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Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) - ATILF - CNRS & Université de Lorraine - http://www.atilf.fr/dmf
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     CHAMP     
FEW II-1 156a-160b campus
CHAMP, subst. masc.
[T-L : champ ; GD : champ ; GDC : champ ; AND : champ ; DÉCT : champ ; FEW II-1, 156a-160b : campus ; TLF : V, 486a : champ]

A. -

"Espace rural"

 

1.

"Espace destiné à l'agriculture, ensemble des terres agricoles" : ...et s'avint Que par les champs les bestes mues Gisoient toutes esperdues, Es blez et es vignes paissoient, Tout partout ou elles voloient (MACH., J. R. Nav., 1349, 151). Compére Guillaume, par foy, M'entente estoit d'aler aux champs Oir des oisillons les chants. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 274). Furent de fait occasion De si dure corruption Qu'avint en l'air, en cellui temps, Que bestes mouroient ès champs Par l'inspirer tant seulement (LA HAYE, P. peste, 1426, 40). Mon seigneur, il est verité Que pour Dieu et en charité Je l'ay nourry en son enfance, Et, quant je vis qu'il eust puissance D'aler aux champs, pour abregier, Je le fis estre mon bergier Et le mis a garder mes bestes. (Path. D., c.1456-1469, 158). Quant quelque femme porte vendre des champs a la bonne ville ou aucuns biens, se elle d'aventure chausse au matin son droit pié premier, elle a bon eur de bien vendre (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 130).

 

-

[P. oppos. à l'espace boisé] : Aux bois, aux buissons et aux champs Fut li cris et la chace grans A chiens, a filez et a las (DESCH., M.M., c.1385-1403, 33). Et pou le veïst on meller De gouverner sa seignourie, Qu'en deduit demenoit sa vie Par champs, par boiz et par rivierez, A son gré en maintes manieres. (Gris., 1395, 4). Et telz y a qui jour et nuit sont par les bois et par les champs a chacer les bestes et au gibier des oiseaulx, et les aultres rompent chevaulz au pourchaz des offices (CHART., Q. inv., 1422, 15). Car les poissons en grant partie, Et les oyseaulx, sans mentir mie, Et les bestes de champs et boiz Si sentent bien aucunes foiz Les grans dangiers et les nuisances De très mauvaises pestillences (LA HAYE, P. peste, 1426, 57). Pour ce, je me tiens apresté A deduiz, en champs et en bois (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 511).

 

-

Homme des champs. "Paysan, campagnard" : ...s'en retournans a l'ostel sans poisson, trouverent ung bon homme des champs qui avoit deux bonnes perdriz et ne demandoit que marchant. (C.N.N., c.1456-1467, 581). Ceste matinee ung povre homme des champs monta sur ung puiz pour monter sur son cheval (LA VIGNE, V.N., p.1495, 259).

 

2.

"Campagne (p. oppos. à la ville, à l'espace habité)" : De mon pais sui ja si loing, Tant ay erré par champs et villes, Que j'en sui a plus de dix milles (Mir. Theod., 1357, 86). Ces gens appelloit on "marchans," Plus en ot en villes qu'en champs (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 71). Les païs champestres sont tournés en l'estat de la mer ou chacun a tant de seigneurie comme il y a de force, et moins y ont de povoir les naturelz seigneurs que les estranges ravisseurs, dont la terre est semee comme de langoustes qui par leurs tourbes gastent les regions et les laissent en desert et en freche: dont je conclus par necessaire consequence que lez champs inhabitez feront les cités familleuses (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 13). De tous vivans qui sont dessoubz la nue, Il n'y a nul qui maintienne en haultesse. J'ay or et argent et grande revenue Et floute tout en avoir et richesse. Je suis Pluseurs, plain de bien a largesse, Crain et doubté des petiz et des grans. Par devant moy tout le monde solesse ; J'ay tout en main a la ville et aux champs. (Pouvre peuple H., c.1450-1492, 161). Et, quant les logeurs estoient arrivez au logeiz, fut-en ville, villaige ou aux champs, chascun mettoit sa bannerette, qui estoit en ung baston ou en une petite gaullette, à la fenestre de son logeiz ou sur ung buisson, si aux buyssons estoit. (BUEIL, I, 1461-1466, 179).

 

-

Ni par ville ni par champs. "Nulle part" : ...n'y avoit ne office, ne bénéfice, ne par ville, ne par champs, en tous ses pays, ne don, ne enprunt fait qui tout par luy ne se fesist (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 330).

 

-

En/aux plains champs. "En rase campagne" : Et quant il vint au large, si treuve une moult riche chambre ou il ot moult de richece, et y ot grans chandelabres d'or et grant foison luminaire ; et y faisoit aussi cler que se ce feust en plains champs. (ARRAS, c.1392-1393, 265). Et ceulx en furent moult liez, et se logierent celle nuit tous ensemble en plains champs, et jurent tous armez, car ilz furent a une lieue de l'ost. (ARRAS, c.1392-1393, 286). ...sy s'en alat ferant par devant la cité aux plains champs (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 145). Sa vie et son estat si est qu'il se loge tousjours en plains champs en tentes de fines soies (JEAN DE SULTANIEH, Mém. Tamerlan M., 1403, 452). Le chevetaine doit regarder se il a plus gent à pié ou plus à cheval, car ceulz à cheval se deffendent mieulz en bois et en montaigne, et selon qu'il voit la faculté de sa gent, il doit prendre plains champs ou la montaigne, se le lieu y est convenable. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 220). Lors le print par le frain et sailly en la selle, puis se mist aux plains champs. (Percef. III, R., t.1, c.1450 [c.1340], 122). On quiert pour neant avoir tutelle De chault, froit ne de aer temperance, On aura pour neant esperance Aux haultes montaignes fecondes N'aux vallées basses et perfondes, En lieux moiens n'ysles marins, En plains champs, bors, tiges [ et ] puis, En carrieres në en marestz. (Cene dieux, c.1492, 132).

