Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500) - ATILF - CNRS & Université de Lorraine

[D'une chose perçue comme positive] : Li tournois dure sans falir (Dame Lycorne G., c.1349-1350, 157). La jouste dura long temps, et assez tost après failli et fu temps et heure de soupper. La jouste departy et soupperent. (ARRAS, c.1392-1393, 191). ...et estoit le temps de la prorogacion sur le point de faillir (BAYE, I, 1400-1410, 6). ...jusques audit jour de jeudi que ladicte trefve devoit faillir (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 101). Mais, avant le partement desdictes gens de guerre d'aler oudit pays de Bretaigne, fut donné delay audit dudit duc de Bretaigne de dix jours entiers, qui faillirent le XVe jour de fevrier, pour donner au roy sa response de tout ce qu'il avoit intencion de faire (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 235). ...pour le fait de la tresve d'entre eulx, qui failloit le IIIIe jour de may IIIIcLXXII. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 263). Que leur valut avoir chevances N'en grans liz de paremens jeu, Engloutir vins, engrossir pances, Mener joyes, festes et dances, De ce fere prest a toute heure ? Toutes faillent telles plaisances, Et la coulpe si en demeure. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 133). Je puis bien dire sen faillier Car je luy vois la vie faillier. (Pass. Autun Biard F., 1470-1471, 107).

Part. passé "Fini, achevé, qui a pris fin" : Ha ! doulx Aubin ! la compagnie D'entre nous deux si est faillie Malement brief ! (Mir. femme, 1368, 192). Si fus si foible et envieillie, Ains que ma vie fust faillie, Que du don je me repenti (CHR. PIZ., Chem. estude P., 1402-1403, 25). Et quant venra qu'ilz seront departiz et la feste faillie, et sa maistresse sera retraicte, pourra avenir se la dicte maistresse est privee d'elle, lui en entrera elle meismes en paroles (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 98). Les nopces furent honorablement faictes en grand solennité (...) et tantost après la feste faillye... (C.N.N., c.1456-1467, 496). La feste et solennité des nopces fut honorablement en grand sumptuosité faicte et celebrée ; la quelle feste faillie, il (...) fist tresbonne chere (C.N.N., c.1456-1467, 558). Fardeaulx leurs savez apprester, Dont vous ne voulez riens porter ; Trop bien savez vous regarder A voz seignories garder, Qui sont grosses et corporelles, Mais les loix espirituelles Sont en vous faillies et mortes. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 411). ...nous avons esté advertiz que mardi derrenier ilz tindrent ung conseil à Nantes, et, aprés que le conseil fut failly, l'en dit que le seigneur de Dunoys dist tout haut que, si vous mectiez le siege à Chasteaubryant, il essayeroit à vous lever (Lettres Ch. VIII, P., t.1, 1488, 344).

[D'un terme] "Arriver à échéance" : Et se il y a ventes de boiz de caables en ladicte forest et le terme de wyde en est failli, le demourant en est aux coustumiers sans amende, se ilz ne sont vendus au proffit du roy. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1407, 344). Encore en ai ge une maison Et une vigne pour seurté, Aultre chose aussi a foison ; Le terme a failly cest esté. (LA VIGNE, S.M., 1496, 510).

Treves faillies. "Trêves terminées, caduques" : ...la fin de ces presentes trèves faillies (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 189). Ou moys de may ensuyvant, nonobstant que ladicte treve ne feust expirée ne faillie, les manans et habitans de la ville de Cambray... (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 85). ...la treve, qui sur ce avoit esté entre luy, d'une part, et le duc en Auteriche, d'aultre part, estoit presque faillie (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 85).

[Du jour] : Et quant ja failli sera jour Ou que soit les enterrerons (Mir. st Panth., 1364, 369). Et pour ce que son entrée se fist si tard que le jour estoit failly, furent alumées par toutes les rues de Paris grant quantité de torches, falos et lanternes. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 199).

Heure de jour failli. "À la tombée du jour, au moment où le jour est tombé" : ...en la tennerie d'un nommé Saintot Le Hongre, tenneur, demourant en icelle ville, environ heure de jour failly, prindrent et emblerent en icelle tennerie un cuir rouge (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 264).

Jour faillant. "Crépuscule ; moment où le jour baisse" : ...et, ce fait, environ heure de vespres, lui et ledit Guillot (...) s'en alerent soubz lesdiz noyers, et illec attendirent jusques environ jour faillant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 18). ...dimenche au soir, environ jour faillant (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 158). Et en fin fu conquestié et prins de force, environ le jour faillant. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 55).

À jour faillant. "À la fin du jour" : ...il et sa dite femme (...) avec Jehan Baussay, dit Vente, leur vallet, et une femme leur chamberiere, et aucuns autres en leur compaignie (...) alerent à leurs dites maisons et y vindrent à jour faillant, nuyt entrant (Doc. Poitou G., t.2, 1346, 334). ...et tant chevauchay que a jour fallant j'entray en celle forest. (Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 96).

[D'une chose perçue comme nég. (rare)] "S'arrêter" : Mahon qui ses povres folz lye En leur folye, Faiz que faillie Soit leur erreur et les deslye De dampnacion trop cruelle. (LA VIGNE, S.M., 1496, 436).

