C.N.R.S.
 
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     JEUNE1          JEUNE2     
FEW V juvenis
JEUNE, adj. et subst. masc.
[T-L : juene ; GD : joene ; GDC : jeune1 ; DEAF, J663 juene ; AND : joefne ; FEW V, 92b : juvenis ; TLF : X, 705b : jeune]

I. -

Adj.

A. -

"Qui n'est pas avancé en âge"

 

1.

[D'une pers.] : Tant qu'il avint qu'en une compaingnie Ou il avoit mainte dame jolie, Juene, gentil, joieuse et envoisie, Vins par Fortune, Qui de mentir a tous est trop commune. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 68). C'est une jonne damoiselle Qui m'a esté donnée a fame, Qui n'a pas plus de treize ans (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 212). Mais vers li mesprist si forment Qu'Adriane laissa dormant Seulette en estrange contrée, Lasse, dolente et esgarée, Et en mena la juene touse, Phedra sa suer, s'en fist s'espouse. (MACH., J. R. Nav., 1349, 232). C'est de visiter la fillette Qui si joune est orfelinette (Mir. fille roy, c.1379, 31). Il n'est ne joune, n'encien, Mais de bon aage. (Mir. st Lor., 1380, 149). ...il estoit nez de la ville de Rouen, de laquelle ville il s'estoit parti bien jeune, et estoit venu demourer à Paris, en laquelle ville il avoit aprins le mestier de pelleterie (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 48). ...quant il ot eu couronne, sondit pere le osta de l'escole et le fit aprendre sondit mestier. Auquel temps il estoit moult jeune. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 49). ...à qui elles [les bourses] avoient esté baillées par l'un des deux juifs qui estoient prisonniers oudit Chastellet, c'est assavoir par le plus petit et jenne d'yceulx (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 50). Et tant fist le conseil que les barons du pays furent mandez a un certain jour pour faire hommage a leur jeune seigneur et relever leurs terres et leurs fiefz. (ARRAS, c.1392-1393, 29). Et fu du temps que Jossellins de Pont le Leon estoit jeunes homs, et aussi estoit Alain de Quemeninguingamp, qui sont cy tous deux en vostre presence. (ARRAS, c.1392-1393, 56). Et se voisin a femme joyne... (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 36). ...non obstant que le lieu fust de clerc, et que ledit Arnault fust assez jeune et receu en la Chambre des Enquestes puiz demi an ou environ (BAYE, II, 1411-1417, 183). C'est bon conseil et bien dit, sire ; Car certes soubz le firmament N'a plus mais homs, se Diex m'ament. Rendons ly selonc sa desserte ; Car telz homs perdre n'est pas perte, Qui n'est bon ne jeune ne viex. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 154). Lequel jouvencel par sa debonnaireté vint en grace au roy, et tellement qu'il le voult avoir, et, car il estoit encore bien josne, le ordonna a estre son paige (LA SALE, J.S., 1456, 2). ...avoit ung maistre curé qui faisoit rage de confesser ses parrochiennes. De fait, il n'en eschappoit pas une qui ne passast par la, voire des plus jeunes. (C.N.N., c.1456-1467, 402). ...il y avoit une tresbelle jeune chambriere servant (C.N.N., c.1456-1467, 502). Assez prochain de l'ostel d'iceluy chevalier, pere de la pucelle, avoit ung aultre jeune chevalier, preux, vaillant et riche moyennement (C.N.N., c.1456-1467, 546). ...pour toute compaignie [elle] n'avoit que une petite jeune fillette qui la servoit. (C.N.N., c.1456-1467, 567). ...ung tressage jeune clerc arriva de son eur en la cité (C.N.N., c.1456-1467, 568). ...ung jeune homme ["un homme jeune"], nommé maistre Marcial d'Auvergne, procureur en la court de Parlement et notaire ou Chastellet de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 161). ...Jonnes pucellettes (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 91).

