C.N.R.S.
 
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     ESTABLE1          ESTABLE2     
FEW XII stabilis
ESTABLE, adj.
[T-L : estable ; GD : estable1 ; AND : estable2 ; DÉCT : estable1 ; FEW XII, 221b : stabilis]

A. -

[Idée de persistance, de validité dans la durée ; d'une chose abstr. ou concrète]

 

1.

[D'un arrangement, d'une décision, d'un traité...] "Ferme, décisif, durable" : LE ROY. Mi conmant doivent estre estable, Ne nulz roys ne se doit desdire. (Mir. femme roy Port., c.1342, 159). Pour ce que foible je me sens, Trop plus de biens que de sancté, Tant que je suis en mon plain sens, Sy peu que Dieu m'en a presté, Car d'autre ne l'ay emprunté, J'ay ce testament tres estable Fait, de derreniere voulenté, Seul pour tout et inrevocable. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 28).

 

-

Avoir ferme et estable un arrangement, une décision, un traité... : Promettans en bonne foy et parolle de roy avoir agreable, ferme et estable tout ce que, par nostredit cousin et lieutenant sera sur ce fait et besongné, voulans les congiez qui seront par nostredit cousin et lieutenant baillez et donnez estre d'autel effect et valleur comme se nous mesmes les avions baillés et donnez. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 336).

 

-

Tenir (pour) ferme et estable un arrangement, une décision, un traité... : Ensi furent les alliances de ce temps faites entre le roy Phelippe de France et le roi David d'Escoce, qui se tinrent fermes et estables un lonch temps. (FROISS., Chron. L., I, c.1375-1400, 147). Toutes ces coses furent seelées, confermées et accordées et jurées à tenir fermes et estables à tousjours mais entre l'un roi et l'autre et leurs roiaumes. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 118). Et prissent de toutes ces paroles, ordenances et convenances, li signeur et les bonnes villes, lettres seelees et instrumens publiques a tenir ferme et estable a tousjours mes, sus painne de encourir en contredit de Ronme et sentense d'empereur. (FROISS., Chron. D., p.1400, 415). Sy promettons et avons en convens loyalment et soux l'obligation de tous nos biens et heritages et de la dite ville, à avoir et tenir pour ferme et estable toute ce que par nos dis procureurs ou l'un d'eulx sera fait, dit (Hist. dr. munic. E., t.2, 1413, 519). Item, le roy compromettra le traicté dessus desclairé, ès mains desdits cardinaulx, embaxadeurs, tenir ferme et estable, sur paine d'excommuniement, agravacions, ragravacions, et de toutes autres censures d'église, dont lectres seront faictes et passées souffisantes et approuvées. (Doc. 1450. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1 c.1437-1464, 203). ...ce qu'il en diroit ou ordonneroit seroit tenu ferme et estable par les dictes deux parties. [D'un juge qui rend son arbitrage] (C.N.N., c.1456-1467, 393). ...promectans de bonne foy et en parolle de Roy avoir et tenir ferme, estable et agréable, tout ce que par nostre dit cousin, le sire de Craon, nostre lieutenant, sera fait (Archives servit. Louis XI, T., 1475, 74).

 

.

Tenir (à ferme et) à estable qqc. "Tenir, respecter qqc." : Et sera tenu a ferme et a estable, pour tousjours mes, ce que deposé en sera (FROISS., Chron. D., p.1400, 212). ...Raison, qui est mere de loyauté, veult sus toutes riens que vous tenez a estable ce que vous avez prommis au chevalier (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 18).

 

2.

[D'une chose concrète] "Assuré de durer" : Car vindrent lors au devant de ma memoire pluseurs dis de la saincte Escripture et des hystoires et de experience, qu'il n'est si riche maison, si noble ou ferme cité, et puissant royaume, si estable empire que ceste beste infernale qui est composee de deux vices qui semblent contraires, c'est assavoir de prodigalité et de rapacité, ne perde et abate, ne degaste, ne subvertisse du tout en tout se elle s'i embat et y demeure. (GERS., Noël, p.1404, 309). ...car nul royaulme fors le sien n'est permanent ne estable. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 36).

 

3.

