C.N.R.S.
 
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     CHARNEL     
FEW II-1 carnalis
CHARNEL, adj. et subst.
[T-L : charnel2 ; GD : charnel ; GDC : charnel ; AND : charnel1 ; FEW II-1, 381 : carnalis ; TLF : V, 562b : charnel]

I. -

Adj.

A. -

[D'un point de vue physique, physiologique]

 

1.

"Fait de chair, composé de chair" : Car charneulx sont comme nous sommes Noz semblables femmes et hommes (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 127).

 

-

[Dans une formule pléonastique d'insistance] Homme charnel

 

.

"Homme de chair et de sang" : La seconde fut celle qui fist respondre a Nostre Dame qu'elle n'avoit propos de avoir cognoissance ou compaignie de homme charnel : Virum non cognosco. (GERS., Annonc., a.1400, 232).

 

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[Équivalent de homme de femme né] : Ainsi com ilz parloient en tel maniere, entre le papegau et son chevalier, a tant a vous approuchant celluy qui estoit la plus hydeuse chose qui oncques mais fust veue par nul homme charnel. (Chev. papegau H., c.1400-1500, 15).

 

-

Vie charnelle. "Vie du corps, vie terrestre" : Dont est ce bien chose loisible A tout homme de femme prandre, Puis que seul est et que doit tendre A sa forme continuer, Sanz son linaige desnuer N'estaindre comme la chandelle Son renom et vie charnelle. (DESCH., M.M., c.1385-1403, 337).

 

2.

"Qui a trait au corps, inspiré, commandé par le corps (p. oppos. à spirituel)" : Chascune est de grant beauté plaine Cent tans plus que ne fu Heleine, Cent tans mes sans comparaison, Quar certes ce n'est pas raison Des beautez espirituelles A comparagier es charnelles Qui par poi d'achoison laidissent Ou par la mort donc touz perissent. (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 99). ...la noblesse de la char ne vault riens sans l'espirituelle noblesse. Et pour ce avecques la noblesse charnelle, prenez l'espirituelle (JUV. URS., T. rever., 1433, 77). Le serviteur d'un noble seigneur en Provence estoit estraint par vote [Var. veu, ds VIGNAY, ms BNF fr. 241, a.1348] a visiter le corps saint Marc, mais il ne peut avoir congé de son maistre, si que, pour la paour celestielle, mist arriere la paour charnelle, si s'en ala visiter le saint sans saluer son maistre a grant devocion. La quelle chose son seigneur tint a mal. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 437).

 

3.

"Relatif au corps, support, facteur de la procréation"

 

a)

"Physique" : Amour vient de charnel affection, Et si desir et sa condition Sont tuit enclin a delectation. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 121). Il y a conjonction espirituele par consentement des courages qui est dissolvee par mort espirituele, par laquelle l'home est mort au monde par l'ingression de religion. L'aultre conjonction est charnele par la conjonction des sexes, qui est rompue et dissolvee par la mort corporele. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44). Mariage est distinguié en quatre manieres. Le premier est charnel entre l'homme et la femme. Le second est moral entre Dieu et l'ame en l'eglise militante par grace. Le tiers est allegorique entre Crist et l'eglise (Sacr. mar., c.1477-1481, 46).

 

-

Commixtion/compagnie/copulance/copule/copulation/couple/habitation/oeuvre charnelle. "Rapports sexuels"

 

.

[Dans le mariage] : Quartement, une decretale qui se commence INQUIVISTI dit ainsi: que se un marié scet de certain empeschement en son mariage pour quoy il ne peut excercer oeuvre charnel senz pechié mortel, ja soit ce que il ne puisse l'empeschement prouver en l'église ou en jugement, en tel cas il doit eslire et soustenir la sentence d'excommunicacion plus que par commistion charnel faire pechié mortel (ORESME, E.A.C., c.1370, 318). Le mariage est initié et commencé par espousailles, expressé par le consentement des paroles, ratiffié par les paroles de present et parfait et consommé par copule charnele et habitation. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44). La seconde perfection est qui conserve le mariage, et a ce est exigié et requis la copulation charnele. (Sacr. mar., c.1477-1481, 44).