[D'une pers.]

Faillir qq. part. "Finir, terminer qq. part (?)" : Car il est chose bien notoire : Qui veult es haulx saincts cieulx faillir, La voye est si tresperentoire Qu'a grant payne y peult on saillir. (LA VIGNE, S.M., 1496, 152).

Failli. "Être fini (fam.)" : En après il a proposé, Ainsi qu'ay entendu de luy, Que vous estes mort et failli. (P. moyne, a.1500, 50).

"Disparaître" : En corps qui avoient egestions de fiel, et sourdece vient aprez, tel flux cesse ; et se aucuns corps sont sours, et que telles egestions survienent, telle sourdece si faut et cesse. (SAINT-GILLE, A.Y., 1362-1365, 74). L'estoille est fallye promptement, Qui nous conduisoit en tout lieu. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 278).

[D'une rivière qui se jette dans une autre] : ...en venant d'icelle ville d'Ay à Moustereul où fault Yonne, lui et autres qu'il ne cognoist burent ensamble en une taverne d'icelle ville de Moustereul (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 243). ...et s'en allerent devers Moustreau ou fault Yonne (WAVRIN, Chron. H., t.2, p.1471, 318).

Rem. Sur le toponyme Montereau-faut-Yonne, où faut est subst., v. faut.

[De denrées] "S'épuiser" : ...car ilz eulrent grans deffaulte de vivres, pour ce que ceulx que ilz avoient amenez d'Angleterre estoient jà tous faillys et gastez de l'air de la mer (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 226).

[D'une chose plus abstr.] "Disparaître, s'anéantir" : Si avient souvent que, pacience faillie, toute obeissance, subjection et constance defaillent, et tourne l' ordre de vertu en desordonnee confusion. (CHART., Q. inv., 1422, 23). De madicte dame Blance, deux^me fille de Charles second, et femme de monseigneur Jacques, roy d'Arragon, nasquist monseigneur Jehan roy d'Arragon ; auquel celle lignie faillist. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 178). [C]'est la prison Dedalus Que de ma merencollie, Quant je la cuide fallie, G'i rentre de plus en plus. (CH. D'ORLÉANS, Rond. C., 1443-1460, 529). Primo ce maistre monachus Dit qu'il joura ung personnage Qui vauldra plus de cent escutz, Et se vante de faire raige, Et oultre dit en son langaige Que vostre puissance est faillie, Par quoy il aura l'avantaige... (P. moyne, a.1500, 51).

Se faillir. "Disparaître, s'anéantir" : ...ses pencees amolyes Ne se sont, quoy qu'ay volu dire, Ne ses entencions faillies Pour tost ma requeste desdire. (LA VIGNE, S.M., 1496, 406).

B. -

[Idée de manque]

Empl. intrans. "Manquer, faire défaut"

[D'une chose] : Je sui aussi hors de mon droit Chemin, car vezci un destroit Ou chemins faillent. Que feray ? (Mir. march. larr., c.1349, 114). L'entendement donques, quant les autres cognoissances faillent, si se met avant et monstre sa force (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 159). ...et que là, se les choses que ilz lui avoient baillées estoient faillies et employés, ilz lui en baudroient des autres et de l'argent avec. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 424). Et dit que le surplus de l'argent qui faut de ladite somme de IIJc frans que elle ne soit en son coffre il en a païé audit Tanquere pour son courtage dix frans et de l'autre partie il s'est acquittié. (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 490). Albanie en gregois vault autant a dire comme chose qui ne fault (ARRAS, c.1392-1393, 47). ...boiz pour fere leur charues, charettes, eschielles, rattelliers, et toux autres hostilz qui fallent à l'emesnagement d'icellui, sans livree. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R.B., 1398-1402, 70). O obscur aer, Coment pourter - puis mon enfant ? Terre trambler, L'aer deust toner - et l'eau corant Et la dorment deussent falhir [;] Le feu ardent (;) Par grief torment - deust tout morir. (Pass. Auv., 1477, 247). Monstres ça, un rivet cy fault Et une piece par cy hault (Sav. serg. D.L., c.1480-1490, 30).

Empl. impers. : SECOND CLERC. (...) Et si nous seons, si est drois, Puis qu'il est bien PREMIER CLERC. Je ne voy qu'il y faille rien : Je me vueil seoir. (Mir. ev. arced., c.1341, 119). Vas mettre la selle au coursier Et gars qu'en arçon n'en estrier Rien il ne faille. (Mir. marq. Gaudine, 1350, 157). ...un quaymant vestu de blanchet, auquel il fault la main senestre, lui bailla un petit sachet (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 450). ...rien n'y failloit de chose qui appartenist a honnour (ARRAS, c.1392-1393, 37). Premierement, une mittre d'or, semée de perles, garnie de pierrerie, en laquelle fault en la partie de derriere cinq pierres et en la partie de devant trois (FAUQ., II, 1421-1430, 116). Item, une grant crosse d'argent doré, contenant trois pieces et le crosson, où fault VIIJ pierres grenas et lopes de saphirs. (FAUQ., II, 1421-1430, 118).

Il ne s'en faut que. "Il n'y manque que" : LE DRAPPIER. Il ne s'en fault que demie aulne Pour faire les six justement. (Path. D., c.1456-1469, 72).