[D'une réalité vue d'un point de vue religieux] "Durable, immuable, éternel" : ...il [paradis] est ferme et estable, car il n'a nulle mutacion (Mir. march. larr., c.1349, 91). Et ainsi avra le beneuré ce de quoy estoit la question, c'est assavoir de sa felicité permanente, ferme et estable, et sera beneuré tout le temps de sa vie. (ORESME, E.A., c.1370, 134). Qui te peult doncquez en terre remouvoir de ta fiance, quant ton espoir est fondé es cieulx, ou pour quoy te deffiez tu de celuy en qui demeure eternellement invariable seurté, et certaineté estable. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 93). Quiers la variation du monde es choses qui de soy sont muables, et laisse a Dieu son estable permanence sans scrupules et sans doubtes. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 161). Ceste vie n'est pas estable, Mais est transitoire et mortelle, Et l'autre vie n'est point telle ; En ceste n'a qu'aflixion, Misere et tribulacion, Et l'autre vie est adurée. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 151). Or voy je qu'il n'est rien estable Desoubz le ciel ; tout est vertible. (Pass. Auv., 1477, 106). Voyez (cy) le calice en presence, Buvez le de cueur pur et franc, Car c'est ycy mon propre sang Du nouveau testament estable, Qui pour toutes gens charitable Piteusement s'effondera, Par quoy au peuple fondera De ses pechéz remission. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 654).

 

4.

[D'un sentiment] Ferme et estable. "Qui a une certaine permanence" : Aprés il [Aristote] monstre que teles amistiéz ne sont pas fermes, ne estables ou durables. (ORESME, E.A.C., c.1370, 417). ...nonobstant lesquelles tousjours ont vos diz subgés monstré leur loyaulté ferme et estable en souffrant et endurant, et hoc propter te . (JUV. URS., Loquar, 1440, 307).

 

5.

[D'une monnaie] "Dont la valeur ne varie pas" : A celle ordenance tenir et obeir estoient assés d'acort cil de Poito, de Saintonge (...) et de le Rocelle, parmi tant que li princes devoit tenir ses monnoies estables sept ans. (FROISS., Chron. L., VII, c.1375-1400, 67).

B. -

[Idée de solidité, de résistance au changement]

 

1.

[D'une chose concrète] "Solide, affermi" : DIEU. Or sont nos beaulx cieulx compasséz, Terre estable et mer terminee Et nostre sixiesme journee De vespre et matin faite et clouse. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 17).

 

2.

[D'une chose abstr. (opinion, argument...)] "Solide, établi, assuré" : Soieis d[es]ors mais caritable Et aies vos pensee estaubles De carité tous iour siwir. (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 231). Il est bien chose veritable, Et se le fais ferme et estable, Que, quant je m'en vi esseulés, Je me trouvay si adolez Que je ne savoie que faire, Ne riens jugier de mon affaire... (MACH., D. Aler., a.1349, 290). Ma dame, par ses damoiselles, A alligué raisons trés beles Et toutes choses veritables, Fermes, seüres et estables, Toutes traites de l'escripture Et ramenées a droiture. (MACH., J. R. Nav., 1349, 263). JANICOLA. (...) Moult sont les choses fortunees De ce monde par trop muables, A paine en voy nulles estables ; Si n'a maiz en nul foy certaine. (Gris., 1395, 85). ...telles manieres de gens ne sont point taillez de faire haultes choses qui aient grans racines, et n'est pas fundement estable. (JUV. URS., Loquar, 1440, 418). ...le prophete Simëon A preschié, par raison estable, Ceste chose estre veritable (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 133). Le conseil pris a teles gens est ferme et estable, car il est meur et bien pesé. (FILLASTRE, Traité Conseil H., c.1472-1473, 165).

 

-

"Qui ne bouge pas, stable, fixe" : Se vous diray ce qui m'i fait doloir : Dame, il me samble Qu'une chose qui se part et assamble En pluseurs lieus, et avec c'elle tramble Et n'arreste ne que fueille de tramble, Et n'est estable, Eins est toudis changant et variable, Puis ci, puis la, or au feu, a la table, Et puis ailleurs, c'est chose moult doubtable, Car nullement On ne la puet avoir seürement... (MACH., J. R. Beh., c.1340, 97).

 

-

[D'une parole]

 

.

"Ferme, conforme à la réalité" : SATAN. Or fay ces paroles estables, Ou tu [Dieu] n'es mie veritables ; Et met a condempnacïon Adam et sa successïon ! (Myst. Adv. N.D. R., c.1360-1365, 68).

