I. -

Adj. num.

A. -

"Dix fois cent, mille" : Si que lonc temps, se Dieus me voie, Fui einsi que petit savoie De ce qu'on faisoit en la ville, Et s'en morut plus de vint mille, Cependant que je ne sceus mie, Dont j'eus meins de merencolie ; Car riens n'en voloie savoir, Pour meins de pensées avoir, Comment qu'assez de mes amis Fussent mors et en terre mis. (MACH., J. R. Nav., 1349, 152). ... .III. milles bestes (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 42). Percevaux dist qu'il le feroit Volentiers, au mieus qu'il saroit. Baillier li fist cent mille livres. Cil s'en parti qu'il fu delivres, En grant estat, en grant arroy, Si comme consillier dou roy. (MACH., P. Alex., p.1369, 235). Et [la doctrine d'Aristote] a esté translatee en pluseurs langages et exposee a tresgrant diligence de pluseurs docteurs catholiques et autres, et receüe en toutes lays et sectes renommees et tenue en grant auctorité des devant le advenement Nostre Seigneur Jhesu Crist environ cinq cens ans, et depuis jusques a maintenant par l'espace de mil trois cens soixante et dix ans. (ORESME, E.A., c.1370, 97). Et adonc li demanda ledit de Nuefville combien il pourroit païer de renson, et ledit Hennequin li respondi qu'il paieroit bien six miles frans, et seroit assés (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 383). ...et adonc li demanda ledit seigneur de Nuefville quelle renchon il porroit bien païer, et ledit Hennequin li dist qu'il paieroit bien sis milles frans, et se seroit assés. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 387). Et fu le navire si grant que pour bien mener trois mil hommes d'armes. (ARRAS, c.1392-1393, 84). ...le lendemain, au point du jour, ot le roy ses gens tous prests, et yssy de la cité a bien mil hommes d'armes, et bien mille, que brigans, que arbalestriers (ARRAS, c.1392-1393, 105). Et les gens au duc Anthoine estoient revenus, qui furent en nombre cinq mille bacinez et mil et cinq cens que arbalestriers que archiers, sans ceulx de la duchié, qui furent bien IJ. mille. (ARRAS, c.1392-1393, 173). ...faictes moy avoir quelque bon maronnier qui bien sache la contree de ceste mer, par quoy je ne faille pas a trouver mon frere, et je vous en pry tant comme je puis ne scay. A ce respondy la royne : Mon chier frere, a ce ne fauldrez vous pas, car, par m'ame, je vouldroye qu'il m'eust cousté mil besans pour tous perilz eschever (ARRAS, c.1392-1393, 216). ...et se partirent le roy et l'admiral a XL. mil payens (ARRAS, c.1392-1393, 217). ...il conquissent Cristofle le grant vassiel ; et qant il l'orent conquis, il le pourveirent d'archiers, et en i entra plus de mille. (FROISS., Chron. D., p.1400, 407). ...ilz leur feroient delivrer la somme de trois mil frans (FAUQ., I, 1417-1420, 55). ...et y eult plus de XXV mil mors, et de prins VIII mil. (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 34). Et, en ce faisant, fut gaigné bien grant butin sur lesdiz Bourguignons, tant en chariotz, bahus, males, boistes que autrement, et tant y perdirent lesdiz Bourguignons que on disoit lors que leur perte en toutes choses montoit à plus de IIc mil escuz d'or. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 65). ...mais, nonobstant toute sa puissance et armée, vint et entra ledit avitaillement en ladicte ville, et furent toutes les navires dudit duc rompues et mises en pieces dedens la riviere du Rin, et mors plus de six à sept mille Bourguignons estans dedens iceulx navires. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 324). Ilz seront plus de dix mil et cinq cens Contre toy seul (LA VIGNE, S.M., 1496, 247).

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[Par hyperbole] : Pour mil denier ne mentiroie. (Mir. femme roy Port., c.1342, 197). ...Ne tel chose à roy n'apartient En nulle maniere. Et si tient Que toutes vefves, de son droit, Et pucelles marier doit, Qui demeurent en son roiaume. Pour Vc mille muis de baume Ne les devroit einsi traitier, Et si se doit moult bien gaitier Qu'il met sa vie en aventure, S'ame, s'onneur (MACH., P. Alex., p.1369, 262). Et que vous devez regaller Voz villes d'environ Orleans, Et faire Anglois tant reculler Qu'i n'y reviengnent de mil ans. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 515).

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P. ell.

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[Unités monétaires] : ...et fu ledit mesire Guy renchonné à six milles, si comme on dit. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 383).