 

.

[Dans d'autres circonstances, la finalité étant l'assouvissement du désir sexuel et la recherche du plaisir] : Et croy que encontrer femme qui ait le chief descouvert est signe de mal eur, se ce n'est, si comme dit Plinius, elle soit publique ou qu'elle ait esté en compaignie charnele de pluseurs hommes. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 129). La profundeur de la fontaine Est de pechiez perceverance Et de charnele copulance Delectacion de pensée Longuement conue et usée (DESCH., M.M., c.1385-1403, 205). ...un soir que elle estoit alée en la chambre dudit sire de Nouvion avec une des autres chamberieres dudit hostel, fu par icellui sire prinse, jettée sur un lit, et illec ot compaignie charnele à elle une fois. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 125). Requise se au temps que ledit Cotin ot premierement compaignie charnele, estoit pucelle, dit que non. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 315). Et par ce ci est deffendue, ce dit Ysidore, toute illicite couple charnelle, qui est hors mariage, et tout desordené usage des membres genitaires. (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 210). ...il dit et ordonne qu'il fault que vous aiez compaignie charnelle avecques homme, [ou] bref aultrement vous estes morte (C.N.N., c.1456-1467, 140).

 

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[Dans des pratiques jugées contre nature] : ...à laquele vache il, par temptacion de l'ennemi, ala à icelle vache, à laquelle, par l'aide d'une petite haye et fossé qui estoit illec, il ot une fois compaignie charnelle à icelle, et en laquelle il mist son membre en sa nature, et par derriere, pour la très-grant chaleur de nature qu'il avoit en lui. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 566). ...en une estable, en laquelle aussy estoient logiées plusieurs jumens appartenans au seigneur de l'ostel, ouquel, de nuit, et à l'ayde d'une sele à chevaucher qu'il mist au derriere d'une petite desdites jumens, ot durant iceulx huit jours, par plusieurs et diverses fois, compaignie charnele à icelle jument, et tant qu'il n'en scet le nombre. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 566). ...luy estant en l'aage de XIII. à XIIII. ans, lors simple et ignorant, ung jour aux champs en gardant les bestes de Jehan Mathorry, son père, fut tempté par l'ennemy et enorté d'avoir habitacion charnelle à une jument appartenant à son dit père, et de fait se mit à l'essay et monta sur la dicte jument, en entencion d'acomplir le cas dessus dit (Doc. Poitou G., t.9, 1447-1456, 424). ...il, tempté de l'ennemi et gardant les vaches ou les touchant ès marez de la Ronde, il se print à une vache, la congneut charnellement et eust sa compaignie charnelle une foiz seulement. (Doc. Poitou G., t.11, 1465-1474, 217).

 

b)

[À propos des liens du sang]

 

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Cognation charnelle. "Parenté naturelle reposant sur la consanguinité" : Ilz sont trois cognations : la charnele, legale et la cognation espirituele. Cognation est consanguinité. Cognation charnele est en quatre degréz. Deux freres sont tousjours mis du premier degré, ou le frere ou la soeur, ou deux soeurs. (Sacr. mar., c.1477-1481, 54).

 

-

Génération charnelle. "Filiation naturelle" : ...comme ung homme qui engendre pluseurs filz, qui sont hommes comme lui, est dit et se puet dire pluseurs, a cause qu'il a engendré pluseurs enfans, qui descendent de lui par generation charnele. Mais riens de ces trois manieres de pluseureté est en Dieu. (Somme abr., c.1477-1481, 104).