 

.

"Digne de confiance" : ...et pour ce se doit il [le roi] garder qu'il ne die rien qui ne soit veritable et estable (FERRON, Jeu eschaz mor. C., 1347, 164).

 

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"Irrévocable" : ...il est plain de si grant orgueil et de sy eslevee oultrecuidance qu'il veult, comment q'il soit, que ses parolles demeurent estables. (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 99).

 

3.

[D'une pers., d'un aspect de la pers.]

 

a)

"Inébranlable, ferme, impavide" : S'en ce te fermes, Tu en seras si bien parez Qu'aus philosophes comparez Seras, qui tant furent estable Qu'il n'estoit riens, tant fust doutable, Qu'il n'amassent mieus recevoir Que ce qu'on peüst parcevoir Qu'en leur bon propos variassent Ne que verité declinassent (MACH., C. ami, 1357, 63). Nulz homs ne puet en amours pourfiter Qui n'est souffrans et d'estable corage Et qui ne vuet à tous maus resister Et en tous biens maintenir son usage ; Car cilz qui est garnis de cuer volage Ne doit avoir par raison don d'amie : Telle est d'Amours la noble signourie. (MACH., L. dames, 1377, 101).

 

-

Estable en qqc. : ...Abraham fu trouvez estables En temptation et fiables, Et ce la li fu reputé A justice et a verité. (MACH., C. ami, 1357, 58). Mais Jason demoura ferme et estable en son propos, disant que pour mort ne pour peril il ne se depporteroit de son emprise. Meismement et couclut que l'endemain sans aultre terme il en prenderoit la fin (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 202).

 

-

"Ferme, déterminé, solide" : ...vous devez estre estable et constant en vos oppinions (JUV. URS., Nescio, 1445, 465). ...fault que tieulx conseilliers en donnant leurs consaulx soient fermes et estables (JUV. URS., Verba, 1452, 316). Il fault que sans arrester plus Tout vostre sens soit respandu D'aller par le païs compter La foy de Dieu et augmenter Son digne nom sans rien doubter, Ains vous tenez ferme et estable. (DU PRIER, Roy Adv. M., 1455, 63). Pour luy faire guerre trop detestable, Chascun se monstre en cest affaire estable. (LA VIGNE, S.M., 1496, 228).

 

.

Estable à + inf. "Déterminé à + inf." : ...convenable a aimer, fort a souffrir et estable a perseverer. (Internele consol. P., 1447, 77).

 

-

"Qui reste sur place pour résister" : La donques ou li Romain virent que li Etrurien estoient touz estans et exposez a soustenir les couz, si que comme il n'eussent ja de quoy il se peussent assez covrir aucuns en y avoit qui commençoient a reculer et toute la bataille a floter et a estre non estable, il recommencierent le cri aussi comme au premier, si que li hasté et li prince pristrent leurs glaivez et assaillirent moult fierement. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 35.6, 64). Ci devise de la piteuse mort du roy Exercés. La orent du pis ly Persent ! Trop les vont les Grieux engoissant, Petit pevent, mais estre estable (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 250).

 

b)

"D'humeur égale, tranquille" : Es tavernes vont voulentiers, Car c'est leur souverain mestiers ; Aux eschés, aux dez et aux tables Jouent ; en rien ne sont estables ; Riotes meuvent et contemps A leur pouoir en trestous temps (DESCH., Oeuvres R., t.7, c.1370-1407, 314).

 

c)