 

-

[Pour distinguer le fils du père] : Entre ce que Richart le jenne Fu hors de terre... (Vie st Evroul S., c.1350, 113). ...monsieur de Bresse le jeune, monsieur de Ligny (LA VIGNE, V.N., p.1495, 306). PHILIPPE LE JEUNE fine (Myst. st Laur. S.W., 1499, 186).

 

-

Jeune de. "Âgé de (cet âge étant peu avancé)" : ...et ira en espurgatoire et aprés en vie pardurable, joane de trente deus ans. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 119). ...[il] n'est aussi record à quelle heure ce fu, ne de quel drap ou habit ledit evesque estoit vestus, parce qu'il estoit lors jeune de l'aage de VIIJ ans ou environ (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 74).

 

2.

[Constituant avec un subst. un syntagme nominal]

 

-

Jeune homme. V. homme : Car c'est un tresvaillant preudomme, Et le filz est un bon joune homme (Mir. st Alexis, 1382, 295). Et disoient que lors estoit venu ung jenne homme, lequel ilz avoient veu charnellement habiter a elle. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 50). Voyez comment maint jeunes homs est mort Par offensser et prendre autruy demaine. (VILLON, Poèmes variés R.H., c.1456-1463, 62). Ung jeune homme nouvellement marié fut prié de soupper a l'ostel d'un de ses parens (C.N.N., c.1456-1467, 217). ...je le cognois pour ung bon jeune homme et bon laboureur (C.N.N., c.1456-1467, 296). Le bon jeune homme [fut] bien esbahy quand ainsi oyt blasmer ses armes (C.N.N., c.1456-1467, 500). Le jeune homs est fort destiné A folyes et paillardises ; Putains tantost l'ont encliné A despendre toutes ses prises. (Pass. Auv., 1477, 117).

 

Rem. Mais souvent le sens est celui de "homme jeune" (la limite avec le syntagme est impossible à tracer) : Vezci pour quoy, biau pére : Il est jounes homs ; moult pourra Besongnier pour nous (Mir. Theod., 1357, 87). Vous estes joenne homme d'aage : Consentez vous a mariage (Mir. chan., c.1361, 143). Et pour animer, exciter et esmouvoir les cuers des jeunes honmes qui ont subtilz et nobles engins et desir de science, afin que il estudient a dire encontre et a moy reprendre pour amour et affection de verité, je ose dire et me faiz fort que il n'est honme mortel qui onques veist plus bel ne meilleur livre de philosophie naturele que est cestui, ne en ebreu, ne en grec ou arabic ne en latin, ne en françois. (ORESME, C.M., c.1377, 730). ...deux jeunes hommes, l'un d'environ l'aage de XXXVJ ans, et l'autre de XXX, d'assez bon hault (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 430). ...l'un nommé Guillemot, qui est du pays du Perche, l'autre Jehannin, et l'autre Hennequin, nez du pays de Picardie, jeunes homes aagés chascun de XXIJ ans ou environ (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 405). ...un gentilhomme nommé Jehannin, né d'environ ledit lieu de Villebon, et lequel est uns jeunes homs de prime barbe (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 405).

 

-

Jeune femme : ...il trouva une jenne fame, a laquelle il demanda ou... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Songe pest. T., c.1354-1377, 38). LE ROY. (...) De prendre ceste jeune femme, Ou j'ay si ma melencolie, Vous semble il point que je folie, Ou que bien face ? (Mir. ste Bauth., c.1376, 90). ...il espousa une jeune femme nommée Mariete (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 32).

 

