A. -

COST.

1.

"Coiffure très courante, portée par les hommes et les femmes, comme élément de confort ou de coquetterie : sorte de bonnet enveloppant la tête et prolongé par un pan d'étoffe dont on se sert comme d'une écharpe" (Sur l'évolution de la forme de ce vêtement aux XIVe et XVe s., cf. C. Enlart, Manuel d'archéol. fr. dep. les temps mérov. jusqu'à la Ren., t. 3, 1916, 153-160, 219-225) : ...cinc aunes d'un autre drap meslé de grainne (...) pour doubler ledit manteaul. (...) Item, pour doubler un chaperon de violete de graine pour nous (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1338, 295). Je soushaide que tels gens fussent En païs ou il ne sceüssent Chemin, ne voie, ne sentier ; Si n'eüssent housel entier, Gant, mouffle, mitte, n'esperon, Housse, chapel ne chaperon (MACH., D. Lyon, 1342, 203). Le damoysel avoit osté son chaperon ; Ses cheveulx reluisoient comme plume de paon, Ung chappel sur son chief avait tout environ, Dix pierres y avoit de si noble façon, Car plus fort reluisoient quë ung feu de charbon. (Hern. Beaul. D.B., c.1350-1400, 18). A loy de maronniers adoubés vo fachon : Grant coste et vieux housiaux et .I. grant chapperon (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 483). Le chambrelenc le conte, (...) Fery de tel raideur qu'à tout le capperon Ly fist voller le quief (Hugues Capet L., c.1358, 115). Et par ce que dit est s'ensuit que se dieu et nature fesoient que la terre vers la partie habitable devenist et fust faite ausi pesante comme elle est vers l'autre partie, ou que la pesanteur de celle autre partie appetiçast tant que toute la terre fust uniforme et de semblable pesanteur en toutes ses parties, il convendroit que la partie qui est habitable descendist et que toute la terre fust plungie en la mer et toute couverte de eaue, ausi comme un honme qui cuevre son visage de son chaperon. (ORESME, C.M., c.1377, 570). Inventoire des chapperons qui furent à la royne Jehanne de Bourbon, dont Dieu ait l'âme. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 394). ...puis faisoit assemblees comme par batailles, et aux enfans faisoit bacinés de leur chapperons (Bouciquaut L., 1406-1409, 17). Li uns piert son capiel, li autres son capron (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 287). ...mais aloit ce dit jour par les rues de la dicte ville de Coustances sans chaperon comme un fol desmesuré (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1431, 300). Je sçauray bien ou en trouver, Des robbes et des chapperons ! (Path. D., c.1456-1469, 50). ...y estoit ung nommé maistre Oudart de Bussy, procureur general de ladicte ville d'Arras et de la conté d'Artois, auquel fut le col coppé dedens ung chapperon d'escarlate fourré de letisse, et ladicte teste avecques ledit chaperon mise et boutée au bout d'un chevron, auquel fut fort cloué ledit chaperon afin qu'il ne feust emblé ensemble ladicte teste. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 48). Et estoit vestu d'une longue robe de drap de damas blanc, brodée dessous et dessus, et les manches de satin cramoisy, et un chaperon vermeil, et la cornette verte (Faits Lalaing K., c.1470, 224).

-

En partic. "Capuchon (du moine)" : ...il prist l'habit d'ermite selonc l'ordre de Saint Maurice, c'estassavoir grise robe, longue mantel et chaperon gris à courte cornette d'un pied ou environ, et ung bonnet vermeil par dessoubz son chaperon, et par dessus ladicte robe, ceinture dorée, et par dessus le mantel, une croix d'or, assés pareille que les portent les empereurs d'Alemaigne. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 111-112).

-

Chaperon rouge. "Chapeau rouge (du cardinal)" : Herchambault, vous estes couronné comme ung prestre nouveau ; certes, vous m'en deveriez savoir bon gré, car si vous vouliez estre sage, vous y auriez grant profit, car vous portez daventaige le chaperon rouge comme ung grant prelat. (Doolin de Mayence V, P2., a.1500, 147).

-

Chaperon à cornette. "Chaperon avec une bande de tissu (qui peut s'enrouler autour de la tête ou du cou)" : ...seize aulnes demie de semblable drap dont l'on a fait trois robes et autant de chapperons à cornette (Comptes Lille L., t.1, 1454-1455, 443).

