C.N.R.S.
 
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     CRI     
FEW II-2 quiritare
CRI, subst. masc.
[T-L : cri ; GDC : cri ; AND : cri ; DÉCT : cri ; FEW II-2, 1485a, 1487a : quiritare ; TLF : VI, 482b : cri]

A. -

"Son perçant émis par la voix"

 

1.

[Expr. d'une douleur] : LA CHAMBERIERE. Ma dame, je pense c'un fiex ["fils"] Arez, ce me dit vostre cri. Pacïence aiez, je vous pri, En vostre mal. (Mir. enf. ress., 1353, 20). La noise fu grant du charpenteis des espees, des haches, des brans, du bruit et du cry des abatuz et navrez et du son des trompettes. (ARRAS, c.1392-1393, 161). Occisïon y ot terrible, Li cri y furent moult orrible, Les nobles dames amenees, Les autres a mort condampnees. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 159). Soubdainement payens furent assaillis qui leur tourna a grant perte, car, ainchois qu'il fussent a demy armez, il en y eult sur le champ plus de dix mille mors, sans lez affolez et navrez dont les cris furent sy grans et horriblez que lez mille que le noble chevalier menoit de l'autre costé en oÿrent bien le son, sy se hasterent (Comte Artois, c.1453-1467, 86).

 

2.

"Plainte, lamentation, gémissement" : Comment les forestiers et les veneurs apportent le corps Emery et le porc mort, menans grans pleurs et grans criz. (ARRAS, c.1392-1393, 28). La peussiez oïr et veoir grant pitié, car, si tost que les moines sentirent le feu, ilz commencierent a faire piteux criz et tres amers et doulereux plains ; mais ce ne leur vault riens. (ARRAS, c.1392-1393, 251). O se vous scaviez les pleurs, les cris et les regrez lesquelz vostre bon peuple a fait jusques a cy et fait ung chascun jour (GERS., Noël, p.1404, 313). Gemissemens Y sont, cris, pleurs, hericemens Et crüelz amortissemens De cuer ; pensez se de ce mens. (CHART., L. Dames, 1416, 261). Or s'en gard qui en coulpe s'en sent, car il n'est pas a penser que tant de couraiges tormentez et de voix trespiteables, que comme par desespoir adrecent leurs criz et leurs plains aux cieulx, ne esmeuvent a pitié la clemence du tresmisericors et tout puissant createur et que sa justice ne les sequeure a la confusion de ceulx dont procedent teles iniquitez. (CHART., Q. inv., 1422, 24). En pleurs, en larmes, en soupirs, En lamentations, en cris Me fault user ma povre vie, Ce m'a fait la perverse envie Des Juifz et inimicité. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 252). ...ilz passerent par la plaine ou leurs gens mors par monceaulx, dont ilz eurent tellez doleurs en leurs cuers que toute leur puissance fu convertie en larmez et doulereux cris ; et tient l'istorien que ce fu la principale cause quy sauva noz Crestiens de grant inconvenient (Comte Artois, c.1453-1467, 88).

 

-

Au fig. "Plainte, protestation" : ...pour s'amour fri Sans plainte et sans cri... (MACH., R. Fort., c.1341, 22). Ainsi a ma dame rescry Que je ne fis plainte ne cry De chose qu'on m'eüst conté, Ne pour gaingnier une conté, Non vraiement pour nul avoir Je li eüsse fait savoir (MACH., Voir, 1364, 682).

 

3.

