C.N.R.S.
 
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     AMIABLE     
FEW XXIV amicabilis
AMIABLE, adj.
[T-L : amïable ; GDC : amiable ; AND : amiable1 ; DÉCT : amïable ; FEW XXIV, 437b : amicabilis ; TLF : II, 763a : amiable]

A. -

[Dans le lang. cour. ; d'une pers. ou d'un aspect de la pers.]

 

1.

"Qui éprouve de l'affection, de l'amitié ; amical, indulgent ; qui manifeste de l'affection, de la bienveillance"

 

a)

[D'une pers.] "Qui éprouve de l'affection, de l'amitié ; amical, indulgent" : Li second conmandement voir Est a ce premier ci semblables, C'est que tu soies amiables : Car il dit : "Aime ton prouchain Com toy mesmes" (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 238). Job fut tres doulx et amyable Et en tous ses faitz raisonnable, Nul plus estre ne le povoit (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 104). Job, mon serviteur loyal Sur tous les aultres le plus feal Ou certes n'a point son semblable, Car ill est doulx et amyable, Simple, pacient et debonaire (Pac. Job M., c.1448-1478, 232). Se la reverence de vous Faulte y voit, dessus ou dessoubz, Trop dit ou faulte de langaiges, Soyez amïables et doulx Et nous corrigez sans courroux S'en serons autres foiz plus saiges. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 33).

 

b)

[D'une pers., ou p. méton. du subst. qualifié, d'une expr. de la pers.] "Qui manifeste de l'affection, de la bienveillance" : ...toute princesse et haulte dame (...) doie estre en bonté et sagece, meurs, condicions et maniere excellente sur toutes (...) ; ait haulte maniere, humble chiere, et grant port ; soit a tous de doulce response et amiable parole ; (...) parlant a dongier, non trop accointable, de regard tardive et non volage ; a nulle heure n'appere male, felle ne despite, ne a servir trop dangereuse ; a ses femmes et serviteurs humaine et amiable, non trop haultaine (CHR. PIZ., Duc vrais amans F., a.1405, 172). Le sanguin de sa complexion est simple, ioyeux, modere, doulx et amiable et liberal, et si est chault et moite, de corps bien dispose, bien couloure, et est la meilleur complexion car le sang est humeur conuenable a nature, et pour tant les philosophes dient que le sang est le siege de lame. (CIB., p.1451, 218). Visaige ne trop long ne trop court et qui n'a mie grant gresse et a bonne couleur, segnefie personne veritable, amyable, saige et de bon engin, serviable, debonnaire (Comp. kal. bergiers, 1493. In : Chrestom. R., 266). Vostre cueur soit devocïeux, Humble, courtois et amyable (LA VIGNE, S.M., 1496, 300).

 

2.

"Digne d'être aimé, aimable, avenant"

 

a)

[D'une pers.] : Quant le roy sera a sa table Et il sera bien amyable, Lors tu devant lui tumeras, Et de tumer le serviras ; De danser, trepper et tumer Feras le roy en joye entrer. (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 60). Et quant on la cuide amiable, Lors est amere. (MACH., R. Fort., c.1341, 34). S'en parleray a vostre honneur Au juge, ce noble signeur, Qui est courtois et amïables, Sages, vaillans et honnourables. (MACH., J. R. Nav., 1349, 258). Uns chevaliers plaisant et agreable, Vaillans du corps en tous fes amiable (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 133). Quant est de l'autre delectacion qui est en soy avoir et contenir en conversacion de vie humainne, celui qui le fait selon ce que il convient et appartient, il puet estre apellé amiable ou afable ou aggreable. (ORESME, E.A., c.1370, 168). ...ce duc (...) fut largues, doulx, courtois et amiables (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 159). ...se vous trouvés le roi de France si amiable que il reçoive vostre honmage (FROISS., Chron. D., p.1400, 484). Car tant fu belle creature L'enfent et de gente faiture, Tant gracieux et amiable Qu'il n'estoit rien plus agreable. (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 193). Nully n'est notable S'il n'est acointable, Plaisant, amïable, Joyeux, secourable. (CHART., L. Plais., c.1412, 153). PYLATE. (...) Ha, qu'il me poise en mon courage De la mort de cestuy prophete (...) ! Bien soy qu'en la fin en mourray De mort honteuse et villenable. LA FEMME PYLATE. Haa, mon tres cher sire amïable, Vous estez tant prudent et saige : Comment dittes vous tel langage ? (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 429). Le sanguin a nature de l'air, moite et chaut ; si est large, plantureux, atrempé, amyable, habondant en nature, joyeux, chantant, riant, charnu, vermeil en chiere, gracieulx. (Comp. kal. bergiers, 1493. In : Chrestom. R., 265). Par moy [Vertuz] ont joyeulx habandons Ces mes amiables servans, Et qui sont de moy conservans. O juvenceaulx, mes bien amez, Combien que ne vous tiens blasmez, Si continuez mon service, Je vous pry, expellez ce vice Et ordure de vostre corps ! (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 790).