 

-

En partic. "Espace hors de la ville, réservé aux exécutions capitales" : Afin que je plus ne le voie, Seigneurs, de lui me despechiez. Alez, la teste li trenchiez La hors aux champs. (Mir. st Lor., 1380, 166). Cayphe sire, Comment pouvez vous ce oyr ? Joseph est digne de morir Aux champs sans avoir sepulture, Il met no loy en adventure, Comment ! et il est convertis ! (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 226). ...[elle] fut envoyée exécuter aux champs devant ledit gibet (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 5).

 

-

Porte des champs. "Porte qui ouvre sur les champs" : Et quant l'arrière-guet viendra nous le prendrons sans bruyt, s'il se puet faire. Si nous faillons et il crie à l'arme, si ne seront jamais leurs gens montez à heure que nous n'ayons gaigné la muraille. Puis après gaignerons le portail de devers la ville et devallerons trente ou quarante hommes et laisserons gardes au portail. Sy yrons ouvrir la porte des champs en despit de tout le monde avec nos turcquoises, ciseaulx et tenailles. (BUEIL, I, 1461-1466, 80). Il m'a autresfois dit qu'il trouva une nuyct la bastille Sainct Anthoine ouverte par la porte des champs, de nuyct, qui lui donna grand suspicion de messire Charles de Meleun, pour ce que son père tenoit la place. (COMM., I, 1489-1491, 71).

 

.

[Avec une valeur symbolique] "Porte qui ouvre sur le monde, la liberté" : Je m'abille de la sorte Que doy, pour faire devoir ; Pour ce que Plaisance est morte, Ce may, suis vestu de noir. Le temps cez nouvelles porte, Qui ne veult deduit avoir, Mais par force de plouvoir, Fait dez champs clorre la porte, Pour ce que Plaisance est morte. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 393).

 

-

Courir les champs : ...ledit Jehan, quel estoit incensé, furieux, carent d'entendement courant souventeffoiz les champs par fureur (Cartul. Laval B., t.3, 1412-1500, 383).

 

-

(Juridiction) dessus champs. "(Juridiction) concernant la campagne" : ...les sergens des bailliages de sur champs pourront recevoir plege et caution (Cout. instit. Anjou Maine B.-B., t.4, 1496, 465).

 

-

Mener (une femme) aux champs. "Enlever (une femme) pour lui faire violence" : ...après eussent (...) en perséverant en leur oultrage, ycelle meschine menée aux champs (Ch. VI, D., t.2, 1382, 21).

 

-

Envoyer paistre aux champs. "Envoyer promener" : Mieulx luy vauldroit qu'il fust a naistre, L'usurier parjure, faulsaire ! Aux champs je l'envoyeray paistre Puisqu'a tort il me veult deffaire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 521).

 

3.

"Espace ouvert, lieu d'évasion, de passage (symbole de liberté)"

 

-

"Lieu de détente, de promenade" : S'alay aus chans isnellement Chevauchier par esbatement, Pour moy jouer et soulacier (MACH., J. R. Nav., 1349, 154). Mais assez d'autres femmes voy, Qui vont par tout sanz nul convoy Aux festes, aux champs, au theatre, Pour soulacier et pour esbatre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 104). Le temps nouvel s'approuche et les vertuz s'esmouvent par l'emfluence des elemens et des planetes. Si convient aller aux champs jouer. (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 67). Pour oublïer melencolie Et pour faire chiere plus lie, Un doulz matin es champs yssy, Ou premier jour qu'Amours ralie Les cuers et la saison jolie Fait cesser ennuy et soulcy. (CHART., L. Dames, 1416, 198). ...se il faisoit beau temps seroit bon que allissiez esbatre aux champs par maniere de recreacion aucune. (JUV. URS., Nescio, 1445, 448). Beaulx seigneurs, dist le chevalier, si vous me cognoissiez bien, vous ne me tiendriez pour tel qui maine par les champs les femmes telles que vous nommez ceste. (C.N.N., c.1456-1467, 550). Il est aux champs avec les filles. (Sots, c.1480-1500, 267).

 

-

Clef des champs. "Possibilité de sortir, d'être libre" : Mieulz vault la clef dez champs quant on guerrie ainsi Qu'a demourer en fort de vivrez desgarni. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 146). Moult desirent la clef des champs, Car trop sont ou parc court tenus. (Pastor. B., c.1422-1425, 160). ...il fut contraint de soy bouter en une vieille masure inhabitable, pour faire ouverture au clistere qui demandoit la clef des champs (C.N.N., c.1456-1467, 469).