-

Chaperon à/sans gorge : Inventoire des chapperons qui furent à la royne Jehanne de Bourbon, dont Dieu ait l'âme. Premièrement : Ung chapperon sans gorge, fourré d'ermynes, d'un veluiau azuré brodé d'or de Chippre, tout semé de compas d'euvre de perles, et en chascun compas a cinq grosses perles de compte... (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379, 394). Quant Jehan de Paris et ses gens virent que la pluye venoit a force, ilz prirent leurs manteaux et chapperons a gorge (Jehan de Paris W., 1494-1495, 38).

-

Chaperon de chape. "Sorte de capuchon qui accompagne généralement la chape" : ...pour les fourreures de 3 paire de robes (...) pour le corps madame la royne de France (...) pour les 2 surcoz et le corps de la chappe de chascune robe, 3 fourreures de menuvair chascune, 244 ventres ; pour manches de surcot, 48 ; pour manches de chappe, 200 ; pour chaperon de chappe, 100 ; et pour le mantel à parer, 400. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 176).

-

Chaperon deschiqueté/decoupé. "Coiffure frangée" : ...et avecques ce ordenerent que homme ne femme du dit pays de la Langue d'oc ne porteroit par le dit an, se le Roy n'estoit avant delivré, or ne argent, ne perles, ne veir, ne gris, robes ne chaperons decouppez, ne autres cointises quelzconques (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, c.1375, 86). ...plusieurs foys [Jehanne la Pucelle] a prins le precieux sacrement de l'autel toute armée, vestue en guise de homme, les cheveulx rondiz, chapperon deschicqueté, gippon, chausses vermeilles atachées à foison aguillettes (Journal bourgeois Paris T., 1431, 268).

-

Chaperon double : En jeunesse ne doit aver Fourreüre de menu ver, Double chaperon, ne barrette, Ne chose qu'a tendrour le mette. (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 25). ...une robe longue à grans manches ouvertes pour mondit seigneur faicte à douze girons, colet et assiz, boutonnee devant, fourree de fin gris à dix tires, et une robe à mi jambes à grans manches closes decopees, dessoulz fourree du mesme gris, et deux grans chapperons doubles (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 78).

-

Chaperon enformé/à enformer. "Chaperon ajusté, à ajuster sur la tête (convient particulièrement comme coiffure de deuil)" (Le chaperon se met sur la tête ou se rejette dans le dos) : ...pour les fourreures de deux autres corsez rons, et de deux chapperons à enfourmer, l'un d'un drap d'or et l'autre d'un camoquas (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 164). Sy vueil qu'ilz [mes trois orphelins, mes trois vieux usuriers] soient informez En meurs, quoy que couste basture. Chapperons aront enformez Et les poulces sur la sainture, Humbles a toute creature, Disans : "Han ? Quoy ? Il n'en est rien !" Sy diront gens par adventure : "Vecy enffans de lieu de bien !" (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 106).

-

Chaperon pendant : ...pour 54 ventres de menuvair à fourrer un chaperon pendant de broderie pour madicte dame (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 177).

-

Chaperon à laver. "Chaperon porté au moment de la toilette" : ...une aune de fin veluyau violet, pour IJ chaperons à laver, pour madicte dame. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1342, 27).

2.

[Le chaperon se jette (comme le gant) à titre de gage de bataille] : "S'il y en a nulz qui veullent combatre deux contre moy, se dist le Sarrazin, que Mahon ne soit plus grant que vostre Jhesucrist, je les les combatroy." Lors respondit Ponthus : "Ja, se Dieu plaist, ne nous mectrons deux contre ung. Je suis jeune et fieble, mais je gecte mon chapperon en gaige de deffendre ces mos et diz que Jhesucrist est filz de Dieu et Mahommet est filz du deable." (Ponthus Sidoine C., c.1400, 25). ...c'est un offensé qui requiert son offenseur, comme celluy qui ne le peult par preuve actaindre, sinon de son corps seullement, et vient demander droit devant le juge, et gecte son gaige d'ung gand ou chapperon (LA MARCHE, Avis gage bat. P., c.1494, 23).

3.