-

Jeune fille. V. fille : ...auquel lieu il s'est mariez, IIJ ans a ou environ, à une jeune fille d'icelle ville [ou "une fille jeune" ?], nommée Guillemete, aagée de XVIJ ou XVIIJ ans (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 50). Et quant les galans voient une belle jeune fille mariee a ung tel homme ou a ung sotin et ilz voient que elle est jolie et goye, ilz mectent leur aguet (Quinze joies mar. R., c.1390-1410, 102). ...avec iii ou iiii petites josnes filles (Myst. Incarn. Nat. L., t.1, c.1454-1474, 215). ...[Amours] fist allyance a une jeune fille, belle, gente, gracieuse et en bon point (C.N.N., c.1456-1467, 191). ...il y avoit ung jeune homme et une jeune fille qui n'estoient pas des plus riches (C.N.N., c.1456-1467, 338). Hélas ! ce dist la jeune fille malade, ma bonne voisine, j'ay grand regret (C.N.N., c.1456-1467, 347). ...ils devindrent amoureux de deux belles jeunes filles, gentes et gracieuses. (C.N.N., c.1456-1467, 362). ...une jeune fille de l'aage de XVIII ans ou environ (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 13). Parmi ce tonnerre Vous eussez ouy sonner trompillez Pour faire dancer jeunes filles Au son du courtault haultement. (Fr. arch. B., c.1468-1480, 35).

 

Rem. Mais souvent sens de "fille jeune", comme ds l'ex. suiv. : ...la Court avoit eu plainte d'une juesne fille ["d'une fille toute jeune"], d'environ VIIJ ans, née de Bourges, de bourgoisie, que voloit marier icellui duc à un peintre alemant (BAYE, I, 1400-1410, 248).

 

-

Jeune fils. V. fils "Adolescent" : ...il trouva, assez près du petit huys de Saint-Anthoine, un jeune filz nommé Perrinet, filz d'un homme dont il ne scet le nom (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 173).

 

-

Jeunes gens : Jones gens crut et les sieuy (Renart contref. R.L., t.1, 1328-1342, 27). Mez seens n'a que dernié pain Que je a nos jennez gens gardoie (Vie st Evroul S., c.1350, 71). Jones gens qui par compaingnie Se sont mis a mauvaise vie... (LA BUIGNE, Rom. deduis B., 1359-1377, 127). Voir est que de voz jounes gens Plusieurs souvent si le gaboient (Mir. st Alexis, 1382, 361). ...le dit chevalier s'[enamoura] tresfort, comme il est assez de coustume aux jeunes gens, d'une tresbelle, gente et jeune dame (C.N.N., c.1456-1467, 473). ...si tost que les jeunes gens sceurent du departement de son mary, ilz la vindrent visiter (C.N.N., c.1456-1467, 567). Jeunes gens par leurs entreprinses A eulx et autres font mesché. (Pass. Auv., 1477, 117).

 

.

"Garçons et filles" : Si doivent estre grandement reprises toutes personnes qui ne gardent les jusnes gens qui sont dessoubz leur gouvernement de toutes mauvaises occasions de telz pechiez. (GERS., Trin., 1402, 153).

 

Rem. P. oppos. à vieilles gens ds l'ex. suiv. : Et pour ce, communelment sont plus illiberals les femmes que les hommes et les vieilles gens que les jeunes. (ORESME, E.A.C., c.1370, 239).

 

-

Jeune enfant

 

.

"Enfant en bas âge" : ...en la cité dessus nommée, les jeunes et petiz enfans (...) se vindrent rendre en grand nombre en ung lieu (C.N.N., c.1456-1467, 555).

 

.

"Nourrisson" : Il est en guise d'un jeune enfant couchié en la cresche des bestes, acompaignié d'une pucellette et d'un homme ancien, Marie et Joseph (GERS., Noël, p.1404, 295).

 

-

Jeune frere. V. frere "Frère cadet"

 

3.

[D'un animal] : ...il vous convient Que vous m'alliez deux turtres querre Ou deux jeunes coulons (Mir. nat. N.S.J.C., c.1343, 222). ...le jenne porc (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 74). ...un escureul jenne (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 88). ...le jenne porc (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 166). Char de jeune mouton est assez trempée, aisée à digérer et engendre bonnes humeurs. (LA HAYE, P. peste, 1426, 212). ...cinquante jennes coquelets (Devin. R., c.1470, 93). Et puis il [l'aigle] retourne a son nid, et ses jones pouchins le soustiennent et nourrissent, et commence a trambler comme aiant les fievres, et commence aprez a suer. (Somme abr., c.1477-1481, 179).

 

4.