 

-

Enfant/pere/frere/cousin/parent...charnel. "Enfant, frère...selon la chair, de même sang" : ...de tant conme ilz sont plus de fréres charnelx de tant a chascun mendre heritage (Mir. st Val., c.1367, 121). Le .Ve. article de la premiere distinction dit que vous devez estre tresamoureuse et tresprivé de vostre mary par dessus toutes autres creatures vivans, moyennement amoureuse et privee de voz bons et parfaiz prochains parans charnelz et les charnelz de vostre mary, et tresestrangement privee de tous autres hommes (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 57). Nous sommes tresbien aubergés Avec Jhesus, qui fort me plaist ; Nous sommes ses cosins charnelz. N'est ce pas ung homme parfait ? (Pass. Auv., 1477, 120). La premiere est dicte compaternité qui est entendue entre le pere espirituel de l'enfant et le pere charnel. Ung compere est toujours pere espirituel de l'enfant et l'aultre charnel, comme il appert par ces mectres ensieuvans : L'un des comperes sera tousjours espirituel, l'aultre charnel, et tele rigle ne fault jamais. (Sacr. mar., c.1477-1481, 54). La tierce est dicte fraternité qui est attendue entre ton filz espirituel et tes enfans charnelz. (Sacr. mar., c.1477-1481, 56).

 

-

Amis charnels. "Personnes qui sont proches par les liens du sang (distinguées des amis acquis, v. infra, ex. de CHASTELL.)" : Le dit conte proposant et disant à son desblasme, que des dites renunciacions et acort ce qui en avoit esté fait avoit esté fait à la requeste de sa dite mere et en la presence de pluseurs de ses amis charnels, et par leur conseil, c'est assavoir du vidame de Chartres (...) et de pluseurs autres sages et coustumiers du païs d'Anjou (Doc. Poitou G., t.2, 1347, 377). Autel di que li bons Guillaumes Argent, fin or, mirre ne baumes, Dras d'or, ne pierres precieuses, Supplications scienteuses, Ne force de charnels amis Ne l'eüssent ja ad ce mis Dou cheval qu'il avoit, einsois Qui estoit le roy des François, Que ja jour eüst sus monté, Afin que siens eüst esté. (MACH., D. Aler., a.1349, 324). Mais riens n'i vausist fer ne fust, Se belle Adriane ne fust, Qui oublia Minos, son pere, Et Androgeüs, son chier frere, Sa terre et ses charnels amis, Pour Theseüs, ou elle a mis Son cuer... (MACH., J. R. Nav., 1349, 231). A Ollivier ait dit : "Vous soiez bien trouvér ! Or estes vous mes filz et mez amis charnéz...". (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 763). Et comme teles fortunes qui pueent avenir as amis charnels ou autres soient de moult de manieres et differentes et pueent estre les unes grandes, les autres petites, et pueent touchier les personnes, les unes plus ou de plus prés, les autres moins ou de plus loing en diverses manieres, qui voudroit particulierement diviser et parler de toutes les differences qui y peuent estre, ce sembleroit une chose infinie. (ORESME, E.A., c.1370, 137). N'y ara ne le duc mon pére, Ny amis charniex ne parens Que ne face des cuers dolens (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 23). Nostre pére (...) Depriez qu'aucun lieu nous quiére Religieux ou soions mis, Loing de touz noz charnelz amis, Ou faire puissons penitance (Mir. ste Bauth., c.1376, 156). Ains ira oultre mer dessus les desloyaulx Pour veoir le sien frere et ses amis chernaux (Flor. Octav. L., t.2, c.1400, 581). ...jusques à ce que autrement y soit pourveu par l'advis et requeste de ses amis charnels. (FAUQ., II, 1421-1430, 27). Tout tantost nouvelles orrons Des amis charnels et parens Del aveugle, il entrent ens, Ce me semble bien a point dit. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 101). Or, estoit le bastard de noble et haute parenté et avoit des amis beaucoup en court et acquis et charnels (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 105).

 

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Noblesse charnelle. "Noblesse par le sang" : Et combien que le dit ancien seigneur fust aucunement noble en coraige, toutesfoiz la noblesse charnelle et puissance de biens avoient en lui plus grant vigueur que la noblesse vertuelle. (RASSE BRUNH., Flor. Elvide B.N. C., a.1456, 4).

 

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Charnel à qqn. "Attaché à qqn comme s'il s'agissait d'un parent" : Se oncques dame fut doulante de la mort de son mary, vous le serez, et non sans cause, car il estoit preu, saige, courtois et charnel a son seigneur et a ses amys (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 174).