Il faut à peine que. "Il manque difficilement de" : Item, qui veult diviner obscurement des fortunes d'un homme, a painne puet faillir que il n'aviengne aucunechose [sic] applicable a son divinement par la continuelle variacion des proprietez et des adversitez de fortune. (ORESME, Divin. C., c.1366, 94).

(Il) ne faillit guere / bien peu que + prop. nég. "Il s'en fallut de peu que" : Mais a tout un baston saill Hors de l'ostel et s'en failli Bien po qu'il ne les menhaigna (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 234). ...ne failloit gueres que chacun coup qu'il toussoit qu'il ne fust oy de la chambre ou estoit l'assemblée (C.N.N., c.1456-1467, 436). ...ainsi que messire Jehan cuidoit rabbattre ung cop a messire Henry de sa hache, il failly et ne rencontra point le baston de son adversaire ; dont ne failly guieres que du bransle et de la force du cop en quoy tout le corps s'esvertua il ne cheut tout plat a terre a bechous (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 168).

[D'une pers.] : LE PRINCIPAL. (...) Vient il que toy pour le present ? Des autres en as tu rien veu ? S'ilz ne viennent, je suis deceu. L'ERMITE. Il n'est pas quë aulcun ne faille. LE PRINCIPAL. Nostre estat seroit mal pourveu. ["Ce n'est pas le cas que l'un d'eux fasse défaut"] (Sots gard., a.1488, 102).

Empl. trans. indir. Faillir à / de

[D'une pers.] "Manquer de"

Faillir à : ...il pria et requist par plusieurs fois icelle Marguerite, qui estoit et est belle fille, de l'aage de XXIIIJ ans ou environ, que elle voulsist estre s'amie, et il i promettoit que jamès à bien qu'il eust elle ne faudroit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 205).

Faillir de : Umras et Jocabeth delibererent de soy separer d'ensamble, car ilz amoient mieulx faillir d'enfans, que les engendrer pour morir (MIÉLOT, Spec. hum. salv. L.P., 1448, 130).

[D'une chose] Faillir à qqn / qqc.

Faillir à qqn. "Manquer à qqn, faire défaut à qqn" : Et pour ce qu'en lieu ou il aille N'ait deffault de rien qui li faille, Vous envoie je avec li. (Mir. march. larr., c.1349, 100). Gardez que ne nous espargniez De chose nulle qui vous faille. (Mir. st Sev., 1362, 201). ...et se il li faut une de ces choses, il est maleureus. (ORESME, E.A.C., c.1370, 132). Et [Je souhede] que cavanche En nul pays ne me fausist jamés (FROISS., Joli buiss. F., 1373, 215). ...pour ce que l'argent qu'il avoit apporté de ladite ville de Thies-Hebert li estoit failli (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 232). Le soleil resconsa et le jour leur failli (Galien D.B., c.1400-1500, 62). "Certes, m'amye, j'apperçoy bien que vous estes malade et en grand peril." (...) "Helas ! monseigneur, et que me fault il ?..." (C.N.N., c.1456-1467, 39). Ne plorez plus, mon filz, respond le maistre, et si me dictes qu'il vous fault, et je vous asseure, s'en moy est de vous aider, je m'y emploiray comme je doy. (C.N.N., c.1456-1467, 93). "Helas ! belle mere, vostre fille se meurt. - Ma fille ! dit elle ; et que luy fault il ?" (C.N.N., c.1456-1467, 134). Son mary, la voyant ainsi lamenter, ne se savoit assez esbahir quelle chose luy povoit falloir (C.N.N., c.1456-1467, 470).

Il faut qqc. à qqn : En tel an veilla ceans cest chevalier nostre espervier, mais il dormy, et pour tant lui fault tenir compaignie a la dame de cest chastel tant comme il pourra vivre. Mais il ne lui fault rien qu'il n'ait a son plaisir, fors seulement le partir de ceans. (ARRAS, c.1392-1393, 304).

II. -

[Idée de défaut (de manquement, de défaillance ou d'échec)]

A. -

[D'une pers. ; idée de manquement]

Empl. intrans. "Manquer à son devoir, à ses engagements" : Et celui qui a le vice de parvificence et est parvifique, il faut en toutes circonstances. (ORESME, E.A., c.1370, 247). ...quant ilz vous servent, ilz n'ont pas belle contenance, fort faillent (Nouvelles inéd. L., p.1452, 26). Gardez que vous diez verité, car, si vous faillez, vous estes mort (C.N.N., c.1456-1467, 160). Prengne bon terme [de mourir], de pardieu, comme tant de foiz luy ay dit, et si ne faille point. (C.N.N., c.1456-1467, 459). ...il laissa passer cinq sepmaines du quaresme sans point l'annuncer a ses parroissiens. Mais entendez comment il perceut qu'il avoit failly. (C.N.N., c.1456-1467, 512). Il avoit de coustumes depuis sa venue, et jamais ne failloit, d'aller chacun jour sur le marché (C.N.N., c.1456-1467, 569). Tost, tost, sus que Chascun soit prins Et admené, ne faillez point. (Sots triumph., c.1475, 40).