[Le chaperon s'enlève devant quelqu'un à qui on veut marquer son respect]

-

Oster son chaperon (devant qqn) : Quant il voit la pucelle (...) Le damoisel lui fist grant reverencïon Et moult devotement osta son chaperon (Ren. Gennes D.B., c.1350-1400, 106). Et puis j'ostai mon chaperon Et devant lui m'agenouillay (MACH., Voir, 1364, 52). Si tost qu'il vei le duch, il osta son chaperon et le salua. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 117). ...lequel Montagu estoit si elevé que quasi nulles fois, lui venant à la Court de Parlement, n'ostast son chaperon de sa teste, non pas devent le Roy (BAYE, I, 1400-1410, 292). ...en le saluent osta tout jus son chapperon, dont il pesa à l'Empereur, qui recouvrir le voult, et il dist que il lui moustroit sa coiffe, que encore n'avoit veue, car est à savoir que es ancienes guises les roys portoient deliées coiffes soubz leurs chapperons. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 104). Les villains d'icy environ Ousteroient tous leur chapperon Davant moy pour me fere honneur Et m'appelleroient monseigneur (Pac. Job M., c.1448-1478, 209). Encor veul et vous commande que (...) quant vous verrez les ymaiges de Nostre Seigneur (...) que pour honte du parler ne du penser de gens vous ne laissiés a oster vostre chapperon, chappel ou barrecte de sur vostre chief se vous l'y avez (LA SALE, J.S., 1456, 41).

-

Mettre la main à son chaperon : ...Quant il me convenra flechir A genouz par devant ce maistre, Et la main au chaperon mettre Pour li reverence porter. (Mir. ev. arced., c.1341, 108). Et n'y a si meschant villain Qu'il ne me faille seigneurir. Si tost que je les voy venir, Je mect au chapperon la main (GARENC., Poésies N., 1389-1415, 92). Lequel maistre Laurens elle avoit en grant hayne, car parloit à elle irrévéremment sans mectre main à son chaperon et sans lui faire quelque révérence (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 228). S'avint qu'un jour chacer ala, Et en alant il rencontra Deux pouvres membres de nature Qui queroient leur avanture, Demandans du pain par douceur. Ce roy la leur porta honneur Et mist la main au chapperon, Leur donnant de ses biens ung don. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 450).

4.

[Le chaperon comme signe de reconnaissance et d'appartenance] : Et aussi prist le dit roy de Navarre l'aliance de pluseurs bourgois de bonnes villes, et fist à ses aliez porter chapperons semblables pour cognoissance (Chron. norm. 14e M., App., c.1369-13, 127). Li prevos des marchans assambla ossi grant fuison de commugnes de Paris qui estoient de sa secte et de son acord ; et portoient cil caperons tous sannables, afin que mieulz se recogneuissent. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 96).

-

Blanc chaperon. "Coiffure portée par les membres d'une milice (à Gand)" : ...ung très grant nombre de gens, tant en ladicte ville comme à l'environ, qui portoient blans chapperons, lesquelz soubz umbre du port qu'ilz avoient ad cause desdis blans chapperons, faisoient souventes fois des oppressions et dommages aux simples gens du plat pays, furent condempnez de mettre jus telles assambléez (Doc. 1452. In : ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 24-25).

-

P. méton. "Membre de cette milice" : Signeur, se vous volés ceste cose esvoiturer et mettre sus, il faut en la ville de Gaind que uns anciiens usages qui jadis i fu soit recouvrés et renouvellés : c'est que li blanc cappron soient remis avant, et cil blanc cappron aient un chief auquel il se puissent tout retraire et raloiier. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 167). ...chils d'Artevelle (...) esleva une sexste de compagnons en Gand, que on nonmoit les Blans Caperons, et en fist a tous livree, et estoient bien siis mille et tous les jours mouteplioient ils et portoient volentiers les blans caperons. (FROISS., Chron. D., p.1400, 270). ...ilz envoyèrent de rechief aultre nouvel mandement auxdiz officiers, par lequel ilz leur signifioient que se dedens trois jours ensievans ilz n'avoient envoyé monstrer en ladicte ville de Gand devant leurs commis les chars et charettes dessusdiz, en tel nombre qu'ilz les demandoient et les requéroient, ilz envoieroient le doyen des blancz chaperons et ses gens ès dictes villes pour prendre yceulx chars et charettes sur les plus apparens, sans riens espargnier, aux despens de ceulx qui auroient esté refusans de les baillier. Lequel second mandement venu, pour la doubte desdiz blancz chaperons, les devantdiz paysans firent si bonne diligence que ceulx de Gand furent bien contens d'eulx. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 233). Ont lesdits ambassadeurs condempné et aboly à tousjours la coustume et usance mauvaise et desraisonnable que ont par cy-devant tenue iceux Gantois, et dont ils ont usé en tenant et soustenant gens en grant nombre, mauvais garchons et de mauvaise vie, qu'ils ont appellés les blancs chapperons (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 356).

