A. -

Au propre

1.

"Minéral caractérisé par sa dureté (désigne à la fois la pierre d'aimant et le diamant, plus ou moins confondus dans la description de lieux imaginaires dont on vante la richesse)" : Et les pierres du pavement Estoient d'or et d'aÿmant. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 144). Li mur furent d'albastre, li pilier d'aymant [avec des pointes de diamant, c'est-à-dire des pierres taillées à facettes ?] (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 596). ...cinq agneaulx d'or, dont à l'un est un saffir, lequel il a mis en gaige à Paris, sur son hostesse des Maillez, ou carrefour du Temple ; un à un ruby, sur sondit hoste, à Laon ; un à aymant, sur Marot, Juif, demourant à Noyon, et lequel ycellui Marot bailla en gaiges à l'oste du Dragon (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 33). ...l'eglise et tout le pourpris de leans estoit tout fondé sur une roche d'aymant fin, et les murs furent tous faiz par desoubz de marbre bis et par dessus de jaspe bel et cler, et fut tout couverte de platines de fin argent gentement esmaillé a estoilles d'azur, sicque quant le souleil rayoit dessus, c'estoit belle beauté a veoir. (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 110).

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Pierre d'aimant : Magnes (...) pierre de aymant (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 288).

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[Élément de compar.] Dur comme l'aimant/la pierre d'aimant : Et s'a cuer plus dur qu'äymant Ou que ne soit un diamant (MACH., J. R. Nav., 1349, 246). Par le liseur [entens] cil qui ne se congnoit, Par le viez tronc cuer plus dur d'aymant, Et par l'ente, douçour qu'om esperoit, Que le bois sec destruit et va seichant. (DESCH., Oeuvres Q., t.3, c.1370-1407, 6). Plus dure qu'un dyamant Ne que pierre d'aymant Est vo durté, Dame, qui n'avez pité De vostre amant (MACH., Ch. bal., 1377, 620). Seigneurs, regardez quel horreur, Comment ce meschant est traictié : N'est cueur qui n'en prengne pitié Et fust plus dur que l'aÿment. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 306).

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Prov. A trop poindre fault l'aimant. "Le diamant s'émousse à trop couper" : La [en enfer] crient les ames dampnees, En leur crëateur blaphemant Pour leurs grans doleurs abondees, Car a trop poindre fault l'amant. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 542).

Rem. Même prov. ds GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 211 et ds MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 204. Cf. Prov. H., 33b.

2.

[Ce minéral, en tant qu'il possède la propriété d'attirer le fer] "Aimant" : Il n'est bericles ne topasse, Rubis, saphirs ne dyamans, Escarboucles ne aymans Qu'on dist qui areste le fer, Qui me peuïst faire escaufer (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 68). Et apres l'isneleté va en appetisant. Et se aucun obiçoit contre ce que dit est, quar le fer est meu vers l'aÿmant par violence et toutevoies, il est meu plus isnellement en la fin du mouvement quant il approche de l'aÿmant, je respon que les choses autres ne sont pas parelles, quar la vertu de l'aymant est plus grande et oeuvre plus fort pres de l'aÿmant que loing, et pour ce, elle attrait le fer plus tost de pres que de loing. (ORESME, C.M., c.1377, 146). ...ne grace sans voulenté, ne voulenté sans grace. Et en ce est le merite, que voulenté s'accorde a grace. Exemple de l'ayment qui attrait le fer : ainsy fait Dieu l'ame. (GERS., P. Paul, a.1394, 498). Et puis avoient faite le temple à IIII costeis, et le pavement et le vosure deseur de pire d'aymant, qui teilement de sa nature trahoit le feir de tous costeis, que ilh ne poioit traire à l'unc costeit ne à l'autre, ains demoroit pendant tout en aire. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.1, a.1400, 16). Et tout y chiet en mer perfonde Qui de cellui gouffre s'aproche, Ou tout froisse par dure roche D'aymant, qui atrait le fer (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 143). Aymant, magnes en latin, est une pierre rude et assez cogneue, et est nombrée entre les pierres précieuses pour sa grant vertu, car l'aymant, de sa propriété, attrait le fer merveilleusement ; laquele vertu peut estre liée par froter la pierre d'aulx, et a pluseurs autres vertuz qui seroient trop longues à déclarer. (LA HAYE, P. peste, 1426, 175). Aucuns dient que cestui Jectan fut ès Indes et trouva les roches de aymant et, par la subtilité de la science de astrologie, trouva moïen d'en avoir et, par ce, icellui faisoit choses merveilleuses devant le peuple, de quoy il fut moult aprecié et renommé. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 16 r°).

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[Élément de compar.] Attraire qqc. comme l'aimant attrait le fer : Et son trés dous plaisant regart Attraioit mon cuer de sa part Tout aussi, par son dous attrait, Com l'aïmant le fer attrait. (MACH., R. Fort., c.1341, 11). ...vostre parfaite biauté et vostre fine douceur, qui attrait moi et mon cuer aussi come l'aymant attrait le fer (MACH., Voir, 1364, XXXVIII). Car Beauté a en lui vertu d'attraire Le coer veant par nature plus forte (...) Que l'aymant n'ait d'attraire le fer. (FROISS., Orl., 1368, 86).

B. -

Au fig. Coeur d'aimant. "Dur comme l'aimant, insensible" : Simple vis à cuer d'aïmant, Regart pour tuer un amant, Samblant de joie et response d'esmay M'ont ad ce mis que pour amer morray. (MACH., Bal., 1377, 539). Femme n'a pas cuer d'aÿmant Comme "la Dame sans mercy", Qui n'eut cure de son amant. (Narcissus, p.1426, 299).