 

-

Estre amiable à qqn : Elle ne te fu pas amere, Einsois te fu moult amiable, Douce, courtoise et charitable (MACH., R. Fort., c.1341, 96).

 

-

P. antiphr. : LA PREMIERE FEMME. Et toy au dyable ! Qui te puisse rompre le col ! LE PREMIER MARY. Escoutez qu'elle est amyable. (Deux hommes deux femmes T., c.1500, 456).

 

b)

[P. méton. du subst. qualifié] "Agréable, plaisant"

 

-

[Du comportement, de l'activité...] : Toute bonté en vous est prise, Courtoisie y est tant parable Que tout me met en vo justise. Et pour vos dous vis amiable, Ciertes, je ne di mie fable, Souvent en ai grant ramenbrance (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 276). Ce m'esjoïst, dame, quant je puis vir Vo doulç samblant, courtois et amiable, Vo doulç regart, humain et honnourable, Vo bel accueil et vo friche jonece L'umilité de vous et la lïece, Car g'i conçoi d'esperance matere. (FROISS., Orl., 1368, 96). Et la duchesse en tel maniere Li fist si amiable chiere, Et toutes les dames aussi (...), si Que raconter ne le saroie, Tant menoit chascuns feste et joie. (MACH., P. Alex., p.1369, 44). C'est la bonté qui soy mesmes espart Et qui acquiert autry cuer pour le sien. Hayne porte le feu dont elle s'art ; Qui n'a Amour et amis, il n'a rien. Si la doit bien tout noble reclamer Et [tout noble doit] querre amis par service amïable (CHART., B. Nobles, c.1424, 401). Femmes doibvent couvrir la table, Mettre dessus linge honorable ; Aux gens de bien, s'on les admeine, Monstrer un semblant amyable Et faire chere convenable. (Pont aux ânes T., c.1480-1500, 82). Lors, treshumblement me descoeuvre, Et m'agenoillay devant luy [Honneur], Lors, Bon Vouloir faisant appuy A mon imbecille couraige, Me fist amiable passaige, Et par luy fut leu la teneur De ma requeste chez Honneur. (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 254).

 

.

[En assoc. avec un terme nég.] "Qui cherche à plaire sous une apparence trompeuse" : Et vint le premier à lui ledit Empereur du Houx soubz feinte amiable qui le print par dessoubz le bras icellui Petit Jehan, en le tenant fermement et lui disant qu'il n'eust point de paour des dessudiz et qu'ilz ne lui feroient point de mal. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 59).

 

-

[D'un moyen d'expr.] : "...Et que Dieu te doint bonne vie Et puis le regne pardurable." Aprés cest parler amïable Humblement congié demanderent (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 84). ...je vueil (...) que vous a ly parlez, Non pas par maniére amiable, Mais par parole espoventable (Mir. pape, 1346, 377). Je vous mercy de vo douces et amiables escriptures (MACH., Voir, 1364, 1). Vo douces, courtoises et amiables lettres (MACH., Voir, 1364, 22). Le roy de Castille, sus les parolles courtoises et amiables des deux chevaliers (...) se reconfortoit grandement (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 92). Plus n'i a, se Diex me gart, Fors amiable langage, Doucement tramis (MACH., Lays, 1377, 385). Jë ouy un chant si tresbeau, Si gracieulx et si nouveau, Si plaisant et si delictable, Si tresjoyeulx et amyable (Trespassement N.D. G., 1484, 516). Toutesfois, il avoit bon sens (...) et la parolle doulce et amyable. (COMM., II, 1489-1491, 41).

 

.

En partic. "Qui mérite la bienveillance" : "...Li princes de Galles est bien si nobles et si gentilz de sanch et de corage que, quant il sera enfourmés de vos anois et tribulations, il y prendera grant compation. Et se il vous voloit aidier et remettre en vostre royaume, il n'est aujourd'ui sires qui le peuist faire avant lui (...)." A ce conseil s'acorda legierement li rois dans Piètres, et furent lettres escriptes moult piteuses et moult amiables (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 195).

 

-

[D'un lieu habité] "Dont les habitants sont hospitaliers" : ...un si bon pais, si dous, si courtois, et si amiable et raempli de bonnes gens, et qui dou tout s'enclinent a nous amer (FROISS., Chron. D., p.1400, 788).