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[Personnes] : Mais ce n'est mie forte chose, A Dieu qui tout fait et dispose, Que mil desconfissent cent mille, Et de penre une telle ville. Ne homme ne s'en doit donner gloire, Fors à Dieu qui fait la victoire. (MACH., P. Alex., p.1369, 63). "...Se le roy laissons couvenir, Il nous menra à tel pertuis Que nous en serons tous destruis, Car il sont bien mille contre un." Einsi murmuroit le commun. Toutevoie il se rafreschirent, Et en bon estat se meïrent, Et trestous leurs chevaus aussi, Tant qu'il furent bien rafreschi. (MACH., P. Alex., p.1369, 79). Seigneurs, qui nous a ceens mis Cel homme qu'ainsi voy aler ? Entre mil est biau bachelier. (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 51). Affin que mieulx on les greve et moleste, Envoyés [leur] guerre, famine et peste Que de mil ung n'en demeure vivant. (Cene dieux, c.1492, 118).

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En partic. [Dans une date] : Après lesquelles confessions ainsi congneues par ledit Adenet, le jugement cy dessus escript donné contre ledit Adenet fu executé ledit samedy XJe jour de septembre l'an mil CCCIIIJxx et neuf. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 14). Et commencay ceste hystoire a mettre en prose le mercredi devant la Saint Cleyment en yver l'an de grace mil CCCIIIJxx et XIJ. (ARRAS, c.1392-1393, 2). Ci fine le livre (...) rigmé l'an mil CCC.III.IXX. et quinze. (Gris., 1395, 100). En telle maniere furent il logiet celle nuit, qui fu la nuit Saint Piere a l'entree d'aoust, l'an de grace mille .CCC. et .XXVII. (FROISS., Chron. D., p.1400, 144). Du XXVe jour de mars mil CCCIIIIxxXII jusques au XXVJe d'octobre mil CCCCXI (FAUQ., II, 1421-1430, 29). ...au trente cincquiesme an de mon aaige me delectay, en lieu de passe temps et d'eschever oysiveté, à escripre et faire memoire de plusieurs choses advenues au royaulme de France et aultres royaulmes voisins, ainsy qu'il m'en est peu souvenir, et mesmement depuis l'an mil quatre cens soixante que regnoit à roy de France Charles, septiesme de ce nom, jusques au trespas du roy Loys, unziesme de ce nom, filz du dit roy Charles (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 1).

B. -

P. ext. [Pour marquer par approximation (et gén. par hyperbole) un très grand nombre] : ...plus honnourée y serez Cent mile temps. (Mir. nonne, 1345, 336). Elle vorroit bien estre morte, Quant son dous amis tant demeure. Dou cuer souspire, des yeus pleure ; La nuit ot plus de mil pensées, Par cinq cent mille fois doublées. (MACH., J. R. Nav., 1349, 250). Tant est parfaite en tout et enterine Que trestuit cil qui sont et ont esté S'onneur, son pris, son scens, sa douceur fine En cent mille ans n'aroient recité. (MACH., L. dames, 1377, 177). Je te congnois assez. Tu occeiz l'autre jour mon cousin Gardon en Guerrandon. Ly cent mille deables t'ont bien admené en ce pays. Et Gieffroy lui respond : Voire pour toy, car jamais ne m'en partiray ains t'auray osté la vie du corps. (ARRAS, c.1392-1393, 264). ...puis qu'elles furent entre elles, commencerent a deviser de cent mille propos. (C.N.N., c.1456-1467, 202). Monseigneur, respondit il, je vous feray faire des oeufs en plus de cent mille manieres (C.N.N., c.1456-1467, 581).