[D'une chose (naturelle)] "Qui est récent, qui n'est pas vieux" : ...quant un cerf se passe parmi fort bois dru de jennes rainciax... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 22). Fesans demeurent par coustume en jennes bos, et hantent volentiers en basses tailles. (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 286). Ta glu doit estre de jane [var. jenne, josne] hous (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 300). ...coupe de joanes chesnes ou il ait de belles branches bien asseans... (HENRI FERR., Modus et Ratio, Livre deduis T., c.1354-1377, 303). ...les herbes verdoyans et les jones rainceaulx (COLART MANS., Dial. créat. R., 1482, 108). [Contexte grivois] Il n'est feu que de jeune bois. (P. moyne, a.1500, 50).

B. -

P. anal. "Qui est ce que le subst. dit qu'il est depuis peu de temps" : ZENON. Comment se porte l'acouchie ? PAULINE. Tres bien pour une josne mere. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 14).

C. -

P. méton.

 

1.

[D'une période de la vie]

 

a)

"Qui appartient à la jeunesse"

 

-

Jeune age. V. age : Dame delie, de jenne aage... (Tomb. Chartr. Trois contes S., c.1337-1339, 92). Soing, penser, desir de savoir Ait, si porra science avoir. Et l'entreprengne en juene aage, Eins qu'en malice son corage Mue par trop grant congnoissance. (MACH., R. Fort., c.1341, 2). En son jeune aage n'ot senon Meschief (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 76). ...lesdictes lettres ne devoient estre enterinées, veu le jeune eage du Roy (FAUQ., III, 1431-1435, 113). ...si aucune faulte luy advint, il semble qu'on ne le doit pas tant imputer a malice comme a la fragilité de son jeune eage. (C.N.N., c.1456-1467, 567). ...ma jeune aage, ma beaulté, mes tendres ans, ne pevent souffrir que le temps despende et consume ainsi mes jours en vain (C.N.N., c.1456-1467, 573). Et pour lesdis cas plusieurs en furent batus au cul de la charette, pour leurs jeunes aages et premier mefait, et les aultres, pour leur mauvaise coutume et perseverence, furent penduz et estranglez au gibet de Paris (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 3). Cestui composa le Rommant de la Rose où il monstre bien son sçavoir, actendu le jeune aage de XIX ans, ouquel il le fist. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 139 v°).

 

.

Le jeune age. "La jeunesse" : Or sui en cage, C'est a dire que je sui en servage Ou faire puis moult po de vasselage, Que je repute a moy moult grant dommage, Dont moult desplaire Me doit. Einsi pers je mon juene aage, Mon temps, ma dame et mon joli corage. (MACH., F. am., c.1361, 157).

 

.

[À propos d'un animal] : Et vous pouez apparcevoir, Se je men, ou se je di voir. Il n'est beste, tant soit sauvage, Qui l'aroit en son juene eage Si la vosist aprevisier, Que son fier corage brisier Ne li feïst et sa nature Un po muër par norriture, Commant c'on die le contraire. (MACH., D. Lyon, 1342, 225).

 

-

Jeunes jours. "Jeunesse" : ...[luy] despleut a merveilles que ainsi avoit exposé et despendu ses jeunes jours. (C.N.N., c.1456-1467, 555). ...ensemble passerons noz jeunes jours joyeusement sans que personne s'en puist donner garde (C.N.N., c.1456-1467, 574). Mes moy, considerant ses jennes jours... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 113). ...ung aultre (...) avoit esté en ses jones jours page au duc Charles (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 146).

 

-

Jeune temps. "Jeunesse"

 

Rem. Devin. R., c.1470 (K. Baldinger, R. Ling. rom. 55, 1991, 96, n.7).

 

b)

"Qui en est à son début" : Il vint ung Breton estrader Qui faisoit rage d'une lance : Mais il avoit de jeune enfance Les rains rompus ! (Fr. arch. B., c.1468-1480, 36).

 

2.