B. -

[Du point de vue la religion, qui considère l'attachement aux plaisirs charnels comme un obstacle au salut]

 

1.

[D'une pers.] "Qui ne s'attache qu'aux choses matérielles, qui obéit à ses instincts" : O benoitte Dame de paradis, comme ores est ceste parole estrange et dure aux personnes charnelles de ce monde, et qui ne quierent fors leurs soulas et leurs plaisirs mondains (GERS., Déf., 1400, 219). Ung escollier lubrique et charnel vint a une feste en la maison des freres Prescheurs a Boullongnes pour ouyr messe. (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 698). Et telz forgent ung Dieu par leurs signes et figures qu'ilz pourtraient selon leurs soties et controuvemens. Item les hommes charnelz, qui vivent selon la char, qui font de leur ventre leur Dieu, comme gloutons, qui aourent leur ventre, ainsi que dist l'apostle Saint Pol. (Somme abr., c.1477-1481, 105).

 

-

Ami charnel. "Ami qui partage les plaisirs mondains (p. oppos. à l'ami spirituel") : Le second amy, c'est assavoir le monde et amis charnelz, pour lesquelz enrichir tu as pris tant de peines, qué secours te feront eulz ? (GERS., Concept., 1401, 416).

 

2.

[D'une chose] "Qui relève des plaisirs terrestres, en particulier de la sexualité" : Il doit aussi estudier de lui estrangier de l'ardeur de luxure, non point seulement les manieres des pechiés qui sont trouvees en gloutonnie et ou fait charnel debouter, mais toutes occasions qui de che sont cause ou moiien il doit eschiever (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 35). Et actrempance resgarde celles qui la conservent ou en singulier comme boire ou mengier, ou en son espece comme fait ou culpe charnel. (ORESME, E.A.C., c.1370, 219). Ceste raison fu mise a cest propos en le .VIIIe. chapitre du .VIIIe. livre, et fu mis example de fole amour charnel contre laquelle, selon Ovide, un remede est faire pluseurs amies. (ORESME, E.A.C., c.1370, 490). Pourquoy ne pourroit nostre Dame par son regart estaindre mauvais et charnel mouvement et esmouvoir a chasteté, comme le regart de ung savinier, secundum quosdam, ou comme nous veons es precieuses pierres que aucunes esmeuvent naturellement a leesce ? (GERS., Concept., 1401, 425). Tu vins du hault firmament Pour donner soullegement A humain entendement, Et oster l'empechement Du charnel encombrement Qui trouble le jugement Par son imperfection Et met son entention En argumentation Plaine de deception. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 29). BERSABÉE (à David). Vous avez regnon d'estre saige, Sire : ung petit considerez Quel peché c'est ; amoderez Ung petit ce charnal desir. (Myst. Viel test. R., t.4, c.1450, 182). Entre tous les biens de creacion il ny [l. n'y] a plus haulte chose ne plus digne en homme que franc arbitre, aussi il ny [l. n'y] a riens plus proffitable ne plus secret que bon et salubre conseil, et rien plus enferme ny [l. n'y] a en homme que desir charnel. (CIB., p.1451, 223). Tant souvent fut visitée en la maniere dessus dicte, qu'en la fin sa concupiscence et desir charnel la vaincquirent, et fut du dart amoureux bien avant touchée. (C.N.N., c.1456-1467, 567).

 