Sans faillir. "Sans faute" : PREMIER DYABLE. Je l'ottroy, mais que sanz faillir Je l'aray [cest enfant] au chief de set ans, Et je feray pour toy set tans Que tu n'oseras demander. (Mir. enf. diable, c.1339, 14). Mais neentmoins, se le cas avenoit en la maniere de tele vertu, il feroit tousjours son devoir senz faillir se n'estoit pour ignorance invitible ou pour impotence. (ORESME, E.A.C., c.1370, 361). Si ordenerent, sanz faillir Tous les ans, grant solempnité Faire a cel jour (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 228). - (...) si a ceste heure je mouroye, n'yrois je pas en paradis ? dit l'yvroigne. - Tout droit, tout droit, sans faillir, dit le [prieur] (C.N.N., c.1456-1467, 62). Mon seigneur, je y vaiz sans falir. (Pass. Auv., 1477, 127). Soit Juno, qui l'air bas denotte, Appelée et qu'on luy limitte Ses termes, sans faillir d'ung joxte. (Cene dieux, c.1492, 130).

Empl. trans. indir. Faillir à

Faillir à qqc. "Ne pas faire ce qu'il faut concernant qqc., se dérober à qqc." : ...maintes fois advient que la guerre, par battaille ou par aultre peril, resdonde plus sur le seigneur que sur ses gens ; car oncques seigneurie ne faillit a seigneur, mais seigneur a bien failly a seignourie. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 11). On se doibt garnir contre la mort de tout son sens et pouoir ; car qui y fault n'y peut recouvrer. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 136). Nostre bon marchant dessusdit estant dehors (...), sa femme le fist tantost savoir a son amy, qui n'eust pas failly voluntiers a son mandement, mais vint tout incontinent. (C.N.N., c.1456-1467, 290). ...ja soit ce que du costé du roy il estoit tout ordonné et avisé (...) que Xm chevaulx devoient descendre en Bourgoingne, Xm en Picardie et Xm en Lucembourg (...), toutevoies oncques ne s'en desmeut [le duc de Bourgogne] (...), et a tous lés esperoit vaillamment y resister et plus tost les vaincre qu'estre vaincu par battaille, a laquelle certes François n'eussent jamés failli (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 308). Hé ! Glorïeux, poysson d'avris, Nous fauldrés vous a ce besoing ? (P. Jouh. D.R., a.1488, 19). LE PRINCIPAL. Va le empoingner par la main Et m'admaine celle truandaille. L'ERMITE. Vous n'avez garde que g'y faille, Je vous le vois querir soudain. (Sots gard., a.1488, 102).

Faillir à / de + inf. "Manquer à l'obligation de + inf." : Ce n'est pas raison que je faille D'aler ou j'ay convenancié (Mir. nonne, 1345, 325). ...mais a de ce ["à ce sujet"] failly à dire verité (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 530). Se sont folz plains d'oultrecuidance, Ilz ont failly plusieurs annees A jouer (S. fol, c.1480-1490, 8).

Ne pas faillir à + inf. "Ne pas manquer de" : Mais neent moins, le grant plaisir et la vraye delectacion que il ont en leurs vertus en ce que il ne faillent onques en rien a faire leur devoir, ce leur est souffisance. (ORESME, E.A.C., c.1370, 119). Par ainsi très bonne voulenté et pensee ne faillist pas a noz anciens Rommains a rendre ces merites au bon Scipion l'Affrican le premier (LA SALE, Sale D., 1451, 75). ...il ne faillit point à le frapper (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 201).

Ne pas faillir à + inf. subst. : A Maubué sa gorge arrouse, Car au menger n'a pas failly. (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 91).

Ne pas faillir de + inf. "Ne pas manquer de" : ...vous l'emporteriez [une lamproie] en vostre chambre ; et je ne fauldroye pas de vous y faire compaignie. (C.N.N., c.1456-1467, 261). ...a l'heure assignée, nostre clerc ne faillit pas de venir hurter ou madame luy dist, qui l'attendoit de pié coy (C.N.N., c.1456-1467, 279). ...dimanche vous ne povez faillir de estre bien diné, car vecy deux perdrix que j'ay pourveu (C.N.N., c.1456-1467, 581). Amans qui est sy gracieux Ne fault pas de dame acquerir. (Jeu quatre pers. L., a.1465, 188). C'estoit celluy Qui en sa vie n'eust failly De jouer quant le temps venoit (Vig. Trib., c.1480, 230). ...les Bourguignons ne faillirent point d'aller au droit de la barriere (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 271).