-

Porter tel chaperon. "Être le partisan de telle personne" : ...pour que ce jà pieçà les aucuns mistrent la main à la bride du cheval de nostre très cher oncle le duc d'Orléans, que Dieu absoille, et portèrent ou temps passé, les aucuns, chaperons de l'aliance du roy de Navarre, les habitans de nostre ville d'Orléans eussent accordé et composé à nous à la somme de XXX mille frans d'or (Ch. VI, D., t.2, 1383, 47).

-

Chaperon fourré

.

[Signe extérieur de richesse, d'aisance] "Coiffure garnie de fourrures" : No anemy sont fort et trop grande foyson ; (...). Mais entre vous, bourgois au fourré capperon, Estez devant voz huis trop noble campion, Et cant vient en bataille, n'i vallez I. bouton (Hugues Capet L., c.1358, 48).

.

En partic. "Insigne des hommes de loi et des gens d'Église" : On ne prise pas un veron Qui n'a hui fourré chaperon. (Mir. N.D. Rosarius K., c.1330, 112). Il parle latin ? Par saint George, Il ara chaperon fourré (DESCH., M.M., c.1385-1403, 263). "Les advocaz n'avoient pas lors les grans chapperons fourez, les grans palefroiz, la grande vaisselle, ne les palaiz ouvrez, mais en habit et en estat vivoient sans difference avecques le commun, les clercs avecques les clers, et les laiz avec les lays..." (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 463). ...et seroient vestus tous les clers, conseilliers et officiers dudit Parlement de drap pers, en longues robes et chaperons fourrés, et les lays de drap vermeil. (FAUQ., II, 1421-1430, 345). Ceulx cy n'ont pas bonne fin ne bonne entention, mais estudient pour avoir honneurs et vanitez du monde. Les dyables leur presentent en leur entention bonnés, chapperons fourrez, chaires haultes et pareez, et a ceste entention prennent ilz le labour et l'estude que ilz en ont. (Déclar. Hyst. S., a.1449, 190). ...J'ay vestu ma chappe d'honneur, Mon chapperon foré, pour lire, Mon pulpitre, pour plus hault luire (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 131).

.

P. méton. [Toujours avec une intention satirique] "Homme de barreau, d'Église" : Telz promoveurs reprouvons, Car de tous biens est esclipces Es pelices, Es grans seigneurs, es delices, Et es fourrez chaperons. (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 177). [[C'est Superstition qui parle]] Quel merveille ! car les grans chappes et chapperons fourrez et les grans princes seculiers n'oseroient riens faire de nouvel sans mon commandement et ma sainte election. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 598). Elle [Male Voulenté] parfaisoit tout le mal que dissimulacion n'avoit peu acomplir, et empeschoit tout le bien que Verité, la bonne conseilleresse, avoit conseillé et ordonné, et estoit par ses mauvaises jangleries a part et en secret, et en disant que on ne devoit tenir compte de ces chaperons fourrez (GERS., Noël, p.1404, 307). ...ce chaperon fourré, en lieu de dire ce seigneur de parlement, devint amoureux a Paris de la femme d'un cordoannier (C.N.N., c.1456-1467, 414).

5.

Loc.

-

Chaperon de Ponthoise. "Masque d'indifférence et de mépris" ( (Éd.)) : [On s'enquiert]...S'elle est damoyselle ou bourgoise, Quelle robe elle a, ne quel corset, Soubz son chaperon de Ponthoise. (COQUILL., Oeuvres F., 1478-p.1494, 140).

Rem. Cf. G. Roques, R. Ling. rom. 56, 1992, 620, pour d'autres loc. avec le toponyme Ponthoise.

-

Vin de chaperon. "Vin de très mauvaise qualité" ( (Éd.)) : Par quoy [le mauvais temps] ons olt poc de vin, et bien grevains ; et les appelloit on vin de chapperon. (AUBRION, Journal L., 1468, 31).