 

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Prendre la clef des champs. "S'échapper, fuir" : ...le comte Henry, doubtant que l'on ne payast de lui par le detenir prisonnier, (...) print la clef des champz, il se desroba, se mit au delivre (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 433). Adonc fut damp Philippe fort estonné, asscavoir [l. assçavoir], s'il retourneroit en son abbaye ou s'il prenroit la clefz des champz (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 570).

 

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Estre sur les champs. "Être en chemin, en voyage" : Mais Gadiffer demoura illecq avec Flamine (...) combien qu'il avoit grant talent d'estre sus les champs. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 161).

 

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Rendre les champs à qqn. "Donner la liberté à qqn, le laisser partir" : JORAN. S'il [Jésus en croix] huche Helÿas pour descendre, Je pense qu'il a bel attendre. JOATHAN. Helÿas lui pourroit bien rendre Les champs, s'il y a son recours. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 345).

 

-

[Au sing., uniquement dans quelques loc.]

 

-

Champ et ville : Ti disciple en grant esveil Yront par tout, dont forment me merveil, Preschier ta loy et a champ et a ville (DESCH., Oeuvres Q., t.6, c.1370-1407, 104).

 

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En plein champ. "En rase campagne" : ...s'il avient aucunement Que hors de ville nuit me prengne (...) Soit en plain champ ou en boys hault (Mir. mère pape, c.1355, 394).

 

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Aller (à) champ et voie. "Marcher, se déplacer" : Crapaut garçon, pour quoy mens tu ? Il va encore camp et voye. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 63). MEDUSA [nourrice de l'enfant d'Hérode]. Apprestez moy le charïot Pour apprendre a aler monseigneur : Il amende fort en grandeur Et si ne va ne champ ne voye. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 362).

 

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"Aller droit devant soi, en rase campagne (en quittant définitivement la ville)" : Et que s'aulcun leur bourgeois naure ["navre"] aultre en la dicte ville et banlieue [d']icelle, le bourgeois peut aller à camp et voye sans estre occuppé par justice jusques à ce que mort s'en ensuive (Hist. dr. munic. E., t.1, 1402,,, 205).

 

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Avoir champ et voie. "Être libre, pouvoir partir" : "Bele", dist li Baudrains, "le vin bien paieroie, Mais j'aim miex vo prison que avoir camp ne voie." (BRIS., Restor paon D., a.1338, 66).

 

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Ne connoistre ne champ ne voie. "Ne rien connaître" : Tel vient pour s'en porter tesmoing Qui n'y congnoist ne champ ne voye (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 81).

 

4.

[Désigne une parcelle de terre, un terrain délimité]

 

a)

"Pièce de terre cultivée, terrain agricole" : Nuls ne faisoit les chans arer, Les blez soier, ne vignes faire, Qui en donnast triple salaire, Non, certes, pour un denier vint, Tant estoient mort ; et s'avint Que par les champs les bestes mues Gisoient toutes esperdues, Es blez et es vignes paissoient, Tout partout ou elles voloient, N'avoient signeur, ne pastour, N'homme qui leur alast entour. (MACH., J. R. Nav., 1349, 151). ...comme il passoit par le chemin près d'un villaige (...) trouva, au bout d'un champ où l'on soyoit blé, la bourse d'une femme (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 175). ...tous les demourans audit Vrigne et Saint Baale, qui ne tiennent nulz champs, et sont par champs d'autrui, me doivent chascun an, pour chascun jour de terre, demi scetier d'avoinne. (Trés. Reth. S.L., t.2, 1408, 569). ...à Denis Juliot, bourgois de Dijon, la somme de huit frans qui deuz lui estoient (...) pour le dommaige qui lui a esté fait tant es murs des maisons de la maladiere de Dijon comme en certains champs lors emblavez d'avaine estans devant lesdiz murs, pour occasion de la bombarde derrenierement faite en la ville de Dijon (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418-1420, 478). ...les champs n'ont plus de franchise pour administrer sceure demeure, et je n'ay de quoy les cultiver ne fournir pour y recueillir le fruit de nourreture. (CHART., Q. inv., 1422, 21). Par desplaisir, fain et froidure, Les povres gens meurent souvent, Et sont, tant que chault et froit dure, Aux champs nudz, soubz pluye et sous vent, Puis ont en leur povre convent Necessité qui les bas tant, Quant seigneurs se vont esbatant (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 54). Je ne trouve herbe ne rachine En champs, prez, jardins ne vergiers, Ne medecin ne medecine Qui nul preservatif m'assine En ces mortiferes dangers. (Cene dieux, c.1492, 132).

 

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Prov. En champ d'autrui le blé semble meilleur : Se mon affaire vous estoit bien congneu, Vous jugeriés autrement, j'en suis seur ; Mais il advient, et souvent on l'a veu, Que en champ d'autrui le blé semble meilleur. (GAGUIN, Déb. labour. T., c.1480, 359).

 

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[Parmi d'autres façons imagées de désigner une action vaine et vouée à l'échec] Arer les champs du doigt. "Labourer les champs avec le doigt" : Veulz tu du doy arer les champs ? Veulz tu planter bois de festus ? Au cul de l'asne fais tes chans ; Tu bas froit fer (DESCH., Oeuvres Q., t.1, c.1370-1407, 206).

