C.N.R.S.
 
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     ESTECHER     
FEW XVII steken
ESTECHER, verbe
[T-L : estechier ; GD : estachier1 ; AND : estaché ; FEW XVII, 226b : steken]

Région. (Picardie)

I. -

Empl. intrans.

 

-

"Se ficher" : ...Car le teste avoit emplumee Et cavelure hurepee Qui en ses yeux ly estequoit Et moult tres mal ly avenoit (Dit prunier B., c.1330-1350, 49). L'enseingne de Boulongne a fait haut estequier, Si c'on le voit de loncz (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 251).

 

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"S'enfoncer" : Mors se fussent andoy li nobille hiretier, Quant Sarazins y vinrent pour leur signeur aidier Et Escochois alerent as paiiens estequier. (Jourd. Blaye alex. M., a.1455, 860).

 

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"Piquer (des éperons)" : Et là sceurent cheval que esperon valloient, car, quanque il pooient estekier, il ne cessèrent jusques il furent sus le cauchie (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 250).

II. -

Empl. trans.

A. -

"Enfoncer, planter, ficher" : Or orez d'Escorfaude qui fist a resongnier : Au keval Durendal se prist a avanchier, Fierement l'assailli et prist a dehaignier, Ou ventre li ala ses dens si estequier Si que tous les boiaux li a fait hors vidier (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 522). Il cuèrent ["quèrent"] le soudant ; mais point ne le trouvoient. Dedens le tour maudite no crestiien entroient, L'enseigne au noble roy sur la tour estequoient. (God. Bouillon R.B., t.3, c.1356, 260). Si desquerquèrent et estequèrent au lés devers eux un grant et gros planchon, et puis i aloiièrent la corde. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 11).

B. -

"Fixer, mettre" : Que aucuns ne mette, estecque, pende ne attaque cuirs, toilles ne quevilles aucunes aux murailles de le forteresse de ceste ville. (Arch. Lille, 1398, BB1, n° 374, f° 55, IGLF). Voyant ce, j'estechay mes poulces en ma chainture, puis me mis au cours en disant : "Dame, par courtoisie, que je puisse parler a vous !" (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 573).

 

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"Assembler obliquement (deux pièces de bois), embrever" : ...8 loiens qui sont estecquiés es seulles (Doc. 1409. In : Y. Coutant, Terminol. du moulin médiév. dans le comté de Flandre, 1994, 651).

C. -

"Asséner (un coup)" : ...Vers le conte de Clerves s'est alés avanchier, De la lanche li va .j. tel cop estequier, Qu'ou moilon de ses gens l'abati du destrier. (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 212). Là commencièrent à traire, à lanchier et à estechier li un à l'autre grans cops et apers (FROISS., Chron. L., VI, c.1375-1400, 224). Il demanda chierquemanage ["bornage (d'une propriété)"] et atraist le dicte Catelotte a estecquier son cop ou lieu ou fist li dis Laigniel, si que elle fist. (Arch. Nord, 1411, B 10367, f° 30, IGLF).

D. -

"Frapper avec une arme pointue, piquer, transpercer" : Diex ne voeilt pas son corps dessus la crois dréchier, Né le sien corps soufrir de la lanche estequier (Baud. Sebourc B., t.1, c.1350, 76). Et Baudewins li va de son espoi lanchier, En l'oint vers le boudine le cuida estequier, Mais les plates ne pot par là adamagier (Baud. Sebourc B., t.2, c.1350, 358).

 

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Empl. abs. : La viennent main a main de lances estequant Chevalier et gens d'armes, l'un a l'autre frappant (Flor. Rome W., c.1330-1400, 228). Adont prist Gerard son glaive entre ses mains, aussi firent les compaingnons, et commenchierent à estequier sus ces chevaulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 165). En estant se leva si se prent a saignier Regarde les barons ferir et estecier (Ami Amile A., c.1400-1500, 67). [...ils voulaient] entrer de forche et malgreit cheux qui logiet y estoient, en esteckant a l'huisserie et as parois si qu'il y eut brisure. (Arch. Nord, 1409, B 11522, f° 6, IGLF).

 

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Part. passé en empl. adj. au fig. "Transpercé, frappé par une émotion intense" : Quant la belle, qui escuitoit, ouyt ce [la plainte d'Ogier se croyant condanné à mort], sy vint ens en disant : "Damoisel sire, laisiéz esteir, car vous n'aveiz garde : j'ay bien ouy dire que Charlez sy n'oseroit vous mettre a mort." Quant Ogier l'ot, sy est estechiéz : il soy tournat et at embraciéz ; celle le baise qui mult disiroit. (JEAN D'OUTREM., Myr. histors G., a.1400, 34).

III. -

Empl. pronom. réfl. "Se frapper avec une arme pointue" : Margherite de Waugiermés (...) par argut s'estoit estecquye en son hattriel d'un coutiel et tellement navree que elle en alla de vie a trespas. (Arch. Nord, 1424, B 10384, f° 24, IGLF).

 

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Empl. pronom. réciproque : ...et se commencierent mout fort a envaÿr, puis a ferir, puis a estequier, tant qu'il fu une grant piece que on ne sceut auquel donner l'onneur. (WAUQUELIN, Faits conq. Alexandre H., c.1450, 34).

REM. Les sens d'estacher, d'estecher et d'esticher se recouvrent partiellement. GD réunit les trois verbes sous estacher1 ; T-L a deux entrées : estachier et estechier (cette dernière regroupant les formes d'estechier et d'estichier). FEW distingue trois étymons. Cf. G. Roques, R. Ling. rom. 50, 1986, 295 et T. Matsumura, R. Ling. rom., 62, 1998, 142, pour l'aspect régional.

V. aussi estacher, esticher
 

DMF 2020 - Lexique complémentaire 2007 Pierre Cromer

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