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Mille fois : Dame des cieulx, cinc mille fois Vous loe et gracie (Mir. enf. diable, c.1339, 4). Mais recouvrez, ressuscitez de mort, Riche au dessus, pleins de grant reconfort, Et sans anoy Fui, quant me dist : "Amis, a ti m'ottroy De trés bon cuer." Et ce trés dous ottroy Cent mille fois me fist plus grant qu'un roy ; Si que la joie Ne porroit nuls raconter que j'avoie. (MACH., J. R. Beh., c.1340, 81). Tu qui vues avoir mon cheval, Je te di qu'amont et aval, Sans faillir, au tiers pas s'arreste, S'on n'a toudis la verge preste Ou l'esperon à son costé Dont cent mille fois l'ay osté ; Dont il trebuche, quant il marche. Je croy qu'il fu mis dedens l'arche Noël, car bien est garnis d'ans : On le voit trop bien à ses dans. (MACH., Compl., 1340-1377, 263). Lors pooit bien apercevoir Que l'amoie sans decevoir Plus cinq cens mille fois que mi, Sans feintise et de cuer d'ami. (MACH., R. Fort., c.1341, 14). Et quant je l'os remercié Cent mille fois et gracié De l'onneur qu'elle me faisoit, Quant mon cuer einsi appaisoit, Comment que, sans riens retenir, Siens fusse, et siens me vueil tenir, Einsi com ci dessus dit l'ay. (MACH., R. Fort., c.1341, 141). Et s'avoit lettres d'or entour, Qui estoient faites à tour, Disans, bien m'en doit souvenir, "C'est pour loiauté maintenir," Car je l'ay mille fois veü Sus les chevaliers, et leü. (MACH., P. Alex., p.1369, 12). ...vous m'avez sauvé la vie. Dont C. mille fois vous mercie. (MACH., P. Alex., p.1369, 263). Car un mauvais homme fera plus de mal .X. mile fois que une mauvaise beste. (ORESME, E.A., c.1370, 387). Si que bonne Amour graci Cent mille fois, qui M'a si tres bien assenée Que j'aim la fleur et le tri De ce monde cy (MACH., Ch. bal., 1377, 630). Si croy qu'Amours en ce se desnature, Quant je la serf si amoureusement Que mille fois miex morir ameroie, S'estre pouoit, que tous siens ligement Ne soie adès, en quel lieu que je soie. (MACH., L. dames, 1377, 59). Il a bien maudit mille foiz l'eure que Gieffroy fu nez ne oncques engendrez. (ARRAS, c.1392-1393, 253). ...que je souffrisse ne peusse veoir qu'il me fist ce desplaisir, j'aymeroye mieulx a morir mille foiz, s'il m'estoit possible ! (C.N.N., c.1456-1467, 232).

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(Cent) mille mercis : LE MAIRE. Mon chier seigneur, plus de cent mille Merciz de l'onneur que m'offrez (Mir. enf. ress., 1353, 16). Sire, dist Remondin, cent mille mercis. (ARRAS, c.1392-1393, 56). Tavernier, cent mille mercis De ce que m'avez fait si bien boire. (Sots mal., c.1480, 81).

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Entre mille. "Au plus haut point" : Nostre mal de fort en plus fort Se rengreige de jour en jour. Vous voyez le povre sejour, Douleur excessive entre mille. (Myst. jeune fille L., c.1413-1445 [c.1530], 19). Bien est la chose entretenue, Dont je suis joyeuse entre mille. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 172).

II. -

Subst. masc. "Millier" : Maistre, avecques ces abbaies, Trouverons nous bien, par ces villes De ces villains riches a milles Qui le leur n'osent desploier (Mir. Rob. Dyable, c.1375, 7).
 

[Mesure de distance (primitivement de mille pas, variable selon les pays, les régions)] : Les murs de la cité ont bien .L. milles de tour. (JEAN LE LONG, Voy. Odoric A.M., 1351, 6). Souffrerez vous que vous convoie Mille ne pas ? (Mir. roy Thierry, c.1374, 325). Je feusse alé sanz contredit Tout a loisir et a mon erre (...) deux milles de terre, Ou l'avenant. (Mir. st Alexis, 1382, 310). Et quant ilz en furent a une mille pres [des ennemis], lors s'arresterent, pour les gens a pié (LA SALE, J.S. E., 1456, 325). ...qui furent convoiez par icellui duc environ une mille hors de ladicte ville (ESCOUCHY, Chron. B., t.2, a.1465, 384). ...le roy partit de son camp et fut disner et coucher au dict Nyce a huyt mille d'Ast. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 294).

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"À Rome, mesure de distance équivalant à mille pas" (synon. milliaire) : ...et tant que les Romains furent vaincuz a le .xi. mille devant le fleuve de Aille (FOUL., Policrat. B., V, 1372, 325). Lors, par le mouvement d'un qui avoit nom Sicinius, s'en issirent hors de Rome tous armés et s'en alerent a trois mille de Rome (SIM. HESDIN, Val. Max., 1375-1383, II.2.7, glose, f° 90a). Mille, c'est la mesure des chemins en Ital[i]e comme la lieue est la mesure des chemins en France, et doit .vii. mille contenir mil pas dont le pas contient .v. piéz. (ROUVROY, Stratagèmes, 1422-1425, ms. Paris, B.N.F., fr. 1234, glossaire). Ceste forest d'Ardenne estoit lors et est ancores, combien que fort soit depuis amoindrie et diminué [sic] chascun jour la greigneur de toute Gaulle, (...) sicque lors elle contenoit plus de .c.^cz milles [trad. lat. milia] en longueur (DUCHESNE, César, 1473, VII.11, f° 146c).
 

"Une des espèces d'achillée, millefeuille" : Je congnois ortie et sarfueil, Persil, macidoine et milfueil (Mir. st Panth., 1364, 324). Item mangies le merfuelhe et en buveis sovent le jus. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 194). Item a celi qui ne puit retenir sa viande, R. bueve milhfoilh avuec teve vin. (Méd. nam. H., c.1400-1500, 203).