 

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Celestiel champ. "Paradis" : Ainsy comme je me delictoye a regarder ce delicieux et celestiel champ et tres flourissant jardin de la divine Escripture, planté, anté et ordonné par la propre main du Saint Esperit, et que d'un lieu en l'autre par estude et meditacion plaisamment me transportoye, avint que je descendi en une partie de ce jardin, la plus gaye et florissant, qui se nomme Cantiques (GERS., Concept., 1401, 388).

 

Rem. À ajouter à FEW II-1, 156b, s.v. campus après champ flori "paradis".

 

b)

P. anal. Champ (d'une femme). "Ventre"

 

-

Semer la graine ou champ (d'une femme) : Sy ne pers pas la graine que je sume En vostre champ, quant le fruyt me ressemble ; Dieu m'ordonne que le fouÿsse et fume, Et c'est la fin pourquoy sommes ensemble (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 112).

B. -

"Espace où se déroule une activité militaire ou un tournoi"

 

1.

Au plur. Aux/par/sur les champs. "Dans l'espace occupé par des troupes en état de guerre" : Comme li Samnicien d'autre part n'eussent fait nul appareil, ou pour ce que il vraiement couvoitoient la pais, ou pour ce que il dissimuloient, affin que il concilliassent et adjoinssissent a eulz les Tarentins, et il veissent soubdainnement les Rommainz sur les champs touz prests d'aler combatre (BERS., I, 9, c.1354-1359, 14.63, 25). ...s'il estoit ainsi que pour executer lesdites contraintes, tant sur nosdiz subgés, comme sur les malfaiteurs ou recepteurs d'iceulx, convenist faire siege ou estre aux champs contre eulx et autres (Trés. Reth. S.L., t.2, 1391, 372). Ilz virent leurs ennemis rengiez sur les champs, si leur vont courir sus. (ARRAS, c.1392-1393, 235). ...estoit coeur d'hyver près assez de Noël, qui est un temps plus à bonnes chières faire que estre par les champs. (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 287). Et, le lundi ensuivant, XIIIIe jour dudit moys de septembre, le roy, qui avoit ordonné mettre sus les bannieres de Paris, comme dit est devant, fist publier que audit jour ilz feussent toutes prestes pour estre aux champs dehors Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 180). ...ledit Vigier estoit sur les champs pour recouvrer ledit lieu. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 191).

 

-

(Verbe de mouvement +) aux/sur les champs. "Se diriger vers la zone retenue pour un engagement militaire ; se mettre en campagne" : Si descendirent touz armez sur les champs et ordonnerent leur ost et leurs batailles. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 32.3, 58). ...mais, en non Dieu, la venue de Publius fist toutes choses plus estroites pour ce car, lessié le siege ou gouvernement de son compangnon, il s'en alla sur les champs, et si empeescha que vivres ne aides ne peussent plus venir aus ennemis. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 13.11, 24). Là fut conseillié et ordonné (...) que tantost sans delay l'on se meist sus les champs (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 67). ...le conte Gascon de Foix (...) s'en vint sus les champs au dehors de la ville d'Orthais (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 126). ...tirons aux champs, disposons nos batailles (CHASTELL., Chron. K., t.1, c.1456-1471, 92). Et, après ce que ledit de Bourgongne ot bien sceu la gaigne que lesdiz Liegois avoient fait de ladicte ville de Huye, et qu'ilz y avoient tué plusieurs Bourguignons, il assembla tout son ost, en soy deliberant d'aler en armes sur les champs, en intencion de tout destruire et mettre à feu et à sang lesdiz Liegois. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 184). Incontinent feïst tirer toutes les batailles aux champs, sauf aucuns qu'il ordonna à demourer au siège. (COMM., I, 1489-1491, 105). N'ayant responce à son plaisir, ledict duc se mist aux champs près la ville de Peronne, avec grant nombre de gens. (COMM., I, 1489-1491, 122). Il vivoit en grant travail, car le roy le sollicitoit par plusieurs messaiges qu'il se meïst aux champs pour le servir du costé de Henault et qu'il meïst le siège devant Avesnes, à l'heure que monseigneur l'admiral et ceste autre bande allèrent brusler en Artoys, comme je vous ay dit, ce qu'il fist en grant craincte, car il craignoit fort. (COMM., II, 1489-1491, 23). Incontinent chascun se mist aux champs Pour batailler et non pas pour s'esbatre (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

 

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[De bandes armées] "Se répandre dans les campagnes (à des fins de pillage)" : Ou moys de janvier LXXIIII, advint que aucuns larrons bourguignons, sans maistre ne adveu, se mirent sur les champs et vindrent courir es pays du roy et jusques près de Compiengne, où ilz prindrent et tuerent gens (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 321).

 

-

Prendre les champs : ...messire Loys d'Aubiere, messire Loys d'Açon et le sire de Saint-Aubisse (...) prindrent les champs, sans tenir voye ne chemin, car bien cognisoient le pays (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 197).

 

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Defendre les champs (à un adversaire). "Faire obstacle (à un adversaire), l'empêcher de passer" : Nous avons juré féaulté et hommage au roy de France. Or veons nous maintenant que personne de par lui ne vous deffent point les camps, et créons assés que vous chevaucerés encores oultre (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 78).