"Clameur, brouhaha, éclats de voix (accompagnant un mouvement collectif)" : Lors crierent à haute alainne : "Avant ! signeurs, montez, montez !" Li Sarrasin espoventez Furent dou cry, quant il l'oyrent, Dont pluseurs des murs s'enfuirent. Il cuidoient certeinnement Que nostre crestienne gent Fussent si fort et si yniaus Qu'il fussent jà sus les creniaus. (MACH., P. Alex., p.1369, 89). ...il furent tout prest et se departirent, sans faire noise ne cri (FROISS., Chron. D., p.1400, 149). A celle heure i avoit trés grant assaut a deus portes de Vennes ; et pour ce que li hus et li cris estoient la, toutes gens d'armes s'i traioient. (FROISS., Chron. D., p.1400, 571). Et quant il s'en apperceust, il commanda à Suppronis Nauticius que, le plus celeement qu'il porroit, preist tous les gens et hommes de bagaige qui sievoient son ost (...) et feissent aussy le plus grant tumulte de noize et de cris qu'ilz porroient. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 57). ...et, là où ilz véoient l'enseigne de leur logeur, ilz y alloient tout droit, et leur logeur leur monstroit où ilz se devoient bouter. Ainsi n'y avoit cry ne hu, ne homme n'appelloit son paige ne son varlet, ne huchoit Gaulthier ne Guillaume. (BUEIL, I, 1461-1466, 179).

 

-

"Clameurs résultant de disputes, de dissensions"

 

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Prov. Grand cri abat chastel. "Des dissensions dans une garnison donnent la victoire à l'assaillant" : En bonne garnison Pour fortresse conduire Ne doit division Sa queue faire luire. Sy tost c'on les ot bruire Entre eulx, le cas est tel : On les puet tous destruire : Grant cry abat chastel. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 58).

 

-

Loc. À cor et à cri. V. cor

 

-

"Clameur (poussée en l'honneur d'un mort)"

 

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Lever un cri : Tant chevaucha Ogier le franc duc naturés Et les Franchois ossy (...) Qu'il vinrent en l'ost Karle ; la fu le cry levés Pour Foucquez qui estoit en biere raportés. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 323).

 

4.

"Appel de détresse, d'alarme" : ...elle ot effrayeur et paour, et commença à crier Haro ! auquel cri vindrent plusieurs personnes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 502). ...pour esbahir ceuls de la ville, il fissent bouter, par ces honmes de piet qui les sievoient, en .V. ou en .VI. lieus, le feu en la ville. Li haros et li cris s'esleva. (FROISS., Chron. D., p.1400, 352). "Helas ! pour Dieu, secourés moy, car le loup veult menger mes brebis." Et, quant les laboureurs d'environ luy ouyoyent crier le cry, ilz venoient a l'aide (MACHO, Esope R., c.1480, 199).

 

-

Cri de haro. "Cri poussé par la victime d'une agression (pour appeler à l'aide)" : ...il le juge doit (...) demander aux sergens ou prevosts, s'il y a aucunes dolleances, aucuns briefs, aucuns cris de haro ou autres explois par eulx fais depuis les derrains plès ou assises. (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 30). ...mais telle inhibiciun ne se doit pas faire ès cas dont la court de l'eglise ne congnoit point, comme d'heritage et de cri de haro. (Echiq. Normandie S., c.1400, 208). ...il le juge doit (...) demander aux sergens ou prevosts, s'il y a aucunes dolleances, aucuns briefs, aucuns cris de haro ou autres explois par eulx fais depuis les derrains plès ou assises. (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 30). Auquel ledit suppliant, tout courroucié et esmeu de ce que sans quelque raison il faisoit ledit cry de haro, lui bailla trois cops du plat de son espée sur la teste (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1432, 187).

 