Faillir à qqn. "Se dérober à qqn, refuser d'aider qqn" : Ha ! vierge, ne me faillez point, Doulce vierge celestial ! (Mir. enf. diable, c.1339, 38). Si vous pri ne me failliez pas Qu'a passer ne m'aidiez ce pas, Et bien brief le vous renderay (Mir. march. juif, c.1377, 182). ...a ce jour me faille Dieu que je vous fauldray de convenant a mon povoir. (ARRAS, c.1392-1393, 42). Si veult dire que le bon chevalier ne doit faillir a son loyal compaignon pour doubte de peril quel qu'il soit (CHR. PIZ., Ep. Othea L., c.1400-1401, 195). Huguenin, j'ayme trop mieulx faire reverence a dix filles communes que avoir failly a une femme de bien. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 12). Que direz vous d'unc failly escuier, qui par deux fois a donnee sa foy a une dame (...), et pour sy peu de chose il la [l. l'a = li a "lui a"] failly ? (LA SALE, J.S. E., 1456, 36). ...veez cy une raye que je vous faiz, et par Dieu, si vous la passez, tant pou soit il, si je vous fault je veil qu'on me tue. [Tracée sur le sol, la raie ne doit pas être franchie] (C.N.N., c.1456-1467, 152). Or on verra que tu feras, dist l'oste ; si tu faulx, je ne te fauldray pas. (C.N.N., c.1456-1467, 405). Si vindrent prestement les deux aultres, le beau gentil galant qui cuidoit espouser la belle jeusne fille, et la vielle qui ne cuida mie faillir a son viellart rice et plein d'argent (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 231). Ie ne scay si Iupin me faille Ou pourray Martin trouuer Mais o ma bouteille bataille Veux auoir car elle est toute pleine Dautre chose que de fontaine Ma gorge en sera arrousee (Myst. st Martin K., a.1500, 186).

Faillir à qqn de qqc. "Manquer en qqc. (une promesse qu'on a faite, une obligation...) à qqn" : Et de faillir de aide a son frere est plus dure chose que faillir a un estrange et ferir son pere que quelconques autre. (ORESME, E.A., c.1370, 432). Par ma foy, dist ly conte de Forests, monseigneur, vous dictes voir, et quant de ma part, comme vous dictes, je ne l'en pense [Remondin] jamais a enquester [d'où vient sa femme], ja soit il mon frere, car je le tien pour tres bien assigné a mon aviz. Las ! Depuis l'en failli il, dont Remondin perdy sa femme et le conte de Forest en prist puis mort par Gieffroy au Grant Dent, dont on vous parlera ca avant en l'ystoire. (ARRAS, c.1392-1393, 44). ...le roy leur failli de secours (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 193).

Faillir à qqn de convenant : PHILIPPE. Or alez, mais de convenant Ne me failliez. DACIEN. Je seroie mal conseillie Du faire. (Mir. st Lor., 1380, 136). Et s'en vint despourveuement et entra en la chambre ou Presine baignoit ses trois filles. Et, quant il les vit, il ot grant joye et dist : Dieux beneye la mere et les filles. Quant Presine l'ouy, si respondi moult horriblement : Faulx roys, tu m'as failli de convenant, dont il te mesavenra, et m'as perdue a tousjours mais. Et scay bien que c'est par ton filz Mataquas. Et me fault partir soubdainement, mais encore seray je vengié de ton filz, ou de ses hoirs, par ma seur et compaigne la dame de l'Ille Perdue. (ARRAS, c.1392-1393, 9). ...a ce jour me faille Dieu que je vous fauldray de convenant a mon povoir. (ARRAS, c.1392-1393, 42).

Faillir à qqn de + inf. : Et se de paier me failliez, N'irez point oultre. (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 287).

Se faillir à qqn. "Faire défaut à qqn, manquer à ce qu'on lui doit, lui faire ainsi du tort" : On me [puist] pendre a jour de feste, S'a personne je me failloye... (C. Riffl., c.1480-1520, 59).

Part. passé en empl. adj.

"Coupable d'un manquement" : Failli cuer que vous estes, d'ou sont venues les grans vaillances, les grans emprises et les chevalereux faiz de Lancelot (LA SALE, J.S., 1456, 9). ...ton survivant humble parent [le duc Philippe de Bourgogne], que tu as tenu en abbay, en vexation et manesce frequente, t'a ploré failli [le roi Charles VII], et recongnoissant ta gloire et ton sens surmonter tout le monde, t'a exalté et volu essourdre sur les estoilles du throne, riens regrettant en toy fors que tu n'as recongneu a heure quel il estoit envers toy (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 305).

"Lâche, mauvais" : Mais ly mauvais couwars, recréans et fallis Doit en cativité avoir de pis en pis (Hugues Capet L., c.1358, 145). Aussi pour nient nous serions mis A estre jusques ci venuz Et pour couars [l. cornars] failliz tenuz (...) Se nous en ralions sanz riens faire Et sanz combatre. (Mir. fille roy, c.1379, 71). [R. Glutz signale que le ms. porte cornars] ...par un seul couart failly est aucunesfoiz une besoingne perdue. (ARRAS, c.1392-1393, 109). Que direz vous d'unc failly escuier, qui par deux fois a donnee sa foy a une dame (...), et pour sy peu de chose il la [l. l'a = li a "lui a"] failly ? (LA SALE, J.S. E., 1456, 36).

Traistre failli : Ou es tu, empererez, faus traïstres falis (Flor. Rome W., c.1330-1400, 161). N'avoit que sa maisgnie le traïtour faillis (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 221). Faitez pendre errament le trayteur fally Qui le fort roy Hugon a faussement murdry. (Hugues Capet L., c.1358, 87). Gondebreuf le Frison d'illec se party, Pour dire au roi Charlon comment il sont trahy Par le fel Guanelon, le traïtre failli. (Galien D.B., c.1400-1500, 62).

Empl. subst. : Les banieres volent au vent Et les archeres vont devant, Cors et buisines hault y sonnent, Qui hardement aux faillis donnent. (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 145).