[D'une pers., d'un aspect de la pers., de son comportement, de ses qualités...] "Qui présente les caractères de la jeunesse"

 

a)

"Plein de jeunesse, de fraîcheur, de vitalité..." : Sans nul mestret Avoit le corps par mesure pourtret, Gent, joint, joli, juene, gentil, grasset, Lonc, droit, faitis, cointe, apert et graillet. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 71). Ainsi fait ma dame de mi, Car, foi que je doi saint Remi, Sa grant biauté me rajonist ; Car de mon cuer nulle fois n'ist, Car par ymagination En voi tousdis l'impression ; Dont j'en fais euvre de jonesce Et s'ai tousdis en moi leesce Et l'esperit jone et legier (MACH., Voir, 1364, 466). Cuer qui se sent jeune, jolis et gais Et art et frit de venir à honneur, Se Fortune li fait de ses faux trais Ou qu'au premier ne li viengne d'amour Tout si bien comme vouroit, Ce seroit fort, se pour ce il se tenoit D'estre amoureux, car il est asenez Qu'il ait desir d'amer ou d'estre amez. (MACH., App., 1377, 638). ...l'abbesse, qui belle et jeune et en bon point estoit, nagueres se acoucha malade. (C.N.N., c.1456-1467, 139). ...la façon du faire est tant plaisante que je plains et complains mon gent et jeune corps qu'il fault pourrir sans avoir eu ce desiré plaisir. [Il est question de l'amour physique] (C.N.N., c.1456-1467, 348). Son chapellain (...) estoit jeune et frez (C.N.N., c.1456-1467, 454).

 

b)

"Inexpérimenté, qui manque encore de maturité" : Pour ç'a li mes cuers s'enclinoit, Et Nature li aprenoit, Ce m'est vis ; car certeinnement Selonc mon juene entendement La vëoie moult volentiers. (MACH., R. Fort., c.1341, 3). Juenes estoie et desapris, S'avoie bien mestier d'aprendre (MACH., R. Fort., c.1341, 4). Encor te lo et te conseil Que ne croies juene conseil, Car c'est uns si tres grans peris Com pour estre mors et peris. Se sage homme encien en ta terre N'as, si l'envoie en autre querre, Et ne te chaille qu'il te couste (MACH., C. ami, 1357, 133). Et qui sera celluy qui ne se esbaïra, et qui ne soy emerveillera, de voir ceulx qui ne scevent ne lez divines ne lez humaines Escriptures, joynes en meurs et aucune foys en age, sanz experience et discipline, avoir et tenir lez plus hautes dignités de Sainte Eglise (Songe verg. S., t.1, 1378, 98). ...et aussi je ne suis mie marquis ne ne vous ay prise bergiere, ne je ne suis si fol, si oultrecuidié, ne si jenne de sens que je ne doye bien savoir que ce n'appartient pas a moy de vous faire telz assaulz ne essaiz ou semblables. (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 73). ...jasoit ce que tresplaisante fust et telle pour qui ung jeune courage devoit tantost estre esprins et alumé d'amours, toutesfoiz le sage clerc jamais ne l'apperceut (C.N.N., c.1456-1467, 570).

 

-

[D'une cité] : Julius Hostilius sy couru sups a ceulz, desordene de toutes manieres de gens d'armes ; car ilz ne souffroient, par leur souvent rebeller, que nostre cité, qui moult estoit foible et joyne, se endormist en oyseuseté et en paresse. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 37).

II. -

Empl. subst.