 

-

Donner les champs à qqn. "Menacer en mettant une armée en campagne" : Se d'aventure on vous donne les champs, C'est a dire, s'on met armee sus, Ne soyez point negligens ou meschans, Mais vous armez pour acquerir fructus. (MICHAULT, Doctr. temps prés. W., 1466, 25).

 

-

Tenir les champs

 

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"Contrôler, occuper la campagne" : Ilz tiennent les champs et nous tenrons les bonnes villes qui sont bien garnies et pourveues. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 91). ...le duc de Bourgoigne estoit à grant effort de gens d'armes ordonnez comme en bataille entre la porte Saint Honoré et la porte Saint Deniz, tenent les champs devant Paris. (BAYE, II, 1411-1417, 168). Et se n'y pourvoyés ilz se mectront sur les champs, et les Angloiz avecques eulx, et feront une maniere de compaignies, ainsi que autresfois est advenu, et tendront les champs et destruiront tout, et feront encores piz que on ne fait aujourduy. (JUV. URS., Loquar, 1440, 396). ...il a tenu et esté contraint tenir les champs, a vesqu sur iceulx et a couru en compaignie d'autres, et fait courir ses varletz et serviteurs de guerre, pillé, robé, destroussé et raençonné toutes manieres de gens (Doc. Poitou G., t.8, 1445, 218). En ces entrefaictes, aucuns tenans le party dudit de Bourgongne, comme le conte de Roussy, filz dudit connestable, et autres de leur parti tindrent les champs, ou pays et marche de Bourgongne, et se vinrent espandre et loger en la conté de Tonnerre, où ilz ne trouverent aucune resistence, et en gastant et destruisant pays vindrent jusques à Joigny (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 286). J'estime que cecy vint de Dieu, qui regarda en pitié ce royaulme, car ayant l'armée telle comme il avoit et desjà estoient accoustuméz par plusieurs années tenir les champs par ce royaume, sans ce que nul luy prestast bataille ny ne se trouvast aux champs en puissance contre luy, si ce n'estoit en gardant les villes. (COMM., II, 1489-1491, 9).

 

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"Être en campagne guerrière, vivre en campement" : Lors dist Uriiens : Nous mercions le roy de l'onneur qu'il nous fait, mais quant de nous entrer en fort, n'en chastel, n'en ville, tant que nous puissions bonnement passer par ailleurs, ce n'est pas nostre intencion, mais pensons, au plaisir de Dieu, a tenir les champs et faire bonne guerre a noz ennemis. (ARRAS, c.1392-1393, 99). Apprenez a cognoistre vostre infelicité par les fortunes eureuses de voz ennemis, et vous souviengne que les glaces d'yver, ne la diminucion du vivre, la pestillence des maladies contagieuses ne le long travail des armes vestir et porter nuit et jour, ne leur cassent leurs fortes entreprises, ne ilz n'en laissent sieges a mectre, ne champs a tenir, et tous voz faiz se delaissent pour chacune legiere ochoison ou particuliere voulenté. (CHART., Q. inv., 1422, 16). Or avient que sont faictes entreprinses ou sieges assis ou le ban des princes est crié et le jour souvent nommé pour les champs tenir, mais plusieurs y viennent par maniere plus que pour doubte d'y faillir et pour paour de avoir honte et de reprouche plus que pour vouloir de bien faire, et si est en leur chois le tost ou le tart venir, le retour ou la demeure. (CHART., Q. inv., 1422, 56). Pour ne mentir point, il sembloit bien qu'ilz fussent neufz à ce mestier de tenir les champs ; et chevauchoient en assez mauvais ordre. (COMM., II, 1489-1491, 103). ...mais quant aux vivres et autres choses qui sont necessaires pour tenir les champs, ils le sçavent myeulx que nous. (COMM., II, 1489-1491, 273).

 

2.

Au sing.

 

-

Champ (de bataille). "Espace ouvert où se livre une bataille" : Et lors fist on crier par la cité que de chascun hostel alast un homme sur le champ pour assembler les Sarrasins mors sur une montaigne et y portast on grant foison bois, et feust le roy Selodus mis tout au dessus, et feussent tous couvers de bois, et feust le feu boutez dedens (ARRAS, c.1392-1393, 186). Bouciquaut (...) leur fit dire qu'il les combatroit en champ seur, vingt Chrestiens contre quarante des leurs Sarrasins. (CABARET D'ORV., Chron. Loys de Bourb. C., 1429, 242). Mais la droicte vaillance de l'homme est de combatre en champ là où il n'y a haye, ne buisson, ne fossé, ne fortification nulle entre deux et que on marche les ungs contre les aultres (BUEIL, II, 1461-1466, 34). ...je dois courrir sus à tous ceux qui portent armes, s'ilz sont mes ennemiz, soit en champ de bataille ou en lise close. (BUEIL, II, 1461-1466, 81). Ung vieil gentilhomme de Luxembourg, appellé Anthoine le Breton, le vint querir et luy dist que les François s'estoyent rallyéz sur le champ et que, s'il chassoit plus guères, il se perdroit. (COMM., I, 1489-1491, 29). ...pour sa challeur voulut incontinent encores courir sur eulx pour ce qu'ilz s'estoient ralliez, mais ung chevalier thebien, courant parmy le champ, l'abatit de sa lance et la lui passa par le corps. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 60 r°).