-

Delectation/delices/delit/plaisir/volupté charnel(le)(s) : Vueillez nous a bonne fin prendre Et envers l'ennemy deffendre (...) qui veult en noz cuers enter, Dame, le fol charnel delit. (Mir. enf. diable, c.1339, 7). En cel tempoire li Sathans Ala tant mon pére tempter Qu' ens ou cuer li ala enter Le vouloir de charnel deli (Mir. enf. diable, c.1339, 32). Malice de coulpe, c'est volupté charnele, fait a oster par malice de paine, par chastoiement de char (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 305). Car toute leur delectacion est en le usage de ce que est fait par touchement en viandes et en boires et en delectacion charnel. (ORESME, E.A., c.1370, 222). Et, quant ces chans ainsi passent maniere, il esmeuvent plus tost le cuer a charnelle delectacion et les reins a luxure que le cuer a devocion. (FOUL., Policrat. B., I, 1372, 116). ...encontre les aguillons de delices charneles et alechemens de ribaudie et de vanité il [Ulysse face aux sirènes] opposa l'escu de forte et ferme vertu (FOUL., Policrat. B., III, 1372, 230). Telx gens aveuc les epycuriens en boyre et en mangier et en charnelle volupte on mis leur felicite. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 245). ...il [saint Paul] avoit plaisirs merveilleux en tout et par tout ce qu'il veoit et sentoit. Plaisir, dy je, non mie charnel ou vicieux, car je me contrediroye, mais plaisir espirituel, sobre et vertueux. (GERS., P. Paul, a.1394, 514). Je vous prie comme estrangiers et pelerins que vous vous abstenez des deliz charnelz, car ilz bataillent jour et nuyt a l'encontre de l'ame. (LA SALE, J.S., 1456, 27).

C. -

[En rapport avec la viande qu'on mange]

 

-

[D'un jour] "Pendant lequel il est permis de manger de la viande"

 

.

[P. oppos. à Pasques fleuries "dimanche des Rameaux, en carême"] Pasques charnels. "Pâques où l'on mange de la viande" : ...maistre Jehan de Montleon, aumosnier de mondit seigneur, la somme de quarante sept frans, que mondit seigneur lui a fait baillier et delivrer comptent pour employer et convertir ou fait de ses aumosnes depuis le jour des Cendres derrenierement passees MCCCCXVIII jusques au jour de Pasques charnelz (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 17). ...lettres closes (...) par lequelles mondit seigneur leur manda estre devers luy le mardy aprez Pasques charnelz (Comptes argentier Ch. le Téméraire B.F.L., t.3/1, 1470, 155).

 

-

[D'une pers.] "Friand de chair" : LE POISSON (répondant à la chair). Se tes enfans ivrongnes et charneux Sont bien servis de poisson, quand l'on souppe, Et l'ung d'iceux d'aventure s'estouppe Le garguechon d'une aresque a gros neux, Qu'en peut l'aresque ? (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 642).

D. -

"Charnu" : Et se la ma[la]die [Ms. madie] n'est mie es espaules ne es ners ne es creuz des os des musciaux, mes en charnel lieu, trenchiez le cuir en lonc d'un rasour si que li farsins soit tout descouvers siques au fons (Chir. chevaux P., c.1325-1350, 393).

II. -

Empl. subst.

 

-

"Parent" : Sire, s'ai dit Raymon, Bueve li mien carnéz Fuit faulcement de ma femme enherbéz (Lion Bourges K.P.F., c.1350, 716). Prelaz qui donnent yglises A leurs charnelx ou pour servises Ou a telx qui ne scevent rien Destruiant le peuple chrestien. (GUILL. DIGULL., Pèler. âme S., App., p.1358, 363). Le .Ve. article de la premiere distinction dit que vous devez estre tresamoureuse et tresprivé de vostre mary par dessus toutes autres creatures vivans, moyennement amoureuse et privee de voz bons et parfaiz prochains parans charnelz et les charnelz de vostre mary, et tresestrangement privee de tous autres hommes (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 57).

 

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"Personne attachée aux nourritures terrestres" : Se haut vieus voler com la grue, Ne soies crasse ne charnue, Quar cilz qui ont ici grant fain Ou ciel mengeront le vrai pain Que li charnel point ne menguent, Mes cilz qui cresse en mesgreur muent. (Best. lap. Rosarius S., c.1330, 93). Et quant Elizabeth luy demanda [à Marie] savoir mon, se elle manifesteroit ou celeroit celle chose, elle luy dist : "Ne elle n'est a dire aux charnelz et non creans ne elle n'est a taire aux devotz et loiaulx crestiens." (BATALLIER, Lég. dorée D.-L., 1476, 747).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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