-

Aller au cri. "Aller porter secours (en cas d'agression, de feu...)" : Et avec ce, seront tenu les Habitans de ladite Ville de Saint Loup de aler au cri de Gurgé avec les autres de la Prevosté de ce leu, ou cas que neccessité y auroit (Ordonn. rois Fr. S., t.3, 1358, 251). Et si tost comme ilz hurterent à la porte du dit Cotet, il s'en sailly du dit hostel par un petit huys de derriere, une lance en sa main, et vint courre sus au dit Jehan Pele et lui donna de la dicte lance parmy la poitrine, tellement qu'il chey à terre et s'escria moult hault, en disant : "Halas, Phelippon, je suy mort." Et tantost le dit Phelippon ala au cry, et si tost que le dit Pierre Cotet apperceut ycellui Phelippon, il lui couru sus de sa dicte lance et lui perça la main tout oultre. (Doc. Poitou G., t.6, 1401, 402). Auquel cry ledit Jehan Gendre suppliant, qui estoit près d'un trait d'arc d'illec ou environ, alla audit cry, et en passant par le derrière de leur dicte maison, en trouva en son chemin, contre le pallier ou mur d'icelle une fourche de fer à deux fourchons, laquelle il print en sa main, et tantost qu'il fut arrivé, apperceut sondit père, lequel lesdiz francarchiers avoient abatu à terre à force de cops, le visaige et le col tous sanglans (Doc. Poitou G., t.12, 1480, 351).

 

5.

[À propos d'un animal]

 

-

"Son de voix propre à un animal" : ...vit et apperceut une vache qui, à son cri, sambloit estre en sa chaleur (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 565). Si ne me peu rendormir, pour leur cry [des oiseaux] (CH. D'ORLÉANS, Ball. C., c.1415-1457, 92). Si estoit la voix du peuple comme les mouetes qui par leur cry denoncent les floz de la mer, car noz parolles, que tu appelles murmure, signifioient des lors le meschief qui pour ces causes estoit a advenir. (CHART., Q. inv., 1422, 38). Elephant qui est appellé barro quant a ceulx de Inde pour son cry est dit barritus duquel les dens sont yvire et pour geulle a groing et entre toutes les aultres bestes c'est le plus grant de corps et de vertu (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 475).

 

-

CHASSE

 

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"Aboiement du chien qui chasse" : Se tu veulz chassier le cerf pour le prendre a force, il te convient deus choses necessaires : la premiere est que tu congnoisses le cri de tous tes sages chiens (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 41). [Autres ex. passim] ...Car je vous di que c'est bien droiz Qu'en chace de roy ait grant cry [ici, d'une meute de cinquante chiens] Et grant noyse, pour voir le dy. (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 374).

 

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Aller à un cri. "Courir ensemble après la bête lancée" : Puis doit demourer un petit la ou on aura laissié courre pour escouter si les chienz se partiront ou iront touz a un cri. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 190).

 

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Retourner/tirer les chiens au grand cri. "Ramener les chiens qui ont fait fausse route et les rallier à ceux qui chassent la bête lancée" : Et, s'il voit qu'ilz chascent le change, il les doit brisier et menascier, comme j'ay devant dit, et les apeller et tirier au grant cri des autres qui chascent le droit. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 190). Et, s'il y a des veneurs qui chascent leur droit, tant de foiz comme il orra les chienz chascier en deux ou en trois parties, il les doit brisier et retourner au grant cri et a leur droit. (GAST. PHÉBUS, Livre chasse T., 1387-1389, 190).

 

-

[Comme expr. d'une valeur minimale] Le cri d'une asnesse : Mais j'ay perdue ma saison De tous poins ceste matinee, Car le prestre sy a chantee Hui au matin trop longue messe. Ne prise le cry d'une asnesse Tout quanqu'il pourroit sermonner. Il ne pensse qu'a organer Pour traire nostre argent de boursse. (Vie st Fiacre B.C.P., c.1380-1400, 29).