 

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P. métaph. Faire armes au champ d'Amour. "Avoir des expériences amoureuses" : ...son cueur [de Médée] fut trop plus attaint et navré que celuy de Jason, qui desja en l'isle de Lempnos avoit au champt d'Amours par plusieurs foiz fait armes (Hist. prem. destruct. Troie R., c.1470-1480, 35).

 

-

"Espace sur lequel stationne une armée, campement" : Et fut ordonné que les nopces se feroient sur le champ ou maistre pavillon (ARRAS, c.1392-1393, 190). Et, au milieu de leur trois sièges, firent un champ pour eulx retirer, quant ilz penseroient avoir la bataille. (BUEIL, I, 1461-1466, 164). Et croy fermement que, incontinent qu'ilz vous verront, ilz se retireront à leurs gens et à leur champ fortifié, qui est ou bas de la valée. (BUEIL, II, 1461-1466, 182). Et gaingnèrent les Allemans son champ et son artillerie et toutes les tentes et pavillons de luy [le duc de Bourgogne] et de ses gens, dont il y avoit grant nombre, et d'autres biens infiniz, car riens ne se saulva que les personnes (COMM., II, 1489-1491, 104). Avec le roy dedens le champ coucherent, Tres mal repeux, en signe de victoire. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

 

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Prendre champ : ...et là ils s'aresterent et prindrent champ pour faire decharger l'artillerie et le bagaige (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t., 1477-1478, 8). Et, pour ce que il n'y avoit encores nulles approuches faites pour ce jour, il s'arresterent illec et prindrent champ, et se logea chacun au mieulx qu'il peut. (LESEUR, Hist. Gast. IV, C., t.1, 1477-1478, 31).

 

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P. méton. "Troupe établie dans un camp" : ...les cappitaines et gens de notre ordonnance et de notre champ, Suysses et autres gens de guerre en grant nombre (Hist. dr. munic. E., t.1, 1482,,, 123). ...illec s'est trouvé monsieur de Saulces, l'un des cappitaines de vostre champ, acompagné d'aucun petit nombre des gens de sa charge. (Cartul. Laval B., t.3, 1486, 316).

 

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Rendre le champ. "Abandonner le terrain" : ...il pourroit recouvrer double honneur et restablir tout en son premier point, ou au moins vaillamment soy présenter à la mort, premier que champ rendre sans coup férir. (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 108).

 

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Au fig. Champ de bataille. "Bataille rhétorique ; ensemble d'arguments" : [Réponse à qqn qui argumente contre le mariage]...A telz chetis deust l'en deffendre, Non pas a toi, de femme prandre, Qui ont des enfans .III. ou quatre Et n'ont pas de quoi eulx embatre Un seul oeuf ou un mors de pain En leurs bouches ou en leur main ; Et a telz gens puez tu sanz faille Appliquer ton champ de bataille (DESCH., M.M., c.1385-1403, 288).

 

3.

P. méton. "Bataille, victoire"

 

-

Le champ demeure à qqn. "La victoire est acquise à" : Que vous diroie ? Li champs au prince demoura, Qui en occist et acora Plus de X. milliers en la place (MACH., P. Alex., p.1369, 168). Si que là tant se combatirent Que les Sarrazins desconfirent, Et leur est li champs demourez (MACH., P. Alex., p.1369, 208). Et lors monseigneur du Maine, monseigneur l'admiral de Montauban, le seigneur de la Barde et autres cappitaines qui bien avoient de VII à VIIIc lances, se retrahirent et s'en alerent et habandonnerent ainsi le roy, et, à ladicte journée, nul des dessusdiz n'y frapa un seul cop ; et, à ces moiens, le champ demoura ausdiz Bourguignons. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 67). ...mais le champ demoura à vostre noble pere, et furent les francs archiers franchois tuez, et les gens de cheval se retirerent (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 161).

 

-

Gagner le champ. "Remporter la victoire" : Aussi le lo je, car doubter Maishuy Sarrazins ne devons, Puis que le champ gangnié avons ; Alons men, sire. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 58). ...non obstant leur puissance le Roy avoit eue victoire et gaigné le champ et qui mandoit par tout le royaulme gens a toute puissance, desquelles nouvelles nous fusmes bien esbahis (BARBATRE, Voy. T.-C. P., 1480, 165). Et le roy luy dist: " Allés dire à mes lieutenants, puisqu'ilz ont gaigné le champ pour moy, qu'ilz y facent planter des fevez..." (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 393).

 

4.

En partic. "Espace délimité où se déroulent tournois, combats singuliers, duels judiciaires" : Anthenor par le conmandement de Nostre Dame s'en combati a l'oncle et le desconfit en champ. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 123). "...Le royne vous a commis eslitement Pour conduire cez hommez en camp hardiement..." (Hugues Capet L., c.1358, 48). Quant l'appellant veult entrer ou champ, il doit porter avec lui toutes ses armeures dont il se vouldra aidier dedens le champ, et avoir son bacinet mis tout lacié, la visiere abaissie (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 306). Et le landemain, par matin, ouïrent messe, puis s'en vont armer. Et le roy et les haulx barons furent sur haulx eschaffaulx montez environ les lices. Et furent les gardes du champ establies bien et deuement, et les chayeres assises (ARRAS, c.1392-1393, 61). L'evesque de Paris fist le camp ordonner (Huon Bordeaux B., c.1400-1450, 14). Comment le conte d'Artois sauva de mort la josne contesse de Cardonne et combaty en champ ordonné le seigneur de Moncade qu'il vaincquy et fist recongnoistre que a tort il avoit accusee la belle damoiselle et de sez adventurez qu'il eult. (Comte Artois S., c.1453-1467, 51). Lors messire Enguerrant, a cause du ferir bas, ploya, et tous deux rompirent bien leurs lances, et par ainsin messire Enguerrant eust bien rompu IIIJ lances, et Saintré les siennes, dont les esclaz voulerent en plusieurs pars du champ. (LA SALE, J.S., 1456, 119).