[Avec d'autres adj. pour qualifier une personne de qualité] "Qui ne change pas, stable, constant, fidèle, sûr" : Si que dont, quant je la vëoie Vis a vis et que remiroie Son port, son maintieng, sa maniere, Qui plus est estable et entiere Que nulle qu'onques mais veïsse, Bien estoit drois qu'en retenisse Aucun notable enseingnement, Quant dou souvenir seulement Meintes fois par Douce Pensée Ma maniere estoit amendée. (MACH., R. Fort., c.1341, 8). Car elle [Fortune] n'est ferme n'estable, Juste, loyal, ne veritable (MACH., R. Fort., c.1341, 34). Bonne Amour, je te fais hommage De mains, de bouche, de corage, Com tes liges sers redevables, Fins, loiaus, secrez et estables... (MACH., R. Fort., c.1341, 157). Li dieus qui point ne faut ne ment, Qui n'a fin ne commencement, Qui est fermes, justes, estables, Regnans sans fin et pardurables, A veü et congnut les ouevres De quoy tu as ouvré et ouevres. (MACH., C. ami, 1357, 32). Pour Dieu, ne soies variables, Mais justes, fermes et estables, Autant pour toy com contre toy, Et n'oublie pas mon chastoy, Car ç'affiert trop bien a personne Qui vuet que Dieus honneur li donne. (MACH., C. ami, 1357, 102). ...je l'aim de loial cuer parfait, Ferme et estable... (MACH., F. am., c.1361, 171). Mon tresdoulz cuer, ma douce amour et mon tresdoulz ami ! J'ai receu vos lettres. Et sachiés que je me merveille moult de la petite fiance que vous avez en moi, qui cuidiés, pour ce que je vous ai un pochet trop tardé a escrire, que je vous doie oublier et mettre en nonchaloir. Si sui moult deceue en ceste partie, car je ne pense pas tant de mal en vous come vous faites en moy : car se vous ne m'escrisiés ne veiés jusques a un an, qui me seroit moult dure chose, si tien je vostre cuer si bon et si estable que vous ne m'oublieriés mie ; et toute personne qui ha bien et loiauté en li, le doit ainsi penser des autres. (MACH., Voir, 1364, 536). Si que je li ajousteray Quant ce livre parfineray, Qu'il est preudons, et s'est estables, Liés, larges, loiaus, veritables, Justes, sages, bien avisez ; Et, se très bien le devisez, En tout est de si bon affaire Com nature puet homme faire, Asses vous en deviseroie. (MACH., P. Alex., p.1369, 218). ...car ilz communiquent ensemble et se delitent en mauvaises oeuvres et ne sont pas estables (ORESME, E.A., c.1370, 495). [Fortune] Mout accues, Puis desaccues. Or joie esmues, Après faiz duelz, Mains estable que cours de lune, Que ne te duelz Quanque tu pues, Quant hors des muels Est mis tes rois [roue]. (MACH., Les lays, 1377, 477). LA SECONDE DAME. (...) Bien maleureuse est qui se fie En noblece si pou estable. (Gris., 1395, 84). Je vous suply que des or mes Soyés loyal et veritable, L'un a l'autre ferme et estable (Livre amour. all. F., c.1398-1430, 85). Ainsi savons par l'escripture Combien cestui siecle a duré, Ou l'en a mains maulx enduré Par Fortune, qui est muable, Ne nul jour n'est constant n'estable (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 144). Ung Fabius en foy non defaillable Vous tient chascun, vray, constant et estable, Duc d'Orliens, prince tresredoubté. (ROBERTET, Oeuvres Z., c.1450-1500, 88). Artus eut nom, de France connestable, Saige, vaillant, vertueulx et estable (MESCHIN., Lun. princes M.-G., c.1461-1465, 10).

 

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Estable de/en qqc. "Constant en qqc." : Chier frere, cuer de roy doit estre estable en toutez vertus et bonnes operations. (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 88). Encor en est il plus certeins Par un point qui n'est pas lonteins, C'est quant elle n'est point contraire A tout ce qu'il vuet dire et faire La ou Raisons se puet estendre - Autrement ne le vueil entendre - Et s'est adès ferme et estable De propos, sans estre muable, En gardant franche loyauté Par la vertu de verité. (MACH., D. Aler., a.1349, 401).

 

-

"Fiable, en qui on peut avoir confiance" : CAŸPHE. ...Pourras tu prouver ceste injure De quoy tu dis qu'il est coulpablez ? MOSSÉ. Oïl, sire, par gens estables, Par Marquin et Haquin ensamble ; Bien le scevent, sy com moy samble. (Myst. Pass. N.S. R., c.1350-1370, 152). Ovide, qui fu homs estable, Autrement expose la fable En disant qu'amour, qui tout vaint, En a mis a povreté maint (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 485). ...sa parolle et promesse est estable et ferme sur toute riens, ne point ne mentiroit. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 104).
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Pierre Cromer

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     ESTABLE1          ESTABLE2     
*FEW XXIV aestivalis
ESTABLE, adj.
[GD : estable2 ; *FEW XXIV, 233b : aestivalis]

"Estival" (Scheler) : Et ovroient toudis en la saison estable (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.3, a.1400, 730).
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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