fut moïen de fere le mariage d'icelle et de Charles, filz du duc Loys d'Orleans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 149 v°). Guillaume Perdriau, Guillemette, vefve de Jehan Pommier, messire Pierre Boutonnet et Jehan Hacquineau, tous demourans à Bonny sur Loyre, attesterent que oudit temps et par laditte informacion faitte que ledit Lourdin de Salligny espousa audit lieu laditte Jehanne Bracque, fille dudit messire Blanchet Bracque, chevalier (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 160).

V. aussi veuf