A. -

"Personne jeune" : Se quoys ne vous volez tenir, Vous devez aulx jennes venir. (Renart contref. R.L., t.2, 1328-1342, 20). Vesta qui estoit la prestresse Et la souverainne maistresse Des nymphes, des tragediannes, Des juenes et des anciennes, Et de leurs temples ensement, Prioit là moult devotement, à tous dieus, à toutes deesses (MACH., P. Alex., p.1369, 4). Si ont tant fait et tant erré, En bataille joint et serré, Que devant Triple sont venu, Grant et petit, juene et chenu, En ociant leurs annemis Qu'à fort sont en la ville mis. (MACH., P. Alex., p.1369, 208). ...de Roboam, auquel les joennes disoient qu'il valoit plus que son pere Salomon, et perdi son peuple (GERS., Annonc., a.1400, 234). Si le payent [l'impôt] et jeunes et vieilles ; puisqu' elles sont mariées, il n'en y a pas une qui en soit excusée. (C.N.N., c.1456-1467, 221). Petis et grans, Bourgoix, marchans, Nobles, vilains [l. Nobles et vilains] en ung tas, Jeunes, anfans, Sont tous nuysans Les ungs es autres en tous cas. (Pass. Auv., 1477, 110). Le jeune est mal embouché Et acroché A tout mal faire et mal dire. Jamais ne veult estre touché Ne reprouché. (Pass. Auv., 1477, 118). A chascun [le jeune] menasse la mort, Et s'en va courant d'uys en huys ; Quelcun l'assomme comme ung porc, Jeune fait mal et prent du pys. (Pass. Auv., 1477, 118). ...et furent occiz à ladicte destruccion XIc mil hommes d'une part, prins IXc captiz, VIIm venduz, IIIIxxIIIIm prins, et ne furent venduz que les jeunes soubz l'aage de XVII ans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 75 v°). ...on eust dit que vous autres vielles gens ne vous congnoissez plus au fait de la guerre, et nous autres jeunes en eussions prins l'onneur devers nous (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 381).

 

-

Le jeune d'age : Il dit en aucuns textes que le joenne d'aage ou de meurs n'est pas propre auditeur de politiques (ORESME, E.A.C., c.1370, 107).

 

-

[Avec vieux, pour marquer une totalité (adj. ou subst.)] : Et si de toy me vengeray, Que toute abatre la feray [ceste ville] Et mettre a mort jeunes et viex (Mir. emp. Julien, 1351, 179). Ou soit au champs ou en chambre ou en lit, Estrange femme veult chascun à li traire, Soit vielle ou jeune, d'estat grant ou petit : Estrange dame ne puet à nulz desplaire ; Mais de privée se veult chascun retraire : D'un pain mangier se puet l'en ennuier, Ce dient ceulz qui femme ont en grenier. (MACH., App., 1377, 643). Mes puis qu'il vous plaist, bien je vieux Vous dire mon oppinion Devant vous tous, jeunes et vieux, Sauve vostre correction. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 524). Cestui, comme aucuns dient, prenostica la fureur des Juifz et leur incredible mouvement qui fut tant souldain qu'ilz gasterent maintes provinces, sans pardonner à viel ne à jeune, prebtres ou clercs, femmes ne enfans. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 76 r°). Petis et grans, jeunes et vieulx Y ont devocion moult (grant) grande. (LA VIGNE, S.M., 1496, 426).

B. -

"Petit d'un animal" : Quant un samon voelt espandre et faire de joefnes, il se trait loynz de la mer vers mont en ces eawes et devient tout hors de sa nature ; et l'appelle homme kyper en ascuns paiis, et lui ne ses joefnes jammes samons ne purront devenir tantqe ils eient estee a la mer et d'illoqes pris lour nature ; et devant ne sont ils appellez ne tenuz pur samons, ne ne sont del savour ne ausi ne coustent mye atant. (HENRI LANC., Seyntz medicines A., 1354, 85).

V. aussi jovene
 

DMF 2020 - Article revu en 2015 Robert Martin

 Article 2/2 
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     JEUNE1          JEUNE2     
*FEW V jejunus
JEUNE, subst. fém.
[*FEW V, 34a : jejunus]

MÉD. "Deuxième portion de l'intestin grêle, jéjunum" (synon. jejunum) : Et dois entendre qu'il n'est que ung intestin qui a divers revolucions et replecions et grosseur et subtilité, et pour ce, il a divers nons. Le premier on l'appelle le duodene ; le second la jeune ; le tiers c'est le long ; le quart c'est le gresle que on appelle ylion et la est pausee passion illiaque ; le quint c'est colon et de la vient passion colique de quoy nous voulons parler ; le VI., c'est longaon (GORDON, Prat., c.1450-1500, V, 18).
 

DMF 2020 - Synthèse Claude Thomasset / Danièle Jacquart

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