B. -

"Signe de ralliement, cri de guerre (propre à chaque seigneur, à ses troupes, destiné à se faire reconnaître, à effrayer l'ennemi)" : "Et quant il venront, nous crierons tout de une vois cascun son cri ou le cri dou signeur à qui cascuns est, ja soit ce cose que li signeur ne soient pas tout chi. Par celle voie et ce cri nous les esbahirons, et puis ferrons en iaulx de grant volenté." (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 18). Evous ces chevaliers et escuiers de France venir en escriant leurs cris, et tenoit chascun sa lance. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 95). Seigneurs, deffendez vous, ayez bon cuer. Vecy la fleur de chevalerie du monde qui vient a secours avecques le roy d'Ausaiz, et les verrez tantost commencier la bataille ; ja Sarrasin n'en eschappera qui ne soit ou mort ou pris. Et quant ceulx l'entendent, si gettent tous ensemble un cry hault et grant, et se prindrent a deffendre par tele maniere que mal soit du Sarrazin qui osast demourer ou pié du mur. (ARRAS, c.1392-1393, 183). Qant chil chevalier et esquier furent la venu, et casquns escria son cri, chil Flamenc furent si esbahi que onques il ne tinrent conroi ne ordenance (FROISS., Chron. D., p.1400, 446). ...gens qui ayment leur honneur, et qui n'ont point laissié leur noble enseigne, c'est assavoir la croix blanche et droicte et leur cry, Nostre Dame saint Denis (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 193). Et lors des deux parties fu fait un tresgros cry, auquel ilz marcherent l'un contre l'autre et commencerent par trait une bataille si aspre que l'aer fu tout couvert de saiettes et de pierres, voire et tout estonné de cris. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 147).

 

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Cri de la nuit. "Mot du guet, mot de passe" : ...Estre tousjours de haubergon armez, Faire escoutes qu'on ne soit eschelez, Savoir le cri de la nuit au certain (DESCH., Oeuvres Q., t.5, c.1370-1407, 114). ...et tant allerent qu'ilz trouverent les deux escoutes, qui estoient approuchées prez du pont. Ilz savoient le cry de la nuyt. Quant ilz ouyrent leurs gens, ilz demanderent : "Qui vive ?" Et ilz respondirent : "Sainct Michel ! Parvanchières !" qui estoit le cry de la nuyt. (BUEIL, I, 1461-1466, 206). Ung aultre commenchoit à faire noise, auquel il fut dit que, s'il ne reveloit le cry de la nuit, qu'il seroit mis en tel point que les aultres (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 558).

 

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P. méton. "Devise" : ...[les] roys d'Armenie (...) sont extraiz de la noble lignie du roy Elinas d'Albanie et de Lusegnen. Et encores jusques au jour de la perfection de ceste histoire (...) est apparant, car les roys de Chippre et les roys d'Armenie en portent les armes, et le cry, et le seur nom. (ARRAS, c.1392-1393, 307). De grans barons estoit ce logis plain ; Je recognus les armes et les cris (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 166).

C. -

"Expression de qqc. (notamment d'une protestation)" : ...pource que nous desierions [sic] l'escroissement et le bon estat de notredite ville, et pour le grant cry dou pueple, ne povons ces choses passer soubs dissimulation (Chartes communes Bourg. G., t.1, 1332, 61). Tu as fait cri contre l'eslargissement des despenses et les legieretez et esbaudissemens des jounes nobles homes, mais tu n'as pas gecté ton obprobrieuse voix contre les desloiales effusions de sang humain qui ont froissié le lien de justice et ouvert le chemin de abhominacion. (CHART., Q. inv., 1422, 41).

 

-

Loc.

 

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À haut cri. "En parlant fort, à voix haute" : Adonquez se leverent .II. loiaus chevaliers Qui dirent a haut cri... (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 100). Pour ce sivent Florent et crient a hault cris : "Par Mahon, n'en irés, fel cuvert malaïs !" (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 124). Et le nain qui l'oÿ venir, si cria a hault cris au plus tost qu'il pot : "Ha, beaux filz Jaians, sans Nom, arreste tout coy..." (Chev. papegau H., c.1400-1500, 86). Notez de saint Bernard qui dist au dyable : s'il vouloit demander pardon et dire : Miserere mei, Deus, il luy promettoit pardon ; l'ennemy en rechignant par le demoniaque a haulz cris s'en ala. (GERS., Trin., 1402, 165).

 

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En bas cri. "À voix basse" : Et alors dirent les barons en bas cry entre eulx que, se il n'eust illecques ses parens et amys, qu'ilz l'eussent honny, lesquelz parens estoient tous armez. (Doolin de Mayence V, P., a.1500, 16).