 

3.

Empl. subst. "Personne aimable" : Les doulz, les beaux, les amiables (DESCH., M.M., c.1385-1403, 174). Ceulx dont venoit cest avantage, Ilz m'aymoyent [moi, Voluptuosité] comme la plus saige, Et si a leur deduit m'avoient Apres toutes choses pouvoient. (...) Et entre nous gracieux jeunes Ne sommes affamez, car jeunes Ne faisons en aucun endroit, Et jamais nous surprent le froit. Ains sommes tousjours challeureux En ce monde et les plus eureux (...). Doncques vous jeunes amiables Qui aimez choses delectables, Tous noz soulas, desirs mondains, Et noz grans esbatemens sains, Prenez icy noz avantages ! (RIVIÈRE, Nef folz D., 1497, 775).

 

4.

P. anal. [D'un animal ; dans un cont. allég.] "Dont le comportement est plaisant" : LA PICQUE. Enfans, ne vous doubtez de moy, Baillez le moy tous seurement. LE SECOND [en poussant vers elle l'agneau]. Tenez, menez le doulcement, Il est amiable et courtoys. LA PICQUE. Puis que je tiens l'angneau françois [Charles VIII], J'auray grant bruit et grant renom. (Berg. agn. France L., 1485, 33).

B. -

[Dans le domaine relig. ; de Dieu ou d'un autre être spirituel]

 

1.

"Plein d'amour divin, miséricordieux, secourable" : Ancelle de courant fontainne, D'amour et de grant doulceur plainne, Aye mon ame en ta baillie, Enluminee et esclairie. O precieuse vierge amiable, Sainte Barbe, ma maistresse honorable, Qui de ton pere fus celee, Qui te chassait a la montee, Pour l'amour de ton doulz espous Que tu avoie donnez t'amour, De quoy tu fus a mort livree (Prières saints R., t.2, c.1400-1500, 76). Quant naistra celuy qui sera Redempteur de nature humaine ? Quant naistra la vierge puraine Qui en fera l'enfentement Tant purement et chastement Que Nature en aura merveille ? (...) Viens donc, rousee souveraine, Viens, tendre fleur et amïable, Secourir la perte dempnable Qui sans toy ne se puet reffaire. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 36). NOSTRE DAME [à Jésus]. Filz, vostre vouloir est le mien (...) ; Je sçay vostre bonté parfaicte Qui jamais ne puet devÿer : (...) Mon chier filz amïable et doulx, A joye vous puisse reveoir ! (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 139). Dieu est tout amour, amoureulx et amiable (Disc. amour divine, 1470, 346). Il [Dieu] est aussi ez esleuz comme gardeur et gardant de mal et les aidant en bien. Comme dist Saint Bernard : "Dieu est ez creatures merveilleux, ez hommes amiables, ez angeles desirable, en soy mesmes incomprehensible, ez reprouvéz intollerable..." (Somme abr., c.1477-1481, 139). O pere, sans fin regnable, Amiable, Et misericordieux ; Vray créateur, immuable, Charitable, Benig [l. bening] et compacieux ; Je mercy de cuer piteux, Angoisseux, Ta grant bonté qui tout passe (Prisonn. desconf. C., c.1488-1489, 64).

 

-

Amiable à qqn : Je vous pri de moy vous recorde, Et me vueillez estre amiable, Dieu du ciel, pére esperitable (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 218). Le Dieu qui fist le firmament Vous conduise joyeusement Et vous soit amyable et doux. (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 36). Mon Dieu, soyés nous amiable. (Feste roys, c.1475-1500, 304).

 

-

[P. méton. du subst. qualifié] "Qui manifeste l'amour de Dieu pour l'homme ou de l'homme pour Dieu" : Se fils es de la majesté Comme [l. Or comme] fil de Dieu parolle A moy d'amiable parolle, Convertis ces pierres en pain, Se menge, se tu as fain, Or avant fay que je le voie. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 80). Or rendons graces amiables A Dieu, puis levons de la table. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 130).

 

2.

"Digne d'amour mystique, de vénération religieuse" : Car je l'ay tant belle veu [Nostre Dame], Tant gracieuse et delittable, Tant parfaitte, tant amiable, Que se retraire me vouloie De li amer, je ne pourroie Pour nulle rien. (Mir. emp. Julien, 1351, 212). ...et par ce [dans la contemplation] nous assauourons et goutons par experience que dieu est souef et begnin, ainsi que disoit le psalmiste : Gustate et videte quia suauis est dominus. Goustez et congnoissez que nostre seigneur est souef et amiable. (CIB., p.1451, 179).