B. -

[D'une pers. ou d'une chose ; idée de défaillance]

[D'une pers., d'un animal, d'un aspect de la pers.] "Défaillir" : Car ils sont ars et bruis d'ung feu qui jamais ne extaint, et sont rongies d'ung ver qui jamais ne fauldra (MIÉLOT, Spec. hum. Salv. L.P., 1448, 158).

Failli. "Défaillant" : Au soir diront qu' ilz sont breneux, Chetis, recreans et faillis, Quant ilz sont d'aucuns assaillis (DESCH., M.M., c.1385-1403, 286). ...aux gens de failly couraige (CHART., Q. inv., 1422, 60).

Empl. impers. : ...auquel Dieu fist belle grace, car se il eust failly ung pas a dextre ou a senestre, il estoit tout en pieces sur ces grosses roches couvertes que par le debattemment des ondes estoient rudes, aguës et trenchoient comme cousteaulx. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 155).

Part. prés. en empl. subst. masc. "Celui qui est défaillant" : Certainement, il n'est chose qui tant en fust cause que l'usaige des armes soubx amour de la chose publicque et soubz discipline aux faillans ; car par continuance des armes la sience aseure les coeurs des combatans. (LA SALE, Sale D., 1451, 125).

[D'une chose] "Défaillir" : ...ta misericorde [de Dieu] n'est pas faillie, ne jamais ne faudra que ["en sorte que"] tu ne me puisses sauver (GAST. PHÉBUS, Livre oraisons T., c.1380-1383, 49).

Failli. "Défaillant" : Froidure a le bois assailli ; La sont tuit li chemin failli ["devenus impraticables"]. (ACART, Prise am. H., 1332, 9).

Faillir à qqn. "Faire défaut à qqn, lui échapper, lui manquer au besoin" : Mais il appercoit venir bien LX. Sarrasins, qui lui escrient : Par foy, faulx crestien, vostre fin est venue. Et quant Gieffroy les entent, si broche le cheval des esperons et brandist la lance. Le premier qu'il attaint fait voler mort par terre. Et ains que la lance lui faulzist, il en aterra jusques a VIIJ. (ARRAS, c.1392-1393, 232). ...maintes fois advient que la guerre, par battaille ou par aultre peril, resdonde plus sur le seigneur que sur ses gens ; car oncques seigneurie ne faillit a seigneur, mais seigneur a bien failly a seignourie. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 11). Ses verges luy faillirent, et fut lassé. Si s'en alla hors de l'ostel. [Un mari vient de châtier sévèrement sa femme] (C.N.N., c.1456-1467, 265).

Le coeur faut à qqn : Or garde que cuer ne te faille, Car encor en ceste bataille Aras pour Dieu moult a souffrir. (Mir. st Lor., 1380, 182). NOSTRE DAME. Lasse ! dolente ma clameur Fay pour rient, bien l'aperçoy, Nulz ne me vuelt oyr, pour quoy Le cuer me fault et pert la vie (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 203). Je cuide bien que le ceur fault A vous tous ensamble à butin, Quant vous pensez que d'un assault Serés prins, ou soir ou matin. Oncques ne veistes tel hutin ; Que ferez-vous quand vos voisins Serreront sur ces pellerins ? (Doc. 1441. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2 c.1437-1464, 31). Et quant Madame le vist, si ly sembla trop plus bel que onques n'avoit esté, dont tant pour la grant amour qu'elle avoit a lui comme pour le peril qu'il ly sembloit ou elle l'avoit mis, dont tant se repentoit que, peu a peu, en celle grant douleur (...) le cuer lui failly. (LA SALE, J.S., 1456, 154). Elle fut tant fort enserrée à la voix de son mary que a pou que son loyal cueur ne failloit (C.N.N., c.1456-1467, 25). Quant la pouvre fille oyt parler de ces choses de nuyt, a pou que le cueur ne luy faillit, tant fut marrye et desplaisante (C.N.N., c.1456-1467, 133). Quant le cueur luy fauldroit, J'ay ce qu'il luy fauldroit Et luy feroit grant bien (Sots mal., c.1480, 90).

Coeur failli : ...ilz semblent tous malades, tant ont lez visages fades et palles et lez cuers faillis. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 37).

[Moralement] : Je me voeil confiesser a vous sans nul detry, Car j'ay fait un pechiet dont ay le coer fali (Flor. Rome W., c.1330-1400, 196). ...du vëoir [de la dame] est cuers faillis Refais. (ACART, Prise am. H., 1332, 32). De ce que vous dirai ne aiés le ceur failli (Galien D.B., c.1400-1500, 145). O coeurs abattus et falis, En vostre vertu ressourdez ! (MARTIN LE FRANC, Champion dames I-II, P., 1440-1442, 106). Jouer souloy et rymoyer souvent, Je n'avoye cueur recreant ne failly (SAINT-GELAIS, Séj. honn. J., c.1490-1495, 43). Et alors ledit Guerin le Groing, qui estoit allé chevaulchier lesditz ennemys, fut rembarré avec lesditz quinze hommes d'armes et trente archiers qu'il avoit menez par deffaulte de puissance et non pas de cueur qui fust failli en luy (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 302).