D. -

"Proclamation"

 

1.

"Proclamation émanant d'une autorité (pour annoncer, ordonner, interdire qqc. ...)" : Li dus d'Ango commanda que on allast à l'assaut et que çascuns s'i esprouvast sans faintise, et fist assavoir par un cri et par un hirault que li premiers qui enteroit dedens Duras, il gaigneroit cinc cens frans. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 22). Item, cogneut que, quant les treves furent criées et publiées oudit pays de Limosin, il, en obeissant aus criz et ordonnances sur ce faites... (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 198). Et de ce que dit est, et du cry et proclamacion, et de l'ordonnance dessusdicte, la Court commanda registre et cedule estre faicte par maistre Nicolas de Lespoisse (FAUQ., I, 1417-1420, 354). Quant ilz furent tous deux en point et, pour abregier, tous les cris et deffenses faites que en tel cas appartient, le roy commanda les faire saillir hors de leurs pavillons. (LA SALE, J.S., 1456, 126). Et, ce mesmes jour, ces choses furent publiées à son de trompe par les carrefours de Paris, en la presence de sire Denis Hesselin, esleu sur le fait des aides à Paris. Et, incontinent après ledit cry, tout le populaire, oyant icellui, crioient de joye et de bon vouloir Noel. Et en furent faiz les feux parmy les rues. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 77).

 

-

Cri de mort. "Proclamation d'une condamnation à mort" : Le roy l'endemain envoya Ses buzines et commanda Qu'a la porte son frere alassent Et le cry de mort buzinassent. (...) Son frere qui n'ot rien mesfait, Ce luy sembla, se lamentoit, Quant sa mort buziner ouoit. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 451).

 

-

Cri public. "Proclamation qui se fait, après rassemblement des gens (par son de trompe ou autrement) sur une place publique" : ...fu deffendu, sur paine de la hart, par cry publique et à son de trompe, que nul ne print ou emportast aucuns biens par la maniere dessusdicte (FAUQ., I, 1417-1420, 127). ...affin qu'ilz n'aient cause d'en pretendre aucune ignorance, vous prions de rechief que les choses dessus dictes faictes crier et publier par cry publique et à son de trompe (Lettres Louis XI, V.M., t.10, 1446-1483, 193). ...et faire assavoir par cry publicque que tous ceulx qui auront ou sauront aucuns des biens dudit Cuer et dont sesdiz facteurs, clercs et servicteurs avoient administracion et gouvernement, les vous rapportent ou les vous révellent dedens quinze jours d'après, sur peine d'amende arbitraire (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 16). Et, le samedi veille de Penthecouste, XXIIIIe jour dudit moys, oudit an mil IIIIcLXVI, furent leues et publiées en ladicte ville de Paris, par les carrefours d'icelle, à son de trompe et à cry publique, le mandement du connestable de France, dedens lequel estoit inseré le mandement du roy, qui contenoit que le roy estoit deuement informé que les Anglois, ses anciens ennemis, en grosse et merveilleuse armée, estoient deliberez d'entrer et descendre ou royaume de France (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 158). ...lesdiz officiers et gens de justice de ladicte ville de Partenay ont fait adjourner par cry publicque fait audit lieu de Partenay ou autrement ledit suppliant, à estre et comparoir en personne, sur peine de bannissement, de confiscacion de corps et de biens, pour occasion des cas et des choses dont dessus est faicte mencion (Doc. Poitou G., t.12, 1475, 20). De deffendre ou faire deffendre de par nous à tous generalement et par cry publique, si mestier est, que personne vivant, de quelque auctorité ou estat qu'il soit, et especialement à noz cousins les contes de Foix et d'Armaignac, duc de Nemours, seigneur de Lebret et conte d'Estarac, qu'ilz ne soient si hardiz de mettre sus ne entretenir gens d'armes sans avoir sur ce exprès mandement ou commandement (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 229).