-

[De plusieurs pers.] Avoir leurs testes/bouter trois testes en un chaperon. "Être en parfait accord, faire chorus" : Il estoient la en la place [Refus, Dangier et Escondit] ; Riens ne voi en yauls qui me place, Car il avoient, li larron, Trois testes en un caperon (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 136). Si tost qu'il le veirent, il commencièrent à murmurer et à bouter trois tiestes en un caperon, et à dire : "Vechi cesti qui est trop grans mestres et qui voet ordonner de le conté de Flandres à se volenté..." (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 100). ...je vois encore ces princes qui ont tous les jours leurs testes ensemble en ung chapperon. (Lettres Ch. VIII, P., Pièces justif., t.1, 1486, 378).

-

Faire qqc. sous son chaperon. "Faire qqc. en étant indifférent au reste" : ...frere Eustace, qui ne savoit pas l'intencion de son hoste, fist assez bonne chere dessoubz son chaperon (C.N.N., c.1456-1467, 219).

-

Porter le chaperon de qqn. "Porter le deuil de qqn" : ...le dit Jehan Danowe dobvoit (...) faire le service des dits ij hommes ["faire enterrer à ses frais"] ; et leur faire chacun ung annual ; et donner le vin aux iiij ordres mendiant ; et dobvoit porter le dit Jehan Danowe le chaperon au service des dits ij hommes mort (AUBRION, Journal L., 1484, 169).

-

Prendre qqc. à la corne de son chaperon. "Faire qqc. sans effort, tout naturellement" : ...il s'en aidoit tellement [de ses attributs virils] et si bien que les quatre, les V, les VJ foiz ne luy coustoient non plus que s'on les prinst en la corne de son chaperon (C.N.N., c.1456-1467, 407).

-

Loc. prov. Oster la plume de dessus le chaperon de qqn. "Ôter la plume qui se serait posée sur le chaperon de qqn" ; d'où "rendre avec affectation de bons services, flatter" : [L'auteur soutient l'indépendance du roi de France contre les prétentions de l'Empereur] Ne je ne dy pas ceci par flaterie ne pour oster la plume de dessus le chaperon du roy de France, mais je le dy pource que je tiens et croy que ce soit toute pure verité, comme il est tres evident. (BOUVET, Arbre bat. N., c.1386-1389, 188).

-

Rire sous son chaperon. "Rire sous cape" : Quant Tristan l'entendi, sy seigna sa façon, Et puis en print a rire dessoubz son chapperon. (Tristan Nant. S., c.1350, 449).

-

P. plaisant. Le moule du chaperon. "La tête" : ...à l'effect dequoy fut délivré au bourreau, lequel luy trancha la moitié et le moule de son chaperon, c'est-à-dire la teste, puis il fut escartelé, mis en six pièces (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, c.1437-1464, 50).

B. -

[À propos d'animaux]

-

"Coiffe qu'on place sur la tête des oiseaux de proie" : Item, il [le faucon] doit avoir un chaperon de bon cuir d'abeie, bien fait et bien enfourmé (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 178). Maiz autre chose est du faucon, Car on li met le chapperon, Affin que de rien n'ait ennoy Ne nullement bate d'effroy. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 340). ...ung chapperon à esmerillon garny de perles. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 220). Et à George de Lille, lieutenant du maistre faulconnier de Flandres, pour despence qu'il a faiz à visiter les tendues ausdiz oyseaulx es lieux dessus diz, pour loingnes, tourets, chapperons et autres menues choses appartenans ausdiz oyseaulx, 10 livres (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 290). ...XIII douzaines de chaperons à oyseaulx qu'il a achectez par l'ordonnance dudit sr, pour les oyseaulx de sa chambre (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1478-1481, 355).

-

"Coiffe qu'on place sur la tête des chevaux" : ...pour toille de quoy on fist crouppieres, souz-ventrieres et petraulx, et pour facon [l. façon] de V chapperons pour V chevauls qui furent achatez pour mener lesdictes besoignes en Navarre devers Monseigneur, pour ce que autrement on ne les eust peu gouverner ne conduire pour les mouches (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 470).

C. -

TECHNOL. [Pièce d'une serrure] : Que toutes serrures à ressort seront à soliot [l. foliot ?] et à chapperon, ainsi qu'il est accoustume [l. accoustumé] de faire (Anc. corp. dijonn. C., 1466, 340).

Rem. D'après l' Encyclopédie de Diderot, chaperon est un terme d'horlogerie «plaque ronde qui se met à l'extrémité du pivot d'une roue». Foliot (si la lecture corrigée est bonne) appartient aussi au voc. de l'horlogerie ("Balancier"). S'agit-il d'un vocabulaire commun à la serrurerie et à l'horlogerie puisque dans les deux cas on a un mécanisme à ressort ?