 

-

Champ clos : Alors ledit appellant doit et puelt dire qu'il ne le pourroit prouver par tesmoings ne aultrement que par son corps contre le scien ou par son advoué en champs clos, comme gentil homme et proudomme doit faire (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 210).

 

-

P. méton.

 

.

Champ (de bataille). "Combat en champ clos" : Biaux amis, ne t'esteut doloir De faire ce champ de bataille, Car tu y es tenuz sanz faille. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 158). LA FILLE. (...) Le traistre en champ vueil conquerre : Faites m'en droit. OSTES. Sire, je vous pri cy endroit Que le champ faire me laissiez. (Mir. Oton, c.1370, 377). Beau Filz, il t'est demoustre [l. demoustré] que tu ne doyes pas souffrir devant ta royale mageste [l. magesté], ne devant autrui en ton royaume, aucun champ de bataille. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 278). Ycest bon roy, gardant à la ligne la loy de Dieu, comme le Decret deffende soubz peine d'escommeniement les champs de bataille (...) oncques ne vout en son temps consentir telles batailles. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 63).

 

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Champ meslé. "Combat en champ clos" : Vo mere Jacqueline n'a nul homme trouvé Qui envers cellui ose combatre en champ meslé (Galien D.B., c.1400-1500, 108).

 

-

[De deux aversaires] Accorder le champ. "Accepter les clauses du combat" : "...afin que faulte ne soit trouvee en moy, vecy mon champion, qui furnira pour moy la bataille par tel sy que, se vous le pouez concquerre, je me tiens a vaincu, et s'il vient au dessus de vous, j'avray gaignee ma querelle. - Par ma foy, sire, respondi Brancq, qui trop se fioit en sa force, il me plaist bien." Et quant le champ fut ainsi acordé, les deux chevaliers entrerent au parcq (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 259).

 

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Appeler qqn en/de champ (de gaige). "Provoquer qqn en combat singulier" : "...Vous estes appellez de champ..." (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 825). ...je vous en appelle de camp, et en velà mon gage (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 131). Et qui me dira : "C'est par ty" ["C'est de ta faute"], Je l'appelle du champ de gaige. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 389). J'ay mieulx gardé de mon costé Que vous et de meilleur party. Et qui m'en donra charge aussi, Je l'appelle en champ, vela gaige. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 843).

 

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Demander champ à qqn. "Proposer un combat à" : "...Il y a bien ung moys (...) Qu'il a demandé champ au chevaliers d'entour..." (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 95).

 

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Faire champ. "Livrer un combat singulier" : Devoient faire champ a Ernault le gentilz. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 74). Je ne consentiray tant que je soie vis, Quë Ernault face champ (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 75). ...se la cause est digne et raisonnable a faire champ (BOUVET, Arbre bat. R.-B., c.1386-1389, 558).

 

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Prendre champ (de bataille) à qqn. "Prendre date avec (qqn), pour un combat singulier" : ...Olivier a prins champ a Roulant l'aduré (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 185). Chascun scet qu'Hardré n'est pas preuz : Prenez a li champ de bataille, S'il vous accuse ; et puis si aille Entre deux conme aler pourra. (Mir. Amis, c.1365, 26).

 

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Recevoir le champ. "Relever le défi, accepter le combat" : Adonc receupt le champ en guise de glouton. (Galien D.B., c.1400-1500, 147).

 

5.

[Par transposition au jeu d'échecs] "Case ou partie de l'échiquier; attaque" : C'est un jeu de guerre partie - quinze de chascune partie De deux coulours qui les champissent De II chasteauls en un champ yssent - Dont merveilleuse est l'industrie (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 111). Chacun pour son povoir y tire. Trois des VI ou premier champ saillent Et leurs adversaires assaillent - ceuls que de l'autre part veon - , Le roy, la fierge et le peon Saillent un point mais se different Et leurs cours en passant alterent. (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 129). Ou second champ saillent les trois Autres eschecs par telz octrois (LE FÈVRE, Vieille, trad. De vetula H., a.1376, 131).

C. -

P. ext. "Espace quelconque où se déroule une activité"

 

1.

"Étendue de terre"

 

-

Champ du Lendit. "Espace découvert de la plaine Saint Denis, où se tient la foire du Lendit" : ...il a esté trouvé entre le champ du Lendit et ladite Chappele Saint-Denis, despeçant une bourse de cuir (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 277).

 

2.