 

-

Faire/publier un cri : ...fault faire trois cris ou champ : c'est assavoir que nul ne soit si hardi de venir à cheval... (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 309). ...veu l'accusacion dessus ditte et denegacion faite par iceulx prisonniers (...) le cry et edit solempnel sur ce fait et crié publiquement (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 304). ...le secont cri fut fait à Fontenay par moy sergent dessus dit, en plain marchié (Doc. Poitou G., t.6, 1390-1403, 124). ...je ne sçay quelle conclusion la chose prendra ne a quel tiltre ledit cry a esté fait, et que je vouldroie eschever a toutes riotes et dangiers (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 156). Et, fut ledit cry publié à Paris le dimenche, XVIIIe jour de may, oudit an IIIIcLXXVII. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 50).

 

.

Faire le cri que. "Faire proclamer que" : Lors le cri l'emperere fu par mi Romme fès Que trestous, haus et bas, venissent sans arès Pour faire sacrefice devant lez mahommez. (Vie st Eust. 1 P., c.1350-1400, 110). Li maires de Londres leur noncha tout cela et fist li crit de par le roi que, qui voloit parler au roi, il alast en le place dessus dite, car li rois iroit sans faute. (FROISS., Chron. R., X, c.1375-1400, 110). Apres fu fait cri de par le Roy Loys que ycelle journée au vespre fussent fais luminaires, et ainssi fu fait au vespre feus par les rues comme à la Saint Jehan et aus fenestres torses et chandelles. (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 156). Si fu, de par le roi, fais uns bans et un cris d'un sergant d'armes a cheval tout parmi la ville et chité de Evruich, que nuls, sus la teste a perdre, ne fesist debat ne rihote (FROISS., Chron. D., p.1400, 121). PHARAON. Que l'en face aussi cry publique Que tout homme de toute essence (...) luy face reverence [à Joseph]. (Myst. Viel test. R., t.3, c.1450, 103). Que farons nous, mes bonnes seurs ? On a fait maintenent les cris Qu'on vaise avec les seigneurs, Lesqueulx par leur maulvaises meurs Ont fait juger Jhesus en croix Devoir pendre. Helas, queulx pleurs Et queulx doleurs ouyr telz voix ! (Pass. Auv., 1477, 182).

 

.

Faire proclamer à haut cri que : LE CONTE. Je commans qu'il soit endité A hault cri, en plain quarrefour, Que tantost, sanz faire sejour, De chascun hostel un homme isse, Qui viengne vëoir la justice (Mir. enf. ress., 1353, 49). Si fist crier, sans nul detry, Parmi son ost, à moult haut cry, Que toute maniere de gent, Grant, petit, seigneur et sergent, Le sievent tuit et sans faillir, Car il vuet la ville assaillir. (MACH., P. Alex., p.1369, 84).

 

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[Des habitants d'une ville] Avoir cri. "Avoir le droit de faire des annonces publiquement" : ...les habitans d'une ville qui n'ont corps, cri ne commune ne puent constituer procureur sanz la licence de leur seigneur (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 125).

 

2.

En partic. "Proclamation faite par le héraut avant le tournoi" : Et lors cria un herault par trois foiz : Laissiez les aler, faictes vostre devoir, faictes vostre devoir. Comment Remondin desconfit en champ Olivier, le filz Jossellin. Or dit la vraye histoire que, quant ly criz fu faiz, que Remondin mist le bout de la lance a terre et la coucha sur le col du destrier, et fist le signe de la vraye croix par trois foiz. (ARRAS, c.1392-1393, 62). Quand les six champions furent prests et appareillés d'issir hors de leurs pavillons, en attendant les cris, défenses et ordonnances accoutumées de faire au champ clos, incontinent furent faites et publiées aux quatre corons des lices, les défenses de par le roy d'Escosse, à son de trompe, par trois fois (Faits Lalaing K., c.1470, 174). Pendant ce temps se faisoient les cris par les roys d'armes et heraulx aux quatre coings de la lice, et commandoient, de par le duc de Bourgoingne, que nul ne demourast en la lice close, s'il n'estoit commis du duc ou de son mareschal, ou s'il n'avoit de sa personne combatu en lices ou champs clos (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 300).