 

-

[P. méton. ; de l'amour divin] : ...l'amour amyable de Dieu aymant en l'ame aymee (Disc. amour divine, 1470, 5).

C. -

[Dans le domaine des affaires jur., financières, pol. ; à propos d'une querelle, gén. d'intérêts matériels]

 

1.

Rare. [D'une pers.] "Conciliateur, conciliant"

 

-

(Estre) amiable à qqn/qqc. : Li juges dist : "Je suis commis A estre bons juges fïables, Aus deus parties amïables..." (MACH., J. R. Nav., 1349, 255). Auquel saint père li dus de Bourbon fist sa priière, à laquele li papes descendi et donna au dit duch l'evesquiet de Wincestre à faire ent sa volentet ; et, se il trouvoit tel le roy d'Engleterre que amiable à se composition, il voloit bien que li dis Wikan l'euist. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 102).

 

-

Amiable compositeur. "Celui qui accommode un différend, sans recourir à la procédure judiciaire" : Mais l'en ne peut reclamer de l'amiable compositeur, ne il peut sentencier se il n'y a foy ou peine ; mais puet seullement traicter accord entre les parties se il puet. (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1426, 85).

 

Rem. Cf. GDC VIII, 105a, ex. du XIVe s. : «Arbitres arbitrateurs ou admiavles [l. admiaules] compositeurs. (1er avril 1332, A. Abbev., CC 7)».

 

2.

[D'une chose abstr.] "Qui se règle par transaction entre les intéressés, en dehors de toute procédure judiciaire"

 

-

Amiable composition / amiable traité : ...tant fist messires Carles de Blois devant la ville de Craais, que durement l'appressa et constraindi de famine. Et quant cil de Craais veirent que il ne seroient autrement comforté ne secourut de par la comtesse, il se doubtèrent de plus à perdre ; car il veoient monseigneur Carlon de Blois fort durement. Si traitiièrent deviers lui par amiable composition que il leur volsist pardonner son mautallent, et il le receveroient à signeur et li feroient feaulté et hoummaige pour tous jours. Mès chilz tretiés fu si sagement demenéz que li dessus dis messires Carles les rechupt par l'ordounnanche dessus ditte et entra dedens la ville (FROISS., Chron. L., II, c.1375-1400, 403). Quant cil de le Rocelle veirent que c'estoit tout acertes que on les avoit assegiés, si y pourveirent couvertement de conseil et de remède ; car il trettièrent secretement devers Yewain de Gallez et dan Radigo de Rous trettiés amiables par composition tele que il voloient bien estre assegiet, mais il ne devoient riens fourfaire l'un sus l'autre (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 65). ...et [les Sarrasins] vous donnent trieves trois jours depuis ce que vous serez logiez. Et cependant, d'un commun accort, vous adviserez la place ou la bataille se fera ; et, par adventure, quant vous aurez veue leur puissance, vous trouverez aucun amiable traictié a messeigneurs, car a leur force ne povez vous contrester. Quant Gieffroy au grant dent l'ouy dire ceste parole, si lui a dit : Va t en a tes roys, et a tes soudans, et a ton gallaffre, et leur dy que s'il n'y avoit que moy et mes gens, si les yroye je combatre, et leur dy que de leurs trieves n'avons nous que faire. (ARRAS, c.1392-1393, 222). As signeurs prist congié, mais on le rapella Par traitiet amiable que entriaus feirent là. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 314). ...le lendemain, se rendirent, leurs corpz et leurs biens sauvez, parmi payant amiable composition qui fut de .IXc. escus, lesquelz furent distribuéz par l'advis du roy aux frans archiers, pour rescompense du butin de la ville (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 194).

 

-

(Par) voie amiable. "(Par) conciliation, accommodement" : Comme entre noz amez et feaus l'evesque de Paris, d'un part, et le doyen et le chapitre de l'eglise Nostre Dame de Paris, d'autre part, ait esté et soit encores debat sus pluseurs et divers articles contencieus entre euls, desquels ou d'aucuns d'yceuls la cause pent en nostre parlement ; et autrefois nous aions voulu et accordé que nostre amé et feal chancelier, maistre Guy Baudet, à present evesque de Lengres, peust apaisier lesdites parties et mettre accort entre euls sus lesdites choses, et de ce, li feismes commandement de bouche, et sus ce, il ait ja ordené en partie par voie amiable entre lesdites parties (PHIL. VI VALOIS, Doc. paris. V., t.1, 1337, 296). ...il les appaisera par voie amiable se faire se peut (Ch. VI, D., t.1, 1402, 234). ...tous jours contendoit qu'il peust avoir trouvée Que par voie amiable fust la cose ordenée, Siques confusion de sanc n'en soit jetée. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 343-344). ...de proceder par toutes voyes et manieres possibles, soit par force d'armes, par voye amiable ou autrement... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1423, 126). Le roy Henry dernier mort, combien c'on luy offrist toutes voyes amyables de traictier, vint descendre en Normendie (JUV. URS., T. crest., c.1446, 161). ...par voye amiable ou de justice (Doc. 1453. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 101).