[Dans une indication scénique de théâtre] "Aire du jeu, scène" : Cy l'emportent [les diables] hors du champ en uslant (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 133). ENOS (prudent pasteur, venant de l'autre part du champ, commence) (Myst. Incarn. Nat. L., t.2, c.1454-1474, 102). Et Decius descend et se met au champ (Myst. st Laur. S.W., 1499, 224). Icy monte l'espetté sur les espaulles de l'aveugle et l'aveugle le porte parmy le champ (Myst. st Martin K., a.1500, 370).

D. -

P. anal. "Fond d'un tissu sur lequel se détachent des décorations" : ...2 tapiz à champ d'asur, semez de fleurs de lis d'or, contenant 12 aunes quarrées, livrés en la dicte chambre pour faire bahus à couvrir les deux sommiers du corps du Roy. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 110). ...le champ brodé de 44 arbreciaux à grans touffes de fueillaiges de brodeure, dont les tiges sont de grosses perles (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 146). ...achat et delivrance d'un drap d'imperial d'or en blanc champ dont l'en fist le mantel pour l'ymage de Nostre Dame en Tournay (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1418-1420, 556). ...la quarte robe de drap d'or dont le champ est de noir (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 69). ...la chambre de tapicerie à champ vermeil faicte à sers voulans et aux armes du Roy, en laquelle y a cinq pièces, c'est assavoir : ciel, doxcier, ruele, la couverture du lit et une pièce de muraille (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 505).

 

-

HÉRALD. "Fond (de l'écu, du blason)" : ...2 tapiz à champ d'asur, semez de fleurs de lis d'or (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 110). Le champ de la baniere commune de la sainte Chevalerie sera blanc, et en milieu aura une crois vermelle, de III ducas de le [l. lé] ou environ, du lonc et du travers du champ. (MÉZIÈRES, Sustance H., 1396, 86). Et estoit le corps sur une lictière moult noblement, par dessus lequel estoit ung paile de drap d'or à ung champ vermeil bordé d'asur semé de fleurs de lis d'or. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1425-1440, 122). ...lequel [escu] portoit un cisne blancq en ung champ noir. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 269). ...le champ de l'estandart estoit semé par tout d'estoilles d'or (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 192). ...l'ouvraige est tout pourfillé de fil d'argent, et le champ tout emply de houppectes couchees de plumes d'octrisse verdes, violectes et grises a voz coleurs (LA SALE, J.S., 1456, 90). A quelle occasion les roys de France ont tousjours volentiers porté pour enseigne le cerf à dix rames et le liz semé sur champs, comme se peut encorre veoir à l'ostel de Saint Pol et des Tournelles. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 144 r°).

E. -

Au fig.

 

1.

MATH. "Inconnue de puissance 2" : Les secondz ilz les ont nommez champs dont la karacte si est... (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 737).

 

-

Champ de champ. "Inconnue de puissance 4" : Et les quartz ils les appellent champs de champ dont la karacte si est... (NIC. CHUQUET, Triparty M., 1484, II, 737).

 

2.

"Domaine où se déploie une activité humaine" : ...moy, ta creature, laquelle autre chose n'occupe en solitaireté ne mais labour d'estude, (...) ay cueilli aucunes fleurectes souefves et belles ou champs des escriptures pour te faire chappel à aourner le chief de ta plaisant juenece, lesquelles dictes fleurectes sont yssues des germes entre les autres nobles plantes de VIJ. principaulx racines de vertu (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 63). Fist compiler, pour le voir dire, Examiner et puiz escrire Par notables Phisiciens, Expers en l'art et anciens, Une certaine et vraie doctrine, Cueillie ou champ de Médicine (LA HAYE, P. peste, 1426, 12).

 

3.

Loc. fig.

 

-

Sur le champ. "Sur le lieu même où quelque chose se déroule ; d'où, sans délai" : ...quant tu noteras ses batailles desconfites et renouvelees, son ost huy mort et destruyt, et demain restabli vivement, il te semblera que lez occiz revesquissent sur le champ ["champ de bataille"], et que sa desconfiture portast la semblance et la pompe d'une victoire. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 138). [Le sens temporel est présent avec demain mais le sens spatial est encore dominant] ...nostre pere, qui savoit que on devoit dire contre luy, respondit sur le champ (JUV. URS., Nescio, 1445, 480). Response de Robertet à ung quidam à luy incongneu faicte sur le champ. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 101). ...lors de ma propre main, La [dans le jardin où a eu lieu le débat], sur le champ, pour estre plus certain, Mis en escript ce dont je fus recors (Compl. lion G., c.1470, 309). [le sens spatial est encore perceptible : on peut traduire "Là, sur le terrain même et dans l'instant même"] La damoyselle, soudainement meüe et courroucée, dist sur le champ qu'il ne seroit jà trouvé estre vray que ladicte lettre eust esté escripte ne veüe. (COMM., II, 1489-1491, 198). Et, voyant par ledit grant maistre lesdittez lettrez et injure que par icelles il luy escripvoit, se delibera luy en faire responce, ce qu'il fist sur le champ par unes lettres missives qu'il luy envoya, desquelles la teneur s'ensuit (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 261).

 

-

À chaque bout de champ. "À tout moment" : Mais dictes moy, se de mon amour vous chault, puis que elle vous semble ainsi legiere et que vous me conseilliés de la changer comme font les coqs a chascun bout de champ (BEAUVAU, Troyle B., c.1455, 602).
 

DMF 2020 - MAJ 2020 Pierre Cromer

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