Le pied faut à qqn. V. pied : Las ! mesellerie m'accueille Trop griément (...). Je voy li pié me sont failli : Ne peuent mais porter mon corps (Mir. emper. Romme, 1369, 296).

C. -

[Idée d'échec]

Empl. intrans. "Échouer"

[D'une pers.] : C'est assavoir que, par la raison et querelle de ceste royne Constance, le second Henry, emperreur, son mary, penssa bien aysiement obtenir la seignourie dudit royaume ; mais il faillist. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 170). "Sire, nous entendons les signiffier a la court de l'empereur, et se la ne trouvons qui nous veulle delivrer, nous le signiffierons a la court d'Engleterre, esperans que en l'un de ces deux lieux ne faillirons point." (LA SALE, J.S., 1456, 239). Affin, doncques, que ne falhes pas, Dy les deux motz qui les font prandre [les bêtes, à la chasse] ! (Pass. Auv., 1477, 143). Il n'a pas failli qui recueuvre. (Tr. Men., c.1480-1500, 291).

Faillir de son intention. "Échouer, être déçu dans ses espoirs, dans son attente" : ...ledit Aigny ala tout à point en ladicte Chambre des Comptes, et porta ses comptes, et ne tint pas à lui qu'il ne rendist compte, et si fut oy ceans à son audience et sa partie adverse, et faillirent lesdictes gens des Comptes de leur entencion (BAYE, I, 1400-1410, 25).

En partic.

"Rater (son coup)" : Et Gieffroy traist l'espee, et vint au jayant qui le cuidoit ferir de la mace d'acier sur la teste. Mais Gieffroy, qui fu fort et legier, tressault. Le jayant fault, et le coup chiet a terre par telle vertu que la teste de la mace entra plus d'un pié en terre. Et Gieffroy fiert le jayant, sur le bras dextre, de l'espee, et de toute sa force. (ARRAS, c.1392-1393, 247). ...Et pour prendre perdrys, ploviers, Sans faillir (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 90). ...ainsi que messire Jehan cuidoit rabbattre ung cop a messire Henry de sa hache, il failly et ne rencontra point le baston de son adversaire (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 168).

[Dans une joute] "Manquer son coup, ne pas se toucher en se croisant" : La première course, ils faillèrent, et aussi la ij^e, la iij^e. La iiij^e assist ledit Merlo. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 315).

Faillir à qqn. "Ne pas atteindre, ne pas toucher qqn (que l'on frappe, que l'on vise)" : [Le bourreau s'apprête à frapper sa victime] Affin que ne te falhe pas, Pour ta paine mieulx abreger, Sans presser Advance toy encore ung pas. Or es tu pres de ton trespas ! (Pass. Auv., 1477, 100).

"Se tromper, commettre une erreur" : Et cuident pour voir et si faillent, (...) Que... (Vie st Evroul S., c.1350, 126). LE COUSIN. (...) Mais vous direz. L'ONCLE. Se je fail, vous m'amenderez Es deffautes que je feray (Mir. chan., c.1361, 154). ...car, avec ce, je ne ose pas esloingnier mon parler du texte de Aristote, qui est en pluseurs lieux obscur, afin que je ne passe hors son intencion et que je ne faille. (ORESME, E.A., c.1370, 101). Toutesvoies de tant il errent et faillent plus perilleusement comme il fondent leur erreur en fermeté de nature et vigueur de raison. (FOUL., Policrat. B., II, 1372, 158). Ores, treshault, excellent et puissant prince et mon tresredoubté seigneur, se aucunement pour trop ou peu escripre je avoie failly, ce que de ligier faire pourroye, actendu que ne suis saige ne aussi clerc, il vous plaise (...) le moy pardonner (LA SALE, J.S., 1456, 309). Au moins, s'il [Jésus] fault en aucuns poins, Il en pourront estre tesmoings Pour rapporter qu'il aura fait. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 610).

Faillir en qqc. "Se tromper en qqc." : Mais premierement, il faillent en ce que il dient de mouvement (ORESME, C.M., c.1377, 652).

Faillir à choisir. "Se tromper dans son choix" : ...il estoit aussi yver, et faisoit fort brun et noir. Si faillit a choisir. [En célébrant plusieurs mariages à la fois, un prêtre intervertit les conjoints] (C.N.N., c.1456-1467, 339).

"Mentir" : LE ROY. (...) Avec ma fille avez geu, Et l'onneur de son corps eu. Est il ainsi ? AMILLE. Qui vous fait entendre cecy, Sauve sa grace, sire, il fault. (Mir. Amis, c.1365, 27). Je ne demande que raison, Mectez moy a mort se je faulx. (Berg. agn. France L., 1485, 32).

[D'une intention, d'un projet, d'une entreprise...] "Échouer" : ...or failli Leur espoir, et tuit maubailli Se tiennent (CHR. PIZ., M.F., III, 1400-1403, 128). J'ay receu vos lectres et bien veu le contenu, dont tant humblement comme je puis vous supplie que de ma promesse faillie vous plaise moy pardonner (LA SALE, J.S., 1456, 260). Tant tarde on que fault l'entreprise (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 52).