 

3.

[Domaine du commerce]

 

-

"Proclamation d'une vente aux enchères" : Les quels moulins, place et appartenances je fis crier publiquement et subaster en plains marchez, en la ville de Frontenay et ès lieus d'environ, par trois foiz, par la maniere qu'il est acoustumé de faire. Emprès les quelz criz et subastacions, nulle personne ne se comparut ne vint (Doc. Poitou G., t.2, 1334, 107).

 

-

Bailler/mettre qqc. à cri et à crois/à cri et rabais. "Mettre qqc. aux enchères après en avoir fait l'annonce" : ...le moulin (...) seroit mis a cris et a crois au plus offrant et dernier encherisseur a celluy ou a ceux qu'ilz voudroient audict lieu reffaire et ediffier un moulin (Trés. Reth. L., t.3, 1441, 201). Item, est ordonné que tous ouvrages passans cent s. seront d'oresenavant bailléz à cry et rabaiz le mieulx et le plus prouffitablement que faire se pourra. (Hist. dr. munic. E., t.2, 1447, 628).

 

4.

P. ext.

 

a)

"Nouvelle, bruit qui court" : En le chité de Romme en est venus ly cris Que desconfis estoient les Sarrasins maldis. (Belle Hélène Const. R., c.1350, 580).

 

b)

"Réputation"

 

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[Avec une valeur négative] : Combien qu'il [les cardinaux] soient saiges et proudommes, Symonie, qui les environne, Lour fait perdre lour renommee. Au pape en donnent cry, sans doubte, Des faulx tours qui sont en lours coulpes (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 49). "...Li cris est beaux et bons, et s'affiert a gens d'armes Qu'il mettent en perir leur bien, leur cors, leur armes." (Gir. Ross. H., c.1334, 216). Ancor m'ont il plus tromppé : De larron m'ont donné cry, Et sur un cheval troussé Par l'ost m'ont mené ainsy, Crians : "Amblé a cecy ! Pendez ! Ne le laissez mie !" (DESCH., Oeuvres Q., t.4, c.1370-1407, 271).

 

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Mauvais cri : Cilz qui vuet venir a grant pris Se doit garder de mavais cry, De chouse que li tourt [var. l. tourne a] a lait. (DUPIN, Mélanc. L., c.1324-1340, 204).

 

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[Avec une valeur positive] : Chis chevaliers, dont je vous dis, Par tous lieus avoit si grant cri Que en estoit trop grant mervelle (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 350). ...Et se tes filz est chevaliers, Il lui couvient les trois mestiers D'armes, la guerre et le tournoy Poursuir et jouster par soy, Et emprandre divers voyages, Et passer par divers passaiges, Par desers, par mer et par terre, Et par tout ou il sera guerre. Et pou vauldroit sa renommée, S'il n'emportoit d'une journée Nom et cri par solemnité De dire: "Un des bons a esté, Ou le meilleur." (DESCH., M.M., c.1385-1403, 74). Jamais memoire ne sera De tot, toi mort par ton default, Se par mariage ne sault Aucuns hoirs pour representer Ton nom, ton cri (DESCH., M.M., c.1385-1403, 337). Qui est ce charbonnier ? (...) De quoy lez heraulz portent le cry si haultement (Cip. Vignevaux W., p.1400, 74).

 

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Avoir le cri. "Être l'objet de rumeurs flatteuses, être célèbre" : ...le bon charbonnier Hellie o le corps gent Qui en celle journee si prouva tellement Que de tous lez hyraux ot le cry plainement. (Cip. Vignevaux W., p.1400, 73).
 

DMF 2020 - Synthèse Pierre Cromer

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