 

-

P. méton. Journee amiable. "Journée de conciliation" : Si soit requis que l'on face fere reparacion desdiz vaisseaux, et que journée amiable soit prise ès marches de par delà, ou soient lesdis de Dieppe atout povoir souffisant, et que pareillement y seront les deputés des païs de Flandres, Hollande et Zellande, et que ce pendant toute voye de fait cesse d'une part et d'autre. (Ecorch. Ch. VII, T., 1445, 185). ...la duchesse de Savoye, mere tuteresse de nostredict cousin, nous a fait savoir que à cause de ceste matiere se doit en brief tenir certaine amyable journée, en laquelle vous devez trouver (Lettres Ch. VIII, P., t.3, 1493, 333).

D. -

[D'une chose ou d'un lieu]

 

1.

[D'une chose concr.] "Qui plaît par ses effets bénéfiques" : ...il [l'arc-en-ciel] segnefie une pluie doulcete et amiable qui s'en enssuit aprés communement. (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 282).

 

-

Amiable à : La veue corporele est empeschié [l. empeschie] (...) par aversion de la chose visible, come cellui qui tourne le doz au soleil ou a la chandeille, pareillement se empesche la veue espirituele au regard de la congnoissance de Dieu. (...) et ce advient quant on delaisse le bien non muable, qui point ne se mue, pour le bien muable et transitore. Aux yeulz de telz, pour tant qu'ilz sont malades, la lumiere est nuysible et hayneuse, laquelle est amiable et gracieuse aux yeulz purs et sains. (Somme abr., c.1477-1481, 135).

 

-

Amiable pour : Pourtant aussi que le vin aigre De sa poignant nature et maigre Peut nuire et porter aucuns maulx Aux nobles membres pectoraulx, Est un très bon expériment, Pour éviter ce détriment, Prendre des choses amiables Pour la poictrine et proffitables (LA HAYE, P. peste, 1426, 125).

 

2.

[D'un lieu] "Qui agrée par son caractère propice" : ...si elles [les lièvres] fuient le couvert, chiens en assentiront mieulz que si elles fuient la champaigne ou le chemin, pour ce que elles touchent de tout le corps as herbes ou païs fort. Et, quant elles vont les champs ou les champaingnes, elles n'i touchent que dou pié, dont les chiens n'en peuent pas tant bien assentir. Et aussi di ge que un païs est plus doulz et plus amiables que n'est un autre. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 80). Cesar Auguste, aigle sainct et royal, (...) Vois mon naufrage oblicque et anormal ; Se je voys mal, monstre moy port real, Vray et leal, sy que je l'avironne ; Azuré throsne, o franchoise matrone (...). Sexe piteux, mulïebre coraige, Quiers moy ancraige et amiable port (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 82).

 

-

Amiable à + inf. : Espaingne n'est pas doulce terre ne amiable à chevaulchier ne à traveillier (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 86).

 

3.

[D'une chose abstr.] "Qui plaît pour sa conformité avec un certain idéal" : Sire ou il n'a ne sel n'amer, Vous soiez bien venuz soiens ! (...) Se souvent seans venissiez, J'en eüsse joie amïable. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 125). Dire que les fortunes des filz ou neveus ou amis ne redondent ne ne touchent en rien ceuls de qui lignage ou amisté ilz sont, ce semble chose neent amiable et seroit contre les communs opinions. (ORESME, E.A., c.1370, 137). ...celle tresdoulce et tres amiable vertu de largesse, qui est amie de Dieu et honnoree du monde (LA SALE, J.S., 1456, 23).

 

4.

MATH. [Idée d'affinité] Nombres amiables. "Nombres dont chacun est égal à la somme des diviseurs de l'autre" : Entre les nombres imparfaiz il s'en treuve amyables et de merveilleuse familiarité l'ung avec l'aultre car les parties aliquotes de l'ung prises ensemble rendent l'aultre et par l'opposite les parties aliquotes de l'aultre font l'ung (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, I, 621).
 

DMF 2020 - Synthèse Michèle Clarendon

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