[D'une plantation] "Ne rien produire" : En ladicte année, toutes les vignes presque universellement par tout le royaulme de France faillirent et ne apporterent que ung peu de chose, et le vin qui creust en ladicte année ne valut guieres et si se vendit bien chier. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 108).

Empl. trans. indir. [D'une pers.] Faillir à

Faillir à qqc. "Ne pas réussir qqc. ; passer à côté de qqc." : Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer, par quoy je ne faille pas a trouver mon frere, et je vous en pry tant comme je puis ne scay. A ce respondy la royne : Mon chier frere, a ce ne fauldrez vous pas, car, par m'ame, je vouldroye qu'il m'eust cousté mil besans pour tous perilz eschever, et vous et vostre navire feussiez ensemble avec le monseigneur (ARRAS, c.1392-1393, 216). Puis qu'ilz eurent failly a la lemproye, le curé mist la table et firent la meilleure chere qu'ilz sceurent. [Invité à manger une lamproie, le curé et ses amis constatent l'absence du poisson] (C.N.N., c.1456-1467, 263). ...il se pensa bien qu'il la trouveroit nue et couchée. Mais il faillit a son emprinse. (C.N.N., c.1456-1467, 264). Et par yceulz six chevaliers fut rempli le nombre de trente [propre à l'ordre de la Toison d'or] et reintegré comme devant, a la grant joye et gloire de ceulz qui y estoient parvenus, car mont en y avoit d'autres qui s'i attendoient et qui ne beoient a autre honneur, qui toutevoies y faillirent. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 283). ...il couvint retraire les assaillans et faillèrent à leur emprise (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.2, c.1462-1468, 282). ...ilz fallirent à leur emprinse pour ce que les vivres arriverent plus tost au parc du duc qu'ilz les peussent rencontrer. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 268).

Faillir à chemin. "Manquer le chemin, s'en écarter" : Monseigneur, veez la la montaigne ou ilz se tient. Et veez vous ce blanc sentier qui monte droit a ce gros arbre ? Par foy, dist Gieffroy, ouïl. Par Dieu, monseigneur, ce dirent ilz, c'est le droit chemin, vous n'y povez faillir ; et dessoubz ce hault arbre vient il [le géant] souvent pour espier ceulx qui passent le chemin. Or y povez vous aler se vous voulez, car nous ne pensons pas plus avant a aler. (ARRAS, c.1392-1393, 263).

Faillir à / de + inf. "Ne pas réussir à, ne pas parvenir à + inf."

Faillir à + inf. : Et c'est la cause pour quoy ce n'est pas fort de faire mal et de faillir a bien faire. (ORESME, E.A., c.1370, 162). Madame, je m'en vueil aler aprez monseigneur mon frere, faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer, par quoy je ne faille pas a trouver mon frere, et je vous en pry tant comme je puis ne scay. A ce respondy la royne : Mon chier frere, a ce ne fauldrez vous pas, car, par m'ame, je vouldroye qu'il m'eust cousté mil besans pour tous perilz eschever, et vous et vostre navire feussiez ensemble avec le monseigneur (ARRAS, c.1392-1393, 216). ...si bien rudes et non sachans estoient [les paysans], leur curé ne l'estoit pas une once mains ; car luy mesme failloit a cognoistre ce qui est necessaire a tous generalement (C.N.N., c.1456-1467, 512).

Faillir à + inf. subst. : ...mesmes en la cheminée faillit il au feu trouver. (C.N.N., c.1456-1467, 265).

Faillir de + inf. : ...et dirent tous que les enfans ne povoient faillir, se Dieu leur donnoit vie, de venir a grant perfection de bien et de tres haute honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 156). Ainsi fut nostre chaperon fourré ramené des meures. Il faillit d'avoir la belle fille du bourgois (...) et si [le barbier] luy maintint sa femme plus d'un an. (C.N.N., c.1456-1467, 417). ...quand ses parroissiens demandoient quand la feste seroit, il failloit a la coup de le dire. (C.N.N., c.1456-1467, 512).

Faillir à qqn. "Échouer dans son entreprise auprès de qqn" : ...d'un gentil chevalier qui fut amoureux d'une tresbelle jeune dame mariée (...) et aussi d'une autre sienne voisine ; mais il faillit a toutes deux (C.N.N., c.1456-1467, 17).

Inf. subst. "Échec"

Rem. Percef. III, R., t.3, c.1450 [c.1340], 15/256.

Fait ou failli. V. fait "Succès ou insuccès"

III. -

[Idée de nécessité, formes (en -ai-) de falloir] V. falloir : ...icellui Henriet dist qu'il n'avoit point d'argent, et qu'il failloit qu'ilz alassent gaignier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 376). ...elle qui parle lui louha son hostel IIJ frans jusques à la Saint Jehan prouchainement venant, et lui dist que il failloit que elle couchast avecques li et sa fille (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 525). Lors nous faillist descendre, tant que jambes nous povoient porter (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 145). La messagiere fist la response telle qu'il failloit (C.N.N., c.1456-1467, 571).

Faillir à qqc. "Être indispensable à qqc." : Car l'un et l'autre ont mestier de boire et de mangier et des neccessités qui faillent a vie humaine. (ORESME, E.A.C., c.1370, 520).

DMF 2020 - Article revu en 2